
- 256 pages
- French
- ePUB (adapté aux mobiles)
- Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub
À propos de ce livre
Source d'énergie activement développée aux États-Unis, les gaz de schiste suscitent un vif débat en France où leur exploitation est interdite par la loi : faut-il lever cette interdiction au nom de la transition énergétique ? Faut-il la maintenir tout en encourageant la recherche, au risque d'amorcer un engrenage incontrôlable ? Destiné au citoyen, ce livre éclaire toutes les facettes d'un sujet complexe : il décrit d'abord une technique d'exploitation – la fracturation hydraulique – qui comporte de nombreux aléas environnementaux et sanitaires. Il expose ensuite les raisons de l'engouement que cette source d'énergie génère aux quatre coins du monde, mais aussi les incertitudes encore élevées qui s'attachent à son exploitation, à propos de l'abondance des ressources, de l'effet sur les aquifères et le climat, ou même des risques de minitremblements de terre. Bien documenté, s'appuyant sur l'expérience américaine, ce livre permet à chacun de fonder sa position en toute connaissance de cause. Jean-Louis Fellous a dirigé les programmes d'obser-vation de la Terre au CNES et les recherches océaniques à l'Ifremer. Il est le directeur exécutif du Cospar, le Comité mondial de la recherche spatiale. Catherine Gautier est professeur émérite au département de géographie de l'Université de Californie à Santa Barbara, où elle enseigne depuis 1990. Elle a dirigé l'Institute for Computational Earth System Science de 1996 à 2002.
Foire aux questions
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Informations
Chapitre 1
Introduction
« Alors, seulement, Colin revint à la vraie réalité et s’aperçut que le plafond était à claire-voie, au travers de laquelle regardaient les locataires d’en dessus, qu’une épaisse frange d’iris d’eau cachait le bas des murs, que des gaz, diversement colorés, s’échappaient d’ouvertures pratiquées çà et là et que son amie Isis se tenait devant lui et lui offrait des petits fours sur un plateau hercynien. »
Boris VIAN, L’Écume des jours, 1947.
Source d’énergie abondante, et désormais activement exploitée, notamment aux États-Unis, le gaz de schiste suscite un vif débat, en raison des impacts environnementaux attribués aux techniques d’exploitation actuellement utilisées (la « fracturation hydraulique », désignée aux États-Unis par fracking1), mais aussi des implications géopolitiques et géostratégiques qui résultent de la distribution de cette ressource. Il apparaît maintenant urgent de mettre à plat tous les éléments du débat et d’en discuter ouvertement les différentes facettes. Le présent ouvrage vise à apporter aux citoyens les éléments d’information et de compréhension des tenants et des aboutissants de ce dossier, préalable indispensable à un débat démocratique sur les avantages et les risques de l’exploitation des gaz de schiste en France, où la fracturation hydraulique est interdite par la loi, mais où la recherche se poursuit et les lobbys ne désarment pas, de part et d’autre. Il met en évidence à la fois les raisons multiples de l’engouement que cette source d’énergie génère dans tous les coins du monde, mais aussi les incertitudes encore élevées qui s’attachent à son exploitation, à propos de l’abondance des ressources, de la principale technologie utilisée, de l’effet sur les aquifères*2 et le climat, ou même des risques de mini-tremblements de terre.
Des questions multiples, des réponses malaisées
Dès l’abord, la question des gaz et huiles de schiste renvoie une image complexe et contrastée, à partir de laquelle il est difficile de se faire une opinion tranchée, car tout dépend de l’optique dans laquelle on se place et du point de vue que l’on adopte. De plus, l’histoire nous a appris qu’il faut se garder du simplisme et rejeter tout dogmatisme lorsqu’on examine de tels problèmes.
La prise de décision d’exploiter les gaz de schiste ne peut se fonder exclusivement sur des arguments scientifiques, car beaucoup d’éléments entrent en jeu : sur quelle référence temporelle (courte ou longue) doit-on se baser ? Quelles sont les hypothèses implicites sous-jacentes ? Quelle confiance peut-on placer dans les autorités (dont la communauté scientifique) ? Passons en revue quelques-unes des problématiques que notre ouvrage s’efforce d’éclairer.
Un scientifique ne se doit-il pas de vouloir comprendre la ressource ?
La recherche scientifique vise à faire avancer la connaissance, mais on ne peut pas tout étudier et à n’importe quel prix. Le choix des priorités de recherche comporte une dimension éthique. On n’a aucune peine à éliminer l’eugénisme de la liste des sujets d’étude. Sans prendre un exemple aussi extrême, la recherche sur les manipulations génétiques, sur l’embryon et les cellules souches, ou encore la géo-ingénierie soulèvent de sérieuses controverses. La recherche sur l’exploitation du gaz de schiste et l’emploi de la fracturation hydraulique sont venus rejoindre le contingent des travaux scientifiques qui éveillent la suspicion et des oppositions parfois vigoureuses. L’estimation de la ressource, ou encore l’évaluation des réserves, ne relève pas de la recherche, mais de ceux dont le métier est de découvrir les gisements et, le cas échéant, de les exploiter.
