La Grande invasion
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La Grande invasion

Qui a peur des espĂšces invasives ?

  1. 216 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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La Grande invasion

Qui a peur des espĂšces invasives ?

À propos de ce livre

Invasions de frelons asiatiques, de ragondins, d'ibis sacrĂ©s, de renouĂ©es du Japon
 On entend souvent parler de ces nouvelles menaces pour l'environnement. Un raz de marĂ©e d'espĂšces venues d'ailleurs serait-il sur le point d'envahir nos villes et nos campagnes ? Le thĂšme scientifique de l'invasion biologique est trĂšs Ă©motivement connotĂ©, et l'auteur propose ici de le dĂ©passionner. D'une part, les bouleversements Ă©cologiques observĂ©s dans des Ă©cosystĂšmes fermĂ©s, lacs ou Ăźles, ne sont pas gĂ©nĂ©ralisables aux milieux plus ouverts. D'autre part, les espĂšces invasives devraient-elles ĂȘtre considĂ©rĂ©es comme des espĂšces inutiles et contraires Ă  l'Ă©cologie ? Et d'oĂč vient cette conception Ă©troite de la « nature » comme collection d'Ă©cosystĂšmes bien ordonnĂ©s ayant existĂ© de toute Ă©ternitĂ© ? Non seulement les espĂšces, animales ou vĂ©gĂ©tales, ne cessent d'Ă©voluer, mais les invasions correspondent Ă  un ajustement du vivant au monde rĂ©el que nous avons façonnĂ© et dans lequel nous vivons aujourd'hui. La clĂ© du problĂšme semble bien ĂȘtre dans la redĂ©finition d'une nature figĂ©e, idĂ©alisĂ©e sur des bases erronĂ©es, au profit d'une nature en perpĂ©tuel renouvellement, sainement gĂ©rĂ©e et maĂźtrisĂ©e. Toutes les espĂšces « invasives » ne sont pas nĂ©fastes, et il importe, pour le bien de tous, d'accompagner les changements de l'environnement plutĂŽt que de les combattre. La guerre des espĂšces n'aura pas lieu. Jacques Tassin est Ă©cologue au Centre de coopĂ©ration internationale en recherche agronomique pour le dĂ©veloppement (CIRAD), Ă  Montpellier. 

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Informations

Éditeur
Odile Jacob
Année
2014
Imprimer l'ISBN
9782738130761

CHAPITRE 1

Migration assistée

Des espĂšces dĂ©placĂ©es
 par l’homme

Il n’est pas de plus grand propagateur d’espĂšces vivantes que l’homme. Dans le sillage de ses dĂ©placements, de maniĂšre contrainte ou opportuniste, une multitude de plantes et d’animaux ont Ă©tendu leur aire de rĂ©partition, trouvant en Homo sapiens un vecteur prodigieux leur permettant de franchir des obstacles jusque-lĂ  insurmontables, mers, montagnes ou dĂ©serts. L’homme a repoussĂ© leurs frontiĂšres, leur a donnĂ© des ailes pour conquĂ©rir le monde.
La capacitĂ© d’une espĂšce Ă  se disperser est une nĂ©cessitĂ©, une propriĂ©tĂ© essentielle du vivant. Face Ă  une contrainte environnementale nouvelle, il s’agit en effet de s’adapter, ou de se soustraire en gagnant d’autres horizons. Ce type de dĂ©placement se manifeste alors, chez les plantes, au stade de la graine ou de la spore, et chez les animaux, au stade juvĂ©nile lorsque les soins parentaux s’émoussent. Mais cette capacitĂ© Ă  investir de nouveaux espaces dĂ©pend souvent d’un Ă©vĂ©nement extĂ©rieur, d’une chance Ă  saisir pour Ă©tendre son domaine vital. Et bien souvent, c’est l’homme qui lui offre cette chance


