Les Visiteurs du soi
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Les Visiteurs du soi

À quoi servent les psys ?

  1. 368 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Les Visiteurs du soi

À quoi servent les psys ?

À propos de ce livre

« La psychiatrie et la psychologie font désormais partie de notre panorama quotidien. Elles sont révélatrices des inquiétudes, des désirs et des attentes d'un nombre croissant d'hommes et de femmes. Encore marginales il y a trente ans, les psychothérapies se banalisent au point d'apparaßtre comme un phénomÚne de société. Mais la recherche de soi passe-t-elle nécessairement par la rencontre avec un psy ? AprÚs tout, l'humanité a bien vécu sans psy durant des millénaires et elle s'en est trÚs bien portée. Que doit-on attendre réellement des psychothérapies ? Et comment se servir au mieux des psys ? » J. C. Psychiatre, enseignant à l'université Lyon-I, Jean Cottraux dirige l'Unité de traitement de l'anxiété de l'hÎpital neurologique au CHU de Lyon. Ancien président de l'Association européenne de thérapie comportementale, Founding Fellow de l'Académie de thérapie cognitive de Philadelphie, il a notamment publié Les Ennemis intérieurs et La Répétition des scénarios de vie.

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Informations

Éditeur
Odile Jacob
Année
2004
Imprimer l'ISBN
9782738113603
ISBN de l'eBook
9782738176288
TroisiĂšme partie
Les psychothĂ©rapies au banc d’essai


