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Les Pouvoirs de la musique sur le cerveau des enfants et des adultes
Ă propos de ce livre
La musique sculpte et caresse notre cerveau. DĂšs la petite enfance, elle contribue au bon dĂ©veloppement de la motricitĂ© et de la coordination, ainsi qu'Ă l'apprentissage du langage. Plus tard, elle favorise la mĂ©moire, l'attention, mais aussi la confiance en soi et la vie sociale. L'Ă©coute ou la pratique rĂ©guliĂšre de la musique peut mĂȘme soulager les adolescents de certains dysfonctionnements dans les apprentissages ou de leur hyperactivitĂ©. Et ce qui est scientifiquement Ă©tabli pour les vingt premiĂšres annĂ©es de la vie demeure Ă©galement vrai pour les adultes : la musique continue de faire du bien Ă notre cerveau et de nous aider Ă penser, mĂȘme quand les enfants que nous avons Ă©tĂ© sont devenus grands ou plus ĂągĂ©s?! De Mozart aux Beatles en passant par Freddie Mercury et Billie Eilish, comment la musique modĂšle, renforce ou rĂ©pare notre cerveau, preuves Ă l'appui. Une aide prĂ©cieuse pour tous les parents soucieux du bon dĂ©veloppement et de l'Ă©panouissement de leurs enfants, petits ou moins petits, sur les plans moteur, cognitif et social. Pierre Lemarquis est neurologue et neurophysiologiste. Membre de la SociĂ©tĂ© française de neurologie, de la SociĂ©tĂ© de neurophysiologie clinique de langue française et de l'AcadĂ©mie des sciences de New York, il s'emploie depuis plus de trente ans Ă prĂ©ciser les relations entre cerveau et musique. Il a notamment publiĂ© SĂ©rĂ©nade pour un cerveau musicien et Portrait du cerveau en artiste, qui ont Ă©tĂ© de grands succĂšs.Â
Foire aux questions
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Informations
CHAPITRE 1
Quand Jules est au violon
Comment la musique nous apprend Ă bouger et Ă danserâŠ
« Au commencement Ă©tait lâAction ! »
GOETHE, Faust.
« Quand Jules est au violon, et LĂ©on Ă lâaccordĂ©on, faudrait avoir trois jambes de bois pour ne pas danser la Polka ! »
Gilbert BĂCAUD,
« Quand Jules est au violon ».
« Quand Jules est au violon ».
Quand le docteur Faust, admirĂ© pour sa sagesse et ses connaissances, tente de traduire le Nouveau Testament du grec en allemand, il sâinterroge dĂšs le cĂ©lĂšbre prologue de saint Jean. Selon Goethe, le fameux « Au commencement Ă©tait le Verbe » lâindispose et lui semble manquer de clartĂ©. Il hĂ©site, se raccroche Ă Descartes et Ă son « je pense, donc je suis ». Il Ă©crit : « Au commencement Ă©tait la PensĂ©e », mais il se ravise aussitĂŽt : est-ce la pensĂ©e qui est Ă lâorigine de tout ? « Au commencement Ă©tait la Force » ? Tout Ă coup, il voit que faire et Ă©crit dâune main assurĂ©e : « Au commencement Ă©tait lâAction » ! AprĂšs tout : jâagis donc je suis !
Allumer le feu :
comment fonctionne notre cerveau
De façon trĂšs schĂ©matique le fonctionnement de notre cerveau est assez simple et donne raison Ă Faust, sans nĂ©cessitĂ© de pacte avec le diable : il analyse les informations apportĂ©es par les sens (vue, audition, tactâŠ) par sa partie postĂ©rieure que nous qualifierons de sensorielle, les compare Ă celles quâil a dĂ©jĂ mĂ©morisĂ©es, et tente dâagir au mieux en consĂ©quence sur le monde environnant pour sây adapter et survivre par lâentremise de son beau lobe frontal qui assure la rĂ©ponse « motrice ». Son dĂ©veloppement a permis notre Ă©volution et bombĂ© notre front autrefois fuyant.
