Effusions et tourments, le récit des corps
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Effusions et tourments, le récit des corps

Histoire du peuple au XVIIIe siècle

  1. 256 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Effusions et tourments, le récit des corps

Histoire du peuple au XVIIIe siècle

À propos de ce livre

« C'est le souffle des corps anonymes et peu aisés du XVIIIe siècle qui sera retranscrit ici. Là frissonne quelque chose. Le corps des précaires possède une présence et une actualité qui en disent long sur la vie d'autrefois. Tenter l'approche historique et politique de cette partie matérielle des êtres animés confirme au corps son infinie noblesse, sa capacité à créer avec l'histoire et malgré elle. Cela coûte des rires et des cris, des gestes et des amours, du sang et des chagrins, de la fatigue aussi. Le corps, son histoire et l'histoire ne font qu'un. » A. F. Se fondant notamment sur les archives de police du XVIIIe siècle auxquelles mieux que personne elle sait rendre vie, Arlette Farge donne voix aux attitudes et aux gestes, aux paroles, aux émotions que trahissent les menus incidents de rue. Tel un peintre, elle reconstitue un tableau des petites gens de Paris qui ouvre sur une histoire du peuple en chair et en os. Auteur notamment de La Plus Belle Histoire du bonheur, du tome 3 de l'Histoire des femmes ou encore du Goût de l'archive, l'historienne Arlette Farge est directrice de recherche au CNRS. Elle enseigne à l'École des hautes études en sciences sociales.

