Yoga-thérapie : Soigner l’attaque de panique et l’anxiété

Lionel Coudron, Corinne Miéville

• Éditeur: Odile Jacob
• Année: 2016
• Imprimer l'ISBN: 9782738134295
• ISBN de l'eBook: 9782738159977
• Sujet: Sciences biologiques
• Sujet: Sciences du sport et de l'exercice

Quand l'anxiété prend trop de place, quand la panique empêche de vivre normalement, il est temps d'agir. L'action du yoga sur l'anxiété est particulièrement bénéfique, reconnue depuis des siècles et validée par des études scientifiques. Le yoga offre à chacun des outils simples, efficaces, qui permettent de contrôler les manifestations physiques de l'anxiété et de la peur, et de reprendre le dessus sur les pensées anxieuses. Dans ce guide, Lionel Coudron, médecin et professeur de yoga, propose : • des exercices pour apprendre à respirer ; • des postures pour dénouer les tensions ; • des méditations pour apaiser le mental ; • une démarche de yoga-thérapie pour faire face à l'attaque de panique. Plus d'efficacité et de sérénité : le pouvoir du yoga pour retrouver confiance et sécurité intérieure. Lionel Coudron est médecin et professeur de yoga depuis plus de trente ans. Il dirige l'Institut de yoga-thérapie. Il a écrit deux grands succès : Le Yoga. Bien vivre ses émotions, La Yoga-thérapie, et une collection de livres pratiques illustrés pour soigner les maux du quotidien par la yoga-thérapie. Corinne Miéville est professeur de yoga. Elle assure la formation à l'Institut de yoga-thérapie avec Lionel Coudron et dirige à Lausanne le Jardin du Yoga. 

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Le yoga :
comprendre et agir

Quand la panique est là

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Profil d’une crise de panique

Une amie vient de m’appeler. Sa fille, étudiante, vient de faire une crise d’angoisse. « Elle ne sort plus, elle se replie sur elle-même, je ne la reconnais pas, elle qui était toujours souriante et enjouée ne sort plus, elle craint pour ses concours qui approchent… Nous sommes au mois de janvier, elle prépare ses examens d’arrache-pied depuis plusieurs mois. Elle a l’air à bout. » Depuis une semaine, elle ne sort plus de l’appartement de ses parents dans lequel elle est revenue vivre depuis quelques jours, car elle ne peut plus rester seule dans son studio.

Oppressions

Armelle n’a pas 20 ans. Elle est en première année de droit, c’est une jeune femme très angoissée qui me parle maintenant de ce qui lui est arrivé. Ses traits sont tirés, sa respiration courte, son visage exprime même de la terreur. « Brutalement, alors que je ne m’y attendais pas, j’ai été réveillée en pleine nuit par des oppressions à la poitrine, je ne pouvais plus respirer, j’étouffais littéralement, j’ai vraiment eu l’impression que j’allais devenir folle ou mourir. » C’est avec peine qu’elle appelle le Samu. Un électrocardiogramme pratiqué par le médecin éloigne vite le spectre de toute atteinte organique. Un anxiolytique a raison du problème en quelques minutes. Armelle retrouve son calme. Le diagnostic est clair : « Vous venez d’avoir une attaque de panique due à trop de stress, trop de travail, trop d’insomnies. Vous devez rapidement aller voir votre médecin traitant… »

Le lendemain, c’est avec un visage grave que celui-ci lui annonce que ce problème peut être invalidant et qu’il doit être traité par antidépresseurs. Armelle s’est sentie encore plus mal et est entrée aussitôt dans un véritable état de panique qui allait se transformer en un « trouble panique ». Elle voulait guérir mais sans « ces médicaments » et s’inquiétait d’être seule, car elle craignait d’avoir des crises d’angoisse – appelées « attaques de panique » – à répétition. Désespérée, elle n’osait plus rester seule ni même sortir.

Apprendre à respirer

Je lui expliquai que cette forme d’anxiété était liée à sa volonté de tout bien faire, ce que nous appelons une anxiété de performance. Voulant réussir ses examens, elle s’était donnée corps et âme depuis plusieurs mois jusqu’à l’épuisement. Ses attaques de panique étaient dues à une accélération de la respiration à l’origine d’un cercle vicieux des crises, et la meilleure façon d’y remédier était de maîtriser à nouveau sa respiration, ce que la pratique du yoga permet. Avec un peu d’entraînement tout rentrerait dans l’ordre. Je lui montrai comment respirer calmement et lui prescrivis quelques exercices à faire, elle reprenait déjà confiance. Les attaques de panique sont assez faciles à guérir si on utilise correctement les bons outils.

