Problèmes épistémologiques en histoire de la philosophie
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Problèmes épistémologiques en histoire de la philosophie

  1. 398 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Problèmes épistémologiques en histoire de la philosophie

À propos de ce livre

« Cet ouvrage est motivé par ce constat paradoxal: alors que l'histoire de la philosophie a pris une importance énorme dans la production philosophique, la réflexion épistémologique sur les méthodes et les enjeux de cette histoire est restée tout à fait négligée. Or, faire quelque chose sans s'interroger sur la façon dont on le fait, c'est prendre le risque de mal le faire. Parmi le grand nombre de questions qui se posent à cet égard, on doit se demander que signifie bien comprendre un auteur du passé? Faut-il considérer avant tout ce qu'il a voulu dire, ou bien expliquer ce qu'il a dit par des influences souterraines non conscientes? Faut-il expliquer les penseurs par les courants qui les comprennent, ou bien ne considérer les courants, les écoles et les traditions que comme des affiliations intellectuelles abstraites? L'histoire de la philosophie doit-elle servir à former le jugement philosophique présent, ou bien valoir pour elle-même? Qui est le plus à même de l'écrire: l'historien ou le philosophe? Qui doit l'enseigner, et selon quelle méthode? La seule thèse que cet ouvrage se permet de défendre est celle-ci: toutes ces questions se posent, et l'historien de la philosophie aurait profit à se les poser plus frontalement qu'il ne le fait de coutume. Les contributions regroupées ici l'y aideront. »

