Un monde meilleur pour tous
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Un monde meilleur pour tous

Colloque européen 2006

  1. 288 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Un monde meilleur pour tous

Colloque européen 2006

À propos de ce livre

Des milliards d'humains aspirent au bien-ĂȘtre et Ă  une vie meilleure. Mais les ressources de la Terre sont limitĂ©es et ses Ă©quilibres Ă©cologiques fragiles. Le mode de vie des classes aisĂ©es des pays dĂ©veloppĂ©s n'est pas extensible Ă  toute la planĂšte. Doit-on se rĂ©signer Ă  l'injustice ? Un monde meilleur pour tous est-il possible ? Qu'exige de nous le « dĂ©veloppement durable » ? Quels changements radicaux implique-t-il dans nos maniĂšres de penser les rapports entre l'homme et la nature, entre pays pauvres et pays riches ? Et quels bouleversements dans nos pratiques ? RĂ©unis par le CollĂšge de France Ă  Bruxelles pour son premier colloque europĂ©en, climatologue et juriste, chimiste et philosophe, biologiste et africaniste, Ă©conomiste et architecte, sinologue et spĂ©cialiste de la biodiversitĂ© croisent ici leurs rĂ©flexions et entreprennent de dessiner ce que pourrait ĂȘtre notre avenir. Jean-Pierre Changeux est professeur honoraire au CollĂšge de France, titulaire de la chaire de communications cellulaires. Jacques Reisse est professeur Ă©mĂ©rite de chimie physique Ă  l'UniversitĂ© libre de Bruxelles. Contributions de Jean BarthĂ©lemy, AndrĂ© Berger, Gilles Boeuf, ArsĂšne Burny, Mireille Delmas-Marty, Gilbert Hottois, Jacques Livage, Pierre de Maret, Thierry Pairault, Paul-F. Smets, Christine Tahon, Edwin ZaccaĂŻ. 