« Quand Jules est au violon, et LĂ©on Ă lâaccordĂ©on, faudrait avoir deux jambes de bois pour ne pas danser la Polka ! » La formidable Ă©nergie dĂ©ployĂ©e sur scĂšne par Gilbert BĂ©caud, Monsieur 100 000 volts, sâest soldĂ©e par 439 fauteuils cassĂ©s Ă lâOlympia dĂ©but 1955, bien avant Johnny ou la Beatlemania. Elle illustre Ă merveille cette notion : la perception, en particulier musicale, entraĂźne une action en retour, qui dĂ©borde parfois celle de la raison pure sous lâeffet des Ă©motions !
Pour le neurophysiologiste et prix Nobel amĂ©ricain Roger Sperry, rendu cĂ©lĂšbre pour ses travaux sur les connexions entre les hĂ©misphĂšres cĂ©rĂ©braux, le cycle perception-action est la logique fondamentale du systĂšme nerveux1 â ce quâa dĂ» dĂ©plorer Bruno Coquatrix, le propriĂ©taire de lâOlympia. Les deux processus sont fondamentalement imbriquĂ©s : la perception a pour fonction de permettre une action, et lâaction a pour fonction dâobtenir une perception en retour. On pense aux fans heureux au point dâanĂ©antir leurs siĂšges dans leur jubilation.

La fonction essentielle de notre cerveau est donc dâassurer une rĂ©ponse motrice adaptĂ©e aux informations perçues par les sens. Si lâensemble de ses composants est plus ou moins impliquĂ©, certaines zones sont plus concernĂ©es que dâautres. Vient en premier lieu le lobe frontal qui assure les fonctions dites exĂ©cutives, celles qui nous permettent dâagir sur le monde qui nous entoure.
On distingue, Ă lâarriĂšre de celui-ci, juste en avant du sillon central qui le sĂ©pare du cerveau dĂ©diĂ© aux informations apportĂ©es par les sens, la rĂ©gion chargĂ©e dâexĂ©cuter les mouvements qui rĂ©pond au nom basique de cortex moteur primaire. Une stimulation Ă©lectrique ou magnĂ©tique Ă ce niveau-lĂ provoque un mouvement du corps controlatĂ©ral, les voies de la motricitĂ© Ă©tant croisĂ©es (par exemple, si lâon vous stimule Ă gauche dans la zone correspondant Ă la main, vous bougerez la main droite). Câest un neurochirurgien de MontrĂ©al, le Dr Penfield, qui a le premier rĂ©alisĂ© cette expĂ©rience au siĂšcle dernier au cours dâinterventions chirurgicales destinĂ©es Ă soulager des patients de leurs crises dâĂ©pilepsie. En rĂ©itĂ©rant ses stimulations, Penfield a mis en Ă©vidence la reprĂ©sentation des rĂ©gions du corps dans le cortex moteur primaire, dessinant une carte appelĂ©e « homoncule », du nom du petit homme que cherchaient Ă crĂ©er les alchimistes et que certains voyaient dĂ©jĂ tout entier dans les spermatozoĂŻdes. Celui-ci nous semble bien hideux avec ses grandes mains, sa bouche et sa langue hypertrophiĂ©es, mais la surface allouĂ©e Ă la reprĂ©sentation de chaque partie du corps dĂ©pend en fait de son activitĂ© motrice : ses difformitĂ©s reflĂštent notre capacitĂ© Ă manier des outils et Ă parler et, nous le verrons, sâadaptent et se modĂšlent selon nos activitĂ©s et notre entraĂźnement (la reprĂ©sentation des 4e et 5e doigts de la main gauche, par exemple, sera plus dĂ©veloppĂ©e chez les violonistes, celle du pouce chez les amateurs de textosâŠ).