Chapitre VII
Le fardeau de la preuve

« Ce que nous connaissons nous empĂȘche
de connaßtre ce que nous ne connaissons pas. »
Bram STOKER
L’évaluation des psychothĂ©rapies est un sujet qui fĂąche en France, car elle confronte une image souvent idĂ©alisĂ©e du psy Ă  la rĂ©alitĂ© de son pouvoir et parfois de son impuissance. La question est rarement abordĂ©e et souvent remplacĂ©e par de longues dissertations thĂ©oriques ou des affirmations pĂ©remptoires. Pourtant, il paraĂźt normal que le consommateur de psychothĂ©rapie soit au courant de ce qu’il va utiliser pour son mieux-ĂȘtre.
L’évaluation des psychothĂ©rapies a donnĂ© lieu Ă  des milliers de publications dans le monde et une bonne centaine d’ouvrages Ă  l’étranger, oĂč les recherches systĂ©matiques ont commencĂ© dĂšs la fin des annĂ©es 1950. Ces recherches ont pris un nouvel essor autour de 1977, aprĂšs le premier choc pĂ©trolier, quand la progression des coĂ»ts de santĂ© a amenĂ© plusieurs pays Ă  se poser la question du remboursement des psychothĂ©rapies par le tiers-payant en fonction du rapport coĂ»t/efficacitĂ©.
Que faut-il évaluer ?
Notre pays a longtemps Ă©vitĂ© ce problĂšme, jusqu’à une date rĂ©cente oĂč des travaux de synthĂšse ont Ă©tĂ© publiĂ©s sur l’anxiĂ©tĂ© gĂ©nĂ©ralisĂ©e et la dĂ©pression aboutissant Ă  des recommandations pour la pratique clinique151, 152.
Le retard français
Peu de recherches contrĂŽlĂ©es sur l’évaluation des psychothĂ©rapies ont Ă©tĂ© publiĂ©es par des Français aussi bien sur la scĂšne nationale qu’internationale. Ce retard n’est que le reflet d’un retard plus global de notre pays dans le domaine de la psychiatrie et de la psychologie, comme le montre une enquĂȘte effectuĂ©e par Fava153, qui mesure l’impact d’un pays sur la scĂšne internationale par le nombre de fois oĂč les articles Ă©crits par des chercheurs français sont citĂ©s dans les revues internationales.
images
Quoi, comment, pour qui, par qui et pourquoi ?
Paul154 a prĂ©sentĂ© d’une maniĂšre concise l’ensemble des questions que soulĂšve l’évaluation des effets thĂ©rapeutiques et des processus en jeu dans les psychothĂ©rapies : « Quel traitement, par quel thĂ©rapeute, est le plus efficace, pour quel sujet, dans quel problĂšme, dans quelles circonstances, et comment ? » Cette simple phrase ouvre sept grandes directions de recherche :
1. Définir avec précision les traitements.
2. DĂ©finir l’efficacitĂ© thĂ©rapeutique.
3. Définir les problÚmes psychologiques en termes opérationnels.
4. Définir les sujets en termes opérationnels.
5. Définir les comportements et les attitudes psychologiques qui ont un effet psychothérapique.
6. Définir comment agissent les traitements.
7. DĂ©finir les conditions d’environnement qui permettent aux traitements d’agir.
Les méthodes pour évaluer les psychothérapies
DĂ©velopper un programme de recherche, c’est prendre le risque de voir ses croyances contredites. Comme l’a montrĂ© Karl Popper155, la recherche scientifique est beaucoup moins la quĂȘte de la vĂ©ritĂ© que la mise en place de dispositifs dont le but est d’éliminer progressivement les erreurs. On dispose actuellement de plusieurs mĂ©thodes156.
— Les Ă©tudes de cas individuels. Simples histoires sans mesure permettant d’évaluer le changement, elles ne prĂ©sentent qu’un intĂ©rĂȘt limitĂ©.
— Les cas individuels et les sĂ©ries de cas identiques qui sont traitĂ©s de la mĂȘme maniĂšre. Ils sont Ă©valuĂ©s avant et aprĂšs traitement, puis aprĂšs un suivi plus ou moins long.
— Les protocoles de cas individuels. Ils Ă©valuent par des mesures rĂ©pĂ©tĂ©es les changements par rapport Ă  l’état initial ou bien comparent des phases de traitement et de non-traitement157.
