Éclats
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Figures de la colère

  1. 118 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Figures de la colère

À propos de ce livre

La colère a plus d'un visage. Violence redoutée, courte folie ou refus indigné, elle fait l'objet d'appréciations et de jugements variés et contradictoires. Il y a de multiples façons de l'éprouver et d'en faire l'expérience. Ce livre propose un voyage dans l'imaginaire occidental en suivant les multiples représentations de la colère dans la littérature, la philosophie, l'art et l'histoire. Il s'attache à la manière dont la colère a été comprise et jugée, mais également à la façon dont les individus et les sociétés, à travers elle, déchiffrent leur âme, sondent leurs limites et interrogent leur être.

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Informations

Conclusion

Épreuve de l’être
Puits de vérité, clair et noir,
Où tremble une étoile livide,
Tête-à-tête sombre et limpide
Qu’un cœur devenu son miroir !
Charles Baudelaire, « L’irrémédiable »
Notre parcours dans l’imaginaire de la colère nous a conduits de la Grèce homérique à l’époque contemporaine, pour revenir en arrière et se terminer sur une scène du Nouveau Testament. Il a ainsi relié deux grandes sources de la culture occidentale, la grecque et la chrétienne. D’Achille à Jésus de Nazareth, il a réuni autour de quatre grandes représentations de la colère un certain nombre de figures, souvent marquantes.
Sans doute, ce parcours n’épuise-t-il pas toutes les significations et déclinaisons que la colère a pu prendre au cours des siècles, et pour celles retenues, les variantes sont innombrables. Il m’a fallu renoncer à évoquer toutes les images et tous les textes que j’ai moi-même recensés, et me limiter à indiquer quelques repères. Des colères du dieu de l’Ancien Testament, par exemple, je n’ai rien dit. Une tradition est toujours composée d’une multitude d’embranchements et de transformations, et pour chaque représentation, je n’ai suivi qu’une ligne d’évolution. De l’ascétisme chrétien, je n’ai examiné que certains aspects et un nombre limité de témoignages. Par ailleurs, ces représentations, qui associent entre elles tout un ensemble d’images, se rattachent à un réseau de significations, dont j’ai exploré quelques ramifications, mais qui est infini. La colère du prince conduit à toute une série d’images sur le pouvoir et la violence ; la colère de la rue conduit à la foule et à tout ce qu’elle peut évoquer comme conduite irrationnelle ou festive, et ainsi de suite. Je me suis borné aux significations et aux interrogations que ces figures évoquent et suscitent plus directement. Enfin, la colère n’a pas dit son dernier mot, et de nouvelles figures aujourd’hui déjà se dessinent, continuant d’en modifier et d’en diversifier le sens. Les représentations et les figures ici dégagées offrent seulement un premier repérage.
Mais ce n’était pas non plus mon ambition d’être complet. J’ai voulu plutôt contraster les images et les représentations, quitte à schématiser un peu, faire ressortir les différences, les oppositions et parfois les inversions, afin d’avoir un aperçu, et de la diversité des expériences qui se cachent derrière le mot, et de ce qu’elles ont donné à penser et à méditer. La colère est en effet multiple : elle est tantôt le privilège des princes, tantôt une maladie, ici un péché d’orgueil et là un geste politique.
Si chacune de ces représentations a sa cohérence, articulant une certaine idée des causes et des effets de la colère avec des valeurs et des interrogations, on ne peut en faire correspondre aucune avec une vision du monde ou une métaphysique particulière. Elles sont reprises, transformées et intégrées à des philosophies, des idéologies et des doctrines très diverses. On cite encore le traité de Sénèque pour en tirer quelques maximes, mais son influence se fait surtout sentir au travers d’une longue tradition de méfiance envers les passions qui survit aujourd’hui, en tension avec une autre qui au contraire les exalte. Ces traditions ne sont d’ailleurs pas étanches, elles partagent des thèmes comme l’orgueil et des images comme l’aveuglement. On ne peut non plus les rattacher à une période historique particulière, même si certains contextes — mentalités, imaginaires et structures sociales — favorisent leur éclosion et leur expression, comme j’ai essayé de le montrer. Elles traversent les époques, en se transformant et en rivalisant, l’une devenant dominante à un certain moment, puis se faisant plus discrète. Il ne faut pas croire que sous l’empire romain la colère ait été unanimement condamnée, ou que les sentiments éprouvés par Achille aient complètement disparu ; le possédé n’épuise pas la place faite à la colère par le christianisme, pas plus que l’irréfutable ne résume le monde contemporain.
Ainsi, bien qu’à certaines époques l’une d’elles fut plus présente ou plus forte, elles traversent le temps et demeurent aujourd’hui encore actives, non sans s’être transformées. Plutôt que de s’exclure, ces représentations forment différentes strates de notre imaginaire ; certaines sont très diffuses, d’autres, plus rares, font entendre un lointain écho. Shakespeare nous a donné l’exemple d’une diversité de figures chez le même auteur, entre lesquelles parfois il semble hésiter. Aristote s’intéresse aussi aux rapports du corps à l’esprit, au bouillonnement du sang dans le cœur en colère. Dans un tout autre registre, nous pourrions donner l’exemple de l’acteur américain Henry Fonda, qui incarne celui qui se soulève contre l’injustice et la misère dans The Grapes of Wrath (1940), alors que dans Twelve Angry Men (1957) il joue le rôle d’un homme calme s’opposant à ceux qui s’emportent et se laissent guider par les préjugés ; entre les deux films, la signification de la colère a changé : de lumière qui permet d’entrevoir la vérité dans le noir, elle devient obscurité et entêtement, refus de la vérité. Dans la même œuvre, fiction ou traité de philosophie, on reconnaîtra parfois plus d’une signification qui s’entremêlent ou s’opposent. On trouverait dans le théâtre ou le roman des scènes où dans la colère se mélangent un sentiment d’indignation, la plus folle déraison et pour finir la culpabilité. Je pense ici à la pièce de Michel Tremblay, Albertine en cinq temps[1], où une mère frappe sa fille, incapable qu’elle est de lui parler et de la mettre en garde contre un danger, incapable de lui expliquer sa révolte, ses frustrations et son désespoir. Je pense à ces cris et ces voix brisées qu’on ne peut réduire à une seule idée sans manquer l’essentiel....

Table des matières

  1. Couverture
  2. Titre
  3. Crédits
  4. Avant-propos
  5. Chapitre un
  6. Chapitre deux
  7. Chapitre trois
  8. Chapitre quatre
  9. Conclusion