Trésor du Dharma
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Trésor du Dharma

Un cours de méditation sur le bouddhisme tibétain

  1. 330 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Trésor du Dharma

Un cours de méditation sur le bouddhisme tibétain

À propos de ce livre

Les "Trésors du Dharma" montre que les enseignements du Bouddha sont en fait un véritable trésor. Si nous sommes capables de voir ou de reconnaître leur valeur et de les mettre correctement en pratique, nous combleront non seulement de bienfaits temporaires, mais nous procureront également un bonheur définitif. Lorsque l'ignoarance, l'égoisme, la cupidité, la haine, l'orgueil et la jalousie prennent possession de notre courant de conscience, au lieu de la paix et du bonheur auxquels nous aspirons, ils engendrent des problèmes et des souffrances interminables pour nous-mêmes et pour autrui. Mais lorsque la satisfaction, le contentement, l'altruisme, la patience, la compassion, la sagesse sont puissament établis en l'esprit même, les conditions adverses sont transformées en agents favorables. Dans la mesure où elles ne font pas partie intégrante de la nature de l'esprit lui-même, il est possible d'éliminer totalement ces imperfections et de développer les aspects positifs de notre esprit par des méthodes approbpriées. Ces méthodes constituent l'essence des enseignement du Bouddha et le contenu de ce livre.

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Informations

Le Grand Véhicule

Nous allons aborder à présent l’étude de la voie du Mahayana. Pour pouvoir entrer sur cette voie, il faut également développer initialement le renoncement intérieur au cycle des existences, l’aspiration à la libération. Nous avons vu que le pratiquant du Petit Véhicule observe la souffrance, réfléchit à la nature de l’existence conditionnée, médite sur les douze liens de la production interdépendante, mesure l’étendue de la souffrance du cycle des existences. Réalisant que, pour y échapper, il n’a d’autre possibilité que de se libérer du cycle des existences, il va aspirer au Nirvana. Toutefois, c’est essentiellement pour lui-même qu’il va rechercher la libération. Celui qui s’engage directement sur la voie du Mahayana commence aussi par méditer sur les trois sortes de souffrances, pour comprendre la nature de l’existence conditionnée. Il prend conscience de l’infinité en nombre, en durée et en intensité de toutes ces souffrances. Ayant, dans un premier temps, compris la nature de sa propre condition, il oriente ensuite cette compréhension vers les autres, réalise que tous les êtres vivants sont dans la même situation, tourmentés par des souffrances sans fin, produites sous l’emprise du Karma et des facteurs perturbateurs de l’esprit. Méditant ainsi sur la souffrance de tous les êtres, il prend conscience du peu d’importance de ses propres souffrances comparées à celles de tous les autres. Alors surgit en lui une très forte aspiration à libérer tous les êtres de leurs tourments.
Celui qui se soucie du bien-être de tout un peuple au lieu de penser seulement à lui se distingue, bien sûr, par ses qualités de coeur, et ces dernières lui vaudront la considération de tous. De la même façon, dans le domaine du Dharma, celui qui est prêt à renoncer à la quête de son propre bonheur dans le but de libérer tous les êtres du cycle des existences, sans se contenter d’agir pour quelques-uns seulement, est un individu dont la noblesse de sentiment, l’ouverture d’esprit et le courage sont remarquables. Mais comment développe-t-on cette pensée altruiste propre au Mahayana ? Elle est le résultat de méditations successives qui assureront un développement progressif de l’esprit.