— Les protocoles contrĂŽlĂ©s et les Ă©tudes comparatives. C’est le noyau dur de la recherche sur le comportement humain. En gĂ©nĂ©ral, on compare une thĂ©rapie que l’on pense active et un placebo, aprĂšs avoir attribuĂ© au hasard les patients entre chacun des deux groupes.
La plupart des projets comparant une thĂ©rapie Ă  un groupe contrĂŽle placebo ou une autre thĂ©rapie reposent sur l’utilisation d’échelles multiples mesurant les symptĂŽmes cibles, les syndromes, la personnalitĂ©, auxquelles s’ajoutent souvent des Ă©chelles mesurant la relation thĂ©rapeutique ou la qualitĂ© de l’alliance thĂ©rapeutique et d’autres Ă©chelles encore mesurant la croyance des thĂ©rapeutes et des patients face Ă  un traitement tirĂ© au sort. Dans certaines Ă©tudes, on effectue, en outre, des mesures de paramĂštres biologiques, ou neurophysiologiques ou encore des mesures du fonctionnement cĂ©rĂ©bral (camĂ©ra Ă  positons, IRM fonctionnelle).
Effet placebo et psychothérapie
Toute thĂ©rapie qui prĂ©tend avoir une efficacitĂ© spĂ©cifique doit faire la preuve qu’elle est supĂ©rieure soit au passage du temps (c’est-Ă -dire au processus spontanĂ© d’autoguĂ©rison), soit Ă  un traitement placebo. On parle de placebo (« je dois plaire ») pour toute mĂ©dication prescrite plus pour plaire au patient que pour lui ĂȘtre utile. En psychothĂ©rapie, on appelle placebo une substance ou une procĂ©dure sans activitĂ© spĂ©cifique pour le trouble psychologique Ă©tudiĂ©. Cet effet psychologique trouve une inscription dans le systĂšme nerveux.
Neurobiologie du placebo
Une Ă©tude a comparĂ© l’effet placebo Ă  l’effet des antidĂ©presseurs. La camĂ©ra Ă  positons mesurait le mĂ©tabolisme du glucose chez des hommes qui avaient Ă©tĂ© hospitalisĂ©s pour un trouble dĂ©pressif et qui recevaient soit un placebo soit de la fluoxĂ©tine selon un protocole de 6 semaines en double aveugle. On a alors constatĂ© que les modifications du mĂ©tabolisme du glucose avaient lieu dans les mĂȘmes rĂ©gions cĂ©rĂ©brales chez les patients amĂ©liorĂ©s sous placebo et chez les patients amĂ©liorĂ©s sous fluoxĂ©tine158. Une influence environnementale peut donc provoquer des changements de fonctionnement cĂ©rĂ©bral similaires Ă  ceux induits par la biochimie.
Le placebo et la psychothérapie
Constituer un groupe contrĂŽle pour Ă©valuer une mĂ©thode de psychothĂ©rapie pose des problĂšmes particuliers. En effet, il est pratiquement impossible de comparer, aprĂšs tirage au sort et en double aveugle, une psychothĂ©rapie active et un placebo inerte sur le modĂšle des Ă©tudes pharmacologiques. D’une part, les phĂ©nomĂšnes relationnels et les attentes des thĂ©rapeutes et des patients sont des composantes actives de toute psychothĂ©rapie. Des attentes favorables vis-Ă -vis d’un traitement nouveau peuvent gonfler les rĂ©sultats, car l’effet placebo sera fort. D’autre part, il n’est pas possible d’ignorer la nature du traitement tirĂ© au sort, car il n’est pas possible d’effectuer une psychothĂ©rapie sans que le thĂ©rapeute et le patient sachent ce qu’elle est : le double aveugle est exclu.
Le contrĂŽle de l’efficacitĂ©
Plusieurs solutions ont Ă©tĂ© proposĂ©es pour rĂ©soudre le problĂšme du placebo en psychothĂ©rapie. Il est possible de comparer la thĂ©rapie que l’on cherche Ă  valider avec diffĂ©rents groupes contrĂŽles, les patients Ă©tant rĂ©partis au hasard entre les groupes et Ă©tant d’accord avec cette procĂ©dure d’attribution des traitements (consentement informĂ©). Parmi les diffĂ©rents groupes contrĂŽles possibles, citons :
— le groupe « attention placebo » avec contact minimum avec un thĂ©rapeute (par exemple une demi-heure tous les quinze jours) ;
— la liste d’attente durant plusieurs mois avec simple contact tĂ©lĂ©phonique ;
— le contrĂŽle par une pseudo-thĂ©rapie prĂ©sentĂ©e comme une vraie thĂ©rapie ;
— la comparaison d’une thĂ©rapie de rĂ©fĂ©rence dĂ©jĂ  validĂ©e Ă  la thĂ©rapie Ă©tudiĂ©e.
