
- 192 pages
- French
- ePUB (adapté aux mobiles)
- Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub
À propos de ce livre
Le manque de désir sexuel est aujourd'hui au cœur des consultations de sexologie. Comment redonner à la sexualité la place et la valeur qu'elle mérite dans nos vies ? En quoi celle-ci est-elle une affaire vitale, qui nous apporte du plaisir, mais aussi beaucoup plus ? « La sexualité est le fil rouge de notre existence », explique l'auteur. À travers son dialogue fictif avec Karine, jeune patiente en thérapie, Ghislaine Paris rappelle tout ce qui, décidément, dépend du sexuel : notre capacité à aimer, notre accès à la maturité, notre acceptation de l'altérité… des vérités sur le sexe qu'on ne nous a pas dites et qui nous invitent à changer de regard. C'est seulement si nous prenons conscience de ces dimensions bénéfiques que nous pourrons laisser s'épanouir notre vie sexuelle. Car, pour Ghislaine Paris, toute sexualité peut être heureuse, pour peu que nous lui accordions de l'attention, du temps et de la curiosité. Dr Ghislaine Paris Médecin sexologue formée en psychanalyse, elle est l'auteur d'Un désir si fragile, publié en 2004, et coauteur de Faire l'amour pour éviter la guerre dans le couple, publié en 2010.
Foire aux questions
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Informations
CHAPITRE 1
L’intime et le public
Une sexualité libérée ne naît pas forcément d’un discours collectif sans tabou
Ce matin-là, Karine pénètre dans mon cabinet un peu intimidée. « C’est la première fois que je fais la démarche de consulter un sexologue et… ce n’est pas facile. » Chez cette grande jeune femme de 30 ans, quelques traits d’une adolescence toute proche persistent encore. Elle arrive tout droit du parc où elle est allée courir et s’excuse pour sa tenue de sport décontractée. Ses joues rebondies, rosies par l’effort, ses yeux bruns brillants et ses cheveux châtains un peu rebelles relevés à la hâte avec une grosse barrette soulignent encore son air infantile. Néanmoins son angoisse est palpable. Elle est assise sur le bord de son siège, les mains crispées sur son petit sac qu’elle a gardé en bandoulière. Je lui souris chaleureusement et lui propose de se mettre à l’aise : il fait chaud ici et elle a couru. Nous avons une heure devant nous.
Je la rassure, la démarche qu’elle entreprend n’est aisée pour personne. Même si aujourd’hui la parole semble s’être libérée sur les sujets sexuels, dès qu’on touche à l’intimité d’un destin singulier, cela se complique. Révéler cette partie profonde, ce noyau dur au grand jour et de plus, à une inconnue, est une opération délicate : peur d’être jugé, de ne pas être conforme, peur de se mettre à nu et d’être vulnérable. Voilà qui est beaucoup plus difficile que de se déshabiller pour un examen médical classique. On touche alors à l’intime et à la pudeur, deux notions qui vont de pair, et sont irrémédiablement associées à la sexualité.
L’intime n’est pas seulement le privé qui s’oppose au public, c’est aussi un espace nous appartenant, délimité par la barrière de la pudeur ; certes cette frontière est variable selon l’époque ou la culture dans lesquelles nous vivons, mais peut-on prétendre qu’aujourd’hui la libération sexuelle l’a fait disparaître ? Non, bien sûr. Même si la sexualité s’expose sur la place publique de façon insistante, la pudeur continue à exister au cœur de chacun d’entre nous.
La difficulté de parler de sexualité
Cela explique la gêne de Karine car elle sait qu’elle va devoir aborder avec moi cet espace intime. Le cabinet du sexologue est l’un des rares endroits où elle pourra parler sans se sentir jugée, où non seulement se dévoiler ne la mettra pas en danger, mais où elle trouvera aide et empathie. La relation thérapeutique permet le respect de l’intimité car le soignant n’est pas vraiment une personne ; il représente une fonction d’assistance qui s’effacera dès que le besoin disparaîtra, respectant ainsi l’intégrité du patient.
