
- 216 pages
- French
- ePUB (adapté aux mobiles)
- Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub
Ă propos de ce livre
Invasions de frelons asiatiques, de ragondins, d'ibis sacrĂ©s, de renouĂ©es du Japon⊠On entend souvent parler de ces nouvelles menaces pour l'environnement. Un raz de marĂ©e d'espĂšces venues d'ailleurs serait-il sur le point d'envahir nos villes et nos campagnes ? Le thĂšme scientifique de l'invasion biologique est trĂšs Ă©motivement connotĂ©, et l'auteur propose ici de le dĂ©passionner. D'une part, les bouleversements Ă©cologiques observĂ©s dans des Ă©cosystĂšmes fermĂ©s, lacs ou Ăźles, ne sont pas gĂ©nĂ©ralisables aux milieux plus ouverts. D'autre part, les espĂšces invasives devraient-elles ĂȘtre considĂ©rĂ©es comme des espĂšces inutiles et contraires Ă l'Ă©cologie ? Et d'oĂč vient cette conception Ă©troite de la « nature » comme collection d'Ă©cosystĂšmes bien ordonnĂ©s ayant existĂ© de toute Ă©ternitĂ© ? Non seulement les espĂšces, animales ou vĂ©gĂ©tales, ne cessent d'Ă©voluer, mais les invasions correspondent Ă un ajustement du vivant au monde rĂ©el que nous avons façonnĂ© et dans lequel nous vivons aujourd'hui. La clĂ© du problĂšme semble bien ĂȘtre dans la redĂ©finition d'une nature figĂ©e, idĂ©alisĂ©e sur des bases erronĂ©es, au profit d'une nature en perpĂ©tuel renouvellement, sainement gĂ©rĂ©e et maĂźtrisĂ©e. Toutes les espĂšces « invasives » ne sont pas nĂ©fastes, et il importe, pour le bien de tous, d'accompagner les changements de l'environnement plutĂŽt que de les combattre. La guerre des espĂšces n'aura pas lieu. Jacques Tassin est Ă©cologue au Centre de coopĂ©ration internationale en recherche agronomique pour le dĂ©veloppement (CIRAD), Ă Montpellier.Â
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Informations
CHAPITRE 1
Migration assistée
Des espĂšces dĂ©placĂ©es⊠par lâhomme
Il nâest pas de plus grand propagateur dâespĂšces vivantes que lâhomme. Dans le sillage de ses dĂ©placements, de maniĂšre contrainte ou opportuniste, une multitude de plantes et dâanimaux ont Ă©tendu leur aire de rĂ©partition, trouvant en Homo sapiens un vecteur prodigieux leur permettant de franchir des obstacles jusque-lĂ insurmontables, mers, montagnes ou dĂ©serts. Lâhomme a repoussĂ© leurs frontiĂšres, leur a donnĂ© des ailes pour conquĂ©rir le monde.
La capacitĂ© dâune espĂšce Ă se disperser est une nĂ©cessitĂ©, une propriĂ©tĂ© essentielle du vivant. Face Ă une contrainte environnementale nouvelle, il sâagit en effet de sâadapter, ou de se soustraire en gagnant dâautres horizons. Ce type de dĂ©placement se manifeste alors, chez les plantes, au stade de la graine ou de la spore, et chez les animaux, au stade juvĂ©nile lorsque les soins parentaux sâĂ©moussent. Mais cette capacitĂ© Ă investir de nouveaux espaces dĂ©pend souvent dâun Ă©vĂ©nement extĂ©rieur, dâune chance Ă saisir pour Ă©tendre son domaine vital. Et bien souvent, câest lâhomme qui lui offre cette chanceâŠ
Homo disseminator
La biosphĂšre reprĂ©sente un assemblage complexe et foisonnant dâespĂšces, dont chacune est prĂ©sente au sein dâune aire spĂ©cifique parce quâun lointain ancĂȘtre sây est lui-mĂȘme rendu. Le visage du monde vivant rĂ©sulte en partie dâaventures extrĂȘmes auxquelles des individus ont consenti, confiant leur destin Ă des vecteurs bien alĂ©atoires : vents, dĂ©rives ocĂ©anes, mais aussi dĂ©placements des animaux. Les mammifĂšres, en particulier, accrochent souvent Ă leurs poils des graines munies dâextensions tĂ©gumentaires adhĂ©rentes, ou bien ingĂšrent des fruits dont les graines sont dĂ©fĂ©quĂ©es plus loin. Les vertĂ©brĂ©s sont de bons disperseurs de plantes.
