
- 304 pages
- French
- ePUB (adapté aux mobiles)
- Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub
Féminismes et Nazisme
À propos de ce livre
Quel fut le rôle des femmes dans le nazisme ? Toutes résistantes ou héroïnes ? Toutes victimes ? Rien de moins sûr… Des historiennes, féministes, répondent, mettant en question l'idée que, toujours dominées par les hommes, les femmes seraient toujours du bon côté de l'histoire. « Les opprimés sont-ils structurellement innocents ? » É. de FontenayContributions de C. Bard, C. Bouillot, R. Bridenthal, F. Collin, L. Crips, M.-J. Dhavernas, S. Dayan-Herzbrun, N. Gabriel, A. Grossmann, A.-M. Houbedine-Gravaud, M. Kaplan, C. Koontz, S. Leyersdorff, C. Lesselier, T. Levin, C. Maignien, F. Leclerc, P. Pasteur, G. Schwarz, L. Siegele-Wenschkewitz, M. Wendling, K. Windaus-Water.
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Informations
1. LES TEMPS INCERTAINS
MARION KAPLAN1
L’expérience du féminisme pour les femmes juives dans les années 1930
Nous allons explorer ici les rapports du mouvement féministe juif avec le mouvement féministe allemand et la société allemande d’une part, et la communauté juive frappée d’ostracisme d’autre part.
Les femmes juives souffraient du double handicap d’être femmes au sein d’une société sexiste, et juives au sein d’une société raciste. A une époque de relative paix sociale, les femmes juives eurent (rétrospectivement) l’avantage de combattre le sexisme au sein de leur propre communauté et à l’extérieur, plus généralement, dans la société allemande. Bien souvent elles se sont unies avec leurs sœurs allemandes au nom de la solidarité féminine. Néanmoins, à une époque d’antisémitisme radical, les femmes juives se sont vues rejetées par les autres féministes, et abandonnées à leur triste sort, contraintes de lutter seules pour sauver leurs vies.
Tout d’abord, un bref aperçu historique. La discrimination à l’encontre des femmes juives s’exerçait à plusieurs niveaux : d’une part elles étaient Juives dans la société allemande, et d’autres part elles étaient femmes dans la communauté juive où elles étaient considérées comme des citoyennes de deuxième catégorie. Ainsi, jusqu’à l’avènement de l’Empire allemand, le droit de vote leur fut refusé parce qu’elles étaient juives. Ensuite, lorsque le droit de suffrage fut accordé aux Juifs, elles durent attendre que celui-ci soit étendu aux femmes allemandes pour pouvoir aller aux urnes. Lorsque, en 1918, le droit de vote fut enfin accordé à toutes les femmes, les femmes juives ne purent prendre part aux élections communales juives. De la même façon, lorsque les femmes commencèrent à accéder aux carrières de l’enseignement, et de l’administration, ce fut l’antisémitisme qui leur barra la route2.
Quoi qu’il en soit, la réussite socio-économique de leurs maris à la fin du siècle dernier permit aux femmes juives d’accéder à la bourgeoisie. C’est à cette époque que les femmes juives de la bourgeoisie commencèrent à élargir leurs horizons et à entreprendre des activités hors du cercle familial, tels que travail bénévole au sein d’associations caritatives juives, accès à l’éducation, et, pour certaines d’entre elles, accès au monde du travail. En 1904, Bertha Pappenheim (également surnommée « Anna O » par Breuer et Freud)3 fonda le Jüdischer Frauenbund (JFB), ou Ligue des Femmes Juives. L’organisation, animée par un esprit féministe et une forte identité juive4, suscita aussitôt une adhésion importante d’environ 50 000 membres, soit 20 % de femmes de plus de trente ans. Ses objectifs et ses affinités idéologiques avec le mouvement féministe bourgeois allemand la distinguaient des autres associations de femmes juives de l’époque, ainsi que de la plupart des grosses organisations féminines protestantes et catholiques.
La JFB était représentative d’un certain milieu et d’une certaine tranche d’âge. Largement représentative de l’idéologie bourgeoise juive allemande de l’époque, la Ligue regroupait des femmes au foyer désireuses de se livrer à des activités bénévoles en dehors du cercle familial. En dépit des fortes tensions engendrées par l’émergence d’un mouvement féministe juif regroupant des femmes politiquement conscientes, la JFB, craignant pour sa propre identité juive, refusa de rallier la cause du féminisme laïque allemand. De la même façon, elle refusa d’épouser les principes des dirigeants mâles de la communauté juive, et milita pour l’égalité des sexes tant au sein de la communauté juive qu’à l’extérieur. En tant qu’organisation juive elle reflétait, à petite échelle, le dilemme auquel sont confrontées de nos jours les minorités culturelles : obtenir l’égalité des droits tout en préservant sa propre identité (ou comme le dit si bien Ute Gerhard à propos des femmes, « Gleichheit ohne Angleichung »5). De la même façon, ces femmes étaient confrontées à un autre dilemme crucial : « soutenir » les hommes de leur communauté (et par là même accepter leur statut subalterne de femmes) ou les combattre alors que ceux-ci étaient déjà en train de lutter de leur côté pour faire respecter leurs droits.
