Coran et Bible en questions et réponses
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Coran et Bible en questions et réponses

  1. 160 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Coran et Bible en questions et réponses

À propos de ce livre

« Le Coran prend appui sur la Bible pour lancer un projet grandiose : convertir l'humanité à la "vraie religion", l'islam, par un double "effort", à la fois pacifique et coercitif, symbolique et militaire. Ces deux aspects sont intriqués, indissociables, pour des raisons de structure, dont les effets ont porté une histoire de treize siècles et demeurent actuels. D'où l'idée que le Coran serait non seulement un Texte religieux mais un grand Livre stratégique – une stratégie sacrée, pragmatique et totalement originale. Au passage, une question récurrente est évoquée, celle de savoir "ce qu'il y a et ce qu'il n'y a pas" dans le Coran ; plutôt que d'y répondre par "il y a tout et son contraire", on y apporte un nouveau regard. » D. S. Daniel Sibony, né au Maroc, de langue maternelle arabe, a un accès direct aux Textes fondateurs. Psychanalyste, il a publié de nombreux ouvrages dont, notamment, Le Grand Malentendu. Islam, Israël, Occident ainsi qu'Un certain « vivre-ensemble ». Musulmans et juifs dans le monde arabe. 

Foire aux questions

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Informations

1

Un jeu de mots génial


Chacun sait que le Coran c’est le Livre sacré des musulmans ; mais comment s’est-il écrit ?
 
Le Coran pose que toutes les paroles qu’il contient, et que Mohammed a prononcées, proviennent de Dieu, ou plutôt d’Allah (nous verrons la différence), qu’elles furent dictées à Mohammed par l’ange Gabriel. Le tout a été transcrit par d’autres, puisque lui-même était analphabète, la tradition insiste là-dessus ; et l’assemblage du livre a pris plus d’un siècle. Le Texte appelle à croire qu’il n’y a de Dieu qu’Allah et que Mohammed est son prophète, son « envoyé » (rasoul). Il appelle à devenir croyant. Les croyants sont ceux qui se « soumettent » à Allah ; en arabe cela s’appelle être muslim (de même racine que aslama, qui contient islam ou salam, « la paix »). Les musulmans (muslimines) sont les « vrais croyants ». On voit d’emblée que muslim a deux sens : il veut dire musulman au sens ordinaire du terme, qui indique une religion, ou une identité, et il veut dire pacifié, apaisé. Il n’y a pas de notes en bas de page dans le Coran pour dire que, dans certains cas, muslim veut dire musulman au sens habituel et, dans d’autres cas, « soumis à Dieu » (ou « paisible » ou « pacifié ») ; les deux sens sont inséparables, c’est voulu ainsi, puisque le mot muslim, musulman, signifie « soumis » à Dieu (Allah).
 
Et pour nous qui ne sommes pas « croyants » en ce sens, qui ne sommes pas des muslimines, qu’est-ce que cela signifie ?
 
Le Coran appelle les siens à « combattre » ceux qui refusent cette « soumission » et qui sont donc des « insoumis », des mécréants (des kafirines, des kuffars) ; ceux qui refusent d’être des musulmans, qui refusent l’islam. En principe, et sauf exceptions, le Texte ne prévoit pas qu’on puisse être soumis à Dieu sans être musulman ; être soumis ou pacifié ou apaisé, c’est être musulman. L’ensemble des musulmans s’appelle la Oumma, la communauté des croyants. Le terme se précise assez vite : les croyants sont ceux qui croient en Allah et en son Envoyé (Mohammed)1.
 
Alors quel est le contenu de cette croyance ? Qu’apporte de nouveau Mohammed par rapport aux autres « envoyés » supposés, comme Moïse, les prophètes bibliques ou Jésus ?
 
Le Coran dit qu’il ne fait que « confirmer » (moussaddiq) les paroles divines qui sont « descendues » (ounzilat) sur ces autres prophètes. Le génie de Mohammed, c’est que, par le seul agencement de ce que l’on sait déjà, venant de la Bible et de l’Évangile, il crée un système nouveau, auquel adhère la Oumma, le Parti des vrais croyants.
 
Un moment ! il y a déjà là une sorte de miracle : ce savoir venant de la Bible lui est tombé du ciel par la voix d’un ange ; il en ignorait tout, puisqu’il était analphabète.
 
