Facebook, la liste et moi
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Facebook, la liste et moi

  1. 104 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Facebook, la liste et moi

À propos de ce livre

«Facebook, finalement, n'est qu'une liste! La constatation n'a rien d'extraordinaire, et pourtant cette liste, qui peut évoquer à certains égards le convoyeur hypnotique, aurait effectivement tendance à nous emporter dans sa logique.» Tel est le point de départ de cet essai qui, avec justesse et vivacité, se propose de mettre en évidence cette logique et ses effets, particulièrement ceux qui infléchissent notre façon d'être au monde et avec les autres. Car si, comme d'autres médias sociaux, Facebook a certes son utilité, il a aussi ses revers qui entretiennent une dévorante soif de reconnaissance, un désir inépuisable et une expectative sans véritable satisfaction qui de toute façon est déjà recyclée par de nouvelles publications. Facebook aurait donc tendance à nous transformer en une masse indifférenciée d'individus dépersonnalisés par les prodiges de sa liste dopante.

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Informations

Facebook, la liste et moi
Du même auteur
Québec, la capitale sans ville, Trois-Pistoles, éditions Trois-Pistoles, 2011.
L’implantation des premiers chemins de fer du Bas-Canada, Québec, GID, 2014.
Clin d’œil sur cinq quartiers de Québec, Québec, GID, 2015.
Rémi Guertin
Facebook,
la liste et moi
Liber
Les éditions Liber reçoivent des subventions du Conseil des arts du Canada, de la SODEC (programme d’aide à l’édition) et participent au programme de crédit d’impôt-Gestion SODEC pour l’édition de livres du gouvernement du Québec.
Illustration couverture : © Rémi Guertin
Dépôt légal : 4e trimestre 2018
Bibliothèque et archives nationales du Québec
© Liber, Montréal, 2018