La peur de ne pas réussir

Arnault, la petite quarantaine, se présente avec élégance dans un magnifique costume assorti d’une belle prestance. Mais son regard est plutôt inquiet et contraste avec son assurance générale. Il m’explique que, certes, il a toujours été un inquiet et qu’il ne supporte pas l’à-peu-près, mais que, depuis peu, il ressent des angoisses qui le perturbent vraiment. Il est de plus en plus inquiet avant les rendez-vous de chantier qu’il organise avec ses fournisseurs. C’est avec les mains moites ou avec des douleurs abdominales qui le tenaillent des jours à l’avance qu’il doit les recevoir. « Mais, me dit-il, ce n’est que depuis peu que je le réalise, que je me rends compte que “ça” ne va pas. Avant, je pensais que c’étaient les autres. C’est à force de ruptures amoureuses que je me suis dit qu’il y avait quelque chose qui ne tournait pas rond en moi. Ce n’est pas normal de souffrir de la sorte avant mes rendez-vous de chantier ! Je me suis même récemment réveillé en pleine nuit avec l’impression d’étouffer. J’ai bien cru faire un infarctus, mais le médecin qui est venu m’a rassuré après l’électrocardiogramme pratiqué sur-le-champ et, effectivement, après un anxiolytique, tout est revenu à la normale. Cependant, depuis, j’ai peur que cela recommence. J’ai vraiment été très mal. Je ne suis plus tranquille, lâche-t-il dans un soupir de désespoir. Ça ne va pas ! »

Toujours plus

Très vite, Arnault me dit qu’il fallait toujours qu’il soit le meilleur et d’aussi loin qu’il se souvienne on disait de lui qu’il était perfectionniste. Mais, alors que jusqu’à présent il s’en accommodait, depuis quelque temps, il s’est rendu compte que cela perturbait ses relations avec ses proches et en particulier avec les femmes. Arnault présente une anxiété de performance, accompagnée d’attaques de panique. Il a toujours été brillant et, jusqu’au moment de ses études préparatoires aux grandes écoles, il était toujours le premier. Dans son enfance, Arnault avait déjà du mal à s’endormir les veilles d’examen. Il travaillait des heures le week-end, bien au-delà de ce qu’on lui demandait. Il voulait toujours approfondir les sujets. Heureusement, la pratique des sports l’avait sauvé jusqu’au bac, en rééquilibrant sa vie en le faisant sortir de sa chambre, même si, souvent, il en faisait toujours un peu trop ! Il me dit également qu’il avait déjà eu des oppressions que l’on avait appelées à l’époque de la spasmophilie pour laquelle on lui avait prescrit du magnésium. Maintenant ses angoisses n’ont plus rien de commun. Il étouffe, il a peur de mourir et il craint par-dessus tout que cela ne se produise au cours d’un rendez-vous professionnel.

Savoir écouter son corps

Arnault avait entendu dire que le yoga était bénéfique dans ces cas et avait déjà commencé à pratiquer. Je lui demande donc de s’installer sur le tapis et de respirer calmement afin de vérifier sa pratique. Je n’ai pas terminé de le lui demander que je le vois déjà s’appliquer de toutes ses forces. Ses gestes ne sont pas souples et déliés mais volontaires et « trop parfaits ». Il est raide. Je l’interromps après une minute et lui demande comment il se sent.

« Eh bien, me dit-il, quand je fais cet exercice, d’habitude, je n’ai pas de mal car… » Je l’interromps, car la réponse d’Arnault ne répond pas à ma question. Il n’arrive pas à exprimer ce qu’il ressent « là, en cet instant dans son corps », il « part dans son mental ». Ce que je veux savoir, c’est ce qu’il ressent et non pas connaître ses difficultés habituelles. La manière dont Arnault me répond est très fréquente lorsqu’on est mal dans son corps et dans les cas d’anxiété de performance. Pour ne pas sentir les tensions ou les douleurs qui sont présentes dans le corps, on prend l’habitude de rester dans son mental à travers des pensées qui défilent. Il se produit une véritable dissociation entre le corps et l’esprit. Si le bénéfice est d’être plus confortable et de rester dans un mental maîtrisé, l’inconvénient est de se couper de ses sensations et d’avoir beaucoup de mal à s’y attarder. Un peu comme si on les fuyait. Je reformule donc ma question et, après plusieurs tentatives, Arnault finit par dire qu’il s’est senti oppressé et que « plus il se concentrait sur sa respiration et plus elle se bloquait ». Pourtant, il faisait de son mieux !

Ce dernier point est l’illustration parfaite de l’anxiété de performance. Quand on a tellement peur de ne pas respirer correctement pour se détendre, cette peur bloque la respiration. Moins bien on respire, plus la panique monte. Et le cercle vicieux s’installe. Il faut donc commencer par apprendre à lâcher pr...

Table des matières

• Couverture
• Titre
• Copyright
• Sommaire
• Avant-propos
• 1 - Le yoga : comprendre et agir
• 2 - Le yoga : un art de vivre
• Ma séance de yoga
• Du même auteur chez Odile Jacob