Disparaître?
eBook - ePub

Disparaître?

  1. 141 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub

Disparaître?

À propos de ce livre

Au Québec, jusqu'à la fin des années 1990, s'est maintenue une majorité d'ascendance canadienne- française au-delà des 80 %. Au rythme de décroissance actuel, elle pourrait disparaître sous la barre des 50 % au cours du siècle. Sur l'île de Montréal, c'est déjà fait. Parmi les premières causes de ce suicide collectif: un taux d'immigration parmi les plus élevés au monde — 50 000 nouveaux arrivants en moyenne par année — et une politique migratoire qui entretient des mythes sur les retombées positives de l'immigration de masse. N'est-il pas grand temps pour cette fragile communauté de destin d'assujettir son hospitalité à sa capacité réelle d'intégration? C'est ce que soutient l'auteur de cet essai qui fait toute la lumière sur les conséquences de cette dérive et propose des voies de solutions pour… qu'il y ait un avenir.

Foire aux questions

Oui, vous pouvez résilier à tout moment à partir de l'onglet Abonnement dans les paramètres de votre compte sur le site Web de Perlego. Votre abonnement restera actif jusqu'à la fin de votre période de facturation actuelle. Découvrez comment résilier votre abonnement.
Pour le moment, tous nos livres en format ePub adaptés aux mobiles peuvent être téléchargés via l'application. La plupart de nos PDF sont également disponibles en téléchargement et les autres seront téléchargeables très prochainement. Découvrez-en plus ici.
Perlego propose deux forfaits: Essentiel et Intégral
  • Essentiel est idéal pour les apprenants et professionnels qui aiment explorer un large éventail de sujets. Accédez à la Bibliothèque Essentielle avec plus de 800 000 titres fiables et best-sellers en business, développement personnel et sciences humaines. Comprend un temps de lecture illimité et une voix standard pour la fonction Écouter.
  • Intégral: Parfait pour les apprenants avancés et les chercheurs qui ont besoin d’un accès complet et sans restriction. Débloquez plus de 1,4 million de livres dans des centaines de sujets, y compris des titres académiques et spécialisés. Le forfait Intégral inclut également des fonctionnalités avancées comme la fonctionnalité Écouter Premium et Research Assistant.
Les deux forfaits sont disponibles avec des cycles de facturation mensuelle, de 4 mois ou annuelle.
Nous sommes un service d'abonnement à des ouvrages universitaires en ligne, où vous pouvez accéder à toute une bibliothèque pour un prix inférieur à celui d'un seul livre par mois. Avec plus d'un million de livres sur plus de 1 000 sujets, nous avons ce qu'il vous faut ! Découvrez-en plus ici.
Recherchez le symbole Écouter sur votre prochain livre pour voir si vous pouvez l'écouter. L'outil Écouter lit le texte à haute voix pour vous, en surlignant le passage qui est en cours de lecture. Vous pouvez le mettre sur pause, l'accélérer ou le ralentir. Découvrez-en plus ici.
Oui ! Vous pouvez utiliser l’application Perlego sur appareils iOS et Android pour lire à tout moment, n’importe où — même hors ligne. Parfait pour les trajets ou quand vous êtes en déplacement.
Veuillez noter que nous ne pouvons pas prendre en charge les appareils fonctionnant sous iOS 13 ou Android 7 ou versions antérieures. En savoir plus sur l’utilisation de l’application.
Oui, vous pouvez accéder à Disparaître? par Jacques Houle en format PDF et/ou ePUB ainsi qu'à d'autres livres populaires dans Philosophie et Dissertations philosophiques. Nous disposons de plus d'un million d'ouvrages à découvrir dans notre catalogue.