Au cours de sa brève histoire, la Ligue consacra toute son énergie à développer la prise de conscience chez les Juifs en répandant les idéaux du mouvement féministe bourgeois et en élargissant le rôle des femmes au sein de la communauté juive en leur procurant une formation professionnelle. Elle combattit également la traite des blanches (ce qu’elles appelaient le « Mädchenhandel »). De telles activités reflètent à la fois les aspirations féministes des Juives allemandes et leur sentiment croissant d’insécurité. La JFB encourageait activement la formation professionnelle. Pour ce faire elle avait mis en place des bureaux de placement, des centres d’orientation, des cours du soir, ainsi que diverses écoles (lesquelles proposaient des cours dans des domaines traditionnellement réservés aux femmes : économie domestique, éducation des enfants, hygiène et action sociale). Défiant le précepte selon lequel la place de la femme était au foyer, le travail était vu par les femmes comme un moyen d’acquérir leur indépendance économique et psychologique. Afin de combattre la prostitution, notamment parmi les femmes juives venues d’Europe de l’est attirées par les promesses fallacieuses des proxénètes qui les obligeaient ensuite à se prostituer6, la Ligue, en rapport avec d’autres organisations féminines protestantes et catholiques, avait mis en place des centres d’accueil dans les gares et les ports à l’intention des femmes voyageant seules (les Bahnhofmissionen). Ceux-ci offraient le gîte et le couvert à des jeunes femmes dans le besoin ou à des femmes voyageant seules. Elle organisait également des soirées récréatives et des cours du soir à l’intention de ces jeunes femmes. Elle aida en outre à la création d’écoles et d’instituts professionnels pour jeunes filles en Europe de l’est, dépêchant sur place des professeurs et des infirmières, et publiant de petits fascicules à l’intention des femmes qui voyageaient seules, afin de les mettre en garde contre les offres d’emploi ou de mariage à l’étranger. La Ligue créa également le premier foyer pour mères célibataires juives en Allemagne. De tous les combats menés par la Ligue, la lutte pour l’égalité politique au sein de la communauté juive fut le plus long et le plus ardu. Celui-ci n’aboutit que longtemps après que les femmes eussent obtenu le droit de vote en Allemagne. La JFB faisait vigoureusement campagne localement, au sein de chaque communauté juive, faisant pression sur les rabbins et les chefs de la communauté. Les femmes, aux prises avec l’opposition religieuse, durent se battre longtemps pour obtenir le droit de vote, mais elles finirent par l’obtenir dans six des sept villes les plus importantes (où résidaient plus de la moitié des Juifs allemands). C’est ainsi qu’une majorité de femmes juives obtint le droit de suffrage non seulement en Allemagne, mais également au sein de leur propre communauté.
Les femmes juives militaient également contre le sectarisme, en faveur d’autres causes. Nombre d’entre elles appartenaient à la Ligue Allemande des Femmes Electeurs (Deutsche Staatsburgerinnen Verband), au mouvement international pour le droit de vote, aux organisations internationales contre la traite des blanches, et aux associations abolitionnistes allemandes et internationales. Elles se regroupaient par ville ou par province pour mettre sur pied des projets en commun. Le mouvement féministe allemand, et en particulier la Fédération des organisations féminines allemandes (Bund deutscher Frauenvereine, BDF) a joué un rôle fondamental dans l’éducation des cadres de la JFB. Pappenheim écrivait : « Le mouvement des femmes allemandes a donné de la force et du caractère aux projets hésitants et timides des femmes juives »7. De façon générale, la JFB partageait l’idéologie de la BDF qui prônait la séparation des sphères socioculturelles, la respectabilité bourgeoise et le maternalisme. Ce n’est qu’indirectement que les deux organisations bravaient le statu quo, au nom de valeurs et de principes traditionnellement acceptés. La JFB fut membre de la BDF de 1907 à 1933. En revanche, l’organisation des femmes catholiques (220 000 membres en 1921) n’adhéra jamais à la BDF, et l’association des Femmes protestantes (200 000 membres en 1928) y adhéra en 1908 pour se retirer en 1918. Pappenheim, pour sa part, fit partie du conseil d’administration de la BDF de 1914 à 1924. A quelques exceptions près, la JFB et la BDF partageaient le même point de vue concernant les femmes : « Au-delà des divergences philosophiques et religieuses, nous, les femmes, marchons main dans la main, et dans la même direction »8 Des propos qui semblent bien optimistes, mais il est vrai que de tous temps les femmes juives ont connu de cruelles déconvenues.
La première guerre mondiale nous fournit un bon exemple de cet esprit de « réciprocité »9. La guerre donna aux femmes juives l’occasion de prendre part à la vie civile comme elles ne l’avaient jamais fait auparavant. Le 31 juillet 1914, la veille de la déclaration officielle de ...
Table des matières
- Couverture
- Titre
- Copyright
- Préface
- Femmes, féminismes, nazisme, ou : on ne naît pas innocent(e), on le devient
- 1. LES TEMPS INCERTAINS
- 2. UNE LECTURE MALAISÉE
- Présentation des auteurs
- Table