L' Adolescent hyperactif
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L' Adolescent hyperactif

  1. 176 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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L' Adolescent hyperactif

À propos de ce livre

Votre adolescent vous tourmente. Il rencontre de sĂ©rieuses difficultĂ©s Ă  l'Ă©cole, il a du mal Ă  s'organiser, il est accro aux Ă©crans, jeux virtuels et tĂ©lĂ©phone portable, vous avez l'impression de ne plus le comprendre. Vous vous posez la question : est-il tout simplement turbulent, inattentif, ou bien est-il hyperactif ? ReconnaĂźtre l'hyperactivitĂ©, la distinguer des symptĂŽmes habituels liĂ©s Ă  l'adolescence afin de savoir ce qu'il convient de faire, tel est l'objectif de ce livre. Quels sont les traitements possibles et leurs Ă©valuations ? Comment aider l'adolescent hyperactif Ă  bien Ă©voluer et trouver sa voie ? Des repĂšres et des conseils qui permettront de le comprendre mieux pour bien l'accompagner. Marie-France Le Heuzey est mĂ©decin psychiatre dans le service de psychopathologie de l'enfant et de l'adolescent Ă  l'hĂŽpital Robert-DebrĂ© (Paris) oĂč elle anime une consultation sur l'hyperactivitĂ©. Elle est l'auteur de L'Enfant anorexique.?Comprendre et agir, L'Enfant hyperactif, et de Jeux dangereux.?Quand l'enfant prend des risques. 

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Informations

Éditeur
Odile Jacob
Année
2013
Imprimer l'ISBN
9782738130471
ISBN de l'eBook
9782738174925
Chapitre 1
Votre adolescent vous inquiĂšte

