Le nouveau serment d'Hippocrate
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Le nouveau serment d'Hippocrate

Le théâtre à la rencontre de la médecine

  1. French
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  3. Disponible sur iOS et Android
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Le nouveau serment d'Hippocrate

Le théâtre à la rencontre de la médecine

À propos de ce livre

Cet ouvrage est d'abord l'histoire d'une rencontre. Celle de deux hommes, Marc Ychou, Professeur de Cancérologie dont l'art consiste à sauver des vies, et Serge Ouaknine, metteur en scène, qui cherche dans la présence scénique le moment vital et sensible.Ce livre est leur œuvre conjuguée afin de ré-humaniser une médecine technique qui a trop oublié les fondements de sa dimension humaine. Face aux écrans, le malade se sent devenir un sujet virtuel. Ainsi, le moindre geste, le moindre mot du médecin, est interprété, voire « dramatisé » par le malade. Le médecin est ainsi « malgré lui » enreprésentation face aux malades et à leurs familles.Conscients d'un manque « tragique », dans la relation médecin-malade, les deux auteurs ont créé des ateliers destinés à de jeunes cancérologues, convaincus qu'une ponctuelle pratique théâtrale pouvait pallier le déficit de formation des médecins à la relation humaine.Depuis 2013, la Faculté de Médecine de Montpellier a rendu obligatoire cette formation à la relation humaine par le théâtre, pour les étudiants de quatrième année.Une première mondiale! Comment parler au malade quand la technique a déjà tout dit.

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Les ateliers théâtre et médecine

1) Atelier pour médecins

Tout se passe en l’absence de toute volonté délibérée, mais comme dans un tourbillon de sentiments de liberté, d’indétermination, de puissance, de divinité… Le plus remarquable est le caractère involontaire de l’image, de la métaphore : l’on n’a plus aucune idée de ce qu’est une image, une métaphore ; tout se présente comme l’expression la plus immédiate, la plus juste, la plus simple.
Nietzsche, Ecce Homo
Le XXe siècle a ouvert des territoires d’investigations immenses et déjà largement répertoriés. Les récits de vie et les travaux des neurosciences mais aussi la physique fondamentale interpellent des recherches plus directement comparatives, des réflexions croisées propres à plusieurs disciplines qui sont, et un art, et une science, et une technique et une manière d’être. La dramatisation est voisine de l’abréaction, la mémoire affective fait une descente plus psychosomatique des affects et des comportements.

