Enlève la nuit
eBook - ePub

Enlève la nuit

  1. 354 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Enlève la nuit

À propos de ce livre

On peut venir au monde à tout âge. Pour Markus, cela se passe au début de la vingtaine, quand il s'enfuit de la communauté fermée qui l'a vu naître et qui l'étouffe. Le voici donc plongé dans le « Frais Monde », dans la jungle urbaine, au risque de se noyer. Il doit s'inventer à partir de rien. Il doit apprendre à se nourrir, à se trouver un toit, un travail. Il doit découvrir tous les codes de la vie libre, dont celui de la séduction, car rien ne l'attire plus que les « Mignonnes » du Frais Monde, toutes plus pimpantes les unes que les autres, toutes déshabillées là où ça rend fou de les regarder. Ce n'est pas un hasard si Markus se retrouve à aider les plus mal pris de la ville, pas un hasard non plus si Abbie et Raquel, deux vestiges de son ancienne vie, viennent s'échouer chez lui. Car Markus est différent. Malgré son intense désir d'intégration, Markus est dévoré par une flamme qui le pousse à éclairer ceux qui semblent souffrir d'obscurité – et ils sont nombreux. Comment trouver sa place sans perdre son âme? Où se terre la Mignonne ultime, l'âme sœur qui lui fait si cruellement défaut? Et qui est cette ombre bienveillante qui veille sur lui depuis le début, ce vieil homme mystérieux que Markus surnomme « Maître K », et qui se dérobe chaque fois qu'il l'approche?Cette histoire, c'est Markus qui nous la raconte, en jouant comme un enfant émerveillé avec la nouvelle langue qu'il a apprise. Ce sont les mots et les yeux candides de Markus qui nous dévoilent les désastres ambulants partout, et l'aveuglement du monde libre qui court, qui court pour se fuir lui-même.

