
eBook - ePub
Résistances du local et apories du global
La littérature française à l'épreuve de la mondialisation
- French
- ePUB (adapté aux mobiles)
- Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub
Résistances du local et apories du global
La littérature française à l'épreuve de la mondialisation
À propos de ce livre
Le phénomène complexe de la mondialisation – du fait même de ses implications culturelles et identitaires – intéresse, interroge et met la littérature à l'épreuve, et au défi de se (re)définir des approches nouvelles de son rapport à l'espace, aux lieux et aux genres d'écriture.La littérature française contemporaine et les vastes littératures francophones ou allophones reflètent les apories et les paradoxes que la mondialisation fait subir à nos sociétés contemporaines.De féconds et impromptus échanges identitaires et interculturels naissent de ces rencontres. Cet ouvrage s'attache à souligner la prégnance des enjeux impliqués dans la littérature en français aujourd'hui.
Foire aux questions
Oui, vous pouvez résilier à tout moment à partir de l'onglet Abonnement dans les paramètres de votre compte sur le site Web de Perlego. Votre abonnement restera actif jusqu'à la fin de votre période de facturation actuelle. Découvrez comment résilier votre abonnement.
Pour le moment, tous nos livres en format ePub adaptés aux mobiles peuvent être téléchargés via l'application. La plupart de nos PDF sont également disponibles en téléchargement et les autres seront téléchargeables très prochainement. Découvrez-en plus ici.
Perlego propose deux forfaits: Essentiel et Intégral
- Essentiel est idéal pour les apprenants et professionnels qui aiment explorer un large éventail de sujets. Accédez à la Bibliothèque Essentielle avec plus de 800 000 titres fiables et best-sellers en business, développement personnel et sciences humaines. Comprend un temps de lecture illimité et une voix standard pour la fonction Écouter.
- Intégral: Parfait pour les apprenants avancés et les chercheurs qui ont besoin d’un accès complet et sans restriction. Débloquez plus de 1,4 million de livres dans des centaines de sujets, y compris des titres académiques et spécialisés. Le forfait Intégral inclut également des fonctionnalités avancées comme la fonctionnalité Écouter Premium et Research Assistant.
Nous sommes un service d'abonnement à des ouvrages universitaires en ligne, où vous pouvez accéder à toute une bibliothèque pour un prix inférieur à celui d'un seul livre par mois. Avec plus d'un million de livres sur plus de 1 000 sujets, nous avons ce qu'il vous faut ! Découvrez-en plus ici.
Recherchez le symbole Écouter sur votre prochain livre pour voir si vous pouvez l'écouter. L'outil Écouter lit le texte à haute voix pour vous, en surlignant le passage qui est en cours de lecture. Vous pouvez le mettre sur pause, l'accélérer ou le ralentir. Découvrez-en plus ici.
Oui ! Vous pouvez utiliser l’application Perlego sur appareils iOS et Android pour lire à tout moment, n’importe où — même hors ligne. Parfait pour les trajets ou quand vous êtes en déplacement.
Veuillez noter que nous ne pouvons pas prendre en charge les appareils fonctionnant sous iOS 13 ou Android 7 ou versions antérieures. En savoir plus sur l’utilisation de l’application.
Veuillez noter que nous ne pouvons pas prendre en charge les appareils fonctionnant sous iOS 13 ou Android 7 ou versions antérieures. En savoir plus sur l’utilisation de l’application.
Oui, vous pouvez accéder à Résistances du local et apories du global par Ana Paula Coutinho,Maria de Fátima Outeirinho en format PDF et/ou ePUB ainsi qu'à d'autres livres populaires dans Littérature et Critique littéraire. Nous disposons de plus d'un million d'ouvrages à découvrir dans notre catalogue.