Il ne l’ignorait pas ; tous les spécialistes s’accordent pour dire qu’il a fréquenté – et sans doute beaucoup appris – des rabbins ; il a aussi reçu des contenus bibliques, certes approximatifs, via les marchands juifs et chrétiens qu’il côtoyait sur de longs trajets, car il était caravanier. Cela n’exclut pas qu’il ait eu une inspiration, une révélation, qui concerne moins le contenu que le projet qu’il a conçu, totalisant et grandiose : englober tout le monde, non seulement les idolâtres (d’Arabie ou d’ailleurs) mais les juifs, les chrétiens, les athées. Il a dû être soulevé, voire emporté par l’idée du Dieu unique, à travers les récits bibliques, et il a pu penser que lui, avec un tel message, pourrait faire beaucoup mieux : amener tous les hommes à cette « soumission », à cette « paix », donc à l’« islam ». On voit le rôle crucial de l’appellation muslim, qui est plus qu’un jeu de mots : elle fonde l’islam sur les prophètes bibliques, Jésus inclus, qui sont posés comme musulmans, puisqu’ils sont « soumis à Dieu ». Dire qu’ils sont soumis à Dieu n’apprend rien à personne, on se doute bien qu’ils l’étaient, en revanche, les appeler musulmans, c’est très fort. Dans la Bible, ils sont hébreux ou juifs, dans le Coran ils sont muslimines, bien qu’ils aient vécu des siècles et parfois plus d’un millénaire avant Mohammed qui a « lancé » le mot musulman. Le Coran appelle ses fidèles à pacifier le monde, c’est-à-dire à le faire entrer dans la « vraie » croyance, celle qui fait d’eux des musulmans. Même si le mot islam ne figure que sept fois dans le Coran, l’appel à être musulman, à être un « vrai » croyant, est partout. Sous des formes parfois subtiles ; par exemple, dans la sourate 2 verset 128, Abraham et son fils Ismaël font cette prière à Allah : « Fais de notre descendance une communauté de musulmans. » Allah, bien sûr, agrée leur prière, mais c’est une façon délicate d’écarter de la descendance d’Abraham les non-musulmans, vu que ce ne sont pas des vrais croyants. Mohammed (ou son Dieu) opère comme un détournement : le flux de la « vraie » croyance part des prophètes bibliques, contourne les juifs et les chrétiens, puisqu’ils ne sont pas musulmans, et se retrouve chez les vrais croyants, ceux de la Oumma. Ces derniers font ainsi la jonction avec les premiers, avec les prophètes hébreux (« musulmans »), ce qui laisse en rade, comme un corps étranger, les « descendants » de ces Hébreux antiques, par exemple les juifs et les chrétiens du temps de Mohammed et d’aujourd’hui qui ne croient pas en Mohammed et en sa version du message.
 
Et qu’est-ce qu’il en dit précisément, de ces juifs et chrétiens de son temps, ou de leurs semblables d’aujourd’hui ?
 
Puisque ce sont des insoumis, des incroyants, c’est qu’ils trahissent leurs ancêtres comme Abraham, Isaac, Jacob, David, Jésus – qui, eux, étaient musulmans2. S’ils restent juifs ou chrétiens, et refusent d’être musulmans, ce sont des mécréants (des kafirines). Et une grande partie du Coran est consacrée à menacer les incroyants.
Ce mot muslim est donc une belle trouvaille, puisque, par une simple équivoque dans le Texte arabe, il islamise les grands Hébreux, et il dénonce leurs descendants récalcitrants.
 
Oui et, dans les traductions, le fait de rendre muslim par « soumis » dissimule cette équivoque, puisqu’elle fait d’Abraham, de Moïse ou de Jésus des gens « soumis » à Dieu, ce qui n’apporte rien, alors que le texte original dit qu’ils sont musulmans, muslimines.
 
Et si on traduit autrement ?
 
Certains récusent la traduction de muslim par « soumis », et choisissent de traduire par « apaisé » ou « protégé », mais cela n’empêche pas l’équivoque. Pour vraiment la cacher, et pour être cohérentes, ces traductions risquent de faire disparaître le signifiant musulman du Coran, ce qui est gênant : cela revient à effacer les « musulmans » de leur propre Livre. En outre, cela ne change pas le problème. Si on traduit muslim, c’est-à-dire « musulman », par « apaisé » ou « protégé », ou par tout autre sens – appelons-le « x » pour le laisser ouvert, sachant qu’il évoque l’excellence –, le problème demeure : les premiers Hébreux bibliques, Jésus compris, sont des « x », mais leurs descendants, pour l’être aussi, doivent s’islamiser. Pour devenir apaisés, protégés ou excellents, c’est-à-dire musulmans, il faut qu’ils entrent dans l’islam, sinon ils sont maudits.

