Vies privées
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Vies privées

De l’enfant roi à l’enfant victime

  1. 160 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Vies privées

De l’enfant roi à l’enfant victime

À propos de ce livre

Ce livre est le récit d'une journée de consultation, et chaque séance est l'occasion d'une réflexion engagée sur des problèmes aussi fondamentaux que la maltraitance, la violence institutionnelle ou la place que la société accorde à l'enfant. Au règne de l'enfant roi, chéri mais bien dressé, a succédé celui de l'enfant victime. Des droits lui ont été concédés, un statut de personne lui a été reconnu, mais quiconque aura lu l'histoire d'Igor, de Marie, d'Ève, de Clara ou de Boris ne pourra plus soutenir que, s'agissant de nos enfants, tout est aujourd'hui pour le mieux dans le meilleur des mondes possible. Se pose alors l'inévitable question, à laquelle Caroline Eliacheff s'emploie à répondre : que pouvons-nous, que devons-nous faire ?La maltraitance existe. Les chiffres le disent. Les professionnels le savent, le grand public aussi. On comprend que certaines institutions, telle l'Aide sociale à l'enfance, s'efforcent avec une vigilance accrue de protéger les enfants contre les mauvais traitements dont ils sont parfois victimes, au besoin en les séparant de leurs parents et en leur offrant une famille d'accueil qui les aidera à s'épanouir. Mais dans quelles conditions, et jusqu'à quel point, l'intervention de la société dans la vie privée est-elle légitime ? Les juges d'enfants, les travailleurs sociaux croient bien faire et font souvent bien. Mais agissent-ils toujours dans l'intérêt de l'enfant ?La diabolisation des parents est aujourd'hui si répandue qu'elle couvre trop souvent d'autres formes de violence, plus discrètes, plus insidieuses aussi, en premier lieu celle des institutions dont la fonction est précisément de protéger les enfants. Comment justifier que les enfants nés sous X soient, dans leur intérêt, privés des informations qui pourraient les aider à construire leur identité ? Comment accepter les délais que la Justice impose avant d'autoriser une adoption ? Enfin, est-il normal que les institutions étatiques jugent seules, et suivant des critères parfois arbitraires, de ce qui est bon pour l'enfant ?Caroline Eliacheff, psychanalyste et pédopsychiatre a publié aux Editions Odile Jacob Les indomptables, figures de l'anorexie (en collaboration avec Ginette Raimbault) et À Corps et à cris .