Juste en arriĂšre du sillon central, on trouve son alter ego sensoriel, un autre homoncule, mais cette fois pour la sensibilitĂ© et qui prĂ©sentera, par exemple, un plus gros dĂ©veloppement de la surface dĂ©diĂ©e aux doigts de la main gauche chez un violoniste2 et aux lĂšvres chez un joueur dâinstrument Ă vent (ah les sensations dĂ©cuplĂ©es dâun trompettiste ou dâune flĂ»tiste donnant ou recevant un baiser !). Les stimulations Ă©lectriques de cette zone provoquent des sensations reproduisant celles liĂ©es Ă lâarrivĂ©e des informations en provenance de la surface du corps (chaud, froid, douleurs internes ou externes, etc.). La persistance de leur activitĂ© aprĂšs lâamputation dâun membre est dâailleurs Ă lâorigine des douleurs « fantĂŽmes », lâorgane sectionnĂ© conservant sa reprĂ©sentation cĂ©rĂ©brale et semblant toujours exister.
Sur le lobe frontal, en avant du cortex moteur primaire, une autre zone plus large prĂ©pare le mouvement : si on lâexcite comme prĂ©cĂ©demment, vous aurez simplement envie de bouger la main sans dĂ©clenchement moteur. Il existe mĂȘme dans son prolongement supĂ©rieur et interne une aire motrice supplĂ©mentaire qui coordonne et planifie les gestes complexes, impliquant une sĂ©quence de mouvements ou la coordination de plusieurs membres. VoilĂ pourquoi les crises dâĂ©pilepsie qui affectent cette rĂ©gion, en y dĂ©clenchant une sorte dâorage Ă©lectrique, peuvent sâaccompagner dâune Ă©lĂ©vation du membre supĂ©rieur controlatĂ©ral, dâune dĂ©viation de la tĂȘte et des yeux du mĂȘme cĂŽtĂ© et, parfois, de vocalisations, tel Freddie Mercury au concert de Wembley immortalisĂ© dans sa sculpture Ă Montreux.
Réglé comme du papier à musique !
InformĂ© par les sens, dont les donnĂ©es sont comparĂ©es Ă celles mĂ©morisĂ©es par nos expĂ©riences antĂ©rieures, notre lobe frontal active donc le mouvement. Lâinformation descend telle une cataracte dans un faisceau de neurones en Ă©ventail qui se dirigent, en convergeant, vers la moelle et le corps dans la colonne vertĂ©brale (et ressemblent de fait Ă une pyramide inversĂ©e dâoĂč son nom de faisceau pyramidal). Des racines nerveuses sâĂ©chappent entre chaque vertĂšbre pour aller activer les muscles qui se contracteront ou se relĂącheront en fonction des messages envoyĂ©s.
De nombreux travaux montrent lâoptimisation de ces circuits par la pratique de la musique3. Deux structures fondamentales sont cependant nĂ©cessaires pour rĂ©guler et affiner ce systĂšme. Sans lâaide de ces outils de prĂ©cision, Penfield constatait dĂ©jĂ en 1947 que la stimulation cĂ©rĂ©brale produit des mouvements qui ne sont jamais complĂštement habiles ni parfaitement adaptĂ©s. Il y a dâabord les mystĂ©rieux ganglions de la base, constituĂ©s en fait de structures nerveuses enfouies profondĂ©ment dans le cerveau â les principales sont le noyau caudĂ©, le putamen et le globus pallidus. Ils sont Ă©troitement connectĂ©s et reliĂ©s aux voies de la motricitĂ©. Leur immaturitĂ© chez le petit enfant explique, entre autres, ses difficultĂ©s pour articuler lorsquâil commence Ă parler et lâeffet de facilitation quâapportent les comptines que nous dĂ©taillerons plus loin. La dĂ©faillance de ces ganglions, quand ils sont endommagĂ©s dans la maladie de Parkinson, est impliquĂ©e dans la lenteur des gestes constatĂ©s, le tremblement et les difficultĂ©s Ă initier les mouvements qui peuvent ĂȘtre combattus par le rythme et la musique. On connaĂźt dĂ©sormais lâintĂ©rĂȘt du tango, mais dâautres Ă©tudes4 montrent lâeffet de la musique classique pour maintenir droite la colonne vertĂ©brale et ralentir son affaissement vers lâavant lors de la marche, le rock amĂ©liorant, quant Ă lui, les mouvements obliques du bassin (quâen pensait Elvis Presley ?), et le heavy metal renforçant la motivation !