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Informations

Éditeur
Odile Jacob
Année
2007
Imprimer l'ISBN
9782738119254
Chapitre 1
C’est quoi le peuple ?
Une obsession des contemporains
« Quand on songe qu’il y a à Paris près d’un million d’hommes entassés sur le même point, et que ce point n’est pas un port de mer, il y a vraiment de quoi frémir sur la future subsistance de ce peuple. […] Comment remédier à cette foule de nécessiteux, qui n’ont d’autre gage de leur subsistance que dans le luxe des grands1 ? »
Les observateurs des rues de Paris, ainsi que certains mémorialistes, n’évitent pas la description stupéfiée ou amusée, parfois horrifiée des corps qu’ils voient vivre, travailler, aimer et mourir. Ayant fenêtre sur rue (parfois au sens littéral du terme2), un peu à la façon d’un Georges Perec assis sur une borne place Saint-Sulpice à Paris, ils écrivent comme ils dessinent, peignent à foison les milieux populaires, entraînés par le spectacle d’un dehors encombré et profus, chaotique aussi. Être chroniqueur, c’est regarder son temps avec l’esprit critique, en soulignant de la plume les faiblesses, les indignités, injustices et curiosités données à voir. Sur les corps, le regard est assidu et fasciné, inquiet aussi, si bien que les tableaux ou observations qui en ressortent fourmillent de jugements plus ou moins sévères, de notations sous forme de blâme, de commentaires moraux plus ou moins dépréciateurs. La prose des témoins relève autant de l’observation sociologique, dirait-on aujourd’hui, que du discours moral et politique : un discours qui, s’il n’épargne pas le peuple, se permet d’acerbes critiques sur bien d’autres domaines. L’Église, la monarchie, les hommes de justice et de police ou même l’esprit public sont des cibles privilégiées.
Le lieutenant général de police Lenoir écrira ses « Mémoires » jusqu’ici restés inédits après avoir quitté ses fonctions en 17703. Louis-Sébastien Mercier, le plus fameux des chroniqueurs du XVIIIe siècle, écrit son Tableau de Paris entre 1782 et 17894. Le libraire Siméon-Prosper Hardy, armé d’un regard perçant, note au jour le jour petits et grands événements, sans souci, pense-t-on, de publication, ce qui n’était pas le cas de L.-S. Mercier. Tous trois hommes des Lumières, ils témoignent de leur temps, et leurs annotations ou récits détiennent une vraie complexité de pensée sur le corps du peuple.
Sous l’Ancien Régime et, plus encore, sous la Révolution les scripteurs « pensent l’abstraction par la métaphore, ils ont, par exemple, donné à leur compréhension de l’individu, de la communauté humaine, et même de l’univers la figure du corps humain. Leur langue, même la plus philosophique ou la plus juridique, est chargée de ces images5 ». Si leur cadre intellectuel est ainsi formé, leur appréhension d’ensemble de la population, tous membres réunis, est celle d’un corps dont la tête est la personne du roi. Du haut en bas du corps s’égrènent les tempos de la hiérarchie sociale, mais la tête irrigue de sa puissance et de son savoir les autres membres des classes sociales. Dans cette perspective, le peuple pauvre est la partie basse du corps, celle qui obéit et se trouve sous le joug de la royauté et de son système social et économique. Dans cet univers vivant, puisque l’idée de corps est une métaphore sociale, la masse des personnes défavorisées se meut sans qu’il lui soit accordé ni pouvoir, ni pensée, ni même intelligence. Aussi est-il fort naturel pour les chroniqueurs que cette partie basse du monde social soit aux prises avec les passions les plus inouïes et les plus controversées : « La corporéité de la société se trouve placée à la fois en rapport avec l’individu-corps singulier et avec l’univers-corps pluraliste, dans des relations homogènes et complexes6. »
Dans les écrits des chroniqueurs, l’individu comme corps singulier est fort décrit, mais enfoui dans une série continue d’anecdotes, de faits extraordinaires, de récits de crimes et de rapines, de superstitions aussi. Le voici dépeint, soumis à la veulerie, à l’ivresse et à la débauche, voire à la décrépitude. À travers ces portraits, les auteurs cherchent à dénoncer ou à découvrir ce qui a pu créer de tels êtres sans culture ni tenue, et quelles élites ou institutions ont pu les corrompre ou les abîmer à ce point. L’heure n’est pas encore à la Révolution de 1789 qui, à tout prix, cherchera à régénérer l’ensemble du corps social, à créer un corps et un homme nouveau, sain et souverain. Leur réflexion est double : une « ignominie » populaire de fait coexiste avec des responsabilités venues d’en haut. L’influence de ces textes a été et reste considérable, et le piège qu’ils tendent est de donner à ceux qui les lisent un sentiment de véracité et de réalité absolues.
Les historiens eux-mêmes, en se servant de ces récits, ont souvent repris à leur compte ces définitions du corps populaire, sans esprit critique, si bien que, dans leurs propres travaux, ils ont rejoué sans le savoir cette partition douloureuse et fausse à propos de corps du peuple bestialisés, instinctifs, prompts à la révolte, incapables d’avoir conscience de la chose publique. La vision négative du monde populaire n’est pas récente, mais les stéréotypes se sédimentent les uns au-dessus des autres et finissent par construire une fable, oscillant entre le misérabilisme, le dégoût et la compassion.