1. Mise en situation et mise en jeu des médecins

Au départ en 2006, trois rencontres de fin de semaine sur deux jours c’était mémorable et trop ! Alors nous avons réduit à deux fins de semaine, hélas encore avons-nous constaté des absences, conséquence des obligations multiples qui assaillent les médecins. Nous avons cherché une manière de synthétiser notre expérience sur une seule fin de semaine de deux jours intenses et contigus. Ainsi avons-nous densifié et raffiné notre modèle compte tenu du temps court et fragmenté dont dispose les médecins. Bref d’une seule fin de semaine. Et la formule était trouvée. Une douzaine de médecins, un metteur en scène, un professeur de médecine, une actrice et un acteur.
Trois chaises, une table et un lit sont placés chaque fois différemment, selon les situations dramatiques. Très rapidement les médecins prennent l’initiative de moduler la configuration du lieu, de la table ou du lit dans l’espace. C’est merveille de les voir évoluer et évaluer la distance d’une chaise par rapport à un lit d’hôpital, pour que le malade et les proches accompagnants soient en une meilleure situation d’écoute.
La toute première rencontre d’un Atelier débute ainsi. Après un bref discours du médecin qui relate l’historique de l’éveil, en France, des plaintes des malades et des décisions conséquentes du plan cancer, le metteur en scène évoque les liens historiques du théâtre et de la médecine, depuis sa dimension magico-religieuse.
Nous effectuons la présentation de nos collaborateurs acteurs et, brièvement sans trop de détails, le fonctionnement de l’atelier. Et nous plongeons immédiatement dans l’action non sans demander à chaque participant un sursaut d’éveil et garder une verticalité du corps. Ne pas s’effondrer sur sa chaise mais rester vif et vigilant. La verticalité de la présence n’est pas la rigidité du dos sur une chaise mais l’éveil des lombaires qui assument le porter du buste et de cette tête, comme si une ligne fluide monte et descend et unifie le corps entier. Cette verticalité accroît le charisme du médecin et le maintient en attitude d’éveil. Elle est un principe premier de disponibilité. Elle signe l’émergence de la conscience de l’être dans son espace performatif.
Les premiers moments doivent faire tomber les résistances, la timidité, les craintes et attentes en se mettant en route immédiatement. Nous invitons d’abord en duo la conduction d’une personne d’un simple contact de l’index uni à l’index d’une autre personne. Ils se déplacent ainsi dans la salle, conduits du bout du doigt. Un va-et-vient d’actions et réactions qui très rapidement révèle les tendances trop directives ou trop passives de chacun. Ce point de contact minimal est ensuite « médiatisé » de la rigidité d’une baguette de bois qui, entre deux personnes, devient un objet tangible de contact mais aussi une distance. L’exercice est strictement muet. Si la baguette tombe c’est que l’attention de l’un des deux participants est brièvement distendue. La preuve est immédiate. Dès qu’il y a rupture de contact le bruit sec de la chute de la baguette au sol est un signe de non-attention. Ce jeu se fait à deux, à trois, face à face assis, ou debout et circulant librement dans la salle. L’exercice réunifie tout le groupe, il devient évident pour tous que l’écoute de l’autre est autant une induction du corps qu’une vigilance attentionnée.
Il y a trop souvent confusion entre intention mentale et attention réelle d’où la radicalité d’une mise en jeu du corps mais en silence. Les médecins découvrent qu’ils sont pour la grande majorité d’excellents émetteurs et de bien moins bons récepteurs. Ils savent conduire un dialogue mais démontrent des difficultés à accueillir l’intervention des patients, en inversant les rôles, ou encore en anticipant une action qui ne leur a pas été transmise. Ils sont soit trop actifs, soit trop passifs. Il y a là une analogie avec ce qu’un malade peut ressentir lors d’une consultation d’annonce. Il est toujours plus difficile d’accueillir que d’induire. Être actif et réceptif voilà l’équilibre nécessaire et première difficulté du médecin. Il peut croire « être là » ou penser y être. Il parle de la maladie et moins au malade. Ce premier exercice consiste à souligner les rôles de récepteur (apprendre à recevoir) et d’émetteur (percevoir l’autre avant d’agir). La division franche des rôles permet de percevoir la difficulté de l’accueil. Le travail étant muet, l’écoute y va de réciprocité de contact organique. Ne pas fermer les yeux, ne pas fixer le toucher des index. Défaire et déconstruire les disfonctionnements. Ce jeu spontané se poursuit avec des textes à dire, de simples dialogues sans jamais séparer l’énoncé d’un texte de l’attention corporelle des contacts (jeu d’émetteur/récepteur par toucher de l’index, l’épaule, ou des baguettes de bois). Cette dialectique de l’action et du retour réflexif de l’action est le propre à la pratique médicale. Poser un diagnostic, prescrire une thérapeutique et faire ensuite le bilan verbal ou écrit de l’état du malade, sans omettre aucun détail.
Ce passage au corps sans parole éveille le médecin aux dysfonctionnements de toutes relations encourues. L’habilité au contact n’a pas de frontière. Dans une telle aventure, chacun n’a qu’une perception partielle de l’expérience. Il est vital de percevoir tous les autres intervenants dans l’espace de jeu, se mouvoir sans heurt dans tout l’espace de la salle, en une sorte de chorégraphie libre. Tous les membres de l’Atelier se sentent soudés. Les médecins s’étonnent de gagner si vite en vigilance d’avoir pu éveiller leur corps. L’Atelier peut à présent aborder les situations cliniques.
Un retour sur expérience par écrit est effectué pour retracer le parcours vécu. Ce retour dépose un savoir et permet de poursuivre plus loin.
Quand nous avons organisé des Ateliers pour des médecins cancérologues nous savions combien ils sont exposés aux drames et tragédies qui brisent la santé, défont les vies et interrompent rêves et projets. Chaque malade est différent même si la même maladie peut les confondre. La maladie frappe et éveille des réactions fort différentes.