L’équanimité

En premier lieu, il convient de s’appliquer au développement de l’équanimité.
Nos réflexions et nos observations pourront nous amener à comprendre que toutes les difficultés et les souffrances auxquelles nous nous trouvons confrontés ne viennent pas de l’extérieur, mais sont le résultat de nos propres erreurs de jugements et de comportement. En effet, par la force de l’ignorance, c’est-à-dire, ici, de la conception d’une existence personnelle intrinsèque, de la vue qui considère l’assemblage transitoire, nous sommes fortement attachés à nous-mêmes, et nous ne cessons de vouloir tout ce qui semble pouvoir combler nos désirs. Or, nous nous chérissons tellement que nos besoins ne sont jamais assouvis. Il nous faut toujours autre chose et pour parvenir à nos fins, nous accomplissons, par le corps, la parole et l’esprit, de nombreuses actions négatives. Cette surimposition erronée, opérée par l’ignorance sur la base de notre existence ouvre la voie à de multiples désirs que nous cherchons à satisfaire par tous les moyens. Nous échafaudons, par la pensée, toutes sortes de plans négatifs; nous y impliquons nos actions verbales par le mensonge... et pour finir nous agissons physiquement dans un sens défavorable, et tout ceci entraîne l’accumulation de nombreux Karmas négatifs. De plus, nous ne nous contentons pas d’être attachés à nous-mêmes; nous nous attachons à tous ceux qui nous sont proches, tous ceux qui sont de notre côté, nos enfants, nos frères et soeurs, notre famille. Poussés par cet attachement, nous sommes prêts, pour qu’ils soient heureux et ne souffrent pas, à faire n’importe quoi, et là encore, nous produisons de très nombreux Karmas non vertueux.
Lorsque nous nous dévouons pour nos proches, nos amis, nos enfants... uniquement par amour, par compassion, notre attitude est juste. C’est bien cela que nous devons faire. Mais, toutes les actions qui nous sont dictées par l’attachement sont négatives. De plus, cet attachement ne cesse de croître et de s’étendre. Il vise, par exemple, un groupe particulier, notre pays, nos concitoyens... Là encore, il génère le désir de posséder toujours plus et de nombreuses actions négatives sont ainsi accumulées. Je ne veux pas dire qu’il ne faut pas aimer ses compatriotes, les aider, etc., mais lorsque nos sentiments sont de l’attachement, ce que nous concevons n’est rien d’autre qu’une fausse sur-imposition à l’origine d’un grand nombre de Karmas non vertueux qui, chaque fois, déposent dans notre esprit une potentialité comme on dépose une graine dans la terre. Cette potentialité, lorsqu’elle mûrira, fera éclore la souffrance. Telle est donc la direction prise par l’attachement, toujours orienté vers nous-mêmes ou ce qui est nôtre.
Sous l’effet de la même ignorance, nous n’aimons pas des gens que nous rencontrons, nous éprouvons pour eux de l’aversion. Nos pensées s’orientent alors dans un sens négatif. Nous cherchons le moyen de leur nuire, puis nous passons à l’acte. Peut-être même chercherons-nous à les éliminer physiquement. Par de telles attitudes, nous accumulons de nombreuses actions défavorables. Tout ce processus a son origine dans l’ignorance qui nous aveugle, qui nous empêche de voir les choses telles qu’elles sont, qui nous plonge dans une sorte d’obscurité où nous sommes incapables de distinguer ce qui est vertueux de ce qui ne l’est pas. Lorsque l’aversion se développe, nous détestons non seulement ceux qui nous ont fait du mal, mais également ceux qui nuisent à nos proches, à nos parents, à nos amis. Nous les tenons pour nos ennemis, ce qui nous conduit à nouveau à l’accumulation d’actions négatives par le corps, la parole et l’esprit. Par extension, notre aversion se porte sur les ennemis de notre pays, etc. Nous dressons alors mentalement toutes sortes de plans pour leur nuire, puis nous agissons en ce sens par le corps et la parole.
Si nous nous regardons, nous verrons facilement que cet attachement à ce qui nous est cher et cette aversion à l’égard de ce qui nous est déplaisant sont des attitudes que nous connaissons bien.
En d’autres circonstances, nous adoptons un troisième type de comportement, celui de l’indifférence envers de très nombreux êtres; en conséquence de quoi nous les négligeons totalement. Qu’ils soient heureux ou malheureux nous importe peu. Ce qui leur arrive ne nous préoccupe nullement. Par exemple, les chasseurs qui tuent les cerfs ou les biches n’agissent ni par attachement, ni par aversion à l’égard de ces animaux, mais seulement par indifférence. Parce que la chasse est pour eux un divertissement, ils n’ont aucune considération pour la vie des êtres qu’ils tuent. De ce fait, ils accumulent de nombreuses actions non vertueuses. Cette indifférence nous fait voir les individus non pas comme des êtres animés semblables à nousmêmes, mais plutôt comme des objets dont nous pouvons disposer. Par cette attitude, nous créons aussi de nombreux Karmas négatifs. Si nous sommes attentifs, nous constaterons que tout être que nous voyons possède un corps et une vie qui sont ce qu’il a de plus précieux. Nous savons combien nous souffrons de ce qui porte atteinte à notre corps ou à notre vie; celui que nous considérons avec indifférence souffre tout autant que nous lorsqu’on lui ôte la vie.
