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eBook - ePub
Démocratie. Rendons le vote aux citoyens
À propos de ce livre
Un sentiment nous guette?: celui de l'inutilité du vote dans un système qui se prétend démocratique. Nous n'acceptons plus d'être convoqués, une fois tous les cinq ans, pour choisir entre des programmes que personne n'a lus en entier. La confiance dans la démocratie en est atteinte?: un jeune sur deux déclare lui préférer un autre système?! Il est urgent de renouveler nos modalités d'expression politique si nous voulons conserver l'adhésion collective à la démocratie. Avec la technologie, d'autres formes de suffrage sont possibles. À l'ère du découragement politique, et quand certains veulent remettre en cause la légitimité du vote populaire, ce livre propose de renouveler la démocratie en s'appuyant sur la révolution du vote électronique. Que se passerait-il si nous pouvions voter directement sur les questions essentielles?? Comment pourrions-nous mieux élire nos représentants?? Pourquoi n'utilisons-nous pas l'intelligence artificielle pour exprimer des positions plutôt que de voter sur des réponses toutes faites?? Autant de questions auxquelles ce livre répond en dessinant une démocratie plus inclusive, plus flexible, plus active. Polytechnicien, Gilles Mentré est inspecteur des finances. Ancien conseiller à la présidence de la République et membre de plusieurs cabinets ministériels, il connaît le pouvoir de l'intérieur. Après avoir été associé-gérant de la banque Lazard, il est aujourd'hui entrepreneur social, cofondateur de l'association Electis pour le vote électronique.
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Informations
ISBN de l'eBook
9782415000493CHAPITRE 1
La fracture démocratique
Le technologue et la sage-femme
À l’automne 2020, en pleine déprime nationale sur le Covid, les réseaux sociaux se sont agités autour d’un nouveau phénomène : Hold-up1, un documentaire devenu rapidement viral sur Internet. Experts, médias et dirigeants politiques ont immédiatement dénoncé un brûlot complotiste et pointé d’innombrables erreurs factuelles. Certaines personnes interviewées dans le film ont pris leurs distances. Dailymotion a retiré celui-ci de sa plateforme, accélérant le processus de maudissement. Un fossé sidérant semblait s’ouvrir entre deux France, les visionneurs et les antivisionneurs.
Le film est-il vraiment pestiféré ? Chacun peut le regarder sur un des sites où il est encore disponible pour se faire sa propre opinion. Indéniablement, il enchaîne les contre-vérités listées par la presse : les prétendus « camps de détention » au Canada, le farfelu brevet déposé en 2015 sur un coronavirus, les présentations trompeuses des chiffres de l’épidémie en Suède ou du premier confinement en France2… Le tout à grand renfort de musique et de montage choc. Le parti pris de désinformation est flagrant. Et pourtant, une scène du film est troublante. On y voit Nathalie Derivaux, sage-femme, en train de regarder l’enregistrement d’un cours donné devant les élèves de Polytechnique par le technologue Laurent Alexandre. Celui-ci, sur un ton volontiers martial, explique comment la capacité à comprendre et maîtriser les technologies va bientôt diviser l’humanité entre « dieux » (les élèves silencieux qui l’écoutent) et « inutiles » (les Gilets jaunes et consorts). Nathalie Derivaux, s’étonnant qu’on puisse prononcer un tel discours devant des jeunes gens « déjà tellement confortés dans leur supériorité intellectuelle par notre système éducatif », semble bouleversée jusqu’aux larmes. Elle se demande s’il ne s’agit pas de « quelque chose de programmé », et s’exclame : « Hitler n’aurait peut-être pas dit les choses aussi directement. »
Ce « quelque chose de programmé » a les mêmes accents complotistes que le reste du film. En imaginant une classe dirigeante ourdissant un plan secret, allant jusqu’à dresser un parallèle avec la Shoah, elle rentre dans le schéma manichéen que déroule Hold-up : d’un côté l’alliance des experts et des dirigeants du monde (actuels ou futurs), et de l’autre les sages-femmes, sages d’une tout autre sagesse, celle d’un monde bien réel où l’on continue de naître et de mourir (Nathalie Derivaux n’évoque-t-elle pas très à propos sa belle-sœur qui travaille dans un Ehpad ?).
Et pourtant, on ne peut s’empêcher d’éprouver de la sympathie pour la sage-femme. Au-delà de la critique, quelque chose de sa réaction nous touche profondément. Car les termes choisis par Laurent Alexandre nous laissent nous aussi mal à l’aise. Pourquoi parler de « dieux » et d’« inutiles » ? Celui-ci dit emprunter cette distinction au philosophe-vedette israélien Yuval Noah Harari. Mais quand on lit les quatre cent cinquante pages d’Homo Deus, pas une seule mention d’une division de l’humanité actuelle en ces termes3. Pourquoi donc Laurent Alexandre force-t-il à ce point le trait ? Certes, Hold-up n’a retenu qu’un extrait de la conférence, et le propos d’Alexandre est en réalité beaucoup plus modéré, puisqu’il s’efforce au contraire de dépeindre le « cauchemar politique » qui se profile et d’alerter sur la nécessité de construire une société et une éducation « plus inclusives ». Mais pourquoi se concentrer sur la notion d’intelligence, et plus particulièrement de QI, à l’exclusion des autres dimensions humaines ? Laurent Alexandre commence en effet sa conférence en lançant : « Je suis peut-être un horrible élitiste, mais je pense que le monde complexe de demain ne peut être géré que par des intellectuels. » À nouveau, il ne s’agit pas de caricaturer sa position, puisqu’il explique ailleurs que « l’aristocratie de l’intelligence n’est pas acceptable », et que « l’intelligence est la mère de toutes les inégalités4 ». Ce qui nous choque, c’est l’obsession à juger de l’égalité à l’aune du seul QI : « Il faudra un QI minimum pour maîtriser le raisonnement hypothétique, et comprendre le monde qui vient, sinon la démocratie va disparaître5. » Ceux qui échoueront au test n’auront-ils bientôt plus voix au chapitre ?
En dépit de toutes ses aberrations et ses erreurs factuelles, Hold-up marque donc un point. Ce qu’il nous montre en creux, ce n’est pas une pseudo-réalité qu’on nous cacherait, comme le propos du film veut nous le faire croire. Mais la réalité crue, entre-aperçue à l’occasion de cette scène, d’une confiance qui s’est rompue. Non seulement du bas vis-à-vis du haut, la France « d’en bas » n’ayant plus confiance dans la France des élites et des experts, mais également du haut vis-à-vis du bas. Double rupture, donc, laissant ces deux France divisées, l’une parlant de « déficience intellectuelle », l’autre évoquant le « mépris », de part et d’autre d’une « fracture des diplômes6 ». Que s’est-il donc passé ?
La frustration électorale
La rupture n’a pas attendu la crise sanitaire. S’il fallait en chercher la première manifestation en France, on pourrait la dater du rejet du projet de Constitution européenne par le référendum de 2005. La victoire du non à plus de 55 % a été un séisme. Les réactions d’une partie de la classe politique et médiatique, au lendemain du résultat, ont oscillé entre sidération et condamnation. Edwy Plenel