ISBN 978-2-89578-669-6
e-ISBN 978-2-89578-670-2
Qu’il me soit permis de remercier Daniel Dion, pour nos nombreuses discussions sur la Toile, ainsi que Luc Ampleman, intellectuel attentif, nuancé, qui sait toujours me ramener dans le droit chemin quand mon enthousiasme tend parfois à m’égarer.
Introduction
La manipulation de la liste
Comme tout le monde, j’ai un compte Facebook. Mais pour diverses raisons, et avec le temps, je suis devenu moins fidèle au petit « f » bleu. Il faut dire que je ne mène pas une vie particulièrement mouvementée ; l’excitation qui accompagne l’écriture ne se compare en rien à celle que provoque le wakeboard ou le saut en parachute. N’ayant toujours pas de téléphone intelligent, il m’est impossible de consulter mon compte Facebook en tout lieu et à tout moment. Aussi, et peut-être en raison d’une formation de géographe, j’ai plutôt tendance à regarder le monde autour de moi (les gens et le paysage). C’est quelque chose qui me vient peut-être de ma jeunesse, lorsque ma famille a fait le tour des États-Unis, tour pendant lequel j’ai passé quatre mois à regarder défiler les paysages, assis sur la banquette arrière d’une Volvo familiale beige.
Quand j’observe mes contemporains, je suis toujours un peu surpris de voir à quel point ils peuvent être absorbés par leur téléphone, dans la rue, au volant, en classe, etc. Et il suffit de jeter un œil par-dessus leur épaule pour se rendre compte que nombre d’entre eux, bien souvent, sont en train de consulter Facebook. De toute évidence, c’est d’époque — et je dois sans doute en être de moins en moins !
À cette observation s’ajoutent des comportements parfois étranges. Combien de fois ai-je remarqué, et vous aussi probablement, au restaurant ou dans les parcs, des parents figés sur leur écran pendant que leur bambin s’agite autour d’eux, en quête peut-être d’un peu d’attention ; cela en est parfois embarrassant. Diverses références font état d’enfants qui s’endorment avec leur téléphone de peur de manquer quelque chose ; en 2013, les utilisateurs de cellulaire pouvaient consulter leur compte Facebook quatorze fois par jour1. Dans les universités du Québec, il est courant pour les élèves de consulter leur compte Facebook en pleine classe. Voilà de quoi exaspérer plus d’un professeur ! Chez les 18-34 ans, c’est pratiquement un utilisateur sur deux qui, au réveil, se connecte à Facebook2. Et depuis l’avènement des médias sociaux, de nouvelles études montrent que les jeunes sortent moins et font moins la fête que dans les années 1980-19903. C’est dire à quel point cette plateforme peut occuper une place importante dans nos vies, infléchissant nos comportements, voire notre façon d’être au monde.
Un certain nombre d’indices et de comportements laissent donc entrevoir que nous aurions développé un attachement à Facebook qui va au-delà d’une utilité première. Nous pouvons même nous demander si nous n’avons pas été ensorcelés par le petit « f » bleu. Ou que nous sommes fascinés par cette technologie à bien des égards enivrante. Comment en sommes-nous arrivés à de telles conduites ? Est-ce Facebook qui est en cause ou sommes-nous les seuls responsables de son utilisation ? En soi, Facebook est un fantastique outil de partage, pourtant notre façon de l’utiliser laisse entrevoir que quelque chose y est à l’œuvre, donnant naissance à des comportements plutôt inédits. Certes, nous sommes responsables de notre sort, mais il y a lieu de penser que le fonctionnement même de Facebook y serait pour quelque chose dans ce qui semble conduire à une forme de dépendance.
Mes toutes premières intuitions à cet égard ont surgi d’une vague impression de ­manipulation. Non pas que Facebook ait été conçu dans un plan machiavélique, mais la somme de tous ces partages et de tous ces « likes » aurait tendance, d’une certaine façon, à nous piéger, comme si, à l’usage, une sorte de mécanique irrépressible finissait par nous emporter. Mon impression de manipulation devait se condenser dans une observation assez simple : Facebook, finalement, n’est qu’une liste ! La constatation n’a rien d’extraordinaire, et pourtant, cette liste, qui peut évoquer à certains égards le convoyeur hypnotique, aurait effectivement tendance à nous emporter dans sa logique. En somme, cette idée de la liste comme moteur d’une manipulation a fini par s’imposer, au point de devenir le principe directeur de cet essai.
Cherchant à corroborer mes intuitions, j’ai plongé dans Vertige de la liste d’Umberto Eco4. Ce que j’ai compris de sa liste, c’est qu’elle est généralement l’affaire d’un seul homme qui s’est abandonné à l’énumération pour le « vertige » qu’elle peut provoquer ou encore dans un effort pour suggérer une multitude qu’il ne parvient pas à dénombrer ou à contenir.
Dans la constitution de la liste dont parle Eco, il y a quelque chose de volontaire. La liste de Facebook est au contraire l’œuvre de la multitude et donc, finalement, de personne. Ce faisant, elle aurait tendance à acquérir une sorte d’autonomie qui s’impose à nous, d’autant plus qu’elle ne semble pas avoir d’objectif précis ; sa raison d’être, contrairement aux listes d’UmbertoEco, aurait tendance à se dissoudre dans l’infini hétéroclite de son contenu. De fait, aucun vertige n’est associé à la liste de Facebook, seulement une sorte de fixation ou d’hypnose engendrée par le défilement incessant d’une liste disparate, en apparence autogénérée parce que l’œuvre de tous et de personne. Cette hypnose nous inciterait à demeurer connectés à la plate-forme au-delà d’un usage premier (ou utilitaire) ; hypnotisés, nous perdrions toute notion du temps. C’est en ce sens qu’il me semble y avoir manipulation, une manipulation d’autant plus insidieuse que nous participons tous au flux incessant de la liste.
