Changer de modèle
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Changer de modèle

  1. 272 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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À propos de ce livre

« Pour enrayer la spirale du déclin, il faut un nouveau modèle de croissance. Un modèle de croissance par l'innovation où de nouvelles entreprises et activités viennent sans cesse concurrencer et remplacer les activités existantes. Un modèle de croissance "inclusive" qui ne laisse personne sur le bord de la route et qui intègre les générations futures en rééquilibrant nos finances publiques et en incitant à l'innovation verte. Un modèle de croissance résolument progressiste parce que s'attaquant aux inégalités sociales à la racine en réactivant la mécanique de la mobilité sociale. Mais comment changer de modèle économique quand il n'y a consensus ni sur le diagnostic, ni sur les solutions, ni sur les outils ? Comment réformer en rompant avec les idées reçues ? Ce livre montre pourquoi et comment il faut changer nos modes de pensée pour changer de modèle économique et assurer une prospérité durable à nos concitoyens. » P. A., G. C., É. C. Un livre majeur, qui conjugue l'analyse approfondie des pays qui réussissent et des propositions novatrices adaptées à la France d'aujourd'hui. Philippe Aghion est professeur à l'Université Harvard (États-Unis), spécialiste des théories de la croissance et de l'innovation. Gilbert Cette est professeur d'économie associé à l'université d'Aix-Marseille, expert des questions de productivité et de marché du travail. Élie Cohen est directeur de recherche au CNRS (FNSP), expert en institutions et politiques économiques, en particulier industrielles. 

Foire aux questions

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Informations

Éditeur
Odile Jacob
Année
2014
Imprimer l'ISBN
9782738130235
CHAPITRE 1
Enrayer le déclin