Chaque malade est un cas spécifique et sa réponse au traitement dissemblable. Il y va du code génétique, de ses défenses immunitaires personnelles mais aussi du contexte éducationnel de son environnement. La maladie est arbitraire.
Deux vrais jumeaux peuvent être confondus en apparence mais être totalement différents sur le plan de leur santé. L’un patachon, bon vivant et noceur sera sauf alors que son propre frère sportif et attentif à sa nourriture pourra être atteint d’un cancer et en mourir. Une femme réagira positivement à une chimiothérapie et sortira guérie, une autre atteinte de la même tumeur et au même organe réagira négativement au même traitement. Deux hommes sont atteints d’un cancer du poumon, l’un réagira par un total déni de sa maladie et s’obstinera à poursuivre un voyage et bâtir des projets, l’autre sera atterré dans un mutisme total, un abattement qui le rendra passif et déprimé.
L’annonce de la maladie et la conduite de la relation au malade nécessitent du médecin traitant une attitude adaptée. Une fermeté nuancée pour l’un et un encouragement ferme et pudique pour l’autre. À chaque séquence d’Atelier, l’attention est portée sur un revers particulier. Il s’agit parfois de simplifier un excès de savoirs et d’explications. Ou au contraire de canaliser un bégaiement, ou un excès de pudeur trahi par un tic gestuel. Dans le clair-obscur des projecteurs qui donnent aux visages un halo fantasmagorique, il va de soi ici que simulation ne signifie pas simulacre. Les jeux de rôles prennent la saveur du vrai. Affiner la perception doit simultanément agir sur la capacité de réponse : ainsi comprenons-nous le mot responsabilité, habilité à répondre. Demeurer vigilant mais sensible, délivrer un message clair mais vibrant. On ne fait pas semblant. Le malade dont l’être accueilli ne se sentira pas seul face à la maladie. Ainsi ce qui est appelé jeu de rôles, relève non pas d’un simple faire-semblant, mais d’une incarnation réelle et qui affecte positivement et en profondeur les intervenants et observateurs.
Enfin le médecin aura à réagir aux proches ou à la famille. Au cours d’un Atelier un médecin raconte un cas vécu et non compris par lui. Il entre dans une chambre d’hôpital pour annoncer à un malade âgé, l’arrêt des soins chimio thérapeutiques qui, sans effets réparateurs, épuisent le malade. Il va devoir entrer en soins palliatifs ou soins de confort. Toute la famille du malade est là debout contre le mur, épouse, enfants, frères, sœurs et petits enfants. Le médecin s’est rendu directement au chevet du patient, lui a parlé et ressort.
Choquée, la famille se plaint de négligence et mauvais traitement. Lui, confirme avoir pris pour acquis que ce qu’il a dit au malade était assez clairement énoncé pour n’avoir pas à être répété à la famille… Le médecin insiste et persiste à dire qu’il a accompli correctement son travail, cette journée-là était très chargée d’urgences et ayant clairement parlé au malade il était évident pour lui que les proches témoins entendaient. Nous avons reconstitué cette scène avec les acteurs et quelques médecins qui jouèrent la famille muette. Le médecin résiste et clame encore sa bonne foi. Nous l’avons alors placé parmi les membres de la famille. Une actrice jouant la doctoresse vient vers lui et lui parle près de l’oreille en tenant sa main, elle lui explique tout ce que la médecine a fait pour son père. Parlant assez clairement pour que la mère présumée entende aussi, lui accordant un regard de compassion. Puis elle serre la main à chacun des membres de la famille, enfants compris. Unanimement, tous ont déclaré que la doctoresse fut « humaine et magnifique ».
Les médecins découvrent qu’un metteur en scène n’est pas un être qui donne des ordres mais conduit une démarche créatrice. Il improvise des variables. Les acteurs s’adaptent et explorent les potentiels créateurs de chaque situation ou de chaque indication suggérée. Tel est le cœur d’un possible retour d’humanisation de l’annonce que le théâtre peut offrir à la rencontre de la médecine. Observer un visage et cligner des yeux pour en simplifier les traits, lire la cicatrice cachée de l’âme qui sommeille en chacun. Saisir le réel d’un regard furtif, et y répondre d’une phrase adaptée… Percevoir la réaction du patient. Le malade est un portrait qui ne révèle pas immédiatement ses ombres. Écouter l’environnement, percevoir ses partenaires, introduire sa parole dans une perception préalable à toute projection intempestive.
C’est ce que des cours de théâtre développent en premier chez les acteurs. Le théâtre est un jeu d’échanges avant toute déclamation solitaire. Cela commence par un éveil du corps, une verticalité de soi qui rend la présence de soi plus disponible à l’écoute de ses partenaires.
Des règles de jeu claires ordonnent le processus cognitif de tous. La pondération de la parole prend le médecin par surprise. Elle ne le quittera plus jamais… Le metteur en scène agit de même. Il n’explique pas au préalable le bénéfice de ce qu’il fait. Il suggère de changer l’incarnation d’une situation. Il propose des actions ou situations alternatives… Voilà que les acteurs déstabilisent les routines de comportements. « Mais moi je n’agis pas ainsi, nous dit un médecin qui pratique en milieu hospitalier, je suis d’abord très clair et direct à la première annonce. Et je nuance à la seconde rencontre. Il faut dire la vérité ! » « Mais docteur, il ne s’agit pas de mentir ! Mais de s’enquérir du quotidien du malade, sans que votre annonce dévastatrice fasse de lui une personne anonyme et dévitalisée ! »
Être clair ne suffit pas. Le malade est un être fragilisé qui entend être rassuré avant d’être instruit. Pour l’acteur comme pour le médecin, il ne s’agit pas seulement d’être « juste » mais aussi d’être « audible ». Le jeu ajoute une présence empathique, un investissement de soi dans la résonance du dire, une adaptation immédiate au regard du malade et de ses proches, aux distances qui les réunissent ou les séparent. Telle est la vocation du travail en scène. Un croisement de constructions rationnelles et mesurables et des nuances émergées, non d’effets esthétiques, mais du plus intime de l’être, entre les cris et chuchotements, entre la nostalgie du perdu et la rage de perdre. Le théâtre joue et rejoue les soupirs de la condition humaine entre le désir d’aimer et l’urgence de se sentir aimé.