L’adolescence
La pĂ©riode adolescente est riche en bouleversements, et par dĂ©finition aucun d’entre nous n’y Ă©chappe.
L’adolescence, long passage de l’enfance Ă  l’ñge adulte, recouvre globalement une durĂ©e de sept Ă  neuf annĂ©es. Son dĂ©but a une dĂ©finition Ă  caractĂšre physiologique, il s’agit du processus pubertaire avec ses modifications physiques et hormonales. La sortie d’adolescence se dĂ©finit plutĂŽt par des critĂšres sociologiques : Ă©loignement de la famille, autonomie financiĂšre, dĂ©but de vie en couple. Plus l’adolescent suit des Ă©tudes longues, plus son adolescence se prolonge. Le chĂŽmage des jeunes peut Ă©galement prolonger la cohabitation du jeune avec ses parents, le maintenant dans une situation de dĂ©pendance.
Les modifications physiques sont nombreuses, avec en premier lieu une accĂ©lĂ©ration de la croissance staturale : l’adolescent gagne 7 Ă  9 centimĂštres par an. Mais, selon les sexes, la cinĂ©tique de cette croissance varie : le pic de croissance est situĂ© vers 11 ans et demi chez les filles, vers 13 ans et demi chez les garçons. Puis la croissance s’arrĂȘte trois Ă  quatre ans aprĂšs les premiĂšres rĂšgles chez la fille. Chez le garçon, la durĂ©e de la croissance et son amplitude sont plus importantes, elles peuvent se prolonger jusqu’à 18-20 ans.
Dans les deux sexes, sous l’influence des hormones, la composition corporelle change et l’organisme acquiert 15 % de sa taille dĂ©finitive et 50 % de son poids, avec, chez les filles, une augmentation supĂ©rieure de la masse grasse sur celle de la masse maigre.
Ces modifications corporelles ne sont pas faciles Ă  vivre pour l’adolescent. Il ne se reconnaĂźt pas lui-mĂȘme ; il se perçoit comme un ĂȘtre plus ou moins Ă©trange et se sent plus ou moins mal Ă  l’aise dans sa nouvelle enveloppe corporelle.
À cela s’ajoute le dĂ©veloppement des organes gĂ©nitaux et autres caractĂšres sexuels : pilositĂ©, dĂ©veloppement des seins et apparition des rĂšgles chez la fille, dĂ©veloppement de la verge et des testicules et mue de la voix chez le garçon. Les modifications de sĂ©crĂ©tion des glandes sĂ©bacĂ©es entraĂźnent l’apparition de l’acnĂ© et de la sĂ©borrhĂ©e excessive (cheveux gras), suscitant des sensations de honte et de dĂ©goĂ»t. Ces expressions visibles et « moches » des transformations pubertaires incommodent l’adolescent, qui se sent stigmatisĂ©, plus ou moins monstrueux, Ă©trange et c’est ainsi que l’on dit que « l’adolescent est complexĂ© », alors qu’il est en train de faire le travail nĂ©cessaire pour accepter ce nouveau corps qui est le sien.
Les modifications physiologiques de la pubertĂ© avec leur bouleversement hormonal suscitent en parallĂšle l’explosion des pulsions libidinales. L’intĂ©rĂȘt pour le sexe et la sexualitĂ© envahit l’esprit de l’adolescent, fille ou garçon. Il (elle) explore son corps, se rĂ©fugie dans la masturbation, la rĂȘverie, le fantasme de rencontres avec les stars mĂ©diatiques, dans l’attente anxieuse des premiers Ă©changes sexuels.
Mais l’évolution intellectuelle ouvre en mĂȘme temps de nouvelles perspectives de raisonnement, avec l’accĂšs Ă  l’abstraction. L’adolescent remet en cause les valeurs parentales, l’environnement social, s’enthousiasme pour des causes humanitaires, se positionne politiquement, se passionne pour telle ou telle grande cause. Il s’interroge sur le sens de la vie et sa place dans l’existence. Il est en proie ainsi Ă  de multiples interrogations, tant au niveau philosophique qu’au niveau de son pouvoir de sĂ©duction, ses qualitĂ©s, son identitĂ© et son orientation sexuelle. « Qui suis-je ? » « Quel sens a ma vie ? » « Ma vie a-t-elle de la valeur ? » « Suis-je un garçon ? » « Suis-je une fille ? » sont les questions auxquelles il cherche une rĂ©ponse.
« Je ne le reconnais plus »