En second lieu, on trouve le cervelet, mieux connu. Il se greffe Ă©galement sur les voies de la motricitĂ© pour les affiner et les harmoniser et travaille en Ă©troite collaboration avec les informations sensorielles. Il est mĂȘme averti par des rĂ©cepteurs sophistiquĂ©s de la position des articulations et du corps dans lâespace. Essayez de toucher votre nez avec votre index aprĂšs quelques mojitos forts en rhum ! MĂȘme parler devient difficile et vous voilĂ incapable de prononcer correctement les mots et de vous dĂ©placer : lâenchaĂźnement et la durĂ©e de chaque mouvement ont perdu sa prĂ©cision dâhorlogerie contrĂŽlĂ©e par le cervelet, fortement altĂ©rĂ©e par lâalcool, et vous ne contrĂŽlez plus votre Ă©quilibre ni la force, la direction et la vitesse de votre index qui risque de sâĂ©craser sur votre Ćil. LĂ encore, cet organe rĂ©gulateur des mouvements tire bĂ©nĂ©fice des effets de la musique. Par ses rythmes et ses variations de tonalitĂ©, celle-ci lâactive et lâaffine, amĂ©liorant ses connexions avec le lobe frontal qui programme les mouvements.
La difficultĂ© supplĂ©mentaire qui va devoir intĂ©grer et maĂźtriser ce mĂ©canisme dâhorlogerie gĂ©nĂ©rant et rĂ©gulant nos mouvements, câest que lorsque nous activons ce circuit dĂ©diĂ© Ă la motricitĂ© pour jouer dâun instrument de musique, nous produisons un son qui est immĂ©diatement perçu et analysĂ© par la partie postĂ©rieure sensorielle de notre cerveau qui repart pour un tour : elle informe Ă nouveau le lobe frontal qui ajustera lâacte moteur en fonction. Il existe ainsi une sorte de boucle audiomotrice qui se dĂ©veloppe en fonction de lâapprentissage et de lâexpĂ©rience et qui concourra, nous le verrons plus tard, Ă la naissance du langage qui est aussi un acte moteur, la puissance de notre voix dĂ©passant la portĂ©e de nos petits bras. Au total donc, lorsque nous nous entendons en train de jouer de la musique, nous affinons en retour la qualitĂ© de notre interprĂ©tation (ou Ă©pouvantĂ©s, renonçons Ă poursuivre nos efforts et optons pour la Game Boy !).
Jouer dâun instrument implique de toucher ce dernier, un contact physique est nĂ©cessaire, dâailleurs certaines langues emploient le mot « toucher » plutĂŽt que « jouer » pour la musique, toccare en italien, tocar en espagnol, dâoĂč dĂ©rive le mot « toccata », forme musicale qui supposait, par son caractĂšre initial dâimprovisation, de « faire corps » avec lâinstrument, allant mĂȘme jusquâĂ le « tĂąter », tentar en espagnol, donnant les tientos (tento en portugais) des premiers contrepoints et autres fugues pour orgues ou instruments Ă cordes dĂ©rivĂ©s du luth, telles les vihuelas. Par ailleurs, le geste est souvent effectuĂ© sous le contrĂŽle de la vue, ce qui fournit des renseignements supplĂ©mentaires tactiles et visuels au cerveau sensoriel, lesquels seront mĂ©morisĂ©s et contribueront Ă amĂ©liorer lâexĂ©cution du mouvement.
Notre lobe frontal a ainsi dĂ©veloppĂ© une « mĂ©moire de travail », mĂ©moire Ă court terme qui lui permet dâincorporer transitoirement toutes ces donnĂ©es transmises par les sens et lui donne de la flexibilitĂ© dans la commande des gestes Ă effectuer en retour quâil tentera dâajuster au mieux. Les zones du cerveau dites associatives mĂ©langent les diverses informations sensorielles auditives, tactiles et visuelles. Elles se dĂ©veloppent par lâapprentissage, tout comme les circuits postĂ©ro-antĂ©rieurs qui permettent lâarrivĂ©e des informations du cerveau sensoriel vers le cerveau frontal moteur. Cela peut tout simplement expliquer lâĂ©volution de notre cerveau non seulement depuis que nous avons appris Ă jouer du piano ou dâautres instruments de musique mais, dans la nuit des temps, depuis que nous nous sommes mis Ă fabriquer des outils.