Je rassure Karine sur la confidentialité de ses propos. Ma bienveillance et mon absence de jugement sont les conditions indispensables pour que je puisse effectivement l’aider.
Cependant, la libération collective de la parole concernant le sexuel a certainement favorisé la démarche de Karine.
Une libération sexuelle grâce aux femmes
La révolution sexuelle a pris son essor vers le milieu du XXe siècle et a coïncidé avec l’évolution de la condition féminine, ce qui indique que les femmes détenaient la clé de cette émancipation. En effet, le désir tend à circuler naturellement entre les deux sexes ; si la moitié féminine de l’humanité se voit interdire l’expression et le vécu de ce désir, le mouvement s’arrête. La liberté sexuelle des hommes n’est qu’un leurre quand elle s’exerce seule et a fortiori aux dépens de l’autre sexe. Une sexualité réussie est le partage de sa propre jouissance avec celle de l’autre. C’est une rencontre et non une prédation. On ne se sert pas alors d’une personne comme d’un objet de plaisir dans une pratique autocentrée, autoérotique, masturbatoire, mais on partage cette émotion qui sera ainsi transcendée.
« Je ne sais pas par où commencer », me dit-elle. Bon nombre de patients prononcent cette phrase lors du premier entretien. Elle témoigne de leur embarras pour exprimer un malaise qui reste flou.
Je l’encourage de nouveau : « Ne vous inquiétez pas pour la forme, dites les choses comme elles vous viennent, faire le tri c’est mon travail ! » « Parler de sexualité est particulièrement difficile pour moi, ajoute Karine, car dans ma famille le sujet était… en quelque sorte tabou. »
Ce terme est très souvent évoqué dans les consultations et apparaît comme une notion incontournable associée au sexuel (cf. encadré ci-dessous). Jacques, un autre de mes patients, affirme qu’il n’a pas de tabou et il voudrait que sa compagne Justine soit comme lui. « À notre époque, dit-il, on doit être libéré, il ne doit plus y avoir de tabou ; elle a des blocages, ce n’est pas normal, il faut l’aider. »
Le tabou : entre interdit et sacré
À l’origine du sexuel, il y a la pulsion sauvage, puissante et dangereuse. Depuis le début de l’histoire humaine, dès qu’une ébauche de société est née, est apparu en même temps l’interdit qui pose des limites. Cet ensemble de lois, qu’elles soient morales, sociales ou religieuses régissent les instincts humains les plus puissants et notamment règlent le sexuel. L’interdit est structurant, il permet entre autres aux hommes d’être socialisés. Par ailleurs la sexualité est un des plus puissants moteurs de la vie, source d’énergie vitale qui au-delà de notre existence d’être humain nous dépasse ; cette transcendance lui confère un caractère sacré.
La libération de la parole sur le sexuel, l’autorisation donnée aux femmes d’accéder à une sexualité personnelle ne signifie donc aucunement l’absence d’interdit, la disparition de la notion de tabou et la désacralisation. Si c’était le cas, on aboutirait à une sexualité déshumanisée, chirurgicale ou pornographique. Elle se trouverait réduite à une mécanique des corps, à la satisfaction autocentrée d’une pulsion archaïque, menaçant l’existence de la société ; avec, à la clé, une énorme déception, ces corps décérébrés étant incapables d’accéder à la jouissance.
Aujourd’hui les interdits sont moins sévères. Le sexuel n’est plus une source de honte et de peur ; nous ne sommes plus prêts à sacrifier l’épanouissement personnel sur l’autel du destin collectif. C’est à mon sens un grand progrès, la libération de la parole permet les échanges et la réflexion sur ce sujet complexe ; c’est une manière de sortir de l’obscurantisme ; cependant cela ne signifie pas la disparition de tous les interdits, de tous les tabous et la perte de cette dimension sacrée.