Les parents connaissaient leur enfant qui obĂ©issait globalement Ă  leurs demandes, qui cherchait Ă  leur faire plaisir : cadeau de fĂȘte des mĂšres confectionnĂ© avec amour avec l’aide de l’institutrice, bricolage et jeux de compĂ©tition avec papa, etc. Mais, lĂ , ils ne reconnaissent pas leur petit qui se manifeste par une liste de revendications : « Il ne faut pas entrer dans ma chambre, j’exige de m’habiller comme je veux, de me coucher Ă  l’heure que je veux, de sortir sans dire oĂč je vais, de me connecter quand il me plaĂźt et comme il me plaĂźt
 »
L’adolescent perd son intĂ©rĂȘt pour les activitĂ©s familiales, il remet en question l’autoritĂ© et les modĂšles parentaux et part Ă  la conquĂȘte de son indĂ©pendance. C’est la pĂ©riode oĂč le groupe de pairs paraĂźt avoir plus d’influence que la famille. L’adolescent s’approprie la sous-culture d’un groupe, dont il adopte la tenue vestimentaire et capillaire, les goĂ»ts musicaux et artistiques, les rites, les idĂ©es, et les icĂŽnes.
Parmi ses revendications, certaines sont anodines et sans consĂ©quence, par exemple se faire raser la tĂȘte, se teindre les cheveux d’une couleur flashy, arborer des pantalons trouĂ©s ; mais d’autres peuvent le mettre en danger comme sortir la nuit dans un quartier dangereux, faire de la mobylette sans casque, avoir des relations sexuelles non protĂ©gĂ©es, ou ĂȘtre en opposition grave avec vos valeurs comme par exemple adopter les rites d’une autre religion que la vĂŽtre, militer dans un groupe trĂšs opposĂ© Ă  vos convictions
 L’adolescence est en effet la pĂ©riode des expĂ©rimentations et des essais pour braver les interdits : fumer, boire, consommer des substances illĂ©gales, faire le mur
 Tous les terrains, qu’ils soient sportifs, sociaux, sexuels, alimentaires sont bons pour braver les limites et les interdits.
À l’évolution linĂ©aire de l’enfance et son calme apparent (« la phase de latence ») succĂšdent la tempĂȘte des pulsions et son cortĂšge affectif et comportemental qui peut dĂ©stabiliser le jeune lui-mĂȘme et son entourage. C’est ce que certains appellent « la crise d’adolescence. » Mais dans certains cas, la tempĂȘte se transforme en ouragan et les parents s’interrogent. Est-ce que le comportement de notre adolescent(e) dĂ©passe ce qui est acceptable, et surtout peut-on faire quelque chose pour l’aider ? C’est Ă  cette question que nous souhaitons rĂ©pondre dans ce livre.
Tester pour exister
L’adolescence est la pĂ©riode la plus propice aux comportements Ă  risque : ingestion massive d’alcool, prise de drogues, comportement sexuel dangereux, pratique de sports Ă  risque. Ces sports peuvent ĂȘtre des sports connus comme les sports de glisse (ski, surf), mais pratiquĂ©s de façon extrĂȘme, des sports motorisĂ©s en dehors de toute prudence (moto sans casque, rodĂ©os motorisĂ©s
), ou des sports comme le saut Ă  l’élastique. Ces comportements sont souvent qualifiĂ©s d’ordaliques, car ils ont pour but conscient ou inconscient de se mettre en danger et de jouer avec la mort. Originellement, au Moyen Âge, l’ordalie Ă©tait une Ă©preuve de jugement divin : un accusĂ© Ă©tait confrontĂ© Ă  une Ă©preuve (marcher sur des braises, sauter du haut d’une falaise
) et, s’il la surmontait et en ressortait indemne, il Ă©tait considĂ©rĂ© comme innocent car il avait Ă©tĂ© sauvĂ© par la puissance divine. L’adolescence est ce moment oĂč on doit « tuer » l’enfant pour passer Ă  l’ñge adulte, ce qui dans certaines cultures est symbolisĂ© par les rites de passage, ou dans certaines religions par des rites spĂ©cifiques. Il faut traverser une Ă©preuve, y survivre, et ensuite commencer une nouvelle vie. Dans nos sociĂ©tĂ©s occidentales, les rites de passage institutionnels ont globalement disparu et, si certains considĂšrent le baccalaurĂ©at ou le permis de conduire comme un rite de passage, cela paraĂźt bien terne aux yeux de nos adolescents.
Pour nos pĂšres et nos grands-pĂšres, le conseil de rĂ©vision, les trois jours, le service militaire (voire la guerre) signaient pour les garçons cette fonction de « passage ». Mais actuellement, quels sont les gestes Ă  accomplir, quelles sont les reconnaissances dont le jeune a besoin pour se dĂ©tacher de l’enfance, de ses parents, en un mot pour couper le cordon ?