Tailler des pierres comme on joue du piano
Une expĂ©rience passionnante menĂ©e sous la houlette dâune jeune chercheuse en anthropologie montre que lâenregistrement du fonctionnement du cerveau dâindividus en train de tailler des pierres, comme leurs lointains ancĂȘtres, est similaire Ă celui dâun pianiste dâaujourdâhui se livrant Ă son art5.
De mĂȘme que ce dernier voit sa partition, touche son instrument et Ă©coute les notes produites dans le mĂȘme temps pour ajuster au mieux ses gestes, le tailleur de pierre utilise des donnĂ©es auditives, visuelles, tactiles et motrices intriquĂ©es : il tient son caillou dans une main (supposĂ©e la gauche) en voyant son geste effectuĂ© par sa main droite, tout en entendant le bruit rĂ©gulier provoquĂ© par la pierre servant de marteau, le tout synthĂ©tisĂ© par son beau lobe frontal afin de guider lâamĂ©lioration de ses performances motrices de sculpteur. Il cisĂšle son cerveau Ă mesure quâil façonne son silex, dĂ©veloppant ainsi, tout au long de lâĂ©volution, son beau lobe prĂ©frontal si caractĂ©ristique des humains et impliquĂ© dans les fonctions intellectuelles supĂ©rieures telles que la planification des actions futures, les initiatives et lâattention. Il sculpte, dans le mĂȘme temps, ses rĂ©gions associatives postĂ©rieures dans lesquelles les stimuli sensoriels tactiles, visuels et auditifs se recoupent afin dâaller informer le lobe frontal moteur et prĂ©moteur via des faisceaux neuronaux. Le cortex pariĂ©tal postĂ©rieur est exceptionnellement grand chez les humains. Il a permis lâapparition de nouvelles fonctions comme lâutilisation prĂ©cise de nombreux types dâoutils qui lâont nourri et dĂ©veloppĂ© en retour.
Notre cerveau a donc la facultĂ© exceptionnelle de sâadapter Ă ses activitĂ©s, de bĂ©nĂ©ficier de lâexpĂ©rience acquise. Les montagnards sont ainsi plus sensibles aux verticales et les mĂ©ridionaux aux horizontales. Si vous sculptez, si vous façonnez une pierre, vous devenez sculpteur et votre pratique modifie votre cerveau en retour pour le rendre plus apte Ă cette technique, mais, et ceci est capital, lâacquisition de ces nouvelles aptitudes sera Ă©galement bĂ©nĂ©fique pour dâautres activitĂ©s. Il en est de mĂȘme si vous pratiquez un instrument de musique ou simplement Ă©coutez cette derniĂšre, et lâon ne sera pas surpris par exemple que nos petits musiciens sachent plus rapidement sâhabiller seuls...
Table des matiĂšres
- Couverture
- Titre
- Copyright
- Dédicace
- Ouverture
- CHAPITRE 1 - Quand Jules est au violon
- CHAPITRE 2 - Et si nous partions en voyageâŠ
- CHAPITRE 3 - Ah, vous dirais-je, maman !
- CHAPITRE 4 - Qui a eu cette idée folle, un jour d'inventer l'école ?
- CHAPITRE 5 - Love me tender, love me sweetâŠ
- CHAPITRE 6 - Come together !
- CHAPITRE 7 - Diggi, daggi, shurryâŠ
- CHAPITRE 8 - Pour nos vies martiennes
- CHAPITRE 9 - Lettres Ă Â Ălise
- Notes et références bibliographiques
- Remerciements
- Sommaire
- Du mĂȘme auteur chez Odile Jacob