Paradoxalement, dans certains cas, l’excès de parole occultera l’intime. La profusion et la banalisation du discours serviront de paravent, de leurre derrière lesquels se cachera le sexuel.
Désirer et/ou aimer ?
Quel est le problème de Karine ? Que vient-elle me demander de si important justifiant l’effort qu’elle fait pour cette démarche ? Elle n’a plus de désir et plus trop de plaisir. Après la phase de rencontre où tout se passait bien, elle a progressivement perdu le goût des relations sexuelles avec son compagnon. « Oh, je l’aime, m’assure-t-elle, ce n’est pas une question de sentiments, j’en suis sûre, même si je me suis posé la question ; ce n’est pas normal, me dit-elle, je suis jeune, en bonne santé, je devrais avoir envie. » Karine pose là des questions complexes : désirer et aimer est-ce la même chose ? Peut-on vivre l’une des deux dimensions indépendamment de l’autre ?
Lorsqu’on parle de sexualité humaine, toute évocation normative est délicate. De quelle norme parle-t-elle ? D’une norme biologique comme elle semble le dire en évoquant son âge ? Être jeune suffirait-il pour éprouver du désir ? Fait-elle référence à une norme statistique ? Les études se multiplient en effet, mais si elles intéressent les sociologues, elles ne répondent pas toujours aux questions individuelles. S’il est question de normes morales, religieuses ou culturelles, la définition devient impossible.
Pour le moment, je n’émettrai pas toutes ces réserves. Je laisse parler Karine et je l’écoute attentivement. Son compagnon en souffre même s’il est plutôt patient. Pour sa part « elle s’en passerait bien », en tout cas, c’est ce qu’elle dit. Je ne peux m’empêcher sur ce point de l’interrompre sans doute prématurément : « En êtes-vous si sûre ? Peut-on dire qu’on se passe de sexualité quand on a un homme désirant à ses côtés ? Ne confondez-vous pas sexualité et rapports sexuels ? » Toutes ces questions la déstabilisent, je la rassure, je suis allée trop vite, nous reprendrons cela plus tard.
Elle revient à sa demande : elle le sait, elle l’a entendu à la radio, dans les émissions de télé, elle l’a lu dans les magazines féminins : « La sexualité doit être épanouie, c’est important pour le couple », alors il faut que je l’aide.
Les limites du discours médiatique sur le sexe
Karine a raison, tel est le discours ambiant ; mais cette médiatisation est-elle réellement la preuve de l’importance du sexuel ?
C’est surtout la démonstration de l’énorme curiosité que suscite, et qu’a toujours suscitée, la question sexuelle. Autorisés à le faire, aujourd’hui les médias se sont emparés du sujet, ce qui dope l’audience et du même coup engendre de substantiels revenus financiers. Malheureusement, l’exploitation de ce filon ne se fait pas sans dérive, par exemple, en utilisant quelquefois des pulsions perverses qui sommeillent en chacun de nous, telles que le voyeurisme et l’exhibitionnisme.
De plus, cette banalisation du discours peut créer une pseudo-norme à laquelle bien sûr tout le monde, c’est-à-dire personne, ne correspond, car par essence la sexualité est singulière. Le message est brouillé ; il ne démontre pas la valeur de la sexualité mais une obligation de réussir dans ce domaine sous peine d’être un « raté ». Si on ajoute que le but à atteindre et les moyens pour y parvenir sont loin d’être clairs, on comprend que tout cela génère de l’angoisse et non une aide à la réflexion personnelle.
Plus grave encore, cette manœuvre est soigneusement camouflée derrière une réflexion sociétale pour que chacun sorte tranquille de cette manipulation, même si au fond personne n’est vraiment dupe. Cependant cette parole nous laisse souvent sur notre faim, car le discours médiatique sur la sexualité reste en périphérie sans répondre aux questionnements intimes. En fait, il apparaît que personne ne peut faire l’économie d’une réflexion personnelle approfondie sur ce sujet. Voilà sans doute ce qu’entreprend Karine aujourd’hui.