Or les écrits de Lenoir, Hardy, Mercier qui ne sont pas d’exacts reflets de la réalité, disent davantage qu’on ne le croit. La question que l’on est en droit de se poser en les lisant est la suivante : les hommes et les femmes du peuple ont-ils été aussi soumis qu’on le pense à leurs représentations ? L’écart perçu entre ce qui est écrit sur eux et ce qu’ils vivent n’est-il pas un moyen de reprendre une à une les idées reçues ? Leurs émotions et leurs formes de rébellion n’auraient-elles été que le produit brut de leur fruste animalité ? Plus encore, la lecture approfondie des chroniques ne laisse-t-elle pas entrevoir du doute et de l’indécision chez les écrivains eux-mêmes, et ne permet-elle pas d’envisager qu’ils ne s’alignaient pas sur la doxa traditionnelle en un endroit sans doute peu conscient de leur pensée ? Si c’était le cas, leurs écrits n’offrent-ils pas une possibilité supplémentaire pour les gens du peuple de n’être pas tout à fait ce qu’on disait qu’ils étaient ? Cette hypothèse, si elle ne change pas le cours des choses, en transforme du moins l’interprétation.
Par petites touches, de façon insensible ou claire, les tableaux, notes et chroniques font apparaître quantité d’ajustements compétents et précis s’organisant entre les corps pauvres et le monde. Chacun à leur manière, les trois scripteurs n’occultent ni ne cachent, au détour d’une phrase, les inattendues possibilités des corps, leurs expériences sensuelles face à autrui et aux événements. De même, ils ne peuvent oblitérer les processus de connaissance, de pensée et de volonté de dépassement que manifeste l’ensemble des corps et des existences (être corps, c’est exister). Mouvement permanent, l’existence quotidienne donne aux corps des hommes et femmes, la capacité d’assumer et affronter l’événement, « aucune de ses pensées ne pourra être tout à fait détachée du contexte historique où il vit7 » et du drame économique et social qu’il déchiffre jour après jour. Si ces mémorialistes, sans l’avoir voulu, écrivent réellement une histoire des corps, il leur arrive d’échapper aux présupposés et aux jugements convenus. À leur corps défendant, les descriptions débordent de la définition qu’ils croient en donner, et de l’assignation sociale et morale imposée. Finalement, non seulement ils sortent de la toile du peintre, mais la déchirent. Animés par la structure tragique de l’histoire, ils cassent le cadre et, en quelque sorte, regardent de face le lecteur, exposés au monde, simultanément façonnés par lui et aptes à créer des mécanismes d’indocilité et de réflexion, de sociabilité qui prouvent et leur savoir et leur conscience, s’échappant des définitions trop faciles. Cela ne signifie pas que le peuple échappe à sa condition, ni à l’infinie difficulté des situations dans lesquelles les corps se trouvent, mais la description des habitudes gestuelles, de la manière dont il investit son corps et est investi par lui, dont il reçoit souffrances, maladies et capte les possibilités de résister, laisse à penser. On le voit inventeur de ses capacités ; dans les interstices des textes des mémorialistes se lit un espace de liberté dont il a sûrement profité, même s’il n’a pas lu le Tableau de Paris de L.-S. Mercier, mais – on le sait – l’interaction entre les esprits et les corps est un élément sûr de la vie en société.
Malgré l’austérité de plume du lieutenant général de police Lenoir, la morale stricte du libraire Hardy, et à l’aide de la plume chatoyante et contradictoire de Mercier, le corps du peuple s’échappe des tableaux convenus. Ici se photographient des êtres connaissant « par corps8 » le monde qui les entoure, construisant autant de « réalités » ou situations nouvelles que celles en place. Avec le souci idéel et pratique d’exister hors de leur assignation sociale, ils investissent leur histoire ; les auteurs, peu ou prou, en sont les témoins discrets.
Voltaire s’exprime sur l’égalité : on y lit qu’une société ne peut faire autrement qu’être divisée en deux classes, « l’une des riches qui commandent, l’autre des pauvres qui servent ». Il ajoute : « Tous les pauvres ne sont pas malheureux. La plupart sont nés dans cet état et le travail continuel empêche de trop sentir leur situation ; mais quand ils la sentent, alors on voit des guerres9. » Cette phrase est l’exemple de l’ambiguïté : le travail empêche de « sentir » ; si par hasard le corps du pauvre ressent par trop la misère, il fait « la guerre ». Mais rien n’est dit de ce qui peut permettre au pauvre de ressentir. Deux idées contraires coexistent ici : un pauvre, si quotidiennement habitué au malheur, ne peut ressentir ; mais si, malgré cette anesthésie due à sa culture de pauvre, il parvient à souffrir et à s’en rendre compte, il pense à se rebiffer. Voltaire apporte la preuve de la place éminente des émotions et des bouleversements des corps, capables de produire de la révolte, de penser la riposte, d’aller au-delà des sensations immédiates et des soumissions froides pour rejoindre des décisions et des moments précis d’activités. Si Voltaire se permet d’écrire ceci, c’est qu’il a déjà l’idée de la possibilité qu’ont les pauvres de convertir leurs sensations en pensées et en actes. Cela signifie peut-être que les penseurs des Lumières n’étaient pas forcément dupes des discours qu’ils tenaient sur le peuple.
Les mémoires du lieutenant général de police parisien Jean-Charles-Pierre Lenoir (1732-1807)