Voilà quelles ont été nos attitudes dans le passé, celles que nous entretenons dans le présent, et que nous conserverons dans le futur : attachement à ceux qui nous sont chers, haine envers ceux qui nous nuisent, indifférence à l’égard de tous les autres. Parce qu’un tel comportement est incorrect, toutes les actions qui en découlent sont également incorrectes et les résultats qu’elles engendrent ne sont que souffrances, même si ce n’est pas cela que nous voulons. Nous sommes pourtant convaincus d’agir comme il se doit, mais si nous examinons nos attitudes du point de vue du Dharma, en y portant un regard honnête, nous comprendrons que nous sommes dans l’erreur. Au début, nous aurons du mal à discerner l’attitude juste; mais, petit à petit, lorsque nous verrons se produire le résultat, le fait que l’attitude juste amène le bonheur et l’attitude erronée la souffrance nous apparaîtra avec beaucoup plus de clarté. Et ces deux chemins qui, au départ, semblaient se confondre, s’écarteront de plus en plus l’un de l’autre. Alors, les pratiquants du Mahayana, réalisant que toute souffrance provient de ces trois attitudes erronées, voudront les recti-fier et aspireront à transformer l’esprit de tous les êtres.
Toutefois, avant de pouvoir transformer celui des autres, il est nécessaire de commencer par transformer son propre esprit. Ceci s’applique, de la même manière, aux desseins de ce monde. Celui qui veut travailler au bonheur de tous doit d’abord acquérir les qualités et les compétences qui lui permettront d’être efficace. Le seul désir d’aider les autres ne pourra pas être suivi d’effet s’il n’est accompagné des compétences nécessaires. Aussi le Mahayaniste s’efforce-t-il de transformer ses attitudes et, pour ce faire, essaie de comprendre pour quelles raisons il s’attache plus particulièrement à une certaine catégorie d’individus dont il privilégie le bien-être.
Vous voyez que l’on peut méditer sans qu’il s’agisse de méditation de fixation. Analyser les motifs de nos attachements est aussi une méditation. Et nous finirons par nous apercevoir qu’aimer, comme nous le faisons, une certaine catégorie d’individus, en nous fondant sur le simple fait qu’ils nous ont aidés pour un temps si court, tandis que tous les autres êtres nous indiffèrent ou nous indisposent, n’a en vérité aucun sens, ni aucun fondement légitime.
J’ai précédemment expliqué le processus des vies successives et la manière dont on passe d’une existence à une autre. Cela vous permettra de mieux comprendre les exemples qui vont illustrer ce qui vous est exposé à présent. En effet, ceux que nous chérissons à présent parce qu’ils nous sont une aide précieuse pour la durée très brève de cette vie, se sont trouvés, dans le passé, dans des situations complètement antagonistes. Ils ont été, au cours de nos vies passées, nos pires ennemis. Notre hostilité à leur égard fut alors sans commune mesure avec ce que nous pouvons éprouver pour nos ennemis d’aujourd’hui, au point que le simple fait d’entendre prononcer leur nom nous mettait hors de nous. Peut-être vous direz-vous qu’en méditant de la sorte, on risque d’empêcher le développement de tout amour envers autrui. Ce n’est ni le cas, ni le but recherché. En fait, ces réflexions vont permettre d’établir une sorte d’égalité d’esprit envers tous les êtres. En éliminant l’attachement, elles préparent le terrain où grandiront le véritable amour et la vraie compassion. Considérons donc l’ami d’aujourd’hui : jadis, dans des vies antérieures, il fut notre ennemi; il le sera à nouveau dans le futur. Pourquoi aurions-nous envers lui tant d’attachement parce qu’il nous a secouru ou été bénéfique dans un présent si court ? Cela n’a aucun sens.