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Informations

I
La Terre, la vie, la matiĂšre
Le réchauffement global et Kyoto en Europe
par André Berger
L’accumulation de gaz carbonique dans l’atmosphĂšre (due Ă  l’utilisation des combustibles fossiles pour la production d’énergie), le rejet d’autres gaz en traces qui sont susceptibles de modifier le bilan radiatif du systĂšme climatique, le dĂ©boisement intensif des forĂȘts et la modification artificielle du sol liĂ©e Ă  l’explosion dĂ©mographique sont autant de facteurs qui font que l’homme devient un Ă©lĂ©ment important, agissant progressivement, mais sĂ»rement, sur l’évolution du climat des prochaines dĂ©cennies.
Les Ă©tudes effectuĂ©es par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC 2007) montrent que, selon les scĂ©narios, le rĂ©chauffement global d’ici la fin du XXIe siĂšcle serait compris entre 1,1 et 6,4 °C (avec une meilleure estimation allant de 1,8 Ă  4 °C). Ce rĂ©chauffement serait accompagnĂ© d’une hausse du niveau des mers comprise entre 18 et 59 centimĂštres et d’une intensification du cycle hydrologique. En Europe, on s’attend Ă  ce que la tempĂ©rature augmente d’environ 3 Ă  4 °C au cours des cent prochaines annĂ©es. Dans le nord de l’Europe, les prĂ©cipitations augmenteraient de 1 Ă  2 % par dĂ©cennie tandis que dans le Sud, les Ă©tĂ©s deviendraient plus secs et les hivers plus humides. Ces changements entraĂźneraient une modification profonde des zones climatiques actuelles et, par voie de consĂ©quence, des climats rĂ©gionaux et de l’infrastructure agricole, Ă©conomique et sociale qui leur est associĂ©e.
En Belgique, les Ă©missions de gaz Ă  effet de serre sont dĂ©jĂ  bien au-dessus de l’objectif de Kyoto (en 2005, 5,3 millions de tonnes de CO2 Ă©quivalent) et les prĂ©visions de l’Agence europĂ©enne de l’environnement (EEA, 2007) montrent que d’ici Ă  2010, si nous ne changeons pas de politique, nous dĂ©passerons notre objectif de quelque 5,8 millions de tonnes. Si les pĂ©nalitĂ©s prĂ©vues Ă  l’heure actuelle pour les annĂ©es aprĂšs 2010 pour non-respect des quotas allouĂ©s se matĂ©rialisent (par exemple Ă  10 € la tonne de CO2 excĂ©dentaire), cela coĂ»tera Ă  la Belgique 58 millions d’euros par an. De quoi s’interroger sur la politique actuelle d’abandon du nuclĂ©aire.
En France, la situation est relativement confortable. En 2005, ses Ă©missions Ă©taient 1,9 % (c’est-Ă -dire 11 MtCO2eq) en dessous de son objectif (stabiliser ses Ă©missions aux valeurs de 1990). Toutefois, les Ă©missions dues au transport (+ 20 %) et au domestique et tertiaire (+ 5,7 %) sont alarmantes. Globalement, les prĂ©visions sont rassurantes : selon que des mesures additionnelles seront prises ou non, les projections pour 2010 vont de quelque 3,4 % de mieux Ă  0,9 % au-dessus de son objectif. Un scĂ©nario avec maintien des centrales nuclĂ©aires actuelles et une meilleure efficacitĂ© des centrales thermiques montre mĂȘme un boni de plus de 23,7 MtCO2eq (ce qui reprĂ©sente un gain de 237 millions d’euros Ă  10 € la tonne de CO2eq).
Activités humaines et climat
L’explosion dĂ©mographique est dĂ©jĂ  en soi une cause suffisante pour que l’on s’interroge rĂ©ellement sur le dĂ©veloppement et la production Ă©nergĂ©tique future. Nous sommes, en effet, passĂ©s de 2,5 milliards d’habitants en 1950 Ă  6,5 milliards fin 2005 (le 19 dĂ©cembre). Le 8 novembre 2007, on atteignait 6 655 243 156 personnes sur Terre, et on estime Ă  environ 200 000 le nombre supplĂ©mentaire d’habitants chaque jour sur la planĂšte ! Les impacts de ce monde en expansion et de ses activitĂ©s imposent de rĂ©flĂ©chir aux technologies qui devront ĂȘtre utilisĂ©es de maniĂšre Ă  ne pas perturber davantage le systĂšme climatique ni l’environnement. Le problĂšme du climat peut ĂȘtre abordĂ© en quatre Ă©tapes. La premiĂšre est de situer le climat actuel dans l’histoire de son Ă©volution globale ; la deuxiĂšme est de placer en perspective les concentrations actuelles en CO2 ; viennent ensuite les scĂ©narios du futur, les impacts sur la tempĂ©rature et le niveau moyen des mers ; et, enfin, les conclusions Ă  tirer concernant la politique qui devrait ĂȘtre mise en place pour faire face Ă  cette Ă©volution future du climat.