Mais lâhomme fait beaucoup mieux. Il lui arrive certes aussi, de maniĂšre similaire aux autres vertĂ©brĂ©s, dâaccrocher des graines Ă ses vĂȘtements. Nous connaissons bien la capacitĂ© dâune paire de chaussettes Ă se charger de graines Ă la traversĂ©e dâune friche. Il arrive aussi parfois quâau dĂ©tour dâun sentier quelque pĂ©pin de pomme vienne Ă germer Ă la faveur de la pause dâun randonneur. Mais cela reste anecdotique, et tient en bonne partie Ă des processus et des itinĂ©raires alĂ©atoires. Ce nâest pas de cette façon que lâhomme sâillustre comme le plus grand des disperseurs dâespĂšces.
En premier lieu, lâhomme est capable dâorienter spatialement les dĂ©placements dâespĂšces quâil opĂšre, de maniĂšre dĂ©libĂ©rĂ©e et ciblĂ©e. Il est Ă peu prĂšs le seul ĂȘtre vivant Ă ĂȘtre capable dâune telle prouesse si lâon excepte par exemple les fourmis attines, capables de cultiver certains champignons aprĂšs les avoir dispersĂ©s. Le reste du temps, le vivant se disperse au hasard, de sorte que, parmi les candidats Ă la dispersion, peu dâĂ©lus survivent au voyage. Le hasard se montre rarement conciliant, minimisant la probabilitĂ© dâune issue heureuse. Dans de telles conditions, le succĂšs ne vient quâau terme de nombreuses tentatives reproduites sur des pas de temps souvent trĂšs longs. Lâhomme en revanche, sâopposant en cela Ă de tels niveaux dâincertitude liĂ©s aux modes naturels de dispersion, raisonne et sâefforce de mettre en adĂ©quation les espĂšces quâil dĂ©place et les sites quâil investit. Cette dĂ©marche sâavĂšre infiniment plus fructueuse.
En second lieu, lâhomme maximise les chances de succĂšs dâune introduction dĂ©libĂ©rĂ©e, en veillant sur les individus, animaux ou vĂ©gĂ©taux dont il prend en charge le dĂ©placement. Ces derniers y trouvent lâavantage considĂ©rable, outre de mĂ©nager leurs peines, dâassurer la rĂ©ussite de leur dispersion. Une telle bienveillance, assurĂ©e tout au long du processus dâintroduction, est rarement dĂ©sintĂ©ressĂ©e. Lâobjectif poursuivi est de disposer dâun nouveau bien ou dâun nouveau service, susceptible de rendre la condition humaine moins difficile ou moins incertaine. Lâintroduction volontaire dâune espĂšce constitue toujours un acte de sĂ©curisation visant Ă accroĂźtre le bien-ĂȘtre.
Des soins spĂ©cifiques, propres Ă lâespĂšce ainsi dĂ©placĂ©e puis introduite, sont assurĂ©s depuis son prĂ©lĂšvement jusquâĂ son Ă©tablissement dans son nouveau site dâaccueil. Lorsquâil y trouve intĂ©rĂȘt, lâhomme est capable de tĂ©moigner dâune bienveillance sans bornes. LâĆil et lâoreille se font alors plus attentifs aux signes sollicitant des soins. Lâhomme sait se montrer gĂ©nĂ©reux Ă lâĂ©gard des espĂšces introduites, dont les besoins vitaux sont assurĂ©s par des apports dâeau et de nourriture. En complĂ©ment, des artifices technologiques sont dĂ©ployĂ©s pour Ă©loigner ou Ă©liminer les espĂšces concurrentes ou prĂ©datrices, mais aussi pour assurer une protection contre dâĂ©ventuelles agressions climatiques.