Homo disseminator

La biosphĂšre reprĂ©sente un assemblage complexe et foisonnant d’espĂšces, dont chacune est prĂ©sente au sein d’une aire spĂ©cifique parce qu’un lointain ancĂȘtre s’y est lui-mĂȘme rendu. Le visage du monde vivant rĂ©sulte en partie d’aventures extrĂȘmes auxquelles des individus ont consenti, confiant leur destin Ă  des vecteurs bien alĂ©atoires : vents, dĂ©rives ocĂ©anes, mais aussi dĂ©placements des animaux. Les mammifĂšres, en particulier, accrochent souvent Ă  leurs poils des graines munies d’extensions tĂ©gumentaires adhĂ©rentes, ou bien ingĂšrent des fruits dont les graines sont dĂ©fĂ©quĂ©es plus loin. Les vertĂ©brĂ©s sont de bons disperseurs de plantes.
Mais l’homme fait beaucoup mieux. Il lui arrive certes aussi, de maniĂšre similaire aux autres vertĂ©brĂ©s, d’accrocher des graines Ă  ses vĂȘtements. Nous connaissons bien la capacitĂ© d’une paire de chaussettes Ă  se charger de graines Ă  la traversĂ©e d’une friche. Il arrive aussi parfois qu’au dĂ©tour d’un sentier quelque pĂ©pin de pomme vienne Ă  germer Ă  la faveur de la pause d’un randonneur. Mais cela reste anecdotique, et tient en bonne partie Ă  des processus et des itinĂ©raires alĂ©atoires. Ce n’est pas de cette façon que l’homme s’illustre comme le plus grand des disperseurs d’espĂšces.
En premier lieu, l’homme est capable d’orienter spatialement les dĂ©placements d’espĂšces qu’il opĂšre, de maniĂšre dĂ©libĂ©rĂ©e et ciblĂ©e. Il est Ă  peu prĂšs le seul ĂȘtre vivant Ă  ĂȘtre capable d’une telle prouesse si l’on excepte par exemple les fourmis attines, capables de cultiver certains champignons aprĂšs les avoir dispersĂ©s. Le reste du temps, le vivant se disperse au hasard, de sorte que, parmi les candidats Ă  la dispersion, peu d’élus survivent au voyage. Le hasard se montre rarement conciliant, minimisant la probabilitĂ© d’une issue heureuse. Dans de telles conditions, le succĂšs ne vient qu’au terme de nombreuses tentatives reproduites sur des pas de temps souvent trĂšs longs. L’homme en revanche, s’opposant en cela Ă  de tels niveaux d’incertitude liĂ©s aux modes naturels de dispersion, raisonne et s’efforce de mettre en adĂ©quation les espĂšces qu’il dĂ©place et les sites qu’il investit. Cette dĂ©marche s’avĂšre infiniment plus fructueuse.
En second lieu, l’homme maximise les chances de succĂšs d’une introduction dĂ©libĂ©rĂ©e, en veillant sur les individus, animaux ou vĂ©gĂ©taux dont il prend en charge le dĂ©placement. Ces derniers y trouvent l’avantage considĂ©rable, outre de mĂ©nager leurs peines, d’assurer la rĂ©ussite de leur dispersion. Une telle bienveillance, assurĂ©e tout au long du processus d’introduction, est rarement dĂ©sintĂ©ressĂ©e. L’objectif poursuivi est de disposer d’un nouveau bien ou d’un nouveau service, susceptible de rendre la condition humaine moins difficile ou moins incertaine. L’introduction volontaire d’une espĂšce constitue toujours un acte de sĂ©curisation visant Ă  accroĂźtre le bien-ĂȘtre.
Des soins spĂ©cifiques, propres Ă  l’espĂšce ainsi dĂ©placĂ©e puis introduite, sont assurĂ©s depuis son prĂ©lĂšvement jusqu’à son Ă©tablissement dans son nouveau site d’accueil. Lorsqu’il y trouve intĂ©rĂȘt, l’homme est capable de tĂ©moigner d’une bienveillance sans bornes. L’Ɠil et l’oreille se font alors plus attentifs aux signes sollicitant des soins. L’homme sait se montrer gĂ©nĂ©reux Ă  l’égard des espĂšces introduites, dont les besoins vitaux sont assurĂ©s par des apports d’eau et de nourriture. En complĂ©ment, des artifices technologiques sont dĂ©ployĂ©s pour Ă©loigner ou Ă©liminer les espĂšces concurrentes ou prĂ©datrices, mais aussi pour assurer une protection contre d’éventuelles agressions climatiques.
L’homme s’est de la sorte montrĂ© si entreprenant qu’il a contribuĂ©, Ă  mesure que ses propres capacitĂ©s de dĂ©placement ont augmentĂ© et que son ingĂ©niositĂ© technologique s’est affirmĂ©e, Ă  redessiner entiĂšrement le visage du monde vivant. Les jardins, parcs et conservatoires botaniques, oĂč se cĂŽtoient aujourd’hui des plantes venues de tous les endroits du monde, en reprĂ©sentent la forme la plus poussĂ©e. Les quelque 1 800 jardins botaniques recensĂ©s dans le monde regroupent en effet 80 0000 espĂšces vĂ©gĂ©tales
 soit un peu plus d’un quart des 300 000 plantes vasculaires aujourd’hui connues. C’est en de tels lieux que la pression d’introduction que l’homme est capable d’exercer au sein d’un mĂȘme espace se rĂ©vĂšle le mieux. L’abondance d’une signalĂ©tique indiquant le nom des plantes reprĂ©sentĂ©es y donne le tournis, et l’on se demande parfois si un tel foisonnement peut encore ĂȘtre qualifiĂ© de naturel