2

La malédiction


Pourquoi maudits ? Vous dites que le Coran maudit les juifs et les chrétiens ?
Mais c’est normal dans sa logique, puisque la valeur suprême, c’est la croyance en la parole divine telle qu’elle est dite par Mohammed. S’ils la refusent, notamment s’ils refusent ce point crucial, son prophète Mohammed, alors le Dieu qui lui parle dans le Coran les rejette. Il le fait directement, en disant que ce sont « des injustes », « des hypocrites », qu’ils sont « maudits » par Allah puisque c’est lui qui parle ; ce sont « des pervers » (3, 110) : « Vous [les musulmans] êtes la meilleure communauté, vous croyez en Allah, vous ordonnez ce qui convient, vous éloignez du mal, et si les “gens du Livre” [les juifs et les chrétiens] croyaient, ce serait meilleur pour eux, il y a des croyants parmi eux, mais la plupart d’entre eux sont pervers1. » (Remarquez, en passant, les exceptions : « pour la plupart », ou « sauf quelques-uns ».) Il y a aussi le rejet indirect : ce sont des incroyants, or Allah maudit les incroyants2.
Mais dans la Bible aussi, d’après ce que j’en sais, il y a beaucoup de malédictions.
C’est vrai, contre les Hébreux s’ils rejettent la Torah ; ici, c’est contre les autres qui rejettent le Coran ; notamment contre les « gens du Livre » qui ne veulent pas de l’islam.
Mais dire cela, n’est-ce pas une forme d’incitation à la haine ?
« Dire cela », qu’entendez-vous ? Le fait que ce soit dit par le Coran ?
Non, le fait que vous disiez que c’est dit.
C’est un fait que, dans les pays arabes, pendant des siècles, dire qu’il y a dans le Coran des attaques contre les juifs et les chrétiens ne faisait pas question, puisque c’est vrai. En revanche, dire qu’il s’y trouve des choses discutables était perçu comme une « insulte » à la religion. Objecter à cette religion, c’était comme l’insulter. Mais en Europe, aujourd’hui, on n’en est pas là, en principe ; en tout cas, posons que la recherche est possible, et qu’on peut tenter de comprendre comment s’agence un dispositif symbolique de la plus haute importance, dans son rapport avec les autres. C’est au temps de Galilée qu’on dénonçait une recherche parce qu’elle pouvait contredire les Textes sacrés. En outre, nous essayons de comprendre ce qui est dit dans le Coran, et comment c’est structuré. Nous étudions une forme vivante, dans sa propre dynamique, sans égard à ce que nous pouvons en penser. D’accord ? D’ailleurs, ce n’est pas notre lecture qui importe, c’est celle qu’en font les musulmans, qui fut assez claire et agissante dès l’époque de Mohammed et dans les siècles qui suivirent, jusqu’à nos jours.
Soit ; alors reprenons la question de fond : pourquoi cette violence contre les gens du Livre, si Mohammed ne fait que confirmer leur message, sans rien ajouter de nouveau ?
C’est plus complexe, ca...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Titre
  3. Copyright
  4. 1 - Un jeu de mots génial
  5. 2 - La malédiction
  6. 3 - La signature essentielle
  7. 4 - La vindicte nécessaire
  8. 5 - Le djihad
  9. 6 - Le contexte et l’origine
  10. 7 - La force de l’incantation
  11. 8 - Reprises et retournement
  12. 9 - Le nœud stratégique
  13. 10 - Un support narcissique parfait
  14. 11 - Violence et paix indissociables
  15. 12 - L’amalgame inévitable
  16. 13 - Une greffe réussie
  17. 14 - « Parole commune » difficile
  18. 15 - Paradis et enfer
  19. 16 - Des auteurs musulmans audacieux
  20. 17 - Spiritualité
  21. 18 - Une dure contradiction
  22. 19 - L’extrémisme, une « maladie » de l’islam ?
  23. 20 - Le « vrai islam »
  24. 21 - Le piège de la double contrainte
  25. Rebond avec un historien
  26. Table
  27. Du même auteur