Informations
Le local, le global et l’effet-bocal dans les trois Petits précis de mondialisation d’Erik Orsenna
Jacques Isolery
Université de Corse, UMR CNRS 6240 LISA
Sur le site destiné à présenter le territoire de ses recherches et les étapes de ses multiples centres d’intérêt, Eric Orsenna s’est plu à représenter son parcours sous forme d’archipel (Orsenna, <http://www.erik-orsenna.com/index.php>). Il semble que cette structure soit privilégiée par celui qui affiche volontiers sa passion pour la mer et les voyages : « Je suis fou de bateaux et fou de livres ; comme l’île, je suis nomade. Je navigue, d’un morceau de terre à un autre, d’un livre à l’autre, d’une langue à une autre. » (Orsenna : [a])[1] Ce mode de navigation archipélagique est également requis par l’académicien pour l’écriture de ses trois Petits précis de mondialisation. Pour ceux qui se trouvent passablement désemparés par ces termes hypermédiatisés (concepts ? notions ?) de Global et de Local, pis encore par celui de Glocal[2] ; pour ceux qui ignorent par quelle tentacule attraper le poulpe aux mille ruses de la géopolitique ; pour ceux qui ont depuis toujours refusé les chants de cette « bête énorme [qui] a pris possession du monde, […] : la télévision » (Orsenna, 1999 : [b]), tout autant que les sirènes des réseaux sociaux ou les appels insistants du portable ; pour ceux donc qui ont plutôt tendance à habiter un peu loin des hommes, dans leur Bocal pour ainsi dire, ces trois petits précis ont l’avantage de proposer une immixtion initiatrice tout aussi érudite que stimulante, plaisante et instructive. En proposant du Global une approche typiquement locale, ils ouvrent des perspectives critiques sur les rapports que la science, l’économie, le commerce, la politique, la culture peuvent entretenir entre eux sur le plan des individus et des collectivités, ainsi qu’avec ce que Carmine Camerini appelle « le paradigme du développement durable » (Camerini, 2013 : 7).
L’approche du précis est tout à la fois anecdotique, ponctuelle, abstraite, didactique et morale, elle oscille entre le particulier et le général, l’ascendant inductif et le descendant déductif. Elle adopte une position pragmatique où l’expérience concrètement vécue se nourrit d’une curiosité historique, sociale, géographique mais surtout culturelle et humaine. Ainsi ces trois précis proposent-ils un véritable voyage à l’imagination, de multiples escales à la méditation et à l’affect. La réflexion n’y cesse d’osciller entre l’atemporalité morale des caractères et des tempéraments humains et les réponses locales que les personnalités fournissent aux inéluctables changements d’occupations et de représentations de l’espace et du temps que la mondialisation a entraînés. Ces bouleversements constituent l’héritage futur d’un avenir qui se bâtit dans l’actualité : le risque majeur serait d’oublier combien celle-ci est grandement redevable à la mémoire du passé, à l’action responsable et à l’anticipation intelligente.
Erik Orsenna nous embarque donc dans un cabotage dont le titre générique préfigure le programme. En passant d’île en île, les aventures de l’expérience inductive et locale des petits précis seront guidées par la boussole déductive d’un autre concept aussi répandu que vague : la mondialisation. Le titre résume donc un certain mode d’approche qui, partant des hypothèses, des présupposés et de l’imaginaire attachés au schème du Global se donne pour tâche d’en mettre à l’épreuve la validité en la confrontant à la diversité des actualisations concrètes. L’expérience pragmatique rejoint ici les procédures inductives en s’attachant particulièrement à éviter toute généralisation de type analogique, suivant ainsi un des principes fondamentaux de la connaissance conjecturale de Karl Popper : « il n’existe rien qui ressemble à une induction par répétition » (Popper, 2009 : 47). Au bout de ces voyages, se sera donc moins dessiné le sillage d’un discours “politiquement correct”, le tracé d’une possible ou impossible rationalité régissant les liens du rapport entre Local et Global que l’irréductible présence singulière de ce qui les habite, en dépasse les contingences tout en constituant un des principes mêmes de la contingence : le visage de l’humain d’un côté et le pouvoir de modélisation lié aux effets d’interprétation de l’œuvre littéraire de l’autre.