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Informations

Saint-Esprit-des-Pins
Saint-Esprit-des-Pins n’existait pas du tout dans mes pensées à ce moment-là.
À ce moment-là n’existait dans mes pensées que la dépravation d’Abbie. Et notre mission d’incendiaires bienfaisants – soudain compromise.
Compromise dans ma tête à moi, puisque les deux autres, insoucieux et aveugles, me réclamaient un Votre Attention chaque soir pour faire le point sur nos activités d’allumeurs. Je les repoussais chaque soir, sous différents prétextes pitoyables – j’ai mal à la cervelle, j’ai des devoirs nouveaux en langue, je suis sur un gros coup de Généreux mais faut attendre le résultat, et ainsi de suite.
Le Généreux, à vrai dire, me sortait par les oreilles et n’avait jamais moins eu envie d’y rentrer.
Chaque matin, je me levais en me jurant d’affronter Abbie, et la journée passait et je n’y arrivais pas et cela me minait. Il était d’humeur si pimpante, pétillant telle une cochonnerie de vin mousseux, quittant la maison en sifflotant comme s’il s’en allait plonger dans la beauté des Livres plutôt que dans la soue des ruelles.
Et moi je me voyais aller, grise mine et caquet bas, et de moins en moins le goût de rien, aussi pire que dans mes lointains moments noirs, alors je résolus de laisser tomber. Qu’il s’arrange avec ses oignons et ses marmelades, qu’il suive son chemin de boue si c’est celui-là qui l’appelle.
Et une diversion salutaire me permit d’écarter Abbie de mes intérieurs.
Sous la forme d’ExquisMinis et de Iolanda, ma Cheffe patronne.
Alors que j’attendais au comptoir les plats déjantés de cette journée-là (tartinade de termites sur kumquats en fleur, rosbif d’arachnides au porto…) pour les hisser sur mon vélo, Iolanda me fit signe d’aller la rejoindre dans la cuisine. La douce Jasmine s’occupait plus loin de clients qui la pressaient de questions au sujet de leurs révolutions culinaires.
— Toi, Markus, me murmura ma Cheffe sans préambule, ça te dirait une semaine de vacances à la campagne ?
Vacances et campagne, deux mots appris dans les débuts de mes cours de langue et restés sans résonance aucune depuis.
— Enfin vacances, enchaîna-t-elle, vacances oui et non. Il y aurait quand même un peu de travail à faire, de la cueillette pour tout dire.
— Cueillette de quoi ? demandai-je pour demander quelque chose – car le silence béat menaçait de m’engloutir à jamais, comme devant tout paradis qui s’entrouvre.
— C’est le printemps, la terre se réveille, c’est le plus beau de la saison pour les léthocères bien dodus à ce temps de l’année et les polygones virgules et les éphémères, il y a tellement d’éphémères qu’on ne sait plus où les mettre, avec un peu de levure grillée et des noix c’est un délice…
— Ah, dis-je sobrement.
Il me semblait bien qu’il y avait un piège.
— Habituellement, c’est moi qui vais les cueillir en cette période de l’année. Et le chalet est charmant, je te jure. Mais cette année, je ne peux pas.
Elle parlait bas, un œil sur Jasmine en train de partager son enthousiasme gastronomique avec les deux clients muets de saisissement.
— Regarde-la, dit Iolanda, la voix soudain tout éraillée. Sucre et miel et pétarade avec les autres, alors qu’à moi elle ne dit plus un mot.
J’appris donc ce jour-là que le chéri entre elles n’allait pas fort. Jasmine s’éloignait de Iolanda alors que Iolanda n’avait jamais eu envie d’être aussi proche de Jasmine, au point même de nourrir des désirs d’enfant, rajoutait-elle avec des trémolos de désolation dans la gorge – tiens, elle aussi, elle comme les autres, me dis-je avec mélancolie. Car je pensais à ma professeure, je pensais à ma communauté surpeuplée, je pensais à tout ce bonheur opiniâtre investi à fond de train dans la fabrication d’enfants, alors que les enfants, ça ne dure pas, ça devient dans le temps de le dire des adultes tout déglingués tout douloureux. Mais je me clouai le bec, n’étant pas une féminine munie du réservoir nécessaire au projet, ni de la faim sans doute qui va avec le réservoir.
Mais cela n’arriverait pas de toute façon, selon Iolanda. Selon Iolanda, et elle prenait comme un mauvais plaisir à s’entortiller dans ses barbelés de pronostics, ce qui arriverait, c’est que Jasmine la flusherait pour une plus jeune, Jasmine avait déjà commencé à zieuter les belles filles de son âge et à ne plus toucher à la vieille peau de Iolanda, C’est vrai que je suis une vieille peau, j’ai soixante-neuf ans mais en dedans je suis plus jeune qu’elle et pas si mal que ça au-dehors, tu ne trouves pas ?… Et puis je lui ai tout montré, elle ne savait même pas distinguer une fourmi d’une araignée avant et je l’ai sortie de la dèche, la boutique nous rapporte de plus en plus et c’est comme ça qu’elle me récompense… Mais la vieille peau ne se laissera pas faire si facilement, pas question de m’éloigner une semaine pour lui laisser le champ libre et le lit grand ouvert pour qu’elle batifole avec une dulcinée insignifiante, donc, cette année, même si ça me crève le cœur, pas de Saint-Esprit-des-Pins pour moi, ce qui fait que Markus, tu me rendrais vraiment VRAIMENT service !