2. Clés d’une pratique théâtrale pour médecins

Notre plan est d’agir par étapes fédératrices. D’une part créer les conditions d’une expérience de groupe sur le plan d’une sensibilisation à l’écoute selon différents niveaux de langage : action muette, action parlée, mise en jeu du corps afin de confronter autrement les prestations du médecin dans l’exercice de son métier.
Au théâtre, l’acteur sait qu’il joue pour un public et la mise en scène elle-même, est orientée au pli d’une convention théâtrale et de choix esthétiques, les effets visuels, acoustiques ou de langage se développent sur le fond d’une dramaturgie d’auteur, voire d’improvisations.
Le travail des acteurs consiste à incarner un ou des personnages, sur un long souffle, une durée longue, avec sa trame, ses effets et ses rôles attribués et ses rebondissements dramatiques. La présence théâtrale, que l’on nomme aussi effet de présence, n’est pas le fruit d’un talent inné, c’est un travail construit, appris, répété, ayant pour objet une somme « d’artifices crédibles » dont le but premier est de produire une sensation de justesse et de vrai. Un discours scénique est autant la mise en relief d’une incarnation que tous les infimes détails de sa globalité.
Le médecin se découvre acteur et metteur en scène des procédures cliniques. Il reçoit des informations, il pose des questions, il est le dépositaire d’un savoir médical qui « malgré lui » lui donne autorité. Il décidera souvent en comité avec ses collègues de la meilleure stratégie thérapeutique à suivre, une opération précédée d’une chimio, ou d’une radiothérapie associée à une chimio et sans opération, ses rencontres avec les patients sont des moments de clarification mais aussi de réconfort. Le médecin éveille chez les patients et ses proches la mémoire du patriarche ou de la matriarche qui protège et chasse les mauvais sorts.
Quand un malade déclare avec ostentation qu’il s’en va quérir un second avis, ce n’est pas seulement qu’il s’étonne du diagnostic posé sur sa maladie mais que la parole reçue fut peut-être trop sèche ou encombrée d’une ombre cachée qui, en fait, trahit le regard lucide du médecin devant la mort.
D’être le témoin quotidien de situations de détresse et de douleur des malades ou de leur agonie, le médecin apprend à se « blinder », quand bien même il demeure attentif et empathique, il doit demeurer opérationnel en tant que clinicien. Les Anglais le nomment « the physician » ce qui signifie bien qu’il est en charge des problématiques du corps et non de l’âme du malade alors même que nous savons bien que l’état d’être du malade participe du vécu de sa maladie. Mais le médecin ne s’aperçoit pas toujours qu’il perd peu à peu sa capacité réceptrice. Aussi le lâcher-prise lui est-il difficile. Un Atelier aura pour première stratégie de créer des conditions d’oubli tout en proposant des exercices qui le ramèneront à son métier, mais autrement. D’abord créer les conditions de sensations rassurantes. Un partage ludique où chacun joue en retrouvant le plaisir d’invention, par exemple quand nous leur faisons rédiger des CV imaginaires, ils quittent la routine et plongent dans la fiction, un moment plus tard ils auront à jouer une scène délicate d’annonce de cancer ou de récidive. Et tout l’Atelier se passera ainsi, en alternance de moments de gravité suivis d’exercices de jeu, d’attention et d’intention, d’écoute sensible et de découverte de niveaux de langage différents. Une alternance dynamique d’actions individuelles, puis par couple ou par trois ou par petits groupes :
1. Des exercices relationnels propres au théâtre.
2. Des exercices d’équilibre, de perception et d’orientation.
3. Des jeux de rôles et mises en situation selon différentes variables.
Nous présenterons, non la description exhaustive de ces scènes et exercices de théâtre, mais des bienfaits qu’ils apportent. Nos descriptions seront évocatrices, l’objectif étant de défricher des chemins pour qui, d’aventure, souhaiterait poursuivre cette action vitale d’aide aux médecins. Chacun viv...

Table des matières

  1. Crédits
  2. Table des matières
  3. Préface
  4. Acteur ou Médecin ?
  5. Théâtre et médecine : genèse d’une rencontre interdisciplinaire
  6. Médecins et malades face aux mutations technologiques
  7. La médecine dans le théâtre
  8. Les ateliers théâtre et médecine
  9. Le nouveau serment d’Hippocrate ou les quarante aphorismes du médecin
  10. Épilogue
  11. Annexes
  12. Postface : Professeur Jacques Bringer
  13. Postface : Professeur Henri Pujol
  14. Couverture