Protéger la biodiversité marine
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Protéger la biodiversité marine

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Protéger la biodiversité marine

À propos de ce livre

Écrit par un grand connaisseur des fonds marins, ce livre bouscule bien des idées reçues sur les atteintes à la biodiversité marine et sur sa protection. En prenant pour exemple la Méditerranée, une évaluation assez révolutionnaire des impacts est présentée. L'originalité de cette approche repose sur la distinction des atteintes à la biodiversité de celles préjudiciables pour l'Homme. Cela conduit à mettre en évidence les plus nocives pour la vie marine afin d'en améliorer les dispositifs de protection. Cet essai révèle aussi à quel point les outils juridiques déployés pour défendre les espèces menacées et les espaces naturels doivent être réformés. Il est fort probable qu'au cours des décennies à venir les effets du changement climatique global et les introductions d'espèces bouleverseront la biodiversité. Cependant la Méditerranée, les mers et les océans de la planète reste-ront bien vivants, mais différents. Alexandre Meinesz est un biologiste marin, plongeur et naturaliste, professeur émérite à l'université Côte d'Azur-laboratoire CNRS « Ecoseas »?. Spécialiste de la végétation sous-marine, il a été le lanceur d'alerte sur l'invasion de l'algue Caulerpa taxifolia qui a défrayé la chronique dans les années 1990. Il est l'auteur du Roman noir de l'algue tueuse et de How Life Began?: Evolution's Three Geneses (Comment la vie a commencé : les trois genèses du vivant). 

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Informations

Éditeur
Odile Jacob
Année
2021
Imprimer l'ISBN
9782415000103

CHAPITRE 1

La biodiversité marine

Dès 450 av. J.-C., les potiers grecs dessinaient sur les objets en terre cuite des représentations très réalistes d’animaux marins. Aristote (384 av. J.-C.-322 av. J.-C.) a mentionné dans ses écrits une biodiversité de 300 espèces marines qu’il a inventoriées en mer Égée. Par la suite, les artistes romains, passés maîtres dans l’art de la mosaïque, ont représenté les espèces marines consommées. Elles se reconnaissent facilement : rascasses, daurades, loups, murènes, congres, rougets, labridés, mérous, langoustes, poulpes, seiches, calmars…
Il a fallu attendre la curiosité des savants du XIXe et du XXe siècle pour améliorer l’inventaire des espèces délaissées, non consommées. Cette biodiversité a d’abord été révélée par des captures d’organismes à l’aide de moyens invasifs (dragages, chalutages), puis par des prélèvements ponctuels en plongée ou par des engins téléguidés munis de pièges ou de pinces. En Méditerranée, ces études, réalisées essentiellement dans une cinquantaine d’instituts océanographiques ou d’universités littorales, permettent d’avoir une bonne idée de sa richesse biologique.
Par mon métier d’enseignant-chercheur en biologie marine, j’ai été initié à une partie de ces acquis. Mais l’écart entre ces connaissances et celles accessibles au public s’est considérablement amplifié.
Sensibilisé par le commandant Cousteau et nombre de ses disciples, le public a compris que l’homme devenait nuisible à la vie marine. Les images du massacre industriel des thons dans les filets tournants, d’un cormoran agonisant englué de pétrole, d’une tortue blessée par une hélice de bateau, des fonds glauques et jonchés d’immondices devant les émissaires de certaines villes ou des nappes de plastiques flottants sont autant de témoignages marquants. Ils ont laissé une forte impression avec un ressenti que nous courons au désastre et qu’en continuant ainsi, les générations futures ne verront plus un seul poisson.
L’exposition des outrages au milieu marin marque les esprits, engendre des peurs, suscite des réprobations. Elle contribue à une exigence de protection toujours plus élevée auprès des politiques et des administrations des États. Mais à force d’alarmer le public sur la menace d’extinction ou d’érosion de la biodiversité, à force de faire des pronostics négatifs, bien des cris d’indignation ont perdu une part de leur crédibilité. L’accumulation de ces alarmes tend à créer une fausse information globale. Sachez qu’en fait la Méditerranée est toujours vivante ; le capital vie est encore présent. Il est à peu près identique à celui de l’époque romaine. Certes, il est çà et là écorné, bouleversé, blessé, mais le plus souvent de façon réversible.
Pour remettre en question les visions apocalyptiques de l’état de la vie en mer et présenter un éclairage plus réaliste sur les réelles atteintes ou menaces en mer Méditerranée, il faut avant tout aborder l’inventaire de la vie en jeu. En d’autres termes, connaître les caractéristiques de la biodiversité marine. C’est ce que je me propose de vous présenter dans ce chapitre.

