L' Éternité des Juifs
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L' Éternité des Juifs

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L' Éternité des Juifs

À propos de ce livre

 Les civilisations naissent, se développent, déclinent et meurent. Le peuple juif, cependant, semble constituer une exception. En plus de trois mille ans d'existence – dont près de vingt siècles en exil –, il a maintenu presque inchangés ses traditions, son mode de vie et les principes de sa religion. Moshe Sebbag et Armand Laferrère explorent les raisons de cette exception historique. Leur enquête décrit le modèle familial du peuple juif, ses idéaux politiques et sociaux, l'importance donnée à l'étude, la relation du peuple avec sa terre, le système de valeurs morales élaboré à travers les âges. Ils décrivent aussi la relation unique qui unit le peuple avec son Créateur. En parcourant l'Histoire, mais aussi les textes de la Bible et du Talmud, les auteurs trouvent l'explication de la survie du peuple juif dans la vision unique du monde que ce peuple a forgée. Cette vision du monde a accompagné les Juifs à travers leur longue histoire et leur a permis d'échapper à l'extinction. Moshe Sebbag, études rabbiniques au séminaire israélite de France. Ancien rabbin de la communauté de Tours, puis de celle d'Avignon?; depuis septembre 2009, rabbin à la Grande Synagogue de Paris, la Victoire. Conférencier universitaire sur la philosophie juive et la pensée talmudique. Travail interreligieux avec la Conférence des évêques de France et la Conférence des imams de France. Armand Laferrère, ancien élève de l'École normale supérieure et de l'École nationale d'administration, est membre du comité de rédaction de la revue Commentaire.

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Informations

Éditeur
Odile Jacob
Année
2021
Imprimer l'ISBN
9782738154743

TROISIÈME PARTIE

Le sacré et l’éthique



Nous avons examiné la vision qu’ont les enfants d’Israël de leur identité et de leur destin, puis leurs idéaux politiques et sociaux. La troisième étape de notre enquête concernera ce que les hommes et les peuples ont de plus intime : leur dimension spirituelle, leur relation avec le Maître du monde.
Pendant des millénaires, les enfants d’Israël ont conservé le souvenir du Sinaï, l’expérience d’une perception directe, sensorielle, de l’Éternel. Cependant, à mesure que les siècles passaient, cette expérience devenait de plus en plus lointaine et pouvait faire place au doute. Pour vouloir persister quand tout semblait leur donner tort, les Juifs devaient rester convaincus que malgré la faiblesse, les persécutions et les échecs, l’Éternel continuait à veiller sur eux.
Souvent, hélas, cette protection ne fut pas manifeste. Et pourtant, si l’on avait, aux jours les plus sombres, demandé aux exilés ce qui leur permettait de tenir bon, presque tous auraient parlé d’abord de leur religion. Il faut, pour comprendre l’éternité du peuple juif, analyser comment la spiritualité, la religion et la morale ont permis de maintenir, malgré toutes les circonstances, la certitude d’une proximité particulière entre le peuple et l’Éternel.
Les principaux éléments qui l’expliquent sont des textes religieux dont la richesse de sens est probablement unique dans l’histoire de l’humanité ; le souvenir du temple de Jérusalem ; la capacité à trouver une dimension spirituelle au sein même de l’expérience profane ; une éthique exigeante dans les relations entre les hommes ; et une discrétion délibérée face au mystère de la mort, qui permet de se concentrer sur la préservation de la vie.

CHAPITRE 1

Un monde surchargé de sens


Nous avons mentionné, au premier chapitre de ce livre, comment le peuple d’Israël a forgé son identité autour de la transmission patiente, de génération en génération, d’une vision du monde que les orthodoxies dominantes – christianisme, islam, rationalisme, communisme – ne sont jamais parvenues à réfuter.
Le moment est venu d’analyser plus avant en quoi, précisément, consistait cette vision du monde et d’y identifier ce qui fait sa particularité : le déploiement, à travers les textes et au-delà d’eux, d’une multiplicité et d’une richesse de sens qui fait paraître toute transition vers un autre système comme un appauvrissement.