Informations

Préface
« Ça existe la notion de trop » :
la question de l’immigration massive au Québec
Des lendemains du référendum de 1995 à la crise des accommodements raisonnables de 2006-2008, il a été à peu près impossible de parler sérieusement d’immigration au Québec. Le traumatisme idéologique causé par la déclaration de Jacques Parizeau sur l’argent et le vote ethnique a entraîné la mise en place d’un dispositif inhibiteur à grande échelle qui empêchait d’aborder la question de l’immigration autrement que pour en célébrer les aspects bienfaiteurs sur la société québécoise. Étrange retournement de situation : alors que la volonté nette de la majorité historique francophone s’était retrouvée entravée par une minorité de blocage exerçant son droit de veto sur l’avenir du peuple québécois, il devenait interdit de s’en inquiéter, ou même de le mentionner. La parole publique, en démocratie, ne sert pas toujours à décrire le réel : souvent, elle a pour fonction de lui faire écran. Il faut dire que nous étions dans une époque qui se voulait celle de la mondialisation heureuse. Chaque peuple devait s’y investir avec enthousiasme, en ajustant ses représentations collectives, pour passer du modèle de l’identité fermée à l’identité ouverte, sans que jamais on ne questionne sérieusement de telles catégories, absolument manichéennes et terriblement débilitantes. Désormais, les identités devaient être fluides, insaisissables, flottantes, mouvantes. Autrement dit, elles ne devaient plus être des identités.
Le mouvement souverainiste, théoriquement voué à la réalisation de l’indépendance du Québec, s’est surtout occupé, pendant plus d’une décennie, à redéfinir l’identité québécoise, au nom de sa modernisation inclusive. Qui s’opposait à cette entreprise de désubstantialisation du peuple québécois, progressivement amputé de sa mémoire, de sa culture et même de sa langue, était soupçonné de flirter avec le nationalisme ethnique. C’était l’heure de l’épuration civique du camp souverainiste. Toute la pensée d’un Gérard Bouchard, que le système médiatique s’entête à présenter comme un sociologue de grande envergure, s’est essentielle­ment déployée dans cette entreprise de déconstruction nationale, à laquelle il fallait apparemment se soumettre si on souhaitait que la nation québécoise passe le test de la légitimité démocratique. Mais à sans cesse élargir la définition du peuple québécois, pour s’assurer qu’elle n’exclut personne, on en arrive à une définition aseptisée qui n’intéresse plus grand monde. Les ressorts identitaires de la nation québécoise se sont brisés à cause de la multiplication des échecs référendaires, mais aussi parce que les souverainistes ont bien mal servi le peuple qu’ils disaient vouloir émanciper. En fait, la pensée québécoise des années postréférendaires a été hypnotisée par un fantasme idéologique qui lui faisait prendre la déréalisation de la nation, ou du moins la délégitimation de la nation réelle, pour sa refondation pluraliste. L’histoire de cette dérive est intimement liée à celle de la dislocation de l’option souverainiste à un moment où elle aurait encore pu triompher.
Cette censure, je l’ai dit, s’est prolongée jusqu’à la crise des accommodements raisonnables de 2006-2008. D’un coup, la censure postréférendaire associée à l’immigration s’est décomposée. Mais en fait, elle ne s’est décomposée qu’à moitié. Car s’il était désormais permis de constater que l’intégration des immigrés était un échec, il ne l’était toujours pas de remettre en question la politique d’immigration massive menée par le gouvernement du Québec. Certes, un Jacques Parizeau avait osé rappeler que, en la matière, « ça existe la notion de trop », mais la classe politique avait fait semblant de ne pas l’entendre. Il était encore victime de sa mauvaise réputation post-1995. Jacques Parizeau, à l’époque, s’était d’ailleurs montré très sévère à l’endroit du rapport Bouchard-Taylor, même s’il cherchera ensuite, sans trop qu’on ne comprenne pourquoi, à le faire oublier. Même le retour au Nous, dans le mouvement souverainiste, ne s’est pas accompagné d’un virage réaliste en matière d’immigration. Si on réintégrait la majorité historique francophone dans la définition de la nation, on ne faisait pas grand-chose pour contenir sa dilution démographique. On pouvait maintenant parler d’identité, mais on ne pouvait toujours pas parler d’immigration. En 2007, alors que l’ADQ de Mario Dumont s’opposait à la hausse des seuils d’immigration annoncée par le gouvernement libéral, un député péquiste qui n’était pourtant pas un insensé, l’accusa alors de lepénisme. On comprendra le sens de cette accusation : il suffisait de ne pas être favorable à la hausse des seuils d’immigration pour basculer à l’extrême droite.