Foire aux questions

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Informations

Éditeur
Odile Jacob
Année
1997
Imprimer l'ISBN
9782738104410
L’ENFANT VICTIME

L’intérêt de l’enfant, c’est la notion magique.
Elle a beau être dans la loi, ce qui n’y est pas c’est l’abus qu’on en fait aujourd’hui.
À la limite, elle finirait par rendre superflues toutes les institutions du droit familial.
Jean CARBONNIER
La cure de Boris a commencé quand il avait un an. Il est entré à la pouponnière à l’âge de sept mois à la suite de « mauvais traitements », après trois mois à l’hôpital où des sévices corporels ont été diagnostiqués. Le juge pour enfants a prononcé une ordonnance de placement provisoire. Les parents ont été inculpés, jugés, puis condamnés.
Le motif de la première consultation avec Boris était étrange. Boris se tapait fortement la tête contre les murs ou, assis par terre, jambes écartées, en se balançant en avant. Son crâne, absolument chauve, et son front étaient couverts de bosses bleuâtres plus ou moins volumineuses. Le personnel de la pouponnière était sensible à la souffrance que Boris exprimait en se tapant mais qu’il ne paraissait pas ressentir, car il ne pleurait jamais. On craignait qu’il ne se fracture le crâne. Boris m’avait fait une démonstration impressionnante lors de notre première rencontre en se tapant violemment la tête contre le pied d’une table pendant une bonne demi-heure.
Boris avait commencé de se frapper la tête peu après son arrivée à la pouponnière, lors des visites de sa mère, mais celle-ci n’avait pas l’exclusivité de ce comportement.
Ces « balancements » ne ressemblaient pas à ceux que l’on observait autrefois, et plus rarement aujourd’hui, chez les enfants atteints d’hospitalisme, c’est-à-dire de carence affective profonde. Pour Boris, se taper la tête était une forme de communication – en cas de carence, c’est plutôt une forme de repli –, pas la seule d’ailleurs. Les maternantes avaient très bien remarqué qu’il se frappait pour solliciter leur attention, avec effet garanti, ou à la moindre contrariété.
Pendant les quatre premiers mois de la cure, le comportement de Boris n’avait absolument pas changé, ni à la pouponnière ni pendant les séances. J’avais considéré comme une étape importante le moment où, s’étant une fois de plus tapé la tête très violemment, il s’était pour la première fois mis à pleurer, reconnaissant enfin qu’il se faisait mal. Il avait fugitivement accepté de ne pas annuler ce qu’il ressentait, il avait pris le risque d’en être atteint. Mais il avait été très en colère que je lui propose d’aller dans les bras de sa maternante se faire consoler et il avait continué à se taper, encore plus fort. Ma réponse, purement factuelle, banale, ne tenant compte ni du risque qu’il avait pris ni du sens de son symptôme que je ne comprenais pas, avait été inadéquate. La pédiatre avait décidé de lui commander un casque de protection, objet coûteux, long à réaliser, symbole de notre incompréhension et de la volonté de la pouponnière de le protéger physiquement.
J’avais, bien sûr, quelques renseignements sur ses parents et son histoire. Tout ce que j’avais pu lui restituer, concernant les premiers mois de sa vie dans sa famille, la première séparation lors de son hospitalisation à l’âge de quatre mois dont je savais en réalité peu de choses, était resté sans effet. Ni le père ni la mère n’étaient venus aux rendez-vous que je leur avais proposés à plusieurs reprises.
C’est pourtant grâce à la mère que j’ai commencé à appréhender ce qui se passait. Un jour, cette femme m’a téléphoné. Dans ce cas, surtout après plusieurs rendez-vous manqués, je réponds immédiatement en prenant mon temps, car l’appel est souvent unique.
La mère m’a raconté précipitamment sa grossesse sous les coups de son mari, alors même que le couple désirait cet enfant. Elle a surtout insisté sur cette scène répétitive où le père prenait Boris par les pieds et le balançait violemment en menaçant sa femme de le tuer si « elle ne changeait pas ». Elle m’a dit aussi que Boris n’avait, depuis sa conception, vécu que dans la peur, les cris, la violence. Depuis son arrivée à la pouponnière, elle l’avait sorti deux week-ends, week-ends abominables parce qu’il se frappait sans arrêt. « Je ne peux pas prendre le risque qu’il lui arrive quelque chose. Je préfère qu’il soit adopté. La pouponnière, c’est pareil, il est pas heureux, il lui faut une vie calme. J’ai jamais fait de mal à mon enfant », a-t-elle conclu.
J’ai chaleureusement remercié cette femme d’avoir bien voulu me parler. Elle m’a accordé l’autorisation de continuer à recevoir son fils et n’a plus jamais cherché à me contacter. Elle n’a pas non plus été au bout de son intention de faire adopter Boris, le père s’y opposant formellement.
Le rendez-vous qui a suivi cet appel a été la première séance clé de l’analyse de Boris. Il avait quatorze mois. Je lui ai fait part de l’appel de sa mère et lui ai rapporté ce qu’elle m’avait dit : les coups reçus avant même qu’il ne soit né ; la scène, les scènes où son père le prenait par les pieds et le balançait en faisant du chantage à sa mère. Il m’a écouté avec beaucoup d’attention et, quand j’ai terminé en lui disant : « Je comprends que tu croies que pour demander quelque chose il faille se balancer et se taper puisque c’est comme ça que ton père demandait ce qu’il voulait à ta mère », il s’est illuminé et m’a fait un grand sourire que j’ai interprété intérieurement comme : « Tu as enfin compris. »