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Informations

Problèmes épistémologiques
en histoire de la philosophie
Sous la direction de
Vincent Citot
Problèmes épistémologiques
en histoire de la philosophie
Liber
Les éditions Liber reçoivent des subventions du Conseil des arts du Canada, de la sodec (programme d’aide à l’édition), et participent au programme de crédit d’impôt-Gestion sodec pour l’édition de livres du gouvernement du Québec.
Illustration de la page couverture : Hermès à deux visages (Hérodote et Thucydide), marbre, reproduction tirée du livre (1905).
Dépôt légal : 2e trimestre 2017
Bibliothèque et archives nationales du Québec
©Liber, Montréal, 2017
isbn 978-2-89578-596-5
e-isbn 978-2-89578-597-2
Présentation
Cet ouvrage est motivé par ce constat paradoxal : alors que l’histoire de la philosophie a pris une importance énorme dans la production philosophique, la réflexion épistémologique sur les méthodes et les enjeux de cette histoire est restée tout à fait négligée. Combien de thèses, de monographies, d’articles paraissent annuellement dont la finalité est « historique », c’est-à-dire consiste à mieux comprendre tel ou tel auteur de la tradition philosophique ? Et parmi ces travaux, combien s’interrogent sur leur propre procédé ? Dira-t-on que ces exercices méthodologiques sont formels et rébarbatifs ? Peut-être. Mais faire quelque chose sans s’interroger sur la façon dont on le fait, c’est prendre le risque de mal faire — outre que ce manque de réflexivité devrait être assez honteux pour le philosophe qui fait profession de réfléchir, et pour l’historien qui a une prétention scientifique. Pratiquer l’histoire de la philosophie sans étudier les enjeux historiographiques de cette discipline, n’est-ce pas partir à l’aventure, et placer la spontanéité plus haut que la recherche de vérité ?
Que risque-t-on concrètement ? D’abord, de ne pas faire justice au passé qu’on voudrait restituer. Comprendre une période révolue requiert de la situer dans le temps, de savoir ce qui la précède et la suit, d’avoir le sens de la continuité, de la rupture, de la succession, de la périodicité, bref, de l’histoire. N’est-il pas paradoxal de voir que l’immense érudition dont font preuve certains auteurs cohabite souvent chez eux avec une acceptation précritique de la périodisation habituelle Antiquité-Moyen Âge-Modernité ? De quel point de vue y a-t-il une « Antiquité », un « Moyen Âge » et une « Modernité » ? Selon quels critères ? Sont-ce des catégories homogènes ? Sont-elles elles-mêmes historiques ? Certes, on peut pratiquer l’histoire de la philosophie sans se préoccuper de la périodisation universelle. Mais il y a des questions plus gênantes, par exemple celle-ci faire l’histoire de la philosophie, c’est supposer que l’historicité de la philosophie jouit d’une certaine intelligibilité propre, et qu’elle n’est donc pas soluble dans l’histoire des mentalités, dans l’histoire sociale ou dans l’histoire culturelle ; mais s’agit-il là d’une idée préconçue, d’un postulat méthodologique, d’une évidence ou d’une thèse historiographique ? Qu’est-ce qui permet d’affirmer l’autonomie relative (ou absolue) de l’histoire de la philosophie, avant d’avoir testé l’hypothèse adverse, à savoir que l’histoire de la philosophie n’est peut-être qu’une modalité particulière de l’histoire intellectuelle, seule dotée d’une intelligibilité autonome ?
Ne pas supposer, mais étudier, telle devrait être la maxime de l’historien de la philosophie. Examiner par exemple les liens de dépendance de l’histoire de la philosophie avec l’histoire des religions et l’histoire des sciences, avec l’histoire sociale, économique et civilisationnelle. Au pis, on ne trouve rien là d’intéressant, et on a perdu du temps ; au mieux, on réalise qu’étudier un auteur sans s’occuper du contexte est une opération abstraite indigne du métier d’historien, et qui entrave la compréhension authentique de l’auteur en question — que de temps gagné, le cas échéant. Faut-il écrire une histoire internaliste ou externaliste ? Cela ne se décrète pas a priori : il faut évaluer des hypothèses, et d’abord les poser explicitement. On découvrira alors mille nuances qui invitent à dépasser cette alternative un peu grossière.
L’historien de la philosophie devrait également s’interroger avec profit sur l’extension qu’il convient de donner à ce terme de « philosophie ». Il est assez déconcertant de constater que, chez nombre de professionnels de l’histoire de la philosophie, celle-ci se concentre sur un petit périmètre géographique « gréco-occidental », comme s’il n’y avait pas d’authentiques philosophes dans le monde arabe, perse, indien, chinois ou encore japonais. C’est une éventualité, en effet, qu’on ne trouve dans ces régions que des religieux, des mystiques et des prosateurs sans méthode ni rationalité. À vérifier, tout de même. Car si ce n’était pas le cas, si la pensée philosophique avait existé dans ces ailleurs, et si, de surcroît, il y avait une histoire de ces philosophies, alors c’est le travail d’historien de la philosophie qui en serait transformé. Celui-ci serait invité à s’intéresser aux histoires de la philosophie, ou bien à l’histoire des univers philosophiques. La méthode comparative retrouverait de l’éclat, et qui sait ce qu’elle permettrait de découvrir ? Il se pourrait que les histoires de la philosophie dessinent des évolutions comparables malgré les différences entre les civilisations, que les rapports de la philosophie à la religion et à la science obéissent à des constantes, que l’institutionnalisation de la philosophie ait des effets analogues sur la créativité philosophique, que les troubles sociaux et politiques influent sur cette dernière de façon identique. Tout cela ne serait-il pas intéressant pour l’écriture de l’histoire de la philosophie ? Et si ce n’était pas le cas, si les formes de la production philosophique étaient absolument irréductibles pour chaque civilisation, ne serait-ce pas tout aussi intéressant ? Sans doute, mais comment le savoir si l’on ne s’interroge pas sur l’extension possible de la « philosophie » dont on cherche pourtant à faire l’histoire ?