Pourrait-on prendre une décision en se basant uniquement sur la science ?
Comme dans d’autres cas, le sujet qui nous occupe fait intervenir des valeurs : quels risques sommes-nous prêts à accepter ? Comment comparer les avantages et inconvénients de l’exploitation du gaz de schiste et de la fracturation hydraulique ? Quelle est la place des hommes dans la nature ? Quel monde veut-on léguer aux générations futures ? La réponse à ces questions dépend des poids respectifs que l’on accorde à la sécurité énergétique et climatique, à l’équilibre de la balance commerciale, au profit économique, à l’intégrité de l’environnement, à la santé humaine, etc.
Devrait-on exploiter cette ressource si on pouvait en atténuer ou même annuler les impacts environnementaux ?
Pourrait-on exploiter le gaz de schiste en France ? On sait que cela se ferait autrement qu’aux États-Unis, car le contexte y est différent sur tous les plans (géologique, urbanistique, légal, etc.). Parmi d’autres aspects, l’attrait économique y serait moindre. Une exploitation profitable des hydrocarbures de schiste suppose le forage de très nombreux puits (plusieurs milliers), et implique un impact énorme sur la population et le territoire. L’acceptabilité sociale d’une telle entreprise est loin d’être acquise.
Juste aller voir, cela n’engage à rien ?
La question de l’exploration divise aussi le public et les politiques. Que se passerait-il si des campagnes limitées d’exploration mettaient en évidence la présence de gaz exploitable en quantité suffisante et dans des conditions de rentabilité économique et financière suffisantes ? Sera-t-il possible de résister à la pression des lobbys pétroliers et gaziers pour passer sans délai à l’exploitation ? Pour s’opposer à la mise en place des politiques et des règlements environnementaux nécessaires ?
La crainte du risque liée au principe de précaution nous empêche-t-elle de développer notre économie et d’améliorer notre indépendance énergétique ?
Le principe de précaution, auquel nous adhérons, peut mettre un frein à des activités industrielles et énergétiques nocives pour l’environnement et la population et empêcher ou au moins ralentir leur développement. Le choix national d’aller vers une transition énergétique vise précisément à incurver la trajectoire d’utilisation de l’énergie, en rendant les consommateurs plus sobres et les systèmes énergétiques plus efficaces. Son but est de réduire l’impact anthropique sur le climat lié aux émissions carbonées. Certains objectent que la vie est faite de risques, qu’il faut parfois savoir prendre des risques auxquels on pourra remédier plus tard. La confiance dans les systèmes de régulation en place joue un grand rôle dans la manière dont on aborde ces questions.
L’exploitation des ressources n’est-elle pas soumise à des lois ?
En pratique, l’élaboration et le vote des lois demandent du temps, la publication des décrets d’application aussi. Elles ne sont pas strictement respectées et il n’existe pas toujours de moyens suffisants pour contrôler et imposer leur application. Mais les pénalités éventuelles peuvent être très faibles en comparaison des avantages de la fraude, et les progrès scientifiques et technologiques sont si rapides que la loi est toujours en retard sur la réalité. Enfin, un nouveau pouvoir politique peut faire abroger une loi.
Ne revient-il pas aux générations suivantes de trouver des solutions techniques, comme cela s’est toujours fait ?
Faire entièrement confiance à la technologie pour nous tirer d’affaire est un leurre. La technologie s’est révélée être une grande partie des problèmes et une petite partie de leur solution. Elle évolue très vite, surtout dans les énergies renouvelables, mais doit s’accompagner de politiques de protection. Le défi posé aux générations à venir n’est pas seulement technologique.
La transition énergétique peut-elle se passer de gaz naturel ?
Afin de limiter les émissions globales de dioxyde de carbone (CO2), il faut d’abord réduire l’utilisation du charbon. C’est une priorité aux États-Unis (qui commencent à le faire – grâce au gaz !), en Chine (où cela tarde à venir) et dans d’autres pays énergivores qui disposent d’importantes réserves de charbon. Les Chinois construisent de nouvelles centrales à charbon plus modernes et moins polluantes pour remplacer les anciennes. Certains analystes voient poindre à l’horizon la fin de l’usage du charbon, d’ici une ou deux décennies, mais un déraillement demeure possible, le déterminant en dernière analyse restant le prix de revient de l’énergie.
