Ernest Renan. La science, la religion, la République
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Ernest Renan. La science, la religion, la République

La Science, la religion, la République

  1. 380 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Ernest Renan. La science, la religion, la République

La Science, la religion, la République

À propos de ce livre

Linguiste, philologue, orientaliste, historien, philosophe, publiciste, écrivain, Renan (1823-1892) fut, selon le mot d'Anatole France, « l'un des plus vastes génies de son temps ». La probité intellectuelle était pour lui une vertu première. Ses livres et ses conférences – L'Avenir de la science, Vie de Jésus, Qu'est-ce qu'une nation ?, etc. – ont fait de lui une figure centrale de la vie scientifique et intellectuelle française de la seconde moitié du XIXe siècle. Toutes les tensions de son époque s'y reflètent : science et religion, peuple et élite, vérité et démocratie, diversité des cultures et universalité de la raison. Ce sont encore les nôtres. À l'occasion du cent cinquantième anniversaire de sa leçon inaugurale, en octobre 2012, le Collège de France a voulu lui rendre hommage.?Replaçant sa pensée et ses travaux dans leur contexte scientifique, culturel et politique, mettant en lumière leur originalité et leurs apports à la connaissance et au débat intellectuel, dégageant les erreurs et les acquis, les impasses et les voies novatrices, les idées dépassées et celles qui valent qu'on y revienne, cet ouvrage propose ainsi un état des lieux en profondeur de l'héritage de Renan. Henry Laurens est professeur au Collège de France, chaire d'histoire contemporaine du monde arabe. Il est notamment l'auteur de La Question de Palestine (1999-2007) et d'Histoires orientales (2009). Contributions de Jean Balcou, Sophie Basch, Corinne Bonnet, Dominique Bourel, Jacques Bouveresse, Dominique Charpin, Antoine Compagnon, Denis Knoepfler, Alain de Libera, Jean-Noël Robert, Thomas Römer, Pierre Rosanvallon, John Scheid, Perrine Simon-Nahum, Céline Surprenant, Claudine Tiercelin, Tobie Zakia, Michel Zink. 

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Informations

Éditeur
Odile Jacob
Année
2013
Imprimer l'ISBN
9782738130280
ISBN de l'eBook
9782738175632
II
Histoire et archéologie