Graines au long cours

Les espaces dits « naturels » nous semblent au contraire rĂ©sulter d’assemblages d’espĂšces pour lesquels l’activitĂ© humaine semble avoir peu jouĂ©. C’est vrai quelquefois, mais ce n’est souvent lĂ  qu’une apparence, tant les changements opĂ©rĂ©s par l’homme peuvent passer inaperçus. Ainsi, la liste des noms des espĂšces que l’on croirait ancrĂ©es depuis toujours dans nos territoires est si longue que, tout entiĂšre, elle courrait sur bien plus de pages que n’en contient ce livre. ChĂątaignier, olivier, bleuet, coquelicot, lapin de garenne : ce sont quelques exemples d’espĂšces des bois et des champs dont on jurerait volontiers, mais bien Ă  tort, que leur prĂ©sence sur le sol français ne doit rien Ă  l’homme. On sait aussi combien l’idĂ©e de forĂȘt vierge ou de forĂȘt primaire est fantaisiste, tant l’homme a en rĂ©alitĂ© contribuĂ© Ă  recomposer les forĂȘts tropicales oĂč il Ă©tait prĂ©sent en y dĂ©plaçant des espĂšces au cours de l’histoire.
À l’évidence, il n’y a pas de fil plus commode que l’histoire pour rendre compte des changements qu’ont reprĂ©sentĂ©s les introductions successives de plantes et d’animaux par l’homme. Ce sont des changements en amont, liĂ©s aux capacitĂ©s croissantes des hommes Ă  se dĂ©placer de plus en plus rapidement, de plus en plus loin, et en se chargeant de marchandises de plus en plus volumineuses. Mais ce sont aussi des changements en aval, que reprĂ©sentent les consĂ©quences environnementales de ces introductions.
Suivons dĂšs Ă  prĂ©sent ce fil directeur, et prenons l’histoire des introductions d’espĂšces Ă  son commencement. À quel moment cette fonction d’introduction, jusque-lĂ  reprĂ©sentĂ©e par quelques graines accrochĂ©es aux cheveux ou voyageant secrĂštement dans les mĂ©andres d’un intestin humain, a-t-elle changĂ© de nature, pour ĂȘtre spatialement et spĂ©cifiquement orientĂ©e ? On est a priori tentĂ© d’associer un tel changement Ă  l’apparition de l’agriculture. Ce n’est cependant lĂ  qu’une hypothĂšse, que le seul exemple du chien, domestiquĂ© il y a au moins 15 000 ans, suffit Ă  rĂ©futer. La domestication et l’introduction d’espĂšces qui en rĂ©sulte inĂ©luctablement sont donc antĂ©rieures Ă  l’agriculture, apparue au Proche-Orient il y a environ 10 000 ans.
D’autres rouages ont pu opĂ©rer avant l’invention de l’agriculture. Des transports de graines ont en effet pu ĂȘtre assurĂ©s par le port d’ornements ou par leur utilisation dans la confection d’instruments de musique, telles les maracas, ou bien parce qu’elles renferment une toxine susceptible d’ĂȘtre utilisĂ©e pour la chasse. Ainsi en est-il de la liane Abrus precatorius, qui produit des graines assurant l’ensemble de ces usages. On la rencontre dans de nombreux pays tropicaux et tempĂ©rĂ©s, aussi bien en Afrique orientale et australe qu’en Asie, ainsi que dans l’ensemble du Pacifique. L’introduction de cette plante a pu ĂȘtre assurĂ©e dans des temps trĂšs reculĂ©s, par simple transport de ces graines dont certaines, dĂ©laissĂ©es ou dĂ©tachĂ©es de leur objet d’appartenance, ont alors germĂ©. Il s’agit lĂ  d’une introduction involontaire, heureuse pour la plante mais aussi pour l’homme, qui en tire des usages.
Pour autant, l’agriculture constitue sans aucun doute le premier grand moteur du dĂ©placement d’espĂšces assistĂ© par l’homme. Certaines plantes, mais aussi certains animaux ont Ă©tĂ© transportĂ©s sur des distances considĂ©rables, inimaginables pour nous qui n’envisageons plus qu’en position assise tout dĂ©placement excĂ©dant 2 kilomĂštres. Pourtant, bien des indices laissent Ă  penser qu’il y a dĂ©jĂ  plusieurs dizaines de milliers d’annĂ©es, des hommes dotĂ©s d’un tempĂ©rament peu commun se sont lancĂ©s dans des Ă©popĂ©es d’ampleur transcontinentale.