Il y a également des êtres qui nous inspirent une profonde aversion, que nous détestons de toutes nos forces, au point que l’idée de pouvoir les tuer de nos propres mains nous réjouit. Mais pourquoi cette haine ? Si nous en recherchons les raisons, nous la justifions par le fait que ces personnes nous nuisent, nous ont nui ou sont susceptibles ne nous nuire, ou encore qu’elles ont nui à nos proches, à notre famille, à nos amis, à notre pays, au groupe auquel nous appartenons... A bien y regarder, ces individus ne nous sont hostiles que pour un temps très court et très limité. Sans doute nous font-ils du mal dans cette vie; pourtant au cours de nos vies précédentes, ils ont été nos amis les plus intimes, nos proches parents... Nous avons alors mis en eux toute notre confiance et les avons aimés de tout notre coeur. Les détester aujourd’hui n’a donc pas de sens et rien ne justifie les actions négatives que nous sommes prêts à accumuler. Pourquoi oublierions-nous tous les bienfaits que nous ont prodigués nos amis d’antan pour ne retenir que les maigres dommages dont ils sont aujourd’hui la cause. Si quelqu’un avec qui nous avons entretenu une relation très étroite tout au long de cette vie, qui nous a aidé, aimé... agit un seul jour d’une manière qui nous déplaise ou qui nous soit préjudiciable, oublier tous ses bienfaits pour nous quereller et attendre la première occasion pour prendre notre revanche serait un comportement complètement incohérent.
Par de telles réflexions, nous arriverons à considérer de manière égale les gens que nous aimons et ceux que nous détestons. Les uns nous ont prodigué leurs bienfaits dans cette vie, et les autres nous ont aidés dans une vie antérieure. Ils sont à égalité pour ce qui est des bienfaits dont ils nous ont comblés ou de l’hostilité qu’ils ont manifestée à notre égard. Entre celui qui nous a aidé hier et nous est hostile aujourd’hui ou celui qui nous a maltraité hier et nous aime aujourd’hui, il n’y a, si nous analysons bien la situation, pas la moindre différence et nous n’avons aucune raison d’aimer l’un plus que l’autre. Ne considérer que l’immédiat sans tenir aucun compte du passé est le signe d’une grande étroitesse d’esprit. De plus, il est tout à fait possible que celui qui nous agresse aujourd’hui et que nous détestons nous soit, demain, d’un grand secours. Ceux que nous haïssons à présent peuvent très bien devenir des amis très chers. Ces retournements de situation sont facilement observables si nous y prêtons attention. Si nous nous appliquons à méditer de cette manière, nous verrons à la fois diminuer l’attachement envers nos proches et l’aversion envers nos ennemis, ou ceux qui nous déplaisent. Notre esprit sera alors plus égal, plus paisible et plus heureux. Nombre d’obstacles se trouveront ainsi naturellement aplanis.
Par des vues à long terme qui embrassent le passé et le futur, le Dharma et les méthodes qui lui sont propres, celle qui est exposée ici notamment, se distinguent des considérations temporelles étroites et limitées.
Nous venons donc de voir comment il convient de corriger nos attitudes mentales à l’égard de ceux qui nous sont proches et de nos ennemis. Mais l’esprit doit également être exercé à l’égard des individus qui nous sont indifférents, les trois attitudes qui caractérisent nos relations avec autrui étant l’attachement, l’aversion et l’indifférence. Il y a, en effet, des gens qui ne nous inspirent ni attachement, ni aversion et que nous nous contentons d’ignorer. Ils sont, pour nous, comme les pierres du chemin. Qu’ils soient heureux ou malheureux, cela nous est égal et ne nous préoccupe nullement. Cette attitude est aussi à l’origine de nombreuses actions négatives commises à l’égard des humains ou des animaux. Comme nous l’avons déjà évoqué précédemment, l’indifférence nous les fait considérer non pas comme des êtres vivants, mais simplement comme des choses que nous pouvons utiliser à notre guise, qui servent à nous distraire...
Pour comprendre que nous négligeons tous ces êtres en ne voyant en eux que des objets à exploiter pour notre propre satisfaction, et pour voir comment de nombreuses actions négatives sont entraînées par une telle attitude, il nous suffit d’observer nos agissements. Cette stupide indifférence est donc erronée, comme le sont les actions qu’elle induit dont le résultat ne peut être que souffrance. Par exemple, en tuant un animal à la chasse, on accomplit une action défavorable qui dépose sur la conscience une potentialité qui, lorsqu’elle parviendra à maturité, produira un résultat de souffrance. Comme tous les êtres vivants, nous fuyons la souffrance, pourtant, par notre indifférence, nous créons des causes qui auront des souffrances pour résultat. Voilà qui est bien contradictoire ! Lorsque nous comprendrons qu’une telle attitude est négative, nous nous efforcerons de l’éliminer en transformant notre esprit. A nouveau, demandons-nous pourquoi tout ce qui touche ces êtres, bonheur ou malheur, nous indiffère. La seule raison que nous pourrons trouver est que nous