Renan, un sémitisant au berceau de l’assyriologie

par DOMINIQUE CHARPIN
Que deviendront les études sérieuses, si elles n’ont au Collège de France un sanctuaire inviolable1 ?
Renan fut indubitablement un grand sémitisant. Mais, en dépit de sa vaste curiosité intellectuelle, ses rapports avec l’assyriologie alors naissante – et avec les assyriologues de son temps – ne furent pas au centre de sa vie scientifique. En témoigne, par exemple, l’absence du nom de Jules Oppert, le plus célèbre assyriologue d’alors, dans la plus récente biographie consacrée à Renan2. C’est à cette sorte d’énigme que sera consacrée la présente contribution. Il faut pourtant d’emblée souligner un fait qui semble ignoré : c’est Renan qui a donné aux spécialistes des écritures cunéiformes le nom d’assyriologues, qu’ils portent toujours. Dans le Journal des savants de 1859, il se réfère à « MM. les assyriologues » et ajoute en note :
Je demande la permission d’employer ce mot, nécessaire pour éviter de longues périphrases et que l’analogie du mot égyptologue semble autoriser3.
Le terme fut ensuite employé communément, sans que personne apparemment se souvienne de son origine, tant cette désignation semblait logique4. Cependant, Renan ne fut pas réellement une bonne fée au berceau de l’assyriologie… C’est que les données exhumées de plus en plus abondamment du sol de la Mésopotamie à partir de 1843 ne s’accordaient guère avec le système qu’il avait mis au point dans sa jeunesse et auquel il est peu ou prou resté fidèle toute sa vie.
Il nous faut donc commencer par voir quel était ce système, exposé dans la fameuse Histoire générale des langues sémitiques, parue en 1855. Nous examinerons ensuite la polémique qui, quatre ans plus tard, opposa Renan à Oppert à propos du déchiffrement de l’écriture cunéiforme et du caractère sémitique de la langue assyrienne, que Renan mettait en doute. Nous verrons enfin comment, par la suite, Renan prit de plus en plus ses distances avec le monde mésopotamien et se consacra exclusivement à l’épigraphie ouest-sémitique5.
Les idées de Renan sur les langues sémitiques et les Sémites en 1855
La thèse principale de Renan est que « la civilisation de Ninive et celle de Babylone, dans leurs traits essentiels, n’appartiennent pas […] à des peuples de cette race [i.e. celle des Sémites]6 ».
La puissance assyrienne, d’origine aryenne
L’appréciation de la civilisation assyrienne par Renan dans sa fameuse Histoire générale des langues sémitiques, parue en 1855, nous semble aujourd’hui étonnante à plus d’un égard :
Les écrits d’Isaïe nous attestent en plusieurs endroits l’étonnement et la terreur que causèrent tout d’abord aux petits États sémitiques, qui ne connaissaient d’autres guerres que des razzias, cette redoutable organisation militaire, cette vaste féodalité qui faisait tout aboutir à un même centre, cette science de gouvernement qui leur était si complètement inconnue. On sent, au premier coup d’œil, qu’on a affaire à une autre race, et qu’il n’y a rien de sémitique dans la force nouvelle qui va conduire le sémitisme à deux doigts du néant. À Ninive, le contraste est plus frappant encore. C’est une immense civilisation matérielle, dont la physionomie ne rentre nullement dans le type général de l’esprit sémitique. La vie sémitique se présente à nous comme simple, étroite, patriarcale, étrangère à tout esprit politique ; le Sémite n’est pas travailleur ; la patience et la soumission que supposent chez un peuple des constructions comme celles de l’Égypte et de l’Assyrie lui manquent. À Ninive, au contraire, nous trouvons un grand développement de civilisation proprement dite, une royauté absolue, des arts plastiques et mécaniques très avancés, une architecture colossale, un culte mythologique empreint d’idées iraniennes, la tendance à envisager la personne du roi comme une divinité, un grand esprit de conquête et de centralisation7.
On s’étonne que Renan se soit laissé emporter, oubliant les descriptions bibliques du temple de Jérusalem… Il ajoutait8 :
À défaut de la langue à jamais perdue de ces conquérants9, si nous étudions leurs noms propres, nous n’hésiterons pas à les déclarer étrangers aux Sémites. Rien n’est si facile à reconnaître, au premier coup d’œil, qu’un nom propre sémitique : or les noms nouveaux, qui frappèrent pour la première fois l’oreille des contemporains d’Isaïe, les noms de Téglath-Piléser, de Sanhérib, d’Asarhaddon, échappent à toutes les lois qui s’observent dans les noms hébreux, phéniciens, syriaques, arabes. Les tentatives d’Eichhorn, d’Adelung, d’Olshausen, pour expliquer ces noms par les langues sémitiques, ont complètement échoué. Lorsbach, Gesenius, Bohlen, en les tirant du persan, ont été bien plus près de la vérité, quoiqu’ils n’aient pas toujours porté dans cette analyse la rigueur désirable. Plusieurs noms de rois assyriens, conservés par Eusèbe et le Syncelle, sont médoperses.
Et de conclure :
Tout porte à croire, par conséquent, que la dynastie qui éleva à un si haut degré, au VIIIe siècle, la puissance de Ninive était d’origine arienne.
Dans le fameux couple Aryen-Sémite étudié par Maurice Olender10, voilà donc nos Assyriens du côté des Aryens… Renan précise encore sa position un peu plus loin :
Dans ma pensée, toute la grande civilisation qu’on désigne du nom un peu vague d’assyrienne, avec ses arts plastiques, son écriture cunéiforme, sa religion en grande partie arienne, ses institutions militaires et sacerdotales, n’est pas l’œuvre des Sémites. La puissante faculté de conquête et de centralisation, qui semble avoir été le privilège de l’Assyrie, est précisément ce qui manque le plus à la race sémitique. S’il est, au contraire, un don qui semble appartenir en propre à la race indo-européenne, c’est celui-là. […] Nous sommes donc autorisés à rattacher la classe dominante de l’Assyrie, au moins depuis le VIIIe siècle, à la race indo-arienne. Quant au fond de la population, à Ninive comme dans la Babylonie, elle était sans doute sémitique11.
On aurait donc affaire à un peuple sémitique commandé par une aristocratie aryenne. Renan voyait deux confirmations de sa vision des choses. D’abord dans l’écriture : il y a un lien intrinsèque entre langue et écriture, et donc l’écriture cunéiforme ne peut pas noter une langue sémitique :
[…] les personnes qui ont fait des langues sémitiques une étude particulière sont en général peu disposées à voir une langue sémitique derrière cet étrange alphabet [sic]. La répugnance instinctive qu’elles éprouvent à cet égard tient à des raisons au fond très sérieuses. Les langues sémitiques, en effet, dès la plus haute antiquité, ont eu leur alphabet propre, dont le type le plus ancien est l’alphabet phénicien ; à aucune époque, ni sur aucun point du monde, une langue sémitique ne s’est écrite avec un alphabet différent de celui-là […]. Il y a donc un alphabet sémitique, inséparable des langues sémitiques12.
Un dernier argument tient à la religion13. On connaît la formule fameuse de Renan :
Le désert est monothéiste ; sublime dans son immense uniformité, il révéla tout d’abord à l’homme l’idée de l’infini, mais non le sentiment de cette vie incessamment créatrice qu’une nature plus féconde a inspiré à d’autres races14.
Le syllogisme, quoique implicite, est clair : par essence, le Sémite est monothéiste ; or les Assyriens ont un panthéon pléthorique ; donc, ils ne peuvent pas être des Sémites…
L’Histoire générale des langues sémitiques, parue en 1855, valut à Renan d’être élu membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres dès l’année suivante – il avait 33 ans… Et l’ouvrage fut réédité plusieurs fois de son vivant.
Les découvertes de 1849 à 1857
Les idées exposées par Renan dans son livre de 1855 avaient été élaborées dans la décennie précédente. Il indiqua lui-même, dans la préface, que son ouvrage ne faisait que développer un mémoire rédigé en 1847 pour le prix Volney de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, qu’il avait remporté15. On peut encore citer la fin de la préface de son Histoire générale :
Les caractères essentiels que j’ai attribués à cette race [i.e. celle des Sémites] et aux idiomes qu’elle a parlés ne conviennent de tout point qu’aux Sémites purs, tels que les Térachites [= Israélites], les Arabes, les Araméens proprement dits, et ne se vérifient qu’imparfaitement en Phénicie, à Babylone, dans l’Yémen, dans l’Éthiopie. Mais il est évident que, pour parler des Sémites en général, je devais considérer de préférence les branches de la famille qui ont été le moins modifiées par le contact avec l’étranger, et ont le mieux conservé les traits généraux de la famille. Si l’on veut que je me sois laissé dominer trop exclusivement par la considération des Sémites purs, nomades et monothéistes, et que j’aie trop effacé de mon tableau les Sémites païens, indu...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Titre
  3. Copyright
  4. Sommaire
  5. I - La vie de Renan
  6. II - Histoire et archéologie
  7. III - Philosophie et religion
  8. IV - Politique et postérité
  9. Présentation des auteurs
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