Les analyses gĂ©nĂ©tiques les plus rĂ©centes rĂ©vĂšlent en effet qu’il y a 70 000 ans, des hommes sont partis des cĂŽtes de l’Afrique orientale et ont rejoint par voie maritime, au terme de trajectoires cĂŽtiĂšres restĂ©es inconnues, la lointaine Asie du Sud-Est. LĂ , ils ont cĂŽtoyĂ© l’homme ancestral de Denisova, empruntant 3 % de ses gĂšnes avant de contribuer Ă  le faire disparaĂźtre, puis se sont implantĂ©s durablement. Qu’avaient-ils donc dans leurs besaces ? Probablement pas des graines de plantes Ă  usage culinaire, car trĂšs peu d’espĂšces d’intĂ©rĂȘt alimentaire ont Ă©tĂ© domestiquĂ©es en Afrique. Pratiquement toutes les plantes cultivĂ©es que l’on rencontre aujourd’hui en Afrique tropicale y ont Ă©tĂ© introduites. Les premiĂšres sont arrivĂ©es lors de migrations anciennes venues d’Asie. Ainsi en est-il par exemple du bananier, cultivĂ© en Afrique centrale il y a plus de 2 500 ans. Les autres n’ont que quelques siĂšcles.
Des plantes offrant d’autres usages ont cependant pu quitter l’Afrique Ă  cette pĂ©riode. Certains chercheurs y voient la clĂ© de la prĂ©sence inexplicable, au nord et Ă  l’ouest de l’Australie, d’une espĂšce de baobab (Adansonia gregorii), les six autres espĂšces du mĂȘme genre botanique ne se rencontrant qu’en Afrique et Ă  Madagascar. Or les cabosses de baobabs constituent des rĂ©serves alimentaires, mais aussi des sources naturelles de vitamine C permettant de se prĂ©munir du scorbut. On sait que les navigateurs arabes en faisaient usage lors de leurs navigations. Mais de leurs lointains prĂ©dĂ©cesseurs, que sait-on ? N’en avaient-ils pas Ă©galement trouvĂ© l’usage ?
À leur tour, il y a 30 000 Ă  50 000 ans, des hommes originaires d’IndonĂ©sie rejoignirent en pirogue le plateau de Sahul, qui raccordait alors la Nouvelle-GuinĂ©e Ă  l’Australie et Ă  la Tasmanie. LĂ , ils fondĂšrent les bases des peuplements papous de Nouvelle-GuinĂ©e et des communautĂ©s aborigĂšnes d’Australie. Ils y pratiquĂšrent, il y a probablement plus de 20 000 ans, la vĂ©gĂ©ticulture. Ce terme dĂ©signe une forme d’agriculture dont la propagation repose sur le seul bouturage, sans faire appel au semis. C’était la maniĂšre la plus commode de multiplier des plantes, dans des climats tropicaux humides oĂč l’aptitude Ă  la propagation vĂ©gĂ©tative est Ă©levĂ©e. L’igname et le taro composĂšrent dĂšs lors la base de l’alimentation, et les techniques de production de ces deux tubercules ne se modifiĂšrent guĂšre au fil du temps. En revanche, tout au long de cette lente entreprise de domestication vĂ©gĂ©tale, plusieurs centaines de variĂ©tĂ©s virent le jour.
Les prodigieuses migrations polynĂ©siennes prirent le relais il y a environ 1 500 ans, affrontant cette fois l’immensitĂ© du Pacifique. Un dĂ©sert de 180 millions de kilomĂštres carrĂ©s, parsemĂ© d’oasis de terre, confettis dĂ©risoires que les Ă©mĂ©rites navigateurs polynĂ©siens parvinrent Ă  rejoindre l’un aprĂšs l’autre. Leurs embarcations pouvaient se charger d’une centaine de personnes et parcourir jusqu’à 250 kilomĂštres en une journĂ©e. Leurs tec...

Table des matiĂšres

  1. Couverture
  2. Page de titre
  3. Copyright
  4. Avant-propos
  5. CHAPITRE 1. Migration assistée
  6. CHAPITRE 2. DĂ©finir l’indĂ©finissable
  7. CHAPITRE 3. Dire les invasions biologiques
  8. CHAPITRE 4. Objectiver l’impact
  9. CHAPITRE 5. Dans le sillage de nos activités
  10. CHAPITRE 6. Les sciences du vivant revisitées
  11. CHAPITRE 7. Une nouvelle idée de la nature
  12. CHAPITRE 8. Ode au mouvement perpétuel
  13. Références bibliographiques
  14. Index
  15. Remerciements
  16. Table des matiĂšres
  17. 4e de couverture