Le carburant de transition, dans la sphère des carburants fossiles, c’est le gaz naturel. Son utilisation exige de grandes dépenses d’infrastructure. Les pays producteurs de gaz conventionnel comme la Russie, le Qatar ou l’Algérie recèlent des réserves gigantesques. Le poids géopolitique qu’ils en tirent dérange les autres pays puissants, dont les États-Unis et la Chine, mais aussi l’Europe et la France. Dépendre de la Russie pour nos approvisionnements en gaz naturel pose bien des problèmes. D’où l’attrait potentiel des gaz non conventionnels, le gaz de schiste et le gaz de houille.
La transition énergétique est-elle possible en France sans passer par la case « gaz » ?
Doit-on considérer le gaz naturel non conventionnel comme « un fond de tiroir » qu’on irait gratter, pour retarder la transition douloureuse rendue nécessaire par la raréfaction des combustibles fossiles3 ? Qu’est-ce qui assure que l’utilisation de gaz comme carburant de transition ne serait que temporaire ? Sera-t-il possible d’engager une transition rapide vers les énergies renouvelables si l’on investit en grand dans le gaz de schiste ? La France n’est pas en avance au niveau du développement des énergies renouvelables, éolien ou solaire, pas plus que dans l’exploitation du gaz de schiste. Quelle que soit la voie choisie, la cohabitation avec la production d’électricité nucléaire durera longtemps. Si le choix est d’ignorer le gaz de schiste et d’avancer à marche forcée vers les énergies renouvelables, qu’est-ce qui assure qu’un « pont » ne sera pas nécessaire, dans quelques dizaines d’années, si celles-ci ne permettent pas de boucler l’équation des besoins ?
L’exploitation du gaz de schiste n’est-elle qu’une nouvelle bulle spéculative ?
Plusieurs éléments sembleraient l’indiquer et la discordance entre les coûts d’exploitation du gaz aux États-Unis et le prix auquel il est vendu laisse perplexe. Les analyses économiques actuelles sont encore limitées, mais le rôle de Wall Street commence tout juste à être mis au jour. Qui sont les gagnants puisque tout le monde semble y perdre ? Ne s’agirait-il encore que des traders astucieux et des banques d’investissement ? Si bulle spéculative il y a, elle pourrait bien éclater avant que des études exhaustives aient pu le démontrer.
Sera-t-il possible de restaurer les territoires endommagés par l’exploitation des gaz de schiste ?
Il est encore difficile de répondre à cette question, faute d’un recul temporel suffisant. La remise en état des surfaces peut être assez rapide. Mais les aquifères contaminés peuvent être parfois rendus définitivement inexploitables. Dans le cas du climat, les constantes de temps sont de l’ordre de la décennie ou du siècle.
Des regards croisés
Les auteurs de ce livre travaillent ensemble depuis longtemps, et ont tenté à plusieurs reprises de mettre à profit leurs perspectives différentes, nourries des expériences vécues dans des contextes culturels et institutionnels différents, principalement américain et français, dans des organismes et des domaines de recherche variés, de l’étude de l’atmosphère à celle de l’océan, de la modélisation à l’observation spatiale, de la géographie physique et humaine aux sciences du climat, de la coopération internationale impliquant toutes sortes de pays des cinq continents. Ils ont publié des ouvrages en français et en anglais, consacrés au climat et au changement climatique, aux interactions complexes entre les problèmes énergétiques, climatiques et démographiques, en liaison avec les ressources en eau. L’émergence de l’accès aux ressources énergétiques non conventionnelles, et plus particulièrement, dans les toutes dernières années, aux gaz et huiles de schiste, a naturellement attiré leur attention. Sans être a priori des spécialistes de cette question, qui fait appel à la géologie, à l’hydrogéologie, aux techniques de prospection et de forage pétrolier et gazier, au traitement des eaux et, au-delà, à l’économie et à la politique, ils ont voulu en décortiquer les principaux aspects et les rendre intelligibles au non-spécialiste. Ils ont surtout tenté d’en montrer les ramifications : aucun des domaines abordés dans ce livre ne peut être envisagé indépendamment des autres. En particulier, la dimension économique est partout sous-jacente et le volet fina...
Table des matières
- Couverture
- Titre
- Copyright
- Sommaire
- Préface
- Chapitre 1 - Introduction
- Chapitre 2 - Une technologie controversée
- Chapitre 3 - Eau et fracturation hydraulique
- Chapitre 4 - L’impact sur le climat
- Chapitre 5 - Distribution des ressources et indépendance énergétique
- Chapitre 6 - Impacts socio-économiques
- Chapitre 7 - Les politiques à mettre en œuvre
- Chapitre 8 - Le gaz de schiste : nouvel eldorado ou impasse ?
- APPENDICES
- Bibliographie
- Remerciements