Des hauts et des bas

Bien vivre sa cyclothymie

Nicolas Duchesne

• Éditeur: Odile Jacob
• Année: 2006
• Imprimer l'ISBN: 9782738117038
• ISBN de l'eBook: 9782738181282
• Sujet: Personal Development
• Sujet: Self Improvement

Qui ne s'est levé un jour du pied gauche ? Ne serait-il pas agréable que notre moral soit toujours bon, notre énergie inépuisable, nos pensées raisonnables et optimistes ? Les variations d'humeur sont certes normales, mais certaines personnes souffrent de cyclothymie marquée ou d'un véritable trouble bipolaire (autrefois appelé maladie maniaco-dépressive). De véritables états de dépression, d'énervement et d'excitation perturbent alors inexorablement et régulièrement l'existence… Décourageants pour qui les subit et éprouvants pour l'entourage. Comment identifier les signes de la cyclothymie ? Du trouble bipolaire ? Quels en sont les mécanismes neurologiques et psychologiques ? Comment ne plus voir sa vie gâchée par ces oscillations incontrôlables ? Spécialiste de la cyclothymie et des troubles bipolaires, Nicolas Duchesne propose des conseils concrets à mettre en œuvre soi-même et explique comment bien utiliser les différents moyens thérapeutiques actuellement disponibles. Il montre dans ce livre que l'on peut agir efficacement. Et changer sa vie. Nicolas Duchesne est médecin psychiatre, chargé d'enseignement à l'université et spécialiste des psychothérapies cognitivo-comportementales. Il exerce à l'hôpital de Montpellier.

Chapitre 5

Faire face
à la cyclothymie
et au trouble bipolaire

Des moyens psychologiques proportionnels à l’intensité du trouble

Nous venons de voir que les hauts et les bas de l’humeur peuvent prendre des formes cliniques très diverses selon leur intensité mais surtout du fait des interconnexions avec les autres paramètres physiques et psychologiques de chacun. En résumé et pour simplifier, disons que « nous sommes tous cyclothymiques par nature », mais avec des degrés et des conséquences personnelles, ô combien différents. Pour certaines personnes, une fragilité spécifique du système régulateur de l’humeur produit des manifestations psychiatriques pathologiques périodiques.

Avant de proposer des approches proportionnelles à l’intensité des variations thymiques, resituons l’échelle de fluctuation de l’humeur :

Graphique de l’humeur

Sur cette échelle d’évaluation, + 5 correspond à l’extrême de l’exaltation, du survoltage, de l’euphorie/irritation, – 5 est le fond de la dépression, la mélancolie, le désespoir de vie, et 0 est la mesure moyenne médiane. Distinguons trois degrés d’intensité de variations au cours du temps :

1. les fluctuations légères du quotidien (de + 2 à – 2), de presque tout le monde,

2. les variations nettes de la cyclothymie (+ 3 à – 3) qui frôlent la pathologie,

3. les décompensations pathologiques correspondant aux troubles bipolaires majeurs (+ 4, + 5 et/ou – 4, – 5), soit dans le sens de l’excès, exaltation, accélération, emportement, soit de la défaillance, tristesse, ralentissement, détresse.

Partant de cette réduction figurative, voici maintenant un panel d’outils psychologiques pour faire face à ces degrés de fluctuations d’humeur, des plus légers aux plus lourds.

L’adaptation avec nos mouvements d’humeur modérés (degré léger de fluctuations) est une affaire existentielle personnelle plus ou moins réussie. Ici, point de chimie je vous prie. Je vous propose de réfléchir ensemble (page 142), à partir des connaissances psychologiques actuelles, aux facteurs modulateurs possibles.

Dans le cas de la cyclothymie « vraie » (degré moyen), vous avez pu constater dans les descriptions cliniques que l’attitude se discute au cas par cas… Nous aurons néanmoins à faire face alors à des degrés modérés de dépression ou d’excitations, les plus à même de répondre à des mesures psychologiques (page 153).

Au-delà d’un certain degré d’intensité de souffrance, de perturbation des conduites et de déstabilisation, nous passons sans conteste sur le versant maladie (cas des troubles bipolaires majeurs) : l’état dépressif franc et l’état maniaque sont des ruptures franches avec le fonctionnement antérieur du sujet, qui produisent, tel un cyclone, bien des dégâts dans l’existence des victimes. Le recours au soignant est impératif et je vous conjure d’accepter les soins pharmacologiques qui s’avèrent nécessaires (chapitre 6) ; trop peu de patients bipolaires bénéficient des traitements satisfaisants. Nous y reviendrons. Mais un travail psychologique est également préconisé pour vivre plus harmonieusement avec un trouble bipolaire (page 153), dont la plus grande part est à effectuer entre les accès, pour une action préventive.