La biodiversité du milieu marin

Pour un biologiste, le concept de biodiversité a une signification bien précise, alors que ce terme est souvent mal compris. Je me suis amusé à organiser un sondage auprès de mes amis profanes en la matière. À la demande : « Définis-moi le mot biodiversité », j’ai reçu des réponses hésitantes. Venant de ma part, ils flairaient un piège, ou avaient l’appréhension de dire une bêtise. En les rassurant un peu sur le but de ma question, j’ai obtenu presque toujours la même réponse : « C’est la faune et la flore ! L’ensemble des animaux et des végétaux. »
Cela montre que leur vision de ce que le terme recouvre est assez bonne mais quelque peu restrictive. Le terme « biodiversité », si galvaudé, mérite donc d’être précisé. C’est en fait un néologisme récent. Le mot fut prononcé la première fois en 1985 au cours d’un congrès scientifique. C’est lors d’un exposé minuté qu’un participant américain, contraint de dire à plusieurs reprises « diversité biologique », fit une association-contraction des deux mots. Biological diversity est ainsi devenu biodiversity. Depuis, ce concept s’est imposé pour appréhender la diversité de la vie.
Si vous découvrez pour la première fois sa définition, d’emblée vous serez déçu ou surpris par ce concept flou. La diversité du vivant englobe une large palette de ce qui est considéré comme vivant avec toutes les incertitudes s’y rattachant. C’est plus étendu que l’élémentaire inventaire de la faune et de la flore. En simplifiant, nous devons considérer la biodiversité sur trois niveaux : génétique, spécifique et écologique.

La biodiversité génétique

Cette diversité concerne l’ensemble des variétés, formes ou races différentes au sein de chaque espèce. Il s’agit de la palette des différences visibles (formes, tailles, colorations…) ou invisibles (comportements, physiologies, immunités…) entre individus d’une même espèce. Il est aisé de visualiser cette biodiversité sur les petits bivalves comme les tellines, les pectens ou les palourdes. Leurs coquilles présentent des couleurs et des motifs très différents selon les individus. La biodiversité génétique, se traduisant au niveau le plus intime du vivant (des variantes de protéines ou de gènes), est encore très peu connue pour la grande majorité des espèces inventoriées.
Dans ce registre, une notion est importante. Plus le nombre de différences génétiques est élevé au sein d’une espèce, plus celle-ci a un potentiel d’adaptation dans un monde changeant. Mais en mer, la reproduction des espèces se fait dans un volume liquide ne connaissant pas de frontières géographiques. En mer, il y a un mélange continu des individus de la même espèce ne favorisant pas des particularités locales. De ce fait, il y a globalement une faible diversité au niveau des gènes. Les rares exceptions peuvent se rencontrer chez quelques espèces littorales dont les populations sont isolées et dont les produits de la reproduction ne se disséminent pas ou mal avec les courants.
Ce premier niveau de la biodiversité marine ne peut être perçu que par des spécialistes aguerris aux techniques d’analyse génétique.