Lâhomme sâest de la sorte montrĂ© si entreprenant quâil a contribuĂ©, Ă mesure que ses propres capacitĂ©s de dĂ©placement ont augmentĂ© et que son ingĂ©niositĂ© technologique sâest affirmĂ©e, Ă redessiner entiĂšrement le visage du monde vivant. Les jardins, parcs et conservatoires botaniques, oĂč se cĂŽtoient aujourdâhui des plantes venues de tous les endroits du monde, en reprĂ©sentent la forme la plus poussĂ©e. Les quelque 1 800 jardins botaniques recensĂ©s dans le monde regroupent en effet 80 0000 espĂšces vĂ©gĂ©tales⊠soit un peu plus dâun quart des 300 000 plantes vasculaires aujourdâhui connues. Câest en de tels lieux que la pression dâintroduction que lâhomme est capable dâexercer au sein dâun mĂȘme espace se rĂ©vĂšle le mieux. Lâabondance dâune signalĂ©tique indiquant le nom des plantes reprĂ©sentĂ©es y donne le tournis, et lâon se demande parfois si un tel foisonnement peut encore ĂȘtre qualifiĂ© de naturelâŠ
Graines au long cours
Les espaces dits « naturels » nous semblent au contraire rĂ©sulter dâassemblages dâespĂšces pour lesquels lâactivitĂ© humaine semble avoir peu jouĂ©. Câest vrai quelquefois, mais ce nâest souvent lĂ quâune apparence, tant les changements opĂ©rĂ©s par lâhomme peuvent passer inaperçus. Ainsi, la liste des noms des espĂšces que lâon croirait ancrĂ©es depuis toujours dans nos territoires est si longue que, tout entiĂšre, elle courrait sur bien plus de pages que nâen contient ce livre. ChĂątaignier, olivier, bleuet, coquelicot, lapin de garenne : ce sont quelques exemples dâespĂšces des bois et des champs dont on jurerait volontiers, mais bien Ă tort, que leur prĂ©sence sur le sol français ne doit rien Ă lâhomme. On sait aussi combien lâidĂ©e de forĂȘt vierge ou de forĂȘt primaire est fantaisiste, tant lâhomme a en rĂ©alitĂ© contribuĂ© Ă recomposer les forĂȘts tropicales oĂč il Ă©tait prĂ©sent en y dĂ©plaçant des espĂšces au cours de lâhistoire.
Ă lâĂ©vidence, il nây a pas de fil plus commode que lâhistoire pour rendre compte des changements quâont reprĂ©sentĂ©s les introductions successives de plantes et dâanimaux par lâhomme. Ce sont des changements en amont, liĂ©s aux capacitĂ©s croissantes des hommes Ă se dĂ©placer de plus en plus rapidement, de plus en plus loin, et en se chargeant de marchandises de plus en plus volumineuses. Mais ce sont aussi des changements en aval, que reprĂ©sentent les consĂ©quences environnementales de ces introductions.
Suivons dĂšs Ă prĂ©sent ce fil directeur, et prenons lâhistoire des introductions dâespĂšces Ă son commencement. Ă quel moment cette fonction dâintroduction, jusque-lĂ reprĂ©sentĂ©e par quelques graines accrochĂ©es aux cheveux ou voyageant secrĂštement dans les mĂ©andres dâun intestin humain, a-t-elle changĂ© de nature, pour ĂȘtre spatialement et spĂ©cifiquement orientĂ©e ? On est a priori tentĂ© dâassocier un tel changement Ă lâapparition de lâagriculture. Ce nâest cependant lĂ quâune hypothĂšse, que le seul exemple du chien, domestiquĂ© il y a au moins 15 000 ans, suffit Ă rĂ©futer. La domestication et lâintroduction dâespĂšces qui en rĂ©sulte inĂ©luctablement sont donc antĂ©rieures Ă lâagriculture, apparue au Proche-Orient il y a environ 10 000 ans.
Dâautres rouages ont pu opĂ©rer avant lâinvention de lâagriculture. Des transports de graines ont en effet pu ĂȘtre assurĂ©s par le port dâornements ou par leur utilisation dans la confection dâinstruments de musique, telles les maracas, ou bien parce quâelles renferment une toxine susceptible dâĂȘtre utilisĂ©e pour la chasse. Ainsi en est-il de la liane Abrus precatorius, qui produit des graines assurant lâensemble de ces usages. On la rencontre dans de nombreux pays tropicaux et tempĂ©rĂ©s, aussi bien en Afrique orientale et australe quâen Asie, ainsi que dans lâensemble du Pacifique. Lâintroduction de cette plante a pu ĂȘtre assurĂ©e dans des temps trĂšs reculĂ©s, par simple transport de ces graines dont certaines, dĂ©laissĂ©es ou dĂ©tachĂ©es de leur objet dâappartenance, ont alors germĂ©. Il sâagit lĂ dâune introduction involontaire, heureuse pour la plante mais aussi pour lâhomme, qui en tire des usages.
Pour autant, lâagriculture constitue sans aucun doute le premier grand moteur du dĂ©placement dâespĂšces assistĂ© par lâhomme. Certaines plantes, mais aussi certains animaux ont Ă©tĂ© transportĂ©s sur des distances considĂ©rables, inimaginables pour nous qui nâenvisageons plus quâen position assise tout dĂ©placement excĂ©dant 2 kilomĂštres. Pourtant, bien des indices laissent Ă penser quâil y a dĂ©jĂ plusieurs dizaines de milliers dâannĂ©es, des hommes dotĂ©s dâun tempĂ©rament peu commun se sont lancĂ©s dans des Ă©popĂ©es dâampleur transcontinentale.