Comme il n’y a pas de solution idĂ©ale, il est important de disposer d’une Ă©valuation indĂ©pendante et aveugle aux traitements tirĂ©s au sort ou, du moins, d’évaluer en dĂ©but de traitement la croyance des patients et des thĂ©rapeutes dans le traitement qui a Ă©tĂ© tirĂ© au sort et d’étudier la corrĂ©lation de ces mesures avec les rĂ©sultats.
Relation thérapeutique et résultats des psychothérapies
Un certain nombre de facteurs liĂ©s Ă  l’attitude et au comportement du thĂ©rapeute vis-Ă -vis du patient ont longtemps Ă©tĂ© considĂ©rĂ©s comme thĂ©rapeutiques.
La personne du thérapeute
La force de persuasion, la capacitĂ© Ă  crĂ©er une atmosphĂšre amicale, l’action antidĂ©moralisatrice, la chaleur, l’empathie, l’authenticitĂ© des sentiments, la considĂ©ration positive inconditionnelle du patient : toutes ces qualitĂ©s ont Ă©tĂ© invoquĂ©es. Il faut leur ajouter la compĂ©tence, le statut socioprofessionnel, la crĂ©dibilitĂ©, le dĂ©cor, la cĂ©lĂ©britĂ©. Ces facteurs souvent invoquĂ©s ont, en rĂ©alitĂ©, Ă©tĂ© peu Ă©tudiĂ©s. On tend Ă  leur prĂ©fĂ©rer, actuellement, l’étude de l’alliance thĂ©rapeutique qui renvoie Ă  l’interaction des deux personnes et non Ă  des qualitĂ©s personnelles.
L’alliance thĂ©rapeutique
La notion d’alliance thĂ©rapeutique est due Ă  Freud159. En thĂ©rapie analytique, l’alliance thĂ©rapeutique se rĂ©fĂšre aux aspects les plus rationnels de la relation thĂ©rapeutique et se distingue du transfert qui correspond aux sentiments irrationnels que projette l’analysant sur l’analyste. Luborsky et son Ă©quipe160 ont rĂ©alisĂ© une Ă©tude comparant la thĂ©rapie cognitive associĂ©e au conseil, la thĂ©rapie analytique associĂ©e au conseil, et le conseil seul chez des toxicomanes sevrĂ©s. ThĂ©rapie cognitive et thĂ©rapie analytique se sont rĂ©vĂ©lĂ©es Ă©gales entre elles et supĂ©rieures au conseil seul. Les qualitĂ©s du thĂ©rapeute ne sont pas apparues corrĂ©lĂ©es aux rĂ©sultats ; une bonne alliance thĂ©rapeutique correspondait, en revanche, Ă  un bon rĂ©sultat en thĂ©rapie cognitive ou en thĂ©rapie analytique. La puretĂ© technique Ă©tait un facteur de rĂ©sultat : les thĂ©rapeutes qui suivaient le manuel consciencieusement avaient de meilleurs rĂ©sultats, aussi bien en thĂ©rapie psychanalytique qu’en thĂ©rapie comportementale.
La relation de collaboration
Beck161 a dĂ©fini la relation thĂ©rapeutique en thĂ©rapie cognitive comme une relation de « collaboration empirique » comparable Ă  celle de deux savants travaillant sur un problĂšme commun. Cette relation serait Ă  la base de l’apprentissage. Le changement en thĂ©rapie, cependant, est dĂ» aux capacitĂ©s du patient, pas uniquement Ă  la relation, et il doit se gĂ©nĂ©raliser dans d’autres contextes que la thĂ©rapie. Beck conseille donc de laisser la responsabilitĂ© du changement au patient, sans exagĂ©rer l’importance du rĂŽle du thĂ©rapeute.
Image du patient, image du thérapeute : résultats
Dans une perspective voisine, un travail regroupant plusieurs Ă©quipes françaises162 a Ă©valuĂ© la relation thĂ©rapeutique avec une Ă©chelle composĂ©e de 12 paires d’adjectifs bipolaires permettant de mesurer sur 6 points le thĂ©rapeute vu par le patient et le patient vu par le thĂ©rapeute (cf. Ă©chelle en annexe de ce chapitre).
Méta-analyse des psychothérapies
Lorsqu’un grand nombre d’études contrĂŽlĂ©es ont Ă©tĂ© r...

Table des matiĂšres

  1. Couverture
  2. Titre
  3. Copyright
  4. Sommaire
  5. Introduction - La recherche de soi et le psy imaginaire
  6. PremiĂšre partie - Partir Ă  la recherche de soi
  7. DeuxiĂšme partie - Le psy et son double mythique
  8. TroisiĂšme partie - Les psychothĂ©rapies au banc d’essai
  9. Annexes
  10. Notes et références bibliographiques
  11. Du mĂȘme auteur chez Odile Jacob