La biodiversité des espèces

C’est à ce niveau que se limite le plus souvent l’interprétation du mot biodiversité.
Certains (les scientifiques naturalistes) pragmatiques se réfèrent à de multiples caractéristiques aisément reconnaissables. Ils souhaitent avant tout nommer rapidement sur le terrain un chat un chat. Pour cela, ils s’efforcent de caractériser au niveau international chaque espèce (par ses formes, son anatomie…) et de respecter ces conventions descriptives afin d’identifier, si possible sur place, les multiples espèces rencontrées dans un milieu.
D’autres biologistes (les généticiens) contestent cette vision en soulignant l’absence de limites entre les variantes génétiques d’espèces proches. Pour eux, le concept d’espèce est trop rigide, c’est une vision anthropomorphique du vivant. Ils identifient les espèces prélevées en mer dans les laboratoires en analysant leur ADN.
Pour décrire la biodiversité spécifique de la Méditerranée, je ne tiendrai compte que de la notion d’espèce la plus simple et la plus abordable : celle des naturalistes, des écologistes de terrain.

L’INVENTAIRE

Les spécialistes ont dressé des listes d’espèces observées. Leur énumération n’est pas fixe, elle fluctue. Si les chercheurs identifient de moins en moins d’espèces visibles à l’œil nu non décrites auparavant, le nombre de nouveaux organismes microscopiques découverts augmente régulièrement.
Parfois la validité de certaines espèces est mise en cause. Cela entraîne alors le regroupement sous un seul nom d’espèces nommées différemment. De même, une espèce donnée, aux caractéristiques anatomiques ou morphologiques pourtant bien identifiables, doit être parfois scindée en deux ou en plusieurs lots distincts formant ainsi des espèces nouvelles. Ces recombinaisons académiques de nomenclature se multiplient grâce aux études de génétique.
Pour rester simple, je donne quelques chiffres volontairement approximatifs de la biodiversité spécifique des groupes les plus connus.
Pour la Méditerranée, le dernier dénombrement d’espèces vivantes fait état de 4 400 unicellulaires (espèces microscopiques composant essentiellement le plancton), 140 champignons marins (ils sont filamenteux et le plus souvent minuscules) et 12 400 espèces visibles à l’œil nu. Dans cette dernière catégorie, les végétaux sous-marins sont représentés par 7 plantes à fleurs, 1 100 algues et 160 bactéries photosynthétiques bien identifiables (appelées « algues bleues »). Pour les animaux, ont été décrits 6 tortues, une vingtaine de mammifères marins (des cétacés et une espèce de phoque), plus de 2 250 crustacés, 2 100 vers marins ronds ou plats, 2 100 mollusques, 690 éponges, 650 poissons et 150 échinodermes (oursins, étoiles de mer, holothuries…). Le reste est constitué par des invertébrés d’une dizaine de groupes distincts moins connus.
Additionnez le tout, vous arrivez à environ 16 740 espèces différentes pour toute la Méditerranée (excepté les bactéries et les virus si difficiles à identifier).

La biodiversité écologique

La troisième façon d’aborder la biodiversité de la vie marine est écologique. Elle distingue les grands groupes fonctionnels et bien au-delà. Cela couvre la structure des écosystèmes, l’organisation des chaînes alimentaires et les paysages sous-marins.
Chaque élément peut être considéré à l’échelle locale ou régionale.
Dans cette approche écologique, la biodiversité marine se divise en deux ensembles très distincts, appelés pélagos et benthos. Ils désignent deux systèmes de vie se côtoyant en mer mais fonctionnant différemment. Tous les raisonnements sur les impacts actuels ou prévisibles des pollutions sur la faune et la flore marines passent par la compréhension de cette division élémentaire de la vie en mer. Une notion clé.