Ainsi l’ordalie serait un rite de passage individuel. L’adolescent s’expose dĂ©libĂ©rĂ©ment Ă  un risque mortel et, s’il en rĂ©chappe, il a la preuve que sa vie a de la valeur.
Dans le mĂȘme esprit, on dit que l’adolescence est un processus de sĂ©paration/individuation. L’adolescent doit renoncer Ă  sa position d’enfant, renoncer Ă  la passivitĂ© de l’enfance, s’éloigner des images parentales, pour construire sa propre identitĂ©, son propre projet de vie.
Tester pour vérifier le soutien de ses parents
Mais, vous parents, vous devez savoir que certes il se teste lui-mĂȘme (« cap ou pas cap »), mais qu’en mĂȘme temps il teste ses parents. Tout en revendiquant son autonomie et sa « libertĂ© », le jeune ressent le mĂȘme besoin d’affection et de support de la part de ses parents qui doivent rester un rempart de protection, et constituer une base de sĂ©curitĂ© envers et contre tout. « Je teste, je fais des essais, je tente le diable, je fais quelques bĂȘtises
 mais savoir mes parents lĂ , solides, prĂ©sents ça me rassure », tel est l’état d’esprit dans lequel se trouve l’adolescent. Tenter les sorties mais retrouver, en cas de repli, le lieu sĂ©curisant.
Dans certains cas, l’enfant souffre d’une fragilitĂ©, d’une vulnĂ©rabilitĂ© particuliĂšre, ou mĂȘme d’un trouble passĂ© jusque-lĂ  inaperçu car bien compensĂ©. C’est le cas du trouble dĂ©ficit de l’attention/hyperactivitĂ© qui peut se rĂ©vĂ©ler Ă  l’adolescence, soit parce qu’il s’agissait d’une forme peu bruyante, soit parce que le diagnostic n’a pas Ă©tĂ© fait durant l’enfance.
Quand la question du trouble dĂ©ficit de l’attention se pose
Ces quelques portraits d’adolescents montrent comment la question du trouble dĂ©ficit de l’attention/hyperactivitĂ© a Ă©tĂ© posĂ©e, et a conduit Ă  une aide efficace.
Antoine, perturbateur, renvoyé du collÚge
Les parents d’Antoine, 14 ans, reçoivent le bulletin scolaire du deuxiĂšme trimestre de sa classe de quatriĂšme et lisent : « Le comportement d’Antoine est inacceptable, il ne fait pas ses devoirs, perturbe la classe par ses commentaires insolents, oublie rĂ©guliĂšrement son matĂ©riel. Son niveau insuffisant incite Ă  envisager le redoublement l’annĂ©e prochaine, si possible dans un autre Ă©tablissement. » La seule matiĂšre oĂč Antoine a de bonnes notes est l’EPS (Ă©ducation physique et sportive). Les parents, contrariĂ©s, considĂšrent que puisqu’il doit y avoir redoublement le troisiĂšme trimestre n’est pas indispensable, et envoient Antoine dans un internat en Grande-Bretagne pour qu’il progresse en anglais. C’est aussi une façon de le punir d’une telle dĂ©sinvolture.
Antoine souffre beaucoup de l’éloignement d’avec sa famille ; il a des difficultĂ©s importantes avec les autres Ă©lĂšves. Au retour, il promet Ă  ses parents de travailler davantage, d’essayer de mieux se conformer aux exigences de l’école. Mais il se rend compte que « c’est plus fort que lui » : son esprit s’envole au bout d’une demi-heure de travail ; il a oubliĂ© le dĂ©but de la leçon quand il arrive Ă  la fin, il a du mal Ă  attendre son tour pour prendre la parole, etc.
Quand on reconstitue l’histoire d’Antoine, son cursus scolaire chaotique avec plusieurs changements d’établissements, ses multiples accidents en roller et Ă  vĂ©lo-cross pendant l’enfance, ses oublis, les exhortations incessantes Ă  faire attention, le diagnostic de TDAH paraĂźt probable. Alors que le diagnostic est confirmĂ©, le pĂšre dit : « Mais moi j’étais pareil : casse-cou quand j’étais enfant, un peu cancre Ă  l’adolescence, actuellement ma femme et mes amis me disent que je suis Ă©puisant, car je suis toujours sur la brĂšche, je fais toujours plusieurs choses Ă  la fois, je ne m’arrĂȘte jamais, d’ailleurs je dors peu et j’entreprends sans arrĂȘt de nouvelles choses. » Antoine souffre d’un TDAH comme son pĂšre.
Jules, en décrochage scolaire
Jules est issu d’un milieu trĂšs diffĂ©rent et le contexte est plus « lourd » ; sa mĂšre souffre d’une maladie chronique, et son frĂšre aĂźnĂ© est Ă©galement en difficultĂ©.