Les quatre diagrammes de la Figure 1 ont tous la mĂȘme forme montrant l’évolution de quatre paramĂštres. Le premier donne l’évolution de la population, le deuxiĂšme celle des Ă©missions de CO2, le troisiĂšme celle de la concentration en CO2 dans l’air, et le dernier celle de la tempĂ©rature moyenne globale sur Terre. Le problĂšme fondamental posĂ© Ă  la science est de voir s’il existe une relation de cause Ă  effet entre ces diffĂ©rents paramĂštres : l’explosion dĂ©mographique conduit-elle inĂ©luctablement au rĂ©chauffement global ?
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FIGURE 1 – Évolution de la population, des Ă©missions de CO2, de la concentration en CO2 dans l’atmosphĂšre et de la tempĂ©rature moyenne globale de l’air en surface entre 1850 et 2000.
Le climat du XXe siÚcle et du début du XXIe siÚcle
L’ensemble des mesures climatiques recueillies Ă  l’heure actuelle dans les stations mĂ©tĂ©orologiques rĂ©parties sur toute la Terre, mesures qui sont analysĂ©es de façon extrĂȘmement critique quant Ă  leur valeur, permet de suivre l’évolution de la tempĂ©rature moyenne entre 1860 et l’an 2005. L’analyse de la Figure 2a montre que nous sommes sortis du « petit Ăąge glaciaire » au dĂ©but du XXe siĂšcle et que, depuis lors, la tempĂ©rature augmente. Il est clair que cette augmentation n’est pas monotone et que la variabilitĂ© interannuelle joue un rĂŽle important. SurimposĂ©es Ă  la tendance gĂ©nĂ©rale au rĂ©chauffement, apparaissent, en effet, des fluctuations qui sont, en partie, liĂ©es aux interactions non linĂ©aires entre les diffĂ©rentes composantes du systĂšme climatique, en particulier au phĂ©nomĂšne El Niño.
1998 a Ă©tĂ© l’annĂ©e la plus chaude des cent derniĂšres annĂ©es pour lesquelles des observations mĂ©tĂ©orologiques existent (0,59 °C au-dessus de la moyenne de la pĂ©riode conventionnelle 1961-1990, Jones et al., 2006). 2005 vient en deuxiĂšme position avec 0,48 °C au-dessus de la normale. Viennent ensuite 2002 et 2003 (+ 0,47 °C) suivies de prĂšs par 2004 (+ 0,45 °C). Que 2005 approche 1998 est extrĂȘmement important, car le rĂ©chauffement qui y observĂ© s’est effectuĂ© sans El Niño, contrairement Ă  ce qui s’était passĂ© en 1998. Les dix derniĂšres annĂ©es sont parmi les plus chaudes jamais connues, y compris 1999 et 2000, alors que ces annĂ©es furent tempĂ©rĂ©es par le phĂ©nomĂšne La Niña (GERC, 2002) (seule 1990 a Ă©tĂ© lĂ©gĂšrement plus chaude que 2000). Au cours des cent derniĂšres annĂ©es, la tempĂ©rature de l’air Ă  la surface de la Terre a augmentĂ© au taux de 0,74 °C par siĂšcle (Solomon et al., 2007), alors qu’au cours des vingt-cinq derniĂšres annĂ©es ce rĂ©chauffement fut trois fois plus intense (1,7 °C par siĂšcle). En Europe, le rĂ©chauffement a atteint 0,95 °C depuis 1900 (EEA, 2004a). Les tempĂ©ratures en hiver ont augmentĂ© plus qu’en Ă©tĂ© et le rĂ©chauffement fut maximal dans le nord-ouest de la Russie et dans la pĂ©ninsule IbĂ©rique.
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Figure 2a – Évolution de la tempĂ©rature annuelle moyenne globale de la Terre entre 1860 et 2005. 2006 a Ă©tĂ© 0,42 °C plus chaude que la pĂ©riode 1961-1990. La tempĂ©rature moyenne de cette pĂ©riode de rĂ©fĂ©rence est de l’ordre de 15 °C (Jones et al., 2006).
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Figure 2b – La tempĂ©rature de l’air Ă  Nantes de 1880 Ă  2005 (Camuffo et Jones, 2002).
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Figure 2c – La tempĂ©rature de l’air Ă  Uccle de 1880 Ă  2005 (DemarĂ©e et al., 2002).