L’homme comme le livre se trouvent pris dans un avenir dont Orsenna ne cesse de rappeler combien il est redevable à la transmission, à l’interprétation, à la modélisation et à la projection anticipatrice. Après avoir parcouru ces trois textes, le lecteur ne retournera peut-être pas à son Bocal dans les mêmes dispositions à l’égard de ce qui en constituait jusqu’alors un extérieur fantas-médiatisé, pas plus qu’à celui des objets qui en occupaient jusqu’alors l’économie interne. De ce point de vue, l’œuvre a pouvoir d’interface symbolique et imaginaire. Orsenna nous ramène au port, enrichis par l’exemplarité des multiples rencontres qu’il a vécues et qu’il métamorphose en autant de micro-histoires, petits récits, précis ou préci(t)s. Ces précis tissent la chaîne du Global et la trame du Local pour mettre à jour le motif du (ou des) nouveau(x) visage(s) d’un monde rendu, comme le soulignait Sir Arthur Eddington à « la responsabilité [de l’homme qui] est un des faits fondamentaux de notre nature » (Eddington, 1935 : 90). Si l’indéterminisme a permis à « l’Homme dans l’Histoire de donner un sens éthique à son existence individuelle » (Camerini, 2013 : 122), la toile de sa responsabilité étend désormais depuis ses plus infimes gestes quotidiens jusqu’aux plus graves décisions géopolitiques, l’irréductible caractère non seulement idéologique mais aussi écologique et donc écouménal de ses choix. Il s’agit là d’un problème de « renouvellement culturel, touchant ainsi tous les domaines d’activité de l’homme : une nouvelle épistémé selon l’expression de Foucault. » (idem : 9)
Complexion et trajection
Ces trois précis affichent ouvertement la stratégie concrète et labyrinthique de leur parcours. Il s’agit de mettre en cause un présupposé communément partagé quant à la mondialisation, « l’illusion qu’une rationalité sans âme gouverne aujourd‘hui la planète » (Orsenna, 2012 : 166), de comprendre que le Global ne relève pas exclusivement d’entités stellaires, infiniment lointaines, superstructures multinationales et instances politico-financières, figures inabordables du CAC40, éminences grises des pouvoirs et autres « structures anonymes, nourries de chiffres et gavées de tableaux Excel » (ibidem). Or, pour cela, rien ne vaut d’aller voir sur place. Sans doute l’approche théorique et scientifique de la mondialisation requiert des outils d’analyse économique, scientifique et politique sophistiqués et spécialisés qui ne relèvent ni du propos d’Orsenna, ni de sa compétence, ni de la nôtre au demeurant. Car c’est l’individu qui est ici sollicité. C’est l’individu, dans son lieu et dans son temps, qu’interpelle Orsenna, en rappelant que :
[d]ans beaucoup de secteurs, et pratiquement pour toutes les matières premières, des êtres humains, oui, vous m’avez bien lu, des personnes jouent un rôle crucial (ibidem)
Il s’agit donc d’entrer avec lui dans une expérience de la rencontre et dans une réflexion soumise à ce que le géographe Augustin Berque nomme une « raison trajective » (Berque, 1987 : 397 [note 3])[3] dans laquelle, selon Talcott Parsons :
les facteurs de changement doivent remonter le plus haut possible dans l’échelle de la hiérarchie cybernétique, c’est-à-dire normalement jusqu’au palier des symboles et des valeurs. (Camerini, 2013 : 12)
La trajectivité exprime l’impératif de replacer l’homme dans l’univers et de « recosmiser » son monde, dans la perspective très élargie d’un humanisme moderne fondé sur la praxis d’une écologie écouménale. Or, il n’est d’autre solution pour « recosmiser » le monde que de réconcilier l’Homme et la Nature dans leur indéterminisme commun, leur commune aptitude à l’ouverture et à l’incertitude[4]. Il s’agit donc de forger les chaînons de ce que Prigogine et Stengers appellent La nouvelle alliance (Prigogine & Stengers, 1986) qu’Orsenna conçoit quant à lui « à l’image de la Nature, où la règle est le cycle, pas la ligne » (Orsenna, 2012 : 215). Mais comment échapper aux contraintes de la ligne lorsqu’on est voyageur et écrivain ?
Erik Orsenna prend tout d’abord pour cible l’oubli qui entoure la banalité de notre consommation quotidienne. Il nous embarque dans un voyage de l’actuel où « la temporalité, c’est-à-dire le mouvement, la fragilité, la contradiction » (Orsenna, 2000 : [c]) se fixe sur la quotidienneté la plus humble, celle du coton et du papier et sur cet élément vital auquel l’inquiétude occidentale commence enfin à s’intéresser : l’eau et son avenir. Réformant le traditionnel récit de voyage tout autant que le documentaire, renonçant au pédantisme et aux jargons spécialisés, ces textes proposent un parcours d’étapes, jalonnés de rencontres, de découvertes, de scandales écologiques, mais bien plus encore d’émerveillements face à l’ingéniosité, la patience, le respect, l’amour du travail bien fait et ces valeurs d’amitiés et de compétence qui sont les « deux mères essentielles de la confiance » (Orsenna, 2012 : 167) et traversent les frontières du temps et de l’espace. Au bout de ces trois parcours, on peut supposer que le lecteur, pris dans la méditation de l’essai, s’ouvre à la décision et à l’action locales : façon pour lui d’élargir les parois de son Bocal ou du moins de s’y comporter différemment. La leçon de chose bifurque ainsi vers la leçon de pensée et de vie de type bergsonien, incitant elle aussi à « penser en homme d’action et agir en homme de pensée ». Il s’agit donc en premier lieu d’éveiller la conscience du lecteur à son environnement immédiat, à ces objets locaux derrière lesquels se tisse la toile de la complexité globale, sans négliger la référence ponctuelle aux instances politiques intermédiaires des états-nations.