Depuis cette séance, Boris a changé. Il se cogne moins, sauf quand il est très en colère et, surtout, il prend bien soin de ne plus se blesser. Il pleure davantage, en particulier quand il se fait mal, et il accepte d’être consolé. Le casque de protection est arrivé, mais il n’a pas été nécessaire de le lui faire porter. Sa tête a repris une forme normale, ses cheveux ont poussé. Il s’attaque aux garçons et aux filles de son âge en les tapant sur la tête ! Il devient séducteur et très séduisant. Il a moins peur et fait moins peur. Il vit au rythme, plus ou moins régulier, des visites de ses parents qui suscitent toujours beaucoup d’émotion. Il attend un placement en famille d’accueil. Le père est d’accord, mais pas la mère. Comme elle n’a pas d’autre solution à proposer et que le retour en famille ne paraît pas possible, il est probable que son désaccord ne sera pas pris en compte. Il est difficile de dire si la mère a conscience de l’influence qu’aura son refus sur le confort psychologique de Boris dans sa famille d’accueil. Pour que le placement puisse constituer une bonne solution, il est indispensable que les parents soient d’accord et le fassent savoir à l’enfant.
La plupart des enfants victimes de sévices intra-familiaux présentent des symptômes répétitifs : troubles somatiques, pulmonaires, cutanés, urogénitaux rebelles à tout traitement sur le long terme, pour ne citer que ceux que j’observe le plus fréquemment, ou encore mutilations volontaires ou accidentelles qui paraissent incompréhensibles.
Une fois n’est pas coutume, ce sont des adultes que j’ai suivis en analyse qui m’ont aidée à mieux comprendre les enfants maltraités d’aujourd’hui. Souffrant eux aussi de troubles récalcitrants mettant leur santé gravement en péril, certains ont réalisé, non sans difficulté, qu’ils avaient été des enfants violentés. Ceux qui sont nés pendant ou avant la guerre ont eu quelques difficultés à démêler ce qui relevait des horreurs de la guerre et de la maltraitance les visant personnellement. Ne pouvant, par discrétion, les citer nommément, je tiens à rendre hommage à leur courage et à l’immense travail qu’ils (et elles) ont accompli. Certains romanciers – je pense en particulier à Michel del Castillo et à Georges-Arthur Goldschmidt – ont parfaitement décrit l’immense confusion qui régnait dans les années 1940-1945.
Petites ou grandes, ces personnes souffrent de ce que j’appelle le « négationnisme familial ». Les sévices ne sont ni refoulés ni oubliés. En cours d’analyse, les patients s’en souviennent assez facilement mais ils n’en font pas grand cas, ce qui est assez surprenant au premier abord surtout lorsque les faits sont terrifiants. Tout se passe comme si ces traumatismes n’avaient jamais existé en tant que tels, c’est-à-dire en tant que violence injustifiable de la part des parents. Ils ne peuvent faire l’objet du moindre jugement, ils deviennent comme « interdits de mémoire », bien qu’ils soient présents. Ils ne peuvent être pensés pour ce qu’ils ont été.
L’histoire officielle, celle que racontent les parents, l’entourage et le patient lui-même, est une histoire révisée : celle d’une enfance heureuse, protégée, avec des parents dévoués, attentifs, etc. On pourrait dire que toutes les histoires familiales que racontent les patients sont des histoires « révisées », reconstruites. Le travail analytique va leur permettre, entre autres choses, une lecture différente. Toutefois, il m’a semblé que lorsque l’enfant a subi des atteintes corporelles, les effets de cette révision sont assez spécifiques.
À l’époque des faits et aussi plus tard, l’enfant, qu’il le veuille ou non, est contraint d’adhérer à l’histoire officielle car l’autre histoire, il est le seul à la connaître et ne peut la partager avec quiconque. S’il arrive à trouver les mots pour dire ce qui se passe ou pour se plaindre, personne n’est là pour l’écouter, encore moins pour le croire. Si, « officiellement », il ne s’est rien passé ou si les choses qui se sont passées ne sont pas reconnues pour ce qu’elles sont, les symptômes corporels dont souffrent ces personnes sont le signe de leur résistance au négationnisme. Ils disent inlassablement ce qu’il est interdit de dire. Ils disent, sans employer de mots : « Je me souviens. » Assujettis à l’histoire officielle, culpabilisés dès qu’ils tentent de lever le voile, notamment en analyse, par le sentiment d’avoir « collaboré » en ne disant rien – alors que, dans la réalité, ils n’avaient aucune autre possibilité en raison de la collaboration, effective celle-là, de tout l’entourage et des institutions –, ils n’ont pour se souvenir que leur chair. Leurs maladies ont une origine éthique. Elles démentent la prétendue malléabilité que l’on attribue aux enfants et montrent, au contraire, la force de leur résistance aux déviations qu’on voudrait leur imposer1.
On comprend à quel point il est illusoire, voire dangereux, de s’acharner à vouloir faire disparaître ces symptômes en les traitant uniquement par des médicaments, voire par des interventions chirurgicales. Ils sont le signe même que le Sujet reste vivant, qu’il n’oublie pas. Car le drame de ces personnes est précisément de ne pouvoir oublier. Seuls acteurs, seuls témoins de la violence subie, elles n’ont d’autre recours que de témoigner et de témoigner encore, pour que la vérité éclate enfin.