n’avons jamais eu avec eux la moindre relation. Ils ne nous ont pas aidé et ne nous ont pas davantage causé de tort. Puisqu’ils ne nous ont fait aucun mal, nous n’avons aucune raison de les haïr, et puisqu’ils n’ont rien fait pour nous, nous n’avons nulle raison de les aimer ou de leur être attachés. Dans ce raisonnement, nous nous limitons au temps très court de cette existence. Pourtant, dans des vies précédentes, nous avons été très proches les uns des autres; ces êtres nous ont aidés, soignés, évité des souffrances; ils nous ont secourus de multiples manières. Nous avons été des amis inséparables. Si nous oublions aujourd’hui tout cela pour ne prendre en compte qu’un présent éphémère, nous sommes mesquins et notre vue est limitée. De plus, au cours de nos existences futures, ils nous entoureront, nous assisteront et nous prodigueront encore leurs bienfaits. Même dans cette vie, ceux qui nous sont aujourd’hui indifférents peuvent, d’ici à quelques mois ou quelques années devenir nos amis les plus intimes, ceux à qui nous confierons nos secrets, et en qui nous placerons tous nos espoirs. Nous contemplerons donc ces êtres comme nous avons précédemment contemplé nos ennemis, de telle sorte que l’indifférence fasse place à l’amour et à la compassion.
Vous admettrez probablement sans difficulté que les gens qui vous sont aujourd’hui indifférents puissent, plus tard, dans cette vie, devenir vos proches amis; mais peut-être vous demanderez-vous : “Comment se pourrait-il que des animaux, tels que des vaches, ou des chèvres... agissent pour mon bien-être” ? Certes, nous ne risquons pas d’établir des relations intimes avec une vache dans cette vie ! Il n’en demeure pas moins vrai que nous avons eu, et aurons, avec ces êtres, de nombreuses relations et que nous n’avons aucune raison d’être aujourd’hui indifférents à leur sort et de les utiliser sans la moindre réflexion.
Développant notre esprit par ces méditations, nous parviendrons à l’équanimité, c’est-à-dire à considérer avec égalité d’esprit nos amis, nos ennemis et ceux qui nous sont indifférents, comprenant que ce qui les distingue est une infime portion de temps. Ainsi éliminerons nous nos attachements excessifs envers ceux qui nous sont proches, la haine qui nous rend incapables de supporter nos ennemis, et l’indifférence envers tous les autres. Grâce à cette équanimité, notre esprit demeurera égal et paisible, comme une surface plane et lisse. Si nous réfléchissons à tout ceci, nous pourrons le comprendre et transformer nos attitudes. Mais si nous nous contentons de réagir immédiatement à tout ce qui se présente, nous serons comme un chien qui grogne et montre les dents dès qu’une chose lui est désagréable, et nous ne nous donnerons pas les moyens d’évoluer. Or, nous sommes des êtres humains et cela suppose que nos comportements soient moins limités que ceux des animaux.
D’autres raisons peuvent venir s’ajouter à celles que nous venons de voir pour nous permettre d’établir en nous cette équanimité. Précédemment, je vous ai parlé de la vacuité. Or, cette compréhension peut également s’appliquer à la pratique de l’équanimité. En effet, lorsque nous rencontrons des personnes que nous détestons, elles nous apparaissent avec force comme nos ennemis. Mais, analysons cette relation comme nous l’avons fait précédemment avec l’individu lors de notre recherche de la vacuité : mon ennemi est-il le corps de cette personne ? Est-il son esprit ? Bien qu’il ne soit ni le corps, ni l’esprit, il n’existe pas indépendamment de son corps et de son esprit. Ces réflexions nous conduisent à réaliser que nous avons imputé le concept d’ennemi sur la base d’actions physiques, verbales ou mentales de l’individu concerné. Lorsque ceci devient clair par la méditation, la haine disparaît d’elle-même. Il en va de même de l’attachement envers nos proches. Sur la base de leurs actions mentales, physiques ou verbales, nous voyons en eux des êtres chers. En fait, nous opérons une fausse surimposition, car nul n’est un ami existant comme tel de son propre côté. Où est l’ami ? Est-ce le corps ? Est-ce l’esprit ? Ainsi, au fil d...

Table des matières

  1. Avant-propos
  2. Préface
  3. Introduction
  4. Photographies
  5. Première session
  6. La Nature de la Souffrance
  7. L’Origine de la Souffrance
  8. Les Facteurs Mentaux
  9. Les Douze Liens de la Production Interdépendante
  10. Le Calme Mental
  11. Présentation du Chemin
  12. Le Grand Véhicule
  13. Les Paramitas
  14. La Paramita de la Sagesse
  15. Les Cinq Chemins et les Dix Terres du Grand Véhicule
  16. Conclusion
  17. Glossaire
  18. Bibliographie
  19. Centre d‘ Études et l‘Edition
  20. Rabten Choeling