La lecture juive des textes :
le foisonnement du sens

Depuis trois mille ans, les Juifs lisent le texte biblique et ils n’ont pas encore fini d’y découvrir des significations nouvelles.
L’un des premiers principes de lecture est en effet que tout ce qui est écrit dans les vingt-quatre livres de la Bible – la Torah écrite par Moïse au désert, mais aussi les textes plus tardifs des prophètes et des chroniqueurs – a un sens. Chaque tournure de phrase, chaque choix de mot, chaque lettre (car un mot peut souvent avoir plusieurs orthographes et certaines lettres sont écrites en plus petit ou en plus grand que les autres) peuvent et doivent être interprétés.
Ce principe d’interprétation permet de trouver dans le texte une richesse de sens infiniment plus grande que ne le permettent les interprétations historiques. Certes, la connaissance du cadre historique de la Bible n’est pas sans intérêt. Il est intéressant, par exemple, de savoir que les textes qui la composent ont été sélectionnés et compilés à une époque précise, celle de la Grande Assemblée réunie par Esdras au retour de l’exil de Babylone, à la fin du sixième siècle et au début du cinquième avant l’ère commune. Et il n’est pas interdit de se demander si l’intégralité des cinq livres de la Torah, y compris le passage qui décrit la mort de Moïse, a bien été écrite de la main de Moïse lui-même sous la dictée divine1.
Pourtant, la lecture historique présente une faiblesse constitutive. En cherchant à réduire le texte aux conditions de sa rédaction, elle l’appauvrit. Elle en fait l’objet contingent d’une époque et manque la richesse infinie des interprétations et des échos internes qui le sillonnent.
La lecture de la Bible se fait à quatre niveaux. D’abord le sens simple, le pshat : pourquoi tel mot est-il employé et non tel autre que l’on aurait pu attendre ? Ce premier niveau d’interprétation permet déjà de dégager un sens inattendu et éclairant.
Le grand maître du pshat – qui disait qu’une interprétation doit pouvoir être comprise par un enfant de cinq ans intelligent – est aussi le plus célèbre Français de l’histoire de l’exégèse juive, le rabbin Shlomo ben Itzhak, dit Rashi, qui fut rabbin de la communauté de Troyes au onzième siècle de l’ère commune. Même s’il ne respecte pas toujours sa propre règle et va souvent chercher des interprétations dans le drash (voir plus bas), Rashi est l’auteur de certaines des interprétations les plus saisissantes fondées sur la lettre du texte.
Ainsi, après que Caïn a tué Abel, D.ieu lui dit : « la voix des sangs de ton frère crie vers moi2 ». Pourquoi les sangs et non le sang ? Rashi répond : « celui qui tue tue toujours plus que la victime ».
Plus tard, après qu’Abraham a chassé sa concubine Hagar avec son fils adolescent Ismaël, l’ancêtre des Arabes, ils manquent de mourir de soif dans le désert. Un puits apparaît miraculeusement et une voix dit à Hagar : « D.ieu a entendu la voix du garçon là où il est3. » Pourquoi « là où il est » ? Rashi explique que personne ne doit être jugé pour ses actions futures : Ismaël et ses descendants seront plus tard de grands persécuteurs des Juifs, mais il n’est encore qu’un adolescent mourant de soif et ne doit donc inspirer rien d’autre que de la pitié.
Au-delà du sens propre des mots existe une autre dimension de l’interprétation : l’allusion ou remez. Lorsque le roi Salomon écrit « Deux sortes de poids, deux sortes de mesures sont abominables à l’Éternel4 », le sens simple est que les commerçants doivent être honnêtes dans leurs mesures ; le sens par allusion est que tous ceux qui portent des jugements doivent veiller à employer les mêmes critères pour tous, sans se laisser emporter par le favoritisme ou l’hostilité personnelle.
Au-delà encore existe le questionnement ou drash : que manque-t-il au texte pour être compréhensible ? À ce niveau d’interprétation, les commentateurs peuvent venir rapporter un récit traditionnel (le midrash) qui permet de mieux éclairer le texte lui-même. Ils peuvent aussi découvrir des similitudes de lettres ou de formes entre deux passages, insignifiantes au premier regard mais qui fournissent en fait un éclairage profond. Ainsi, Rashi remarque que le premier mot de la Bible, bereshit (« au commencement ») peut aussi se lire « pour le premier » – et que le mot « premier », reshit, est appliqué plus tard à la Torah et au peuple d’Israël. Il en conclut que le monde a été créé pour la Torah et pour Israël5.
Enfin, il existe un quatrième niveau d’interprétation, le secret ou sod : les connaissances ésotériques qui ne figurent pas dans le texte lui-même et ne peuvent pas en être déduites, mais qui, transmises de maître à disciple, permettent de faire le lien entre le texte biblique et les mystères métaphysiques : la création du monde, la dissimulation et la révélation du Créateur, le travail que l’homme doit faire sur lui-même pour se perfectionner face à son créateur et à ses semblables.
Et que forment les initiales de ces quatre niveaux d’interprétation, pshat, remez, drash et sod ? Le mot pardes, c’est-à-dire « jardin » : le jardin de la connaissance que les Juifs, à travers les âges, sont appelés à parcourir au temps de leur étude. Un jardin dont la richesse et la subtilité les ont aisément convaincus que les peuples qui les dominaient, s’ils avaient momentanément la puissance et le succès, manquaient en revanche d’entendement.

Le Talmud ou le livre du Tout

Pendant environ mille quatre cents ans – depuis la révélation de la Torah au Sinaï jusqu’à la chute du Deuxième Temple en l’an 70 – les Hébreux avaient deux lois : une loi écrite contenue dans le texte biblique et une loi orale qu’il était interdit d’écrire et qui se transmettait de maître à élève. Les maîtres n’étaient pas toujours d’accord entre eux, sur l’interprétation de points de droit secondaires comme sur les plus essentiels. Y a-t-il une résurrection des morts ? Le Messie viendra-t-il un jour ? Plusieurs écoles se formèrent et se disputaient sans cesse. La loi écrite était une, mais la loi orale était un foisonnement.
Après la chute du Deuxième Temple commença une période de persécutions aux mains de l’Empire romain, si sévère et si longue que l’enseignement même de la loi était menacé et que le peuple d’Israël se trouvait en danger de perdre le souvenir de la Torah, c’est-à-dire son être même.
C’est alors qu’à la fin du deuxième siècle, d’abord sous l’impulsion de Rabbi Yehuda Hanasi (Yehuda le Prince), dans la ville de Tsipori, il fut déci...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Titre
  3. Copyright
  4. Introduction
  5. PREMIÈRE PARTIE – Le peuple, la famille et l’individu
  6. DEUXIÈME PARTIE – L’organisation politique et sociale
  7. TROISIÈME PARTIE – Le sacré et l’éthique
  8. Conclusion
  9. Remerciements
  10. Index
  11. Sommaire