Toutes ces questions en appellent d’autres : que signifie bien comprendre un auteur du passé ? Faut-il considérer avant tout ce qu’il a voulu dire, ou bien expliquer ce qu’il a dit par des influences souterraines non conscientes ? Faut-il expliquer les penseurs par les courants qui les comprennent, ou bien ne considérer les courants, les écoles et les traditions que comme des affiliations intellectuelles abstraites ? L’histoire de la philosophie est-elle avant tout l’histoire des problèmes philosophiques, des réponses philosophiques, des concepts philosophiques ? Doit-elle servir à former le jugement philosophique présent, ou bien valoir pour elle-même ? Qui est le plus à même de l’écrire : l’historien ou le philosophe ? Qui doit l’enseigner, et selon quelle méthode ? La seule thèse que nous nous permettons de défendre dans cette présentation est celle-ci : toutes ces questions se posent, et l’historien de la philosophie aurait profit à se les poser plus frontalement qu’il ne le fait de coutume.
Les contributions qui suivent l’y aideront. Elles ne sont pas rassemblées au hasard : nous avons cherché à ce que la diversité des articles et l’hétérogénéité des auteurs correspondent, autant que possible, à l’étendue des questions que nous estimons devoir être traitées en épistémologie de l’histoire de la philosophie. Comme la question se pose de savoir si l’historien de la philosophie doit être philosophe, historien ou sociologue de formation, nous avons sollicité des philosophes (Frédéric Fruteau de Laclos, Jean-Michel Muglioni, Stéphane Chauvier, Christophe Giolito et Christian Godin) aussi bien que des historiens (François Dosse et Stéphane Van Damme) et des sociologues (Louis Pinto et Stanislas Deprez — également philosophe). Comme la question se pose de savoir si l’histoire de la philosophie ne concerne que l’aire occidentale, ou bien aussi l’Orient dans sa diversité, nous lirons des contributions d’arabisant (Dominique Urvoy), d’indianiste (Michel Hulin) et de sinologue (Nicolas Zufferey), des spécialistes de philosophie ancienne comme des lecteurs de penseurs modernes. Comme la philosophie politique, la philosophie esthétique, la philosophie des sciences, la philosophie du droit et la philosophie de l’éducation sont des parties intégrantes de l’histoire générale de la philosophie, il était nécessaire de laisser une place à l’examen des problèmes épistémologiques tels qu’ils se posent au sein de certains de ces champs plus particuliers (David Cosandey et Pascal Charbonnat en histoire des sciences, Serge Trottein en esthétique, Alain Laurent en histoire des idées politiques). Ainsi, le pluralisme est la règle, y compris sur le plan de l’engagement théorique : les contributeurs soutiennent des thèses toujours différentes, et souvent opposées. De fait, c’est la première fois que des auteurs d’horizons si divers sont rassemblés autour de cette problématique commune : comment faut-il écrire l’histoire de la philosophie ?
Vincent Citot
Première partie
Philosophie, histoire, sociologie
François Dosse
Historiens et philosophes :
généalogie d’un non-rapport
Les relations entre les philosophes et les historiens en France ont toujours été difficiles, source de nombreux malentendus. Elles sont répudiées par certains. On pense aux propos peu amènes du grand historien Pierre Chaunu qui mettait en garde ses confrères contre les risques qui accompagnent l’attraction philosophique, qualifiée de « délices de Capoue ». Mais on peut aussi s’étonner que, du côté des philosophes et surtout aujourd’hui, ceux-là mêmes qui entendent rendre compte du concept d’événement, comme c’est le cas d’un certain nombre de phénoménologues : Claude Romano, Jocelyn Benoist ou Jean-Luc Marion1, délaissent totalement le corpus des historiens qui ont pourtant largement labouré ce champ d’investigation depuis Thucydide. Il en résulte un appauvrissement de ces démonstrations phénoménologiques ignorantes de l’épaisseur historique de la question. Elles débouchent sur une aporie dans la mesure où elles postulent la mise hors jeu de l’intramondain, de l’événement dans son effectivité.
Ce courant philosophique dresse donc un mur infranchissable entre le regard phénoménologique d’un côté et l’investigation historienne de l’autre. Il empêche toute transversalité, toute complémentarité, invalidant non pas un courant d’historiens, une école particulière, mais la démarche historique elle-même comme incapable d’aller à l’essentiel, condamnée à la superficialité des choses. En situant l’événementiel dans sa seule dimension personnelle, subjective, intime, ce courant phénoménologique tourne le dos à l’autre pô...

Table des matières

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