On me fait parfois le reproche de trop parler aux enfants, de leur dire des choses supposées insupportables, de les empêcher d’oublier. C’est tout le contraire : on ne peut oublier que ce que l’on a su. Autrement, l’être humain s’oblige à se souvenir en permanence de ce qui est resté énigmatique et surtout mensonger : cette mémoire-là est une douleur, car elle est innommable.
Si la reconnaissance de la maltraitance intrafamiliale par des personnes extérieures est aujourd’hui plus répandue que dans les années quarante ou cinquante, elle ne permet pas toujours d’éviter ce genre de situation. Les enfants que je reçois sont, en principe, dans une situation différente des adultes dont la maltraitance, physique ou psychique, n’a jamais été reconnue et qui vivent sous l’emprise d’une histoire révisée. Les parents sont désignés comme coupables et sanctionnés tandis que les enfants sont désignés comme victimes et séparés de leurs parents si leur protection est à ce prix. Cela ne suffit pas toujours, car on parle à la place de l’enfant et à la place des parents. Boris, par exemple, n’était pas entretenu dans l’idée que ses parents étaient des parents modèles. Il savait qu’il était à la pouponnière parce que ceux-ci ne pouvaient s’empêcher de le « tabasser ». Mais cette histoire-là n’était pas non plus la sienne, ni celle de ses parents qui continuaient inlassablement d’affirmer qu’ils n’avaient rien fait de mal. Face à chaque enfant présentant des symptômes répétitifs, je me pose maintenant cette question : « Où est le mensonge, quelle vérité veut-il faire éclater ? », car l’enfant ou l’adulte qu’il est devenu a quelque chose à dire, lui-même, sur ce qui s’est passé.
Certains enfants adoptés qui ont passé quelques mois ou quelques années de leur vie à la pouponnière demandent parfois à revenir me voir. Les plus âgés ont maintenant une dizaine d’années. Avec eux, j’ai réalisé que je pouvais participer, moi aussi, dans une certaine mesure, à la « révision » de leur histoire, en considérant a priori, et en le leur disant parfois, que leur séjour à la pouponnière avait été bénéfique pour eux. Ces enfants m’ont appris que ce n’était pas ce qu’ils pensaient et qu’il fallait cesser de les entretenir dans ce qui était pour eux un mensonge.
D’autres chercheurs, par des voies différentes, plus scientifiques, sont arrivés à des constatations cliniques similaires. Leurs hypothèses explicatives diffèrent parfois sans être d’ailleurs forcément contradictoires. Une étude fort intéressante faite par un médecin généraliste, le docteur Jacqueline Cornet, démontre qu’il existe un lien statistiquement très significatif, chez les jeunes de dix-huit à trente-cinq ans, entre la fréquence et la gravité des accidents qui leur arrivent et la force, la fréquence et la durée des coups qu’ils ont reçus dans leur enfance2. Selon l’auteur, il existe une relation directe de cause à effet entre les coups et les accidents. Jacqueline Cornet montre également que, dans le groupe des trois cents accidentés ayant rempli son questionnaire, lequel comprenait cent deux questions et trois cent quarante-neuf critères, il existe deux sous-groupes : les « peu malades » et les « assez malades » victimes aussi d’affections sérieuses ou graves : asthmes vrais, maladies infectieuses graves ou compliquées, diabètes insulinodépendants, cancers. L’étude statistique fait apparaître que les plus malades sont aussi les plus accidentés. Ceux-ci ont également la particularité d’avoir été majoritairement, et de façon significative, battus au-delà de quinze ans. Deux autres facteurs de l’arsenal coercitif familial ont été envisagés par l’auteur : la dictature exercée par l’un ou par les deux parents et les injures dévalorisantes qu’ils ont proférées envers les enfants. La fréquence des accidents reste basse lorsque la dictature et les injures n’étaient pas associées aux coups ; elle est nettement plus haute lorsque les coups étaient associés.
Si tant est que l’on puisse comparer une étude statistique aux éléments que peuvent apporter des analyses individuelles, je retire de cette étude des faits qui vont dans le même sens. Lorsque ces jeunes adultes ont été battus, ils le disent très simplement si on le leur demande, mais si ceux qui ont été les plus maltraités sont les plus malades, c’est l’étude statistique, et non l’individu, qui permet de faire le lien entre les coups et les accidents. En analyse, tout au moins au début, les patients ne font pas non plus le lien entre les sévices dont ils se souviennent et les maux dont ils souffrent. Ce que l’étude ne dit pas et qu’il serait évidemment intéressant de savoir, c’est ce qu’ils pensent de leur enfance et ce que leurs parents en disent. Mon hypothèse est que, plus l’his...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Titre
  3. Du même auteur
  4. Copyright
  5. Dédicace
  6. Sommaire
  7. REMERCIEMENTS
  8. AVANT-PROPOS
  9. QUI SONT LES BONS PARENTS ?
  10. L’ENFANT NÉ SOUS X
  11. L’ENFANT QUI AIMAIT TROP SA MÈRE
  12. L’ENFANT À QUI ON A TROP PARLÉ
  13. L’ENFANT SAISIE PAR LE DROIT
  14. L’ENFANT VICTIME
  15. LA DERNIÈRE SÉANCE
  16. ÉPILOGUE
  17. NOTES
  18. BIBLIOGRAPHIE