Les analyses gĂ©nĂ©tiques les plus rĂ©centes rĂ©vĂšlent en effet quâil y a 70 000 ans, des hommes sont partis des cĂŽtes de lâAfrique orientale et ont rejoint par voie maritime, au terme de trajectoires cĂŽtiĂšres restĂ©es inconnues, la lointaine Asie du Sud-Est. LĂ , ils ont cĂŽtoyĂ© lâhomme ancestral de Denisova, empruntant 3 % de ses gĂšnes avant de contribuer Ă le faire disparaĂźtre, puis se sont implantĂ©s durablement. Quâavaient-ils donc dans leurs besaces ? Probablement pas des graines de plantes Ă usage culinaire, car trĂšs peu dâespĂšces dâintĂ©rĂȘt alimentaire ont Ă©tĂ© domestiquĂ©es en Afrique. Pratiquement toutes les plantes cultivĂ©es que lâon rencontre aujourdâhui en Afrique tropicale y ont Ă©tĂ© introduites. Les premiĂšres sont arrivĂ©es lors de migrations anciennes venues dâAsie. Ainsi en est-il par exemple du bananier, cultivĂ© en Afrique centrale il y a plus de 2 500 ans. Les autres nâont que quelques siĂšcles.
Des plantes offrant dâautres usages ont cependant pu quitter lâAfrique Ă cette pĂ©riode. Certains chercheurs y voient la clĂ© de la prĂ©sence inexplicable, au nord et Ă lâouest de lâAustralie, dâune espĂšce de baobab (Adansonia gregorii), les six autres espĂšces du mĂȘme genre botanique ne se rencontrant quâen Afrique et Ă Madagascar. Or les cabosses de baobabs constituent des rĂ©serves alimentaires, mais aussi des sources naturelles de vitamine C permettant de se prĂ©munir du scorbut. On sait que les navigateurs arabes en faisaient usage lors de leurs navigations. Mais de leurs lointains prĂ©dĂ©cesseurs, que sait-on ? Nâen avaient-ils pas Ă©galement trouvĂ© lâusage ?
Ă leur tour, il y a 30 000 Ă 50 000 ans, des hommes originaires dâIndonĂ©sie rejoignirent en pirogue le plateau de Sahul, qui raccordait alors la Nouvelle-GuinĂ©e Ă lâAustralie et Ă la Tasmanie. LĂ , ils fondĂšrent les bases des peuplements papous de Nouvelle-GuinĂ©e et des communautĂ©s aborigĂšnes dâAustralie. Ils y pratiquĂšrent, il y a probablement plus de 20 000 ans, la vĂ©gĂ©ticulture. Ce terme dĂ©signe une forme dâagriculture dont la propagation repose sur le seul bouturage, sans faire appel au semis. CâĂ©tait la maniĂšre la plus commode de multiplier des plantes, dans des climats tropicaux humides oĂč lâaptitude Ă la propagation vĂ©gĂ©tative est Ă©levĂ©e. Lâigname et le taro composĂšrent dĂšs lors la base de lâalimentation, et les techniques de production de ces deux tubercules ne se modifiĂšrent guĂšre au fil du temps. En revanche, tout au long de cette lente entreprise de domestication vĂ©gĂ©tale, plusieurs centaines de variĂ©tĂ©s virent le jour.
Les prodigieuses migrations polynĂ©siennes prirent le relais il y a environ 1 500 ans, affrontant cette fois lâimmensitĂ© du Pacifique. Un dĂ©sert de 180 millions de kilomĂštres carrĂ©s, parsemĂ© dâoasis de terre, confettis dĂ©risoires que les Ă©mĂ©rites navigateurs polynĂ©siens parvinrent Ă rejoindre lâun aprĂšs lâautre. Leurs embarcations pouvaient se charger dâune centaine de personnes et parcourir jusquâĂ 250 kilomĂštres en une journĂ©e. Leurs tec...
Table des matiĂšres
- Couverture
- Page de titre
- Copyright
- Avant-propos
- CHAPITRE 1. Migration assistée
- CHAPITRE 2. DĂ©finir lâindĂ©finissable
- CHAPITRE 3. Dire les invasions biologiques
- CHAPITRE 4. Objectiver lâimpact
- CHAPITRE 5. Dans le sillage de nos activités
- CHAPITRE 6. Les sciences du vivant revisitées
- CHAPITRE 7. Une nouvelle idée de la nature
- CHAPITRE 8. Ode au mouvement perpétuel
- Références bibliographiques
- Index
- Remerciements
- Table des matiĂšres
- 4e de couverture