XXe siĂšcle exclu, la tendance gĂ©nĂ©rale naturelle de l’évolution du climat des mille derniĂšres annĂ©es (Figure 3) Ă©tait un refroidissement. Ce refroidissement, qui a commencĂ© il y a six mille ans environ, est estimĂ© ĂȘtre de l’ordre d’un centiĂšme de degrĂ© Celsius par siĂšcle, alors que le rĂ©chauffement du XXe siĂšcle est de l’ordre de un degrĂ© Celsius sur cent ans. Il faut noter que 1998 a battu tous les records absolus de tempĂ©rature non seulement sur la pĂ©riode pour laquelle les observations existent, mais Ă©galement sur les mille derniĂšres annĂ©es. Vraisemblablement 1998 a approchĂ© la tempĂ©rature de ce que l’on a appelĂ© l’« optimum climatique », il y a Ă  peu prĂšs six mille ans. Prises globalement, les cent derniĂšres annĂ©es ont Ă©tĂ© dĂ©finitivement les plus chaudes des mille derniĂšres annĂ©es.
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Figure 3 – Évolution de la tempĂ©rature entre 1000 et 2000 (Mann et al., 1999).
Impacts du réchauffement climatique
Une des consĂ©quences les plus spectaculaires de ce rĂ©chauffement est probablement la fonte de tous les grands glaciers sur Terre. Le glacier Chacaltaya dans les Andes boliviennes couvrait quelque 20 hectares en 1940. Il en couvre encore 6 actuellement et a perdu 93 % de sa masse de glace (Francou et al., 1997). Sur le Kilimandjaro, il reste moins de 1 km2 de glace sur les 13 que ce glacier africain comptait au dĂ©but du XXe siĂšcle (Kaser et al., 2004). En France, la mer de Glace et le glacier d’ArgentiĂšre reculent (Le Roy Ladurie, 1983), ce qui est aussi le cas des autres grands glaciers alpins (Haeberli et Holzhauser, 2003). ParallĂšlement, on a aussi observĂ© au cours du XXe siĂšcle une montĂ©e du niveau moyen des ocĂ©ans d’une vingtaine de centimĂštres. Cette hausse a atteint 3 millimĂštres par an au cours de la derniĂšre dĂ©cennie (Cazenave et Nerem, 2004). Elle est principalement due Ă  l’expansion thermique des ocĂ©ans (1,8 mm/ an). Le 1,2 millimĂštre restant rĂ©sulte de la fonte des glaciers de montagne (0,5 mm/an), de la fonte des inlandsis du Groenland (0,15 mm/an) et de l’Antarctique (de l’Ouest : 0,20 ± 0,05 mm/ an). Selon le GIEC (Solomon et al., 2007), ces chiffres sont respectivement 1,6 ± 0,5, 0,77 ± 0,22, 0,21 ± 0,07 et 0,21 ± 0,35. Non seulement les glaciers du Groenland fondent en raison de la hausse des tempĂ©ratures, mais la vitesse Ă  laquelle ils glissent vers la mer ne cesse d’augmenter (Rignot et Kanagaratnam, 2006). L’utilisation croissante des nappes aquifĂšres sur les continents contribue aussi pour 0,15 mm/an. De plus, la glace qui couvre l’ocĂ©an Arctique s’amincit et disparaĂźt (Houssais et Gascard, 2001). Couvrant environ 13 millions de km2 en 1978, elle a Ă©tĂ© rĂ©duite d’environ 1 million de km2 au cours des vingt-cinq derniĂšres annĂ©es. Cela n’est qu’une manifestation du rĂ©chauffement observĂ© dans toute la rĂ©gion arctique, oĂč l’incidence sur les populations et le biotope risque de devenir dramatique (ACIA, 2005).
L’Europe n’échappe pas Ă  la rĂšgle (EEA, 2004a). En plus des glaciers alpins, qui ont perdu le tiers de leur Ă©tendue et la moitiĂ© de leur masse entre 1850 et 1980, les Ă©cosystĂšmes terrestres, l’agriculture et la santĂ© sont touchĂ©s, et l’économie est affectĂ©e par des catastrophes telles qu’inondations, tempĂȘtes, sĂ©cheresse et vagues de chaleur.
De tels impacts sont appelĂ©s Ă  se poursuivre dans les dĂ©cennies Ă  venir, car la dĂ©claration du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Houghton et al., 2001) est extrĂȘmement claire dans son dernier rapport de 2001 : le rĂ©chauffement se poursuivra et la tempĂ©rature de la fin du XXIe siĂšcle sera vraisemblablement 2 Ă  4 °C plus Ă©levĂ©e qu’actuellement. Le rapport insiste, en effet, sur le rĂŽle majeur jouĂ© par les gaz Ă  effet de serre et spĂ©cifie que l’évolution de la tempĂ©rature au cours des cent derniĂšres annĂ©es ne peut ĂȘtre expliquĂ©e que si on tient compte de leurs Ă©missions liĂ©es aux activitĂ©s humaines.
Concentration atmosphérique en gaz à effet de serre
Il est donc important d’analyser l’évolution de la concentration dans l’air des gaz Ă  effet de serre. La Figure 4 reproduit l’augmentation de la concentration en CO2 mesurĂ©e Ă  l’observatoire de Mauna Loa Ă  Hawaii (Keeling et Whorf, 2006). Elle montre que nous sommes passĂ©s de 315 parties par million en volume (ppmv ou cm3 par m3 d’air) en 1958 Ă  environ 385 ppmv dĂ©but 2007. Autrement dit, en un peu moins de 50 ans, la concentration en CO2 dans l’air a augmentĂ© de 22 %.