Saint-Esprit-des-Pins ! Elle avait dit Saint-Esprit-des-Pins.
Il fallut un peu de temps pour que la connexion se fasse dans ma cervelle molle, pour que je me rappelle qu’il était soudain question de vous, Maître K, de cette fois de la gare où vous m’aviez laissé vos cahiers devenus complètement mes cahiers, ces mots-là disaient bel et bien le lieu où votre autobus vous emportait, Saint-Esprit-des-Pins ! Saint-Esprit-des-Pins était exactement ce qu’il me fallait pour vous retrouver enfin et clore mon devoir de gratitude.
Et il m’était offert sur un plateau d’argent – recouvert de bébites à cueillir, mais rien n’est jamais parfait.
Je dis oui sur-le-champ. C’étaient deux coups d’une pierre, ou le contraire, bref, joie pour moi et joie pour elle, puisque la lumière envahit le visage de Iolanda à qui je venais de donner quelque chose comme la lune.
Ce soir-là, je fus celui qui relança notre Votre Attention, au grand plaisir des deux autres qui se mouraient semble-t-il de partager leurs coups fumants.
Je leur permis de parler les premiers, le visage intensément neutre devant la voix haut perchée et les élucubrations d’Abbie, même si ça palpitait raide à l’intérieur de moi.
Il avait refilé un gros billet à un itinérant qui ne demandait rien (un gros billet gagné derrière les poubelles !), il avait aidé un vieux à traverser la rue (en se laissant peloter les fesses !), il avait acheté tous ses magazines à un camelot (avec le même argent gagné derrière les mêmes poubelles !), il avait donné tous les magazines aux clients de la Gigantesque (en échange de pelotages derrière les poubelles !) et blabla, plus la liste de ses balivernes de bontés s’allongeait, plus ma colère intérieure faisait de même. Je parvins à ne rien exprimer, et surtout pas d’admiration. Quant à Raquel, si peu en contact avec l’extérieur, ses seules interventions gentilles avaient été avec le seul autre occupant de son territoire : Thomas. Elle ignora la question que je ne posais pas (Tu l’as laissé t’embrasser où, cette fois ?), elle raconta qu’il était venu la saluer, et elle l’avait trouvé si dépourvu d’entrain et de force qu’elle lui avait donné de la soupe tout juste cuisinée, et que quelques autres fois elle avait déserté son trop-plein de travail pour jouer aux échecs avec lui. Le remords m’envahit d’un coup, car qu’avais-je fait, moi, pour aider Thomas aux prises avec sa menace ? Je l’avais écouté, c’est vrai, et puisqu’il s’était confié à moi plutôt qu’à Raquel, c’était la preuve de quelque chose, on verrait bien de quoi.
Néanmoins, j’étais si peu en forme lumineuse que je la regardai de travers, et Abbie le fourbe de même.
— Tu cuisines de la soupe, toi ? je demandai d’un ton vinaigré.
Et Abbie, dans l’ironie autant que dans le vinaigre :
— Tu sais jouer aux échecs, toi ?…
Apparemment, la réponse était OUI à nos deux insinuantes de questions, puisque de la soupe nouvelle était bel et bien dans notre frigo, et qu’un petit jeu d’échecs portatif dormait dans les effets personnels de Raquel – elle nous montra les deux objets de litige avec un début de colère.
Bref. La confiance n’avait jamais eu le caquet aussi bas entre nous.
Il était temps de leur parler de ma bienveillance à moi envers ma patronne d’insectes, qui m’amenait à quitter la ville – et notre écorchante promiscuité – pendant une bonne heureuse semaine....

Table des matières

  1. Page couverture
  2. Les Éditions du Boréal
  3. Faux-titre
  4. De la même autrice
  5. Titre
  6. Crédits
  7. C’est à vous que je parle
  8. Chaque jour est un miracle
  9. Quand j’ai rencontré Charlie Putulik
  10. Abbie s’en venait
  11. Dans le tourbillon avalant du temps
  12. Moi qui ne connaissais qu’un
  13. Cette nuit-là, ma mère
  14. Écrire comme un poussin
  15. Qu’est-ce qu’il restait?
  16. Quand je suis rentré chez moi
  17. Il y eut un Après
  18. Les Petites
  19. Saint-Esprit-des-Pins
  20. Un grain de sable
  21. Abbie
  22. J’ai vu ses cheveux
  23. C’est à vous que je parle
  24. Crédits et remerciements
  25. Fin
  26. Quatrième de couverture