LE PÉLAGOS : LA VIE PÉLAGIQUE

Il correspond à la vie rencontrée sur l’étendue des mers et des océans. Cette vie comprend un ensemble hétérogène englobant le virus et la bactérie microscopiques, la petite algue minuscule invisible à l’œil nu et la baleine de plus de 20 mètres de long, sans oublier des animaux aussi divers que méduses, crustacés, mollusques ou poissons. Tous ces organismes composant le pélagos ont une caractéristique commune : ils n’ont pas besoin du fond des mers et des océans pour vivre. Tout se passe en pleine eau : reproduction, développement, croissance, nutrition ; naissance, vie et mort.
La vie pélagique dans la couche d’eau éclairée
Le fonctionnement du pélagos est assuré uniquement par la photosynthèse des algues microscopiques. Avec leur chlorophylle et grâce à l’énergie lumineuse, elles transforment les sels minéraux et les gaz dissous dans l’eau de mer en matière organique. L’ensemble de ces végétaux microscopiques constitue le plancton végétal (le phytoplancton). Il ne se trouve que là où la lumière pénètre (essentiellement dans les 100 premiers mètres d’eau). La partie superficielle de la mer s’apparente à une soupe végétale. Ce vaste pâturage, dont l’herbe est représentée par des microalgues, est brouté par de minuscules herbivores. Ces mangeurs d’algues font partie du plancton animal (le zooplancton) représenté essentiellement par des mini-crustacés ou par des juvéniles de divers types d’animaux. La suite est mieux connue. Les minuscules animaux sont mangés par des carnivores : crevettes, méduses et autres animaux invertébrés gélatineux ou petits poissons (anchois, sardines, sévereaux, maquereaux…). Cette faune est à son tour ingérée par de plus gros poissons : thons, sérioles, bonites, espadons…, mais aussi par des mollusques (calmars) ou des mammifères (dauphins). Parfois le cycle de nutrition est plus court, comme pour les baleines qui se nourrissent directement au rayon crevettes.
En Méditerranée, la prairie marine d’algues unicellulaires est naturellement peu dense car il y a peu de sels nutritifs (c’est une carence d’engrais). Elle est cependant suffisante pour faire vivre des populations de thons, de dauphins et de baleines.
La vie pélagique dans les ténèbres
Sous la zone éclairée, toujours en pleine eau, mais loin du fond, d’autres espèces du monde pélagique prolifèrent. Certaines sont cantonnées dans la première couche d’eaux obscures et remontent la nuit vers la surface pour dévorer le plancton ayant tendance à couler pendant cette période. D’autres sont des charognards ou des détritivores (des mangeurs de détritus). Les premiers dévorent tous les organismes en fin de vie en train de couler ou leurs cadavres. Les seconds avalent les déjections des organismes vivant dans la partie éclairée. Ces vautours marins nagent dans l’immensité des masses d’eaux obscures constituant l’essentiel du volume des mers et des océans. Des carnivores, comme les calmars, se nourrissent de tous ces organismes spécialisés. Eux-mêmes servent de nourriture à d’autres carnivores comme les cachalots. Tout cela se passe en pleine eau, dans les ténèbres, au-dessus des fonds abyssaux.

LE BENTHOS : LA VIE BENTHIQUE

Les organismes animaux et végétaux constituant le benthos sont adaptés à une autre stratégie de vie. Ils ont besoin du sol marin pour vivre. Ils peuvent vivre enfouis (dans le sable ou la vase), fixés (sur les roches essentiellement) ou nageant au-dessus des fonds (ils s’y reproduisent et y trouvent leur nourriture).
La zone éclairée du milieu benthique
La base fonctionnelle de ce système est constituée essentiellement d’algues macroscopiques (visibles à l’œil nu) et de plantes à fleurs. Ces prairies de végétaux sous-marins ne peuvent se développer que là où la lumière pénètre suffisamment. Ainsi, en Méditerranée, plus de 98 % de la masse végétale benthique se trouve concentrée sur les fonds situés entre 0 et 50 mètres de profondeur. C’est tout naturellement là que la faune est la plus diversifiée. Tous les représentants des invertébrés marins s’y rencontrent. Les plus communs sont les éponges, coraux, gorgones, oursins, ...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Titre
  3. Copyright
  4. Avant-propos
  5. Chapitre 1 - La biodiversité marine
  6. Chapitre 2 - Les critères à considérer pour hiérarchiser les atteintes au milieu marin
  7. Chapitre 3 - Quatre atteintes majeures parmi les plus nocives pour la vie marine
  8. Chapitre 4 - Les atteintes au milieu marin les plus redoutées par l'Homme
  9. Chapitre 5 - La protection des espèces et des espaces
  10. Chapitre 6 - Mais que font les autorités ?
  11. Chapitre 7 - En conclusion : pour préserver la cible vie marine il faut éduquer
  12. Remerciements
  13. Pour en savoir plus
  14. Table