Il est important de replacer cela dans le contexte de l’histoire de la Terre. Il y a 20 000 ans, au moment du dernier maximum glaciaire, la concentration Ă©tait de l’ordre de 200 ppmv. Ensuite, elle a augmentĂ© au fur et Ă  mesure que la glace fondait, pour atteindre 280 ppmv au moment de la rĂ©volution industrielle. Cette concentration est donc passĂ©e de maniĂšre naturelle de 200 Ă  280 ppmv en 20 000 ans. L’augmentation de 80 ppmv est en fait du mĂȘme ordre de grandeur que celle qu’on observe entre la rĂ©volution industrielle et l’heure actuelle, mais cette fois en 200 ans, c’est-Ă -dire Ă  une vitesse cent fois plus rapide. Cette information sur le CO2 est Ă  prĂ©sent disponible pour les 800 000 derniĂšres annĂ©es grĂące aux analyses chimiques des bulles d’air enchĂąssĂ©es dans les glaces de l’Antarctique (EPICA, 2004). La Figure 5 montre que la concentration en CO2 dans l’air Ă©volue de maniĂšre naturelle avec une cyclicitĂ© d’à peu prĂšs 100 000 annĂ©es. Elle oscille entre deux valeurs extrĂȘmes : 280 ppmv, valeur caractĂ©ristique des climats chauds dits interglaciaires, et 200 ppmv caractĂ©ristiques des Ă©poques glaciaires. La valeur moyenne de la concentration naturelle en CO2 dans l’air est donc de 240 ppmv environ. Cela montre combien la valeur actuelle de 385 ppmv est dĂ©jĂ  bien au-delĂ  de la variation naturelle.
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Figure 4 – Évolution de la concentration en CO2 dans l’air entre 1958 et 2005 (Keeling et Whorf, 2006). En 2007, on a atteint 385 ppmv.
L’importance du CO2 rĂ©side dans le fait qu’il fait partie des gaz dits Ă  effet de serre. Cet effet de serre est, en fait, naturel et existe depuis que l’atmosphĂšre contient des gaz Ă  effet de serre (Berger, 1992 ; Le Treut et Jancovici, 2004). Sans lui, la tempĂ©rature Ă  la surface de la Terre serait de – 18 °C (consĂ©quence directe de l’absorption des 237 Wm-2 que la Terre reçoit du Soleil), 33 °C de moins qu’actuellement. Les gaz qui sont responsables de l’effet de serre piĂšgent le rayonnement infrarouge Ă©mis par la Terre. Ce piĂ©geage est de l’ordre de 153 Wm-2. Ils Ă©mettent aussi vers l’espace interplanĂ©taire les 237 Wm-2 que la Terre reçoit net du Soleil, permettant ainsi d’établir un Ă©quilibre radiatif global. Par contre, si on augmente artificiellement leur quantitĂ© – par les activitĂ©s humaines, par exemple –, on augmente le piĂ©geage, c’est-Ă -dire qu’on intensifie l’effet de serre naturel. Ce renforcement est Ă  prĂ©sent d’environ 3 Wm-2, ce qui veut dire que la Terre ne pourrait plus renvoyer que 234 Wm-2 vers l’espace. Pour rĂ©tablir l’équilibre, le systĂšme climatique rĂ©pond Ă  cette perturbation en augmentant sa tempĂ©rature, ce qui se solde par une Ă©mission infrarouge accrue permettant de nouveau une Ă©mission vers l’espace de 237 Wm–2. Parmi ces gaz Ă  effet de serre, la vapeur d’eau – y compris les nuages – joue un rĂŽle majeur. Lorsqu’on intensifie l’effet de serre naturel, l’augmentation de la tempĂ©rature – si petite soit-elle – accroĂźt l’évaporation Ă  la surface de la Terre. Cela a pour effet d’accroĂźtre la quantitĂ© de vapeur d’eau dans l’air, ce qui renforce d’autant plus le piĂ©geage de l’énergie infrarouge, et donc l’effet de serre. On entre ainsi dans une boucle de rĂ©troaction positive qui joue un rĂŽle essentiel dans le rĂ©chauffement global. La rĂ©troaction jouĂ©e par la vapeur d’eau est plus importante que l’augmentation de sa concentration qui provient directement des activitĂ©s humaines, suite par exemple Ă  l’irrigation et Ă  l’arrosage intens...

Table des matiĂšres

  1. Couverture
  2. Titre
  3. Copyright
  4. Ouverture
  5. I - La Terre, la vie, la matiĂšre
  6. II - Le développement durable
  7. III - Aspects de la mondialisation
  8. IV - Questions d’éthique
  9. Notes
  10. Présentation des auteurs
  11. Dans la mĂȘme collection