Si j’ai retenu Facebook en particulier, c’est parce que cette plate-forme si populaire m’est apparue comme la plus apte à incarner cette intuition d’une manipulation de (par) la liste. Aussi, l’objectif n’est pas de trouver un coupable, mais de souligner le procès (le processus) ou la mécanique qui serait à l’œuvre et qui aurait tendance à nous emporter subrepticement.
Cet essai ne propose pas une analyse exhaustive de Facebook, et encore moins des médias sociaux. Il est partiel, rapide, imparfait. Son éclairage limité ne permet de regarder Facebook que selon une interprétation particulière. Et comme il s’agit d’un essai, certaines affirmations ou hypothèses peuvent parfois paraître exagérées. Certes, mais l’objectif est ici de provoquer la réflexion et de mettre en lumière des aspects qui peuvent avoir tendance à passer inaperçus. Pour le reste, il appartiendra au lecteur de prolonger, compléter ou critiquer mes analyses et mes réflexions en faisant appel à ses propres observations et intuitions.
J’ai aussi tenté de rendre ce texte le plus accessible possible, renonçant par exemple à faire le point sur la recherche dans le domaine des médiaux sociaux. J’ai voulu écrire de façon souple, abordable, rapide. C’est que je ne m’adresse pas à un auditoire de spécialistes — qui disposent de revues et de réseaux pour échanger entre eux —, mais à mes contemporains qui utilisent Facebook et qui aimeraient peut-être arriver à jeter un regard différent sur cette plate-forme qui occupe tant de place dans nos vies. Dans ce qui suit, je me laisse donc simplement guider par mon intuition, réduisant notamment les références au minimum.
Cela dit, ma réflexion est nourrie par ma propre utilisation de Facebook et, si spontanée soit-elle, elle repose sur une formation de géographe. Sans être invoquée, cette formation m’a aidé à transformer mon intuition en une démonstration soutenue. Ma démarche est donc à la rencontre d’une intuition, d’une certaine spontanéité et d’un parcours scientifique inhabituel, qui a probablement contribué à donner à cet opuscule une saveur particulière.
J’espère simplement que les pages qui suivent inciteront le lecteur à utiliser autrement les communautés internet — Facebook, Twitter, MySpace, etc. Des plates-formes comme Facebook ont une grande utilité. Prendre conscience du sortilège qui nous manipule ouvre peut-être la voie à une utilisation plus rationnelle, sinon plus authentique.
1
Le phénomène
Facebook est une plate-forme de partage. En soi, l’idée est fort intéressante puisqu’elle permet à chacun de nous de donner de ses nouvelles à un réseau restreint d’amis et de connaissances, comme de partager des états d’âme et des découvertes5. En tant que forum, il permet de trouver tout et rien en un tour de main, pour ne pas dire en quelques minutes : quelqu’un qui peut vous déposer dans une autre ville, un appartement à New York, un joueur pour compléter une équipe de hockey. Sur ce point, Facebook peut être d’une efficacité tout simplement extraordinaire.
Cela dit, et en dépit de la beauté de cette efficacité, force est de constater que l’utilisateur moyen partage tout et rien, mêlant dans la même heure la vidéo d’un chaton, la triste nouvelle d’un ami décédé et une photo de la dernière starlette. Sans oublier, bien entendu, ce curieux maelstrom où se mélangent l’actualité et les « faits alternatifs », brouillant les limites entre les uns et les autres. Et ce curieux mélange n’est pas sans avoir des conséquences aussi inattendues que dramatiques, comme ce fut le cas récemment en Inde où de fausses nouvelles ont engendré de vrais lynchages6.
Dans l’ensemble, l’information sur Facebook est organisée sous la forme d’une liste, surnommé le « mur » (wall), où les contenus les plus récents apparaissent en haut, repoussant toujours plus bas les contenus plus anciens ; ce qui n’empêche pas certains contenus de remonter dans le haut de la liste, selon les paramètres de quelques obscurs algorithmes dont seul Facebook a le secret. Mais dans l’ensemble, les contenus ne font que descendre, poussées vers le bas par les nouvelles publications.
Facebook, mais également d’autres sites similaires, se présente donc, en simplifiant un peu, comme une liste de contenus mis en ligne par des utilisateurs qui se trouvent, en quelque sorte, à assumer bénévolement l’animation de la plate-forme ; l’entreprise voyant pour sa part au bon fonctionnement technique du système. Le contenu est varié à l’extrême et il peut être republié ou « liké » (aimé), c’est-à-dire que les internautes peuvent manifester leur appréciation ou leur intérêt pour une publication d’un clic de souris. Nous pouvons ainsi « liker » notre chaton, comme nous pouvons « liker » un avis de décès.
Cette liste sans fin qui défile sous nos yeux en temps réel ne peut pas être consultée à l’aide d’un moteur de recherche digne de ce nom. L’utilisateur doit la faire défiler ; il doit descendre le long de la liste pour en voir le contenu. Cela dit, elle possède au moins un filtre : nous pouvons « suivre » nos amis (ou toutes autres personnes) en nous « abonnant » à leurs publications. Un utilisateur peut ainsi limiter le contenu qui défile dans sa liste. Mais l’observation ...

Table des matières

  1. Guertin_interieur