Je le rencontre, accompagnĂ© par son pĂšre. À 15 ans, en troisiĂšme, il se dĂ©scolarise progressivement : il a plus de quatre-vingts absences enregistrĂ©es. Auparavant, il a Ă©tĂ© renvoyĂ© de trois collĂšges diffĂ©rents dont un internat. Ces difficultĂ©s d’insertion scolaire sont motivĂ©es par des « rĂ©actions vives, imprĂ©visibles, des manifestations d’insolence », alors que dans le travail scolaire cet Ă©lĂšve est jugĂ© par un professeur « excellent quand il est attentif » ; un autre souligne qu’il « peut ĂȘtre trĂšs brillant ; mais [qu’]il ne maĂźtrise pas son impulsivitĂ© ».
Les parents disent facilement qu’en primaire la scolaritĂ© de Jules Ă©tait Ă©maillĂ©e de problĂšmes de discipline et qu’ils Ă©taient convoquĂ©s chaque annĂ©e, et qu’en maternelle les enseignants le dĂ©crivaient comme un « Ă©lectron libre ».
Jules se prĂ©sente comme un jeune trĂšs respectueux, trĂšs poli, cherchant Ă  donner une bonne image, et exprimant sa dĂ©ception d’ĂȘtre mal jugĂ© par les enseignants. Les Ă©valuations cognitives mettent en Ă©vidence d’excellentes performances, situĂ©es dans la zone d’intelligence supĂ©rieure. Mais l’existence de difficultĂ©s d’attention lui nuit dans la rĂ©alisation de certains exercices, et surtout son impulsivitĂ© l’incite souvent Ă  rĂ©pondre trop vite, sans avoir suffisamment analysĂ© la question, ce qui gĂ©nĂšre des erreurs sur des notions qu’il maĂźtrise pourtant.
S’étant largement informĂ© sur Internet, Jules demande de l’aide, pose de nombreuses questions sur les risques mais aussi sur les bĂ©nĂ©fices qu’il peut attendre des diffĂ©rents traitements : traitements mĂ©dicamenteux (ceux qui sont disponibles en France et aux États-Unis, avec leurs avantages et inconvĂ©nients), les psychothĂ©rapies.
Plusieurs semaines, puis plusieurs mois plus tard, il dit qu’il est content du traitement mĂ©dicamenteux qu’il prend chaque jour (un psychostimulant dont la durĂ©e d’action couvre toute la journĂ©e scolaire mais aussi la fin de journĂ©e quand il fait son travail Ă  la maison). Il dit qu’il parvient vraiment Ă  mieux Ă©couter, Ă  finir ses tĂąches et Ă  faire ses devoirs « complĂštement ». Il est encore critique vis-Ă -vis de ses professeurs, mais en gĂ©rant mieux son impulsivitĂ©. Son « insolence » s’exprime de moins en moins ouvertement. Jules souffre d’un TDAH de forme mixte, associant un trouble de l’attention, une forte impulsivitĂ©, et encore quelques manifestations d’instabilitĂ©.
Kevin, 16 ans, de plus en plus ralenti
Il paraĂźt « avachi », passe ses journĂ©es et ses nuits devant des Ă©crans, consomme du cannabis et va en cours quand il a le temps
 C’est lĂ  le portrait peu flatteur de Kevin fait par son entourage.
Il n’a jamais aimĂ© l’école car « l’école ne m’aimait pas », dit-il ; de difficultĂ© en difficultĂ©, il a Ă©tĂ© orientĂ© dans une formation qui ne le motive pas. En revanche, il est performant dans les jeux vidĂ©o en rĂ©seau, et il joue de plus en plus longtemps. AprĂšs les sĂ©ances de jeu qui le stimulent et l’excitent, le cannabis l’apaise.
En fait, en retraçant son passĂ©, on s’aperçoit que l’échec scolaire a toujours Ă©tĂ© mis sur le compte d’un manque de motivation, attribuĂ© aux soucis familiaux (sĂ©paration parentale, chĂŽmage) et, sur les bulletins, les professeurs notaient de façon rĂ©pĂ©titive : « manque de concentration », « Ă©lĂšve dans la lune », « n’a jamais ses affaires » « est ailleurs » « sur sa planĂšte » 
Kevin a le parcours d’un enfant souffrant d...

Table des matiĂšres

  1. Couverture
  2. Titre
  3. Copyright
  4. Sommaire
  5. Introduction
  6. Chapitre 1 - Votre adolescent vous inquiĂšte
  7. Chapitre 2 - Ce qu’est le trouble dĂ©ficit de l’attention/hyperactivitĂ©
  8. Chapitre 3 - Un adolescent hyperactif, ce n’est pas

  9. Chapitre 4 - Retour sur l’enfance
  10. Chapitre 5 - Les risques à l’adolescence du TDAH
  11. Chapitre 6 - Pourquoi est-on hyperactif ?
  12. Chapitre 7 - L’adolescent TDAH est à la fois un adolescent particulier et un adolescent comme les autres
  13. Chapitre 8 - Comment aider les parents et accompagner l’adolescent ?
  14. Conclusion
  15. Pour en savoir plus
  16. Remerciements
  17. Du mĂȘme auteur chez Odile Jacob