Depuis plus de dix ans, tous les paramètres de l’économie française se détériorent presque continûment. Le taux de chômage reste élevé, même en période de reprise économique ; les coûts salariaux ne s’ajustent pas, même en situation de fort chômage ; les parts de marché à l’exportation baissent, même quand la demande adressée à la France se renforce ; la situation financière de nos entreprises se dégrade, même lorsque le mouvement inverse s’observe chez nos plus proches voisins ; l’endettement des administrations publiques atteint des niveaux importants, alors que le taux de prélèvements obligatoires est l’un des plus élevés parmi les pays industrialisés, et une réelle maîtrise des dépenses s’avère impossible…
Tout se passe comme si la France était en proie à des politiques économiques inadaptées et à des marchés inefficients, dans un contexte global de plus en plus contraint. Pire encore, comme si l’action politique était impuissante et l’ajustement des marchés inopérant. La décennie écoulée aura été celle de la prise de conscience progressive du décrochage français, de la montée des angoisses face à la mondialisation. Ce fut aussi une décennie de rapports, de diagnostics, d’incitations à l’action. Nombre de réformes ont été initiées mais se sont rapidement ensablées.
Nous commencerons par dresser un état des lieux qui illustre ce déclin continu de notre économie. Mais nous montrerons ensuite que la politique économique n’est pas impuissante face à cette situation, que l’on peut agir sur la croissance en améliorant la productivité. Des réformes adaptées permettraient de saisir les opportunités technologiques et d’induire les gains de croissance nécessaires à la résorption des difficultés de notre économie.
L’état de la France en quelques faits stylisés
UN NIVEAU DE PIB PAR HABITANT QUI DÉCROCHE PAR RAPPORT AUX PAYS RHÉNANS, ANGLO-SAXONS ET NORDIQUES
Depuis la décennie 1980, la performance de la France mesurée par l’évolution de la richesse produite par habitant (le PIB par habitant) s’est dégradée puisque non seulement son écart avec les États-Unis a cessé de se réduire mais aussi que la tendance s’est même inversée (cf. graphique 1.1). En d’autres termes, après avoir rattrapé régulièrement le niveau de richesse par habitant américain, la France se paupérise désormais par rapport aux États-Unis. Elle se paupérise également vis-à-vis de nombreux autres pays. La France ne reste dans la moyenne de la zone euro que parce que l’Italie et l’Espagne sont très en dessous de cette moyenne.
Graphique 1.1. PIB par habitant relativement au niveau des États-Unis (en %, en US $ 2005)
image
Source : Bergeaud, Cette et Lecat (2014)1
Les choix qui ont été ceux de la France depuis le début des années 1980, sous des gouvernements d’orientation politique variée, ont donc abouti à ce décrochage marqué de son niveau de PIB par habitant relativement à celui des États-Unis. Avec certes quelques inflexions un peu plus ou un peu moins sociales, selon qu’ils étaient de gauche ou de droite, les gouvernements qui se sont succédé, convaincus du particularisme de la France, ont mis en œuvre avec une application de bons élèves des politiques qui ont abouti à une paupérisation relative, mais continue de notre pays. Pourtant, la croissance et la réussite de certains pays n’ont pas nécessairement pour prix un développement inacceptable des inégalités : si l’on compare la France et la Suède, on voit que le PIB par habitant y était en 1980 comparable, alors qu’il est désormais supérieur de 10 points de pourcentage en faveur de la Suède, pourtant l’un des pays les plus égalitaires du monde. Et les 35 heures ne doivent pas être évoquées pour expliquer cette différence : le décrochage relatif vis-à-vis de la Suède est antérieur à leur mise en œuvre et la durée annuelle moyenne du travail est généralement plus courte dans les pays scandinaves ou rhénans qu’en France.
Depuis dix ans, la France se situe dans la moyenne de la zone euro. Mais cette comparaison est trompeuse, car elle mêle périodes de croissance et périodes de crise, pays du nord et du sud de l’Europe. Si l’on veut mesurer la véritable performance de la France et commencer à l’analyser, il n’est pas inutile de la comparer à plusieurs groupes de pays représentatifs de choix sociaux et institutionnels contrastés. On constate alors que la dégradation de la position relative de la France est générale (cf. tableau 1.1).
Ce décrochage s’observe par rapport aux pays « anglo-saxons » (États-Unis, Canada et Royaume-Uni), qui se caractérisent par de faibles niveaux de dépenses publiques, des politiques sociales orientées vers le workfare, et des politiques de l’emploi à faible coût budgétaire mettant l’accent sur la responsabilité individuelle dans la recherche d’emploi plutôt que sur celle de la collectivité. Il s’observe aussi par rapport aux pays « scandinaves » (Danemark, Finlande et Suède), où les dépenses publiques sont élevées et la politique sociale généreuse, et où des ressources publiques importantes sont affectées au fonctionnement du marché du travail et au placement des chômeurs, avec à la clé une conditionnalité des prestations ; la dépense pour l’emploi y est plus souvent active qu’ailleurs. Il s’observe enfin par rapport aux pays « rhénans » (Allemagne, Belgique et Pays-Bas), où la dépense publique est à un niveau intermédiaire, la politique sociale moins généreuse qu’en Scandinavie, la dépense pour l’emploi élevée mais les politiques de l’emploi moins actives et moins conditionnelles.
Le décrochage français vis-à-vis des États-Unis est, sauf entre 2000 et 2012, principalement lié à une diminution relative de la mobilisation au travail de la population en âge de travailler (ce point est développé plus loin). Entre 2000 et 2012, il s’explique par un affaiblissement de la productivité relative. Ces évolutions signifient que la France s’est davantage tournée vers le non-travail que les États-Unis et d’autres pays développés. Une telle évolution peut tout à fait se justifier si elle résulte véritablement d’un choix de société correspondant à un arbitrage valorisant davantage (relativement à d’autres pays) l’amélioration du niveau de vie moyen par plus de loisirs plutôt que plus de revenus par habitant. On verra cependant plus loin que tel n’est pas le cas : certains groupes au sein de la population française sont financièrement peu incités au travail, quand ils n’y sont pas franchement désincités. C’est par exemple le cas des seniors de plus de 60 ans ou des personnes les moins qualifiées, et en particulier parmi elles les parents de jeunes enfants. Par ailleurs, certains dispositifs rendent l’accès à l’emploi plus difficile pour les entrants sur le marché du travail, et notamment pour les jeunes.
Tableau 1.1. PIB par habitant en France et dans trois groupes de pays de référence (en % du PIB par habitant des États-Unis ; en dollars de 2005 respectant la parité du pouvoir d’achat)
tableau
Source : OCDE, comptes nationaux ; calcul des auteurs.
Les chiffres donnés pour les pays scandinaves, rhénans et anglo-saxons correspondent respectivement aux moyennes du Danemark, de la Finlande et de la Suède pour les premiers, de l’Allemagne, de la Belgique et des Pays-Bas pour les seconds et des États-Unis, du Canada et du Royaume-Uni pour les troisièmes.
Lecture : En 1995, le niveau de produit intérieur brut par habitant en France était à 74,8 % du niveau de celui des États-Unis.
Nos travaux antérieurs2 avaient déjà souligné que la France jouit d’une productivité élevée mais souffre de la faiblesse de l’input en travail. En réalité, cependant, ces deux observations ne sont pas indépendantes : le niveau élevé de la productivité horaire du travail en France provient d’une part de l’exclusion des individus les moins productifs de l’accès à l’emploi, d’autre part de la concentration de l’activité productive sur un petit nombre d’heures par semaine. Cette bonne performance productive est donc en partie artificielle. Il est possible, en la corrigeant3, d’obtenir une vision plus juste de la réalité : l’avantage de productivité horaire moyenne de la France vis-à-vis des États-Unis s’explique totalement par la faible mobilisation de la population en âge de travailler.
UN EFFONDREMENT DE LA COMPÉTITIVITÉ FRANÇAISE
Si l’on considère la performance extérieure de la France telle qu’elle peut se mesurer par des indicateurs de balance ...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Titre
  3. Copyright
  4. Sommaire
  5. Introduction
  6. Chapitre 1 - Enrayer le déclin
  7. Chapitre 2 - Penser autrement
  8. Chapitre 3 - Définir une stratégie de réformes
  9. Chapitre 4 - L’indispensable réforme de l’État
  10. Chapitre 5 - Réformes structurelles et mobilité sociale
  11. Chapitre 6 - Quelle réforme fiscale ?
  12. Chapitre 7 - Éléments d’évaluation de notre programme de réformes
  13. Conclusion - Changement de modèle et nouveau pacte de croissance européen
  14. Notes bibliographiques