Attention ! trois avertissements :

1. Cher lecteur, je me dois d’être clair, voire un peu dérangeant : les chapitres précédents vous ont présenté les multiples facettes des mouvements d’humeur en donnant la parole aux témoins. Je vous propose maintenant un travail personnel, intérieur et je l’espère concret. Ne lisez pas la suite comme une succession de recettes miracles, de trucs magiques ou de bons conseils (que vous connaîtriez alors bien évidemment). Les outils psychologiques suivants ont des effets distincts selon les personnes et ne vous apporteront une aide que si vous acceptez l’interpellation, le questionnement sur vous-même, votre fonctionnement et vos modes de réaction. Je vous convie sur un chemin de découverte et de changement personnel…

2. Ces troubles sont par définition intermittents et le travail préparatoire adéquat est à effectuer en période de stabilité, plus ou moins sereine selon les tornades subies. Ne dit-on pas : « Pour avoir la paix, préparez la guerre ! »

3. Enfin, si votre entourage intime participe à votre démarche personnelle, entendez ses observations, acceptez son aide, si ses avis ne sont ni péremptoires ni simplistes et si son anxiété n’est pas débordante.

Cultiver votre équilibre émotionnel face à des fluctuations légères

Il s’agit de bien se connaître soi-même pour réguler au mieux ses mouvements d’humeur.

1^re étape : vous connaître vous-même

Vous n’aurez une vraie chance de changer que si vous vous interrogez d’abord sur ce que vous faites actuellement.

Rébarbatif ? Essayons d’y réfléchir avec légèreté.

À quoi bon ? Mieux vivre avec soi-même est possible à partir de changements progressifs.

Je n’attends rien pour moi. Mais vous regrettez d’ennuyer les autres ! Charité bien ordonnée commence par soi-même. Pour vivre plus harmonieusement avec vos proches, il faut vous occuper d’abord de vous.

Alors, si vous êtes prêt, à vos stylos !

Petit questionnaire personnel

Que faites-vous quand vous êtes las(se), abattu(e) ? Vous allez vers

— des activités de repos, de détente…

— des activités dérivatives…

— du soutien moral…

— des stimulants alimentaires… ou des excitants légaux (ou illégaux, soyez honnête avec vous-même)… des médicaments…

Quand vous vous sentez survolté(e), énervé(e), vous choisissez

— des activités de défoulement…

— des activités de détente…

— des activités tendant à résoudre un problème éventuel…

Comment gérez-vous les moments de tristesse ?

— Quelle(s) activité(s) personnelle(s)…

— Quelles démarches vers autrui…

De votre point de vue, comment fonctionne la séquence

Mouvement émotionnel → réaction comportementale → conséquences ?

Si vos réactions d’ajustement aboutissent à un bon rétablissement émotionnel sans préjudice ni risques excessifs, parfait, bravo.

Si vous souhaitez vous améliorer ou élargir l’éventail de vos conduites modulatrices des émotions, voici la suite :

2^e étape : mieux réguler vos fluctuations d’humeur

Tout un pan passionnant de la psychologie expérimentale étudie l’impact de nos conduites sur les émotions. Toutes insistent sur les variations selon les individus ! Comment celle-ci peut-elle se détendre en allant jouer des coudes un après-midi entier pour profiter des soldes, tandis que celui-là se délasse en conduisant quelques heures au hasard ? Quel défoulement trouve cet enfant scotché sur son jeu vidéo tandis qu’un adulte méditera des heures dans un silence abyssal ?

Voici en condensé une liste des modulateurs personnels possibles de nos fluctuations d’humeur.

En consultant la liste, certaines pistes vous rebuteront d’emblée, peu importe. Donnez-vous les moyens de développer ce qui vous convient déjà ou d’expérimenter les domaines qui retiendront votre attention.

Puis vous rencontrerez la difficulté de faire durer les conduites acquises. Mais quels que soient vos besoins de travail psychothérapique plus formel ou de médicaments, donnez-vous une chance réelle de cultiver par vous-même votre équilibre émotionnel.

Pratiquez la relaxation !

Savez-vous :

• — prendre simplement du repos (faire une sieste, rester longuement dans un bain chaud, écouter de la musique sans rien faire d’autre, lire tranquillement un roman ou un magazine, rester au coin du feu ou seul dans votre chambre…) ?
• — pratiquer une technique effective de relaxation ?

Les techniques
de relaxation approfondies

Elles ont pour nom « relaxation de Jacobson ou de Schultz », yoga, taï-chi, et nous semblent parfois lointaines.

Le principe de la relaxation est la rencontre d’un état de détente et… d’éveil concent...

Table des matières

• Couverture
• Titre
• Copyright
• Introduction
• Chapitre premier - La cyclothymie : des dérèglements de l’humeur
• Chapitre 2 - Qu’est-ce que l’humeur ?
• Chapitre 3 - Des fluctuations minimes aux perturbations les plus graves
• Chapitre 4 - Faites le point sur vos fluctuations d’humeur
• Chapitre 5 - Faire face à la cyclothymie et au trouble bipolaire
• Chapitre 6 - Traiter médicalement les troubles bipolaires
• Chapitre 7 - Mieux vivre auprès d’un bipolaire
• Chapitre 8 - Faut-il soigner la bipolarité ?
• Conclusion
• Glossaire
• Références bibliographiques
• Informations utiles
• Remerciements
• « Guide pour s’aider soi-même »