Il a fallu attendre 2011, avec la publication du Remède imaginaire, de Benoit Dubreuil et de Guillaume Marois, pour qu’on ose enfin questionner les seuils d’immigration. Les deux auteurs, le premier philosophe et le deuxième démographe, remettaient en question le discours médiatiquement dominant présentant l’immigration massive comme la réponse au vieillissement de la population et comme un outil privilégié de développement économique. En d’autres mots, Dubreuil et Marois déconstruisaient les légendes économiques entretenues par la droite patronale qui ne voit en l’homme qu’une ressource humaine et pour qui les peuples sont surtout des populations interchangeables appelées à se déplacer selon les exigences du capitalisme mondialisé. On a soudain senti qu’il était désormais possible de remettre en question l’hégémonie immigrationniste. Qu’on ne se trompe pas : la droite patronale domine encore le débat sur l’immigration. Elle est parvenue à intoxiquer le débat public avec le mythe de la pénurie de main-d’œuvre, qui est repris par la gauche syndicale, et même par la gauche radicale version Québec solidaire. Cette dernière présente en plus notre ouverture à l’immigration massive comme une forme de nécessité humanitaire. Elle a recyclé l’internationalisme marxiste d’hier en humanitarisme diversitaire, mais elle se montre toujours aussi hostile au fait national, et plus particulièrement, au droit d’un peuple à défendre son identité. Quiconque la critique ouvertement risque de se faire traiter de raciste, de xénophobe, ou au moins d’esprit fermé et hostile à la diversité.
Le livre de Jacques Houle arrive à un moment où, après quinze ans de décomposition collective, un parti favorable au Québec d’abord vient de s’installer au pouvoir. Au cours des dernières années, la CAQ a annoncé son désir de réduire les seuils d’immigration. En d’autres mots, il faut désormais adapter les seuils d’immigration aux besoins de la société québécoise. La CAQ propose de les ramener à 40 000 pour deux ans. Certes, il s’agit d’une réduction cosmétique, mais au moins elle rompt avec le principe du toujours plus. Il s’agit désormais de pousser le gouvernement à aller plus loin dans cette direction, par exemple en rappelant qu’au début des années 1980 le Québec de René Lévesque recevait environ 17 000 immigrés par année et qu’il n’était pas moins démocratique pour autant. Jacques Houle a l’immense mérite d’enfin penser l’immigration sans tabous. S’il revient sur les mythes économiques qui justifient artificiellement une politique d’immigration massive, il ose franchir le pas que plusieurs s’interdisent en posant directement la question de la survie du peuple québécois. Un pays ne saurait être absolument indifférent à la population qui le compose. Il ne s’agit pas d’une surface plane sans lien avec le peuple qui l’habite. Si le Québec était peuplé d’une majorité de Norvégiens, d’Ukrainiens ou encore de Néo-Zélandais, ce ne serait tout simplement plus le Québec. Le jour où la majorité historique francophone n’y sera plus qu’une grosse minorité, le Québec ne sera plus le Québec. Ceux qui s’imaginent, par ailleurs, que la question du nombre est secondaire et qu’il faudrait seulement s’intéresser aux moyens nécessaires à l’intégration se racontent des histoires et cèdent à une vision strictement technocratique du politique. À partir d’un certain seuil, qu’on ne peut identifier de manière strictement spéculative, mais qui s’impose à nous pratiquement, la multiplication des ressources financières ne change plus grand-chose. Un peuple n’est pas réductible à une société qu’on pourrait réformer à l’infini à coup de politiques publiques sans tenir compte de son substrat démographique. Un peuple n’est pas qu’un simple rassemblement administratif d’individus blindés dans leur droit. C’est une communauté d’histoire et de culture, c’est une réalité humaine qui s’inscrit dans la longue durée et qui a un droit à la continuité historique.
Or, Jacques Houle le démontre sans l’ombre d’un doute, nous sommes témoins d’une dilution démographique de plus en plus rapide de la majorité historique francophone, qui représente le cœur vivant et le noyau identitaire du peuple québécois. Si ce mouvement n’est pas renversé, le peuple québécois deviendra progressivement étranger chez lui, comme c’est déjà le cas sur l’île de Montréal, dont la fracture politique avec le reste du Québec s’est radicalisée depuis une vingtaine d’années. Car qu’on ne se trompe pas : l’intégration est aussi une affaire de comportements politiques. Le vote massif, et presque soviétique, des populations issues de l’immigration pour le PLQ et le fédéralisme témoigne d’un déficit d’intégration symbolique à la nation québécoise. On