La sexualité ne se résume pas au plaisir
Une autre manière de parler collectivement de la sexualité, va être de vanter le plaisir, véritable philosophie épicurienne de la jouissance. Ces arguments vont-ils nous convaincre de l’importance de notre vie sexuelle ? Karine pour sa part ne semble pas avoir vraiment de problèmes de ce côté : « Lorsque j’ai une relation avec Jérémy, mon compagnon, je finis par me laisser aller et finalement, c’est très bien… Je me demande toujours après pourquoi je n’en ai pas envie plus souvent. Cependant, rien ne change. »
Non seulement le plaisir n’est pas la solution magique, mais il est aussi un terrain mouvant. Notre culture judéo-chrétienne l’associe souvent à la culpabilité, a fortiori quand il s’agit de sexe. Tout cela sent le soufre, et finalement ces arguments vont produire l’effet inverse. Au mieux, la sexualité sera quelque chose de superficiel, un loisir sans importance. Karine me demande de l’aider à avoir du désir… Me voilà bien embarrassée et désemparée devant son attente, surtout quand on sait que ce type de problème se pose presque quotidiennement dans ma pratique. Malheureusement, je n’ai pas de philtre magique et il n’existe pas de médicament, tout au moins pour l’instant.
Pour expliquer sa difficulté, Karine évoque la routine, le quotidien pas toujours facile, le déclin de la passion : rien de bien original, ni de très grave. J’essaie donc d’évaluer l’importance qu’a pour elle la sexualité, et non pas bien sûr en lui posant directement la question, elle m’a dit déjà qu’elle savait que c’était important !
Je lui demande le temps, l’énergie qu’elle accorde à la séduction, à l’imaginaire érotique, à la sensualité, éventuellement à l’autoérotisme. Ces dimensions de sa vie sont-elles sérieuses pour elle, tout autant que son travail, sa famille, ses loisirs ou ses amis ? Le verdict tombe : cette jeune femme pleine de bonnes intentions et courageuse car elle a franchi ma porte n’accorde pas une attention importante à la sexualité.
Tant qu’il en sera ainsi, ce désir qu’elle me demande de lui donner magiquement ne sera pas accessible. Tous les conseils visant à modifier superficiellement un comportement resteront vains ou au mieux produiront-ils un léger effet positif transitoire.
Il me faut donc la convaincre ou plutôt entamer avec elle une démarche qui prendra un peu de temps et qui n’est pas aisée pour l’amener à réfléchir sous un autre angle : et si la sexualité était quelque chose de vraiment important ?
CHAPITRE 2
« Tu seras une femme, ma fille »
La sexualité fonde notre identité d’être humain comme sujet masculin ou féminin
Karine a suivi mes conseils, elle a laissé s’écouler une quinzaine de jours avant de reprendre rendez-vous. Ce temps me paraît en effet nécessaire pour...
Table des matières
- Couverture
- Titre
- Copyright
- Dédicace
- Sommaire
- Introduction
- CHAPITRE 1 - L’intime et le public
- CHAPITRE 2 - « Tu seras une femme, ma fille »
- CHAPITRE 3 - « Familles, je vous hais ! »
- CHAPITRE 4 - « Couper le gâteau en parts égales »
- CHAPITRE 5 - « Un et un font bien deux »
- CHAPITRE 6 - « Et l’amour, bordel ! »
- CHAPITRE 7 - « Les hommes ne sont pas des femmes comme les autres »
- CHAPITRE 8 - « Éros contre Thanatos »
- CHAPITRE 9 - Le triangle à explorer
- CHAPITRE 10 - Un monde de bisounours ?
- CHAPITRE 11 - « Tous coupables ? »
- Conclusion
- Épilogue
- Remerciements
- Du même auteur