À deux moments, J.-C.-P. Lenoir fut lieutenant général de police de Paris, une première fois entre l’année 1774 et le mois de mai 1775, puis, plus tard, pour une plus longue période, entre 1776 et 1789. La Révolution le fait quitter la capitale. Dès lors, de 1790 à 1807, date de sa mort, il rédige ses Mémoires. Il ne s’agit pas d’une œuvre d’écrivain : ce qu’on appelle familièrement les « papiers Lenoir10 » (ils sont encore manuscrits et connus des seuls historiens de la période) ressemblent un peu à un traité de police, à la seule différence qu’ils sont commentés et nourris de réflexions et de jugements personnels sur l’état des choses. De même sont-ils colorés de justifications a posteriori des manières de gouverner qu’il avait empruntées. Bientôt édités11, ils balisent la succession des divers objets de police auxquels Lenoir s’est trouvé confronté : cela va, comme dans le fameux Traité de la police de Delamare12, de la religion au sort des pauvres, de la tranquillité publique à la voirie, en passant par la sûreté et l’arrivage des vivres. À la fin de ses Mémoires, Lenoir exprime ses réflexions : tantôt il se justifie de certaines décisions controversées en son temps, tantôt il compare la situation des années 1780 à celles du Consulat et de l’Empire sous lesquels il vit encore. Ce ne sont donc ni des observations, ni des chroniques. D’ailleurs, le lieutenant général a fait l’objet de nombreuses critiques passionnées au temps même où il se trouvait en exercice. Disgracié par Turgot au moment de l’émeute pour le pain de 1775 (guerre des farines), puis de retour aux affaires un an plus tard, il connaît les aléas, faveurs et défaveurs de son métier. Parti en exil au moment de la Révolution, c’est un homme blessé à la mémoire empreinte de ressentiment couplé avec de la nostalgie. Pourtant, avant 1789, il avait déjà été l’objet de critiques de ses contemporains, dont celles de S.-P. Hardy dans « Mes loisirs ». Compromis dans ce qui s’appela le complot de famine13, il incarne pour beaucoup les dévoiements de la police et sa corruption.
Ses Mémoires ne peuvent être lus sans un minimum de précautions, même s’ils contiennent de nombreuses informations sur les débats politiques et économiques de l’époque, ainsi que sur l’état de la vie parisienne et de l’opinion publique. De plus, ils sont inachevés, et parfois restés sous forme d’apparents brouillons. Trois boîtes d’archives les enferment, la dernière composée de résidus et de fragments. C’est sans doute cet inachèvement qui permet de voir s’échapper sous la plume de l’ancien lieutenant général de police en exil et en mal de légitimation des indications précieuses sur les corps de ceux qu’il a administrés, surveillés, régis ou réprimés.
Lenoir n’est pas homme à s’attendrir devant le peuple qu’il appelle « populace ». Son amertume au moment où il écrit, sa haine de la Révolution, sa parfaite connaissance des milieux les plus louches lui fournissent une écriture sévère. Sévérité intéressante pour capter les moments stratégiques où il laisse apercevoir quelques-unes des volontés de corps les plus démunis. Dès l’avant-propos, il se met lui-même en situation. L’exil est une immense tristesse pour celui qui, dit-il, a servi « le peuple en servant bien le roi ». Il en donne pour preuve ses larmes lorsqu’il fut démis : « [Le peuple] m’avait pleuré lorsqu’en 1775 je fus obligé de me démettre de cette magistrature et […] semblait se féliciter plus que moi lorsque le roi me fit le séduisant et dangereux honneur de m’y rappeler. Ils me sont doux ces regrets qui me suivirent. Je n’ai pu les oublier14. »
Peuple aimé, peuple aimant : avec la distance, Lenoir se penche sur ces larmes et cette joie qui l’accompagnèrent. Loin de lui ici, pour des raisons dues à la stratégie policière comme à la distance, l’idée d’accabler le peuple que pourtant il n’aimait guère. À ce moment précis de son récit, ni les larmes ni les applaudissements ne sont pris comme des moments hystérisés tels qu’ils le furent fréquemment ailleurs et pour d’autres occasions. D’après ce qu’il transcrit, ces manifestations émues n’ont rien d’épidermique et existent à bon escient puisqu’en fin de compte, c’est à sa personne qu’elles s’adressent. Ceci est un premier aveu de la reconnaissance de quelques types d’émotions populaires. Plus loin15, lorsqu’il prend pour objet de réflexion ce qu’il appelle « la discipline des mœurs », sa description fait acte de reconnaissance a posteriori des qualités du monde populaire, à travers ses gestes fidèles et l’expression de son cœur, et semble excuser ses défauts.
« Dans une ville […] où les événements se succèdent à chaque instant, où les passions ne reposent jamais et où il existe nécessairement parmi ses habitants une différence d’habitudes et de manières de vivre, il est impossible de maintenir une égale et exacte discipline des mœurs. » Une fois constaté cet état de fait où Lenoir, malgré tout,...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Titre
  3. Copyright
  4. Préambule
  5. Introduction
  6. Chapitre 1 - C’est quoi le peuple ? Une obsession des contemporains
  7. Chapitre 2 - Une « marmite de sons » : le bruit, la parole, la voix
  8. Chapitre 3 - Voisiner et faire chemin Habiter l’espace
  9. Chapitre 4 - Foules et effusions
  10. Chapitre 5 - Parler des corps
  11. Chapitre 6 - Enfants abandonnés et corps malmenés
  12. Conclusion
  13. Remerciements
  14. Bibliographie
  15. Du même auteur