aime dire que l’immigration est une richesse. En fait, c’en est assurément une pour le Parti libéral. L’extension du West Island à l’île de Laval nous rappelle, de ce point de vue, que, dans la région métropolitaine, ce ne sont pas les immigrés qui prennent le pli du peuple québécois mais ce dernier qui se laisse intégrer dans un nouveau peuple montréalais, multiculturel et bilingue. La référence québécoise est ainsi expulsée de la métropole québécoise, comme en témoigne le rejet viscéral d’une éventuelle charte de la laïcité par l’ensemble de la classe politique montréalaise, qui se laisse gagner par le mythe de la cité-État et est engagée dans un processus de sécession mentale avec le Québec, ce qui ne l’empêche pas, au même moment, de décréter qu’elle règne sur un territoire autochtone non cédé. Nous n’y verrons, finalement, qu’une manière de plus d’expliquer aux Québécois qu’ils ne sont pas chez eux dans le seul pays qui soit le leur.
En d’autres mots, les immigrés s’intègrent bien lorsqu’ils arrivent ici, mais ils s’intègrent au Canada, qui depuis longtemps mise sur l’immigration massive pour neutraliser démographiquement le peuple québécois et cadenasser son avenir politique et constitutionnel. La francisation de surface des populations immigrées ne doit pas nous empêcher de constater leur canadianisation en profondeur. Qu’on ne se trompe pas : il y a de belles histoires d’intégration, et rien ne plaît davantage aux Québécois que de voir des individus issus de l’immigration les rejoindre et embrasser leur culture. Mais il n’y en a pas assez, même si on peut croire qu’avec une politique de convergence culturelle véritable, il serait possible d’assurer une meilleure intégration pour un plus grand nombre. Chose certaine, qu’on le veuille ou non, l’immigration, à l’échelle de l’histoire, se présente moins comme une série de parcours individuels plus ou moins heureux qu’à la manière de mouvements démographiques massifs relevant de la géopolitique. Il est fascinant que, dans ce contexte, certains s’entêtent à plaider pour une hausse des seuils d’immigration, apparemment pour que le Québec conserve son poids démographique dans la fédération. Traduisons concrètement : pour que le Québec conserve son poids dans la fédération, nous devons consentir à ce que le peuple québécois soit de plus en plus minoritaire chez lui. Comment mieux se représenter à quel point le Canada est une menace pour le peuple québécois. Ceux qui assument une responsabilité intellectuelle ou politique dans le camp national, qu’ils soient autonomistes ou souverainistes, doivent lire ce livre pour se convaincre d’aller au-delà des interdits idéologiques imposés par la rectitude politique et véritablement remettre en question le multiculturalisme d’État et l’immigration massive.
On pourrait ajouter qu’au-delà de la situation québécoise, à l’échelle du monde occidental, l’immigration massive est un échec indéniable, et la peur de devenir étranger chez soi remonte partout à la surface. Il y a quelque chose de moralement abject à voir ensuite les élites politiques et médiatiques accuser les peuples de xénophobie, comme s’ils n’étaient pas en droit de s’inquiéter de leur dépossession identitaire et démocratique. Pire encore : lorsqu’on impose à une nation une pression migratoire qui va bien au-delà de ses capacités d’intégration, elle s’engage dans une dynamique de fragmentation de plus en plus visible, qui aboutit à une forme d’ethnicisation des rapports sociaux. Il n’y a pas de raison qu’il en soit autrement ici. Poussons plus loin la réflexion : à la grandeur du monde occidental, on constate aujourd’hui que le modèle multiculturaliste pousse partout à la crise sociale et politique. On a sous-estimé à quel point la déconstruction idéologique de l’État- nation allait entraîner la déstabilisation anthropologique de la communauté politique, sans laquelle l’homme ne peut vivre en société. Il importe dès lors de reconstruire la communauté nationale, de renationaliser le lien social pour reconstruire les conditions de l’expérience démocratique, qu’on ne saurait plus enfermer dans une définition strictement procédurale, qui pousse non seulement au gouvernement des juges, mais surtout à l’im­puissance politique la plus aliénante.
La contribution de Jacques Houle est essentielle. Elle nous aide à comprendre ce qu’il en est vraiment de la question de l’immigration pour une petite nation de langue et de culture française au parcou...

Table des matières

  1. CP Afflux migratoires-1
  2. CP Afflux migratoires-2
  3. CP Afflux migratoires-3
  4. CP Afflux migratoires-4
  5. CP Afflux migratoires-5
  6. CP Afflux migratoires-6
  7. CP Afflux migratoires-7
  8. CP Afflux migratoires-8
  9. CP Afflux migratoires