Certes, les trois précis ne se privent pas de tirer aussi les sirènes d’alarme face au catastrophisme dont les motifs furent déclinés en 1984 par la Commission et le Rapport Brundtland de Genève : surpopulation, urbanisation, changements climatiques, recul de la forêt primaire, dégradation des sols, des océans et de l’espace, effet de serre, pollutions de tous ordres, extinction de la diversité animale et végétale, surconsommation des pays développés et faim, soif et misère dans le reste du monde. Mais au-delà des « dysfonctionnements structurels et inacceptables du capitalisme mondialisé » (Deléage, 2008 : 5), à travers la transversalité des trois systèmes économique, écologique et social et des relations paix-sécurité-développement-environnement, l’environnement premier du lecteur auquel s’adresse l’œuvre, c’est d’abord l’œuvre elle-même, l’écologie de l’œuvre qui s’inscrit dans une axiologie du complexe, où l’épistémologique et l’éthique façonnent une « esthétique pragmatique » (Blanc, Chartier, Pughe, 2008 : 25). C’est elle qui, comme modèle, doit être interrogée à travers et au-delà de ses visées cognitives[5].
Au Global dont l’approche synthétique et aprioristique semble impénétrable, Orsenna substitue une approche ponctuelle subjective signalée par les trois incipits. Le Voyage aux pays du coton rappelle combien « [c]ette histoire-ci commence dans la nuit des temps » (Orsenna, 2007 : 11) et que « les matières premières sont des cadeaux qui parlent. Il suffit d’écouter » (ibidem). L’avenir de l’eau s’ouvre sur une interpellation à valeur gnomique : « Un beau jour, l’âge venant, vous décidez d’en savoir plus sur la vie » (Orsenna, 2010 : 9). Sur la route du papier démarre par une confession où le pronom personnel sans antécédent repousse dans l’avenir du récit la désignation de son référent : « Un jour, je me suis dit que je ne l’avais [le papier] jamais remercié » (Orsenna, 2012 : 9). Le sujet sera donc l’élément central de ces précis dont l’objectif est clairement dévoilé : il s’agit de nous rendre plus attentifs et plus curieux vis à vis de l’évidence trompeuse des choses quotidiennes, de nous rappeler au Réel et à « la double importance de la géographie et des relations personnelles » (idem : 226). Accessoirement, certaines réussites comme la Cellulose Valley à Grenoble viendront souligner pour le lecteur français la nécessité et la possibilité de résister « à trois des pires maladies françaises (morgue, jalousie et cloisonnement) » (idem : 227) qui débordent certainement le cadre national de l’Hexagone s’il faut en croire ne serait-ce que Bertrand Russel dans ...
Table des matières
- Crédits
- Table des matières
- Introduction
- Marges du monde, marges des langues, marges du temps : les provinces d’une littérature-monde en français
- Littérature française, francophone, monde : aporie comparatiste, ou question de méthode ?
- De la littérature mondiale, et de Chateaubriand
- La francophonie à l’âge de la mondialisation : enjeux de la traduction littéraire
- Du local au global : Revisiter l’universel ramuzien dans le cadre francophone
- Éloge de l’entrelacs Les écrivains français et l’interculturel via l’exemple du Japon
- Enjeux, formes, portée et limites d’une littérature critique de la mondialisation : l’exemple de Jean-Charles Massera
- Henry Bauchau, une réécriture à l’épreuve de la mondialisation enjeux d’une interprétation « différentielle »
- Les discours de la mondialisation et la représentation de l’espace chez Jean Echenoz et Eugène Savitzkaya
- Oreille Rouge d’Éric Chevillard, ou la globalisation à l’épreuve des stéréotypes
- Le local, le global et l’effet-bocal dans les trois Petits précis de mondialisation d’Erik Orsenna
- Roman de la globalisation et ontologie des mondes pluriels Relire les littératures francophones dans une visée systémique
- Ni locale, ni globale : la mondialité, une troisième voie, chez Léonora Miano
- Féérie générale d’Emmanuelle Pireyre, ou l’ironie scripturale sur le monde globalisé
- Local rwandais et global humain Notre-Dame du Nil de Scholastique Mukasonga
- Présentation des éditeurs
- Couverture