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Les Biais de l'esprit
Comment l’évolution a forgé notre psychologie
- 272 pages
- French
- ePUB (adapté aux mobiles)
- Disponible sur iOS et Android
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À propos de ce livre
Fruits de l'évolution et de la sélection naturelle, nous avons gardé certains comportements et modes de pensée anciens, remontant à la préhistoire. Ils induisent des biais cognitifs qui peuvent encore avoir leur utilité – il vaut mieux prendre un bâton tordu pour un serpent que l'inverse –, mais ils viennent aussi fausser nos décisions quotidiennes, ou nous conduire à attribuer aux autres des pensées qu'ils n'ont pas. Les capacités cognitives de l'homme de Cro-Magnon, qui lui ont permis de constituer de grands groupes sociaux, nous ont menés à perfectionner nos capacités de coopération… mais aussi de dissimulation et de tromperie. Introduction ludique à la psychologie évolutionniste, ce livre montre le face-à-face déroutant entre un « vieux » cerveau et une réalité en partie immuable mais souvent renouvelée. Appréhender les biais de notre psychologie est sans doute un atout pour se connaître et comprendre les autres. Jérôme Boutang, ingénieur agronome et économiste, dirige le Centre technique d'études de la pollution atmosphérique et du changement climatique (Citepa). Michel De Lara est chercheur en mathématiques appliquées, diplômé de l'École polytechnique et de l'École nationale des ponts et chaussées, où il travaille actuellement.
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Informations
DEUXIÈME PARTIE
Les biais de l’esprit
Biais d’environnement ou biais de design
Le terme « biais » vient du vieux provençal (occitan) qui veut dire tournant, détour. Aujourd’hui, lorsqu’on parle de « biais cognitifs », on fait référence à des tendances et inclinations systématiques de notre esprit, que nous jugeons souvent irrationnelles.
Faisons une analogie avec les jeux de hasard. Un biais à la roulette se manifesterait par la tendance systématique pour certains nombres de sortir un peu plus souvent que les autres. Si cela était le cas – et si ce biais était connu des joueurs –, cette différence serait à l’avantage des joueurs et au détriment du casino. Ainsi les casinos consacrent-ils beaucoup de temps et d’énergie pour éliminer tout facteur de biais.
En 1894, le biologiste anglais Walter Frank Raphael Weldon décrivit les résultats d’une expérience où un jeu de 12 dés fut lancé 26 306 fois1. La fréquence avec laquelle le dé tombait sur 5 ou 6 était de 0,3377, alors qu’en théorie la fréquence aurait dû être de 0,3333 (1/3) si les dés n’étaient pas pipés. Les statistiques montrent qu’un écart aussi grand que celui entre le nombre empirique 0,3377 et le nombre théorique 0,3333 est tout simplement invraisemblable pour un échantillon aussi grand, sous l’hypothèse que les dés ne sont pas biaisés. Cet écart révèle un biais significatif et conduit à rejeter cette hypothèse. Mais s’il y a biais, d’où provient-il ? Il résulte de ce que les faces du 5 et du 6 contiennent moins de matière que les faces opposées, qui portent le numéro 1 ou 2, car les points sur les dés sont creusés dans la matière. Du simple fait de la gravité, le dé tombe plus souvent sur ses faces plus lourdes et affiche ainsi plus souvent des 5 ou des 6.
Nous envisagerons nos travers ou biais mentaux comme des indicateurs de mécanismes adaptatifs innés, destinés à optimiser la survie et la reproduction dans les contextes où l’humanité a passé la majeure partie de son passé évolutif. Voici quelques biais, à titre d’exemples : notre sensation que les pertes sont plus importantes que les gains ; notre forte attirance pour des aliments gras, avec comme conséquence (non souhaitée) l’accumulation de réserves dans notre corps, alors même qu’il y a une abondance de nourriture toute l’année dans nos pays riches. Un autre exemple frappant est notre propension, lorsqu’on nous lance un objet, à juger qu’il arrive plus près de nous que ce n’est le cas en réalité. Un tel type de biais existe parce que notre cerveau a été façonné pour le succès reproducteur, pas pour la vérité. Parfois la vérité est adaptative, parfois elle ne l’est pas2. Autrement dit, une vision volontairement biaisée de la réalité, et ce, pour des raisons adaptatives, comme sous-estimer la distance qui nous sépare d’un projectile, peut être avantageuse sur le plan de la survie de la reproduction. L’estimation plus précise et non biaisée de cette distance donnerait moins de temps à la personne pour éviter le projectile.
Ce voyage dans l’esprit humain nous amènera à explorer nos travers cognitifs, décisionnels et perceptifs, depuis la manière dont nous percevons le risque selon les situations, à notre façon d’échantillonner le monde qui nous entoure en sélectionnant certains indices pour combler les lacunes, tout en en ignorant d’autres, et jusqu’à notre propension à générer des images lors du processus de réflexion.
Dès lors, quand nous serons frappés par une tendance fantasque, une inclination étrange, un choix apparemment irrationnel, nous nous interrogerons : existe-t-il une raison évolutive à ces comportements ? Est-on vraiment dans l’irrationnel ? Ou bien ce biais apporte-t-il, ou a-t-il apporté par le passé, un certain avantage en termes de survie et de reproduction ?
Tout au long de cette deuxième partie, nous proposerons des conseils et des astuces pour nous aider à mieux évaluer, à prendre de meilleures décisions, à éviter la manipulation et à communiquer de manière plus efficace.
Nous serons également en mesure de répondre à des questions comme :
• Pourquoi un triangle rouge à l’envers est-il un signal d’alerte si fort ?
• Comment faire pour donner un bon alibi ?
• Qu’est-ce qui rend le nombre 7 si spécial ?
• Votre récent mariage va-t-il durer ?
• Pourquoi les Français mangent-ils des escargots et non des limaces ?
• Pourquoi notre cerveau est-il réglé en position « paranoïa » ?
Les images parlent à nos tripes
Dans ce chapitre nous parlerons de nos émotions les plus profondément ancrées – la faim, le sexe, l’inconnu, la peur de voyager en avion – mais aussi de l’impact de certains faits divers. En lisant ces anecdotes terrifiantes, vous éviterez de justesse de manger le ver dans la pomme… Puis, après une longue série de rouges à la roulette, vous brûlerez d’envie de voir sortir le noir.
Sous l’emprise des émotions
Les points noirs importent plus que le cancer
Nos comportements sont bien souvent déterminés par notre anticipation des seuls effets à court terme de nos décisions1. Cette « myopie décisionnelle » est illustrée sur un ton cocasse par un dermatologue qui se plaint des réactions de ses patients face à ses mises en garde au sujet du cancer de la peau : « Mes patients sont plus disposés à se protéger du soleil lorsque je leur dis qu’il peut provoquer des points noirs ou des taches brunes que si je leur dis qu’il peut causer le cancer ! »
De l’émotion dans les questionnaires
Il nous arrive parfois de devoir remplir un questionnaire, par exemple pour renouveler un emprunt, souscrire une nouvelle assurance ou répondre à une enquête d’opinion. Dans une étude sur la recherche du bonheur, des étudiants d’université ont répondu à un questionnaire dans lequel les deux questions suivantes étaient posées :
• Êtes-vous heureux ?
• Combien de rendez-vous amoureux avez-vous eu le mois dernier ?
Avec les questions posées dans cet ordre, on n’a pas observé de corrélation particulière dans les réponses. Mais, dès que l’ordre a été inversé, tout a changé ! Lorsque la question sur les rendez-vous était posée en premier, la réponse à la question sur le bonheur se chargeait d’émotion, du fait que la première question lui offrait un contexte plus précis, plus frappant et moins abstrait du bonheur2.
Le contexte dans lequel le questionnaire est rempli (au travail, en vacances), l’ordre des questions (d’abord d’ordre général et neutres puis plus personnelles, ou bien l’inverse), la formulation des questions elles-mêmes, tous ces paramètres influencent la manière de répondre.
Lorsque vous répondez à un questionnaire ou que vous analysez les résultats d’une enquête d’opinion, faites attention à la puissance de la formulation.
Dans le troublant questionnaire de Jeannine Richard-Zapella3, les questions similaires suivantes, posées en 1969, donnèrent des réponses bien différentes :
- 81 % des personnes interrogées répondirent « oui » à la question « Croyez-vous en Dieu ? »
- 66 % répondirent « oui » à la question « Est-ce que vous croyez en Dieu ? »
La question commençant par « est-ce que » introduit, semble-t-il, une distance par rapport au sujet central de la question.
La règle du pic-fin :
quand les niveaux d’intensité maximale et de fin comptent le plus
On rapporte que des évaluations rétrospectives de douleur suivent la règle du « pic-fin » (peak-end rule4), c’est-à-dire qu’elles peuvent être prédites par une simple mesure d’un niveau de douleur maximale (pic) et d’une mesure de niveau de douleur à la fin de l’épisode. La corrélation entre durée de la douleur et évaluation rétrospective de sa perception se révèle relativement négligeable.
Dans une étude menée avec des patients ayant subi une coloscopie, les patients étaient enclins à prendre des décisions au sujet des traitements futurs en fonction de la manière dont ils avaient ressenti les précédentes interventions. Redelmeier et Kahneman ont trouvé que les patients étaient fortement influencés par l’intensité de la souffrance endurée pendant la partie la plus douloureuse du traitement et par celle ressentie à la fin. Les niveaux de douleur que les patients gardaient en mémoire avaient tendance à être corrélés avec ceux qu’ils avaient ressentis notamment au cours des trois dernières minutes de la procédure5.
On observe les effets similaires de la règle du pic-fin dans le cas d’expériences positives6. Certaines personnes affirment leur préférence pour une vie magnifique qui se termine brutalement plutôt que pour une vie plus terne mais plus longue. C’est ce qu’on appelle l’« effet James Dean ». En termes de plaisir aussi, la durée compte moins que le pic et la fin.
À la télévision, les publicités qui créent des sensations positives sont plus appréciées des téléspectateurs lorsqu’elles finissent de manière très positive avec des pics très intenses. De même, lorsque nous nous retournons sur nos expériences passées, elles reposent souvent sur quelques moments forts et distinctifs. On retrouve cette règle du pic-fin dans le cinéma, les chansons populaires et les livres, qui souvent commencent et finissent de façon dramatique. La série des films de James Bond, par exemple, commence et finit typiq...
Table des matières
- Couverture
- Titre
- Copyright
- Tant de questions sans réponse
- Première partie - L'esprit adapté
- Deuxième partie - Les biais de l'esprit
- Troisième partie - La nouvelle science de l'esprit
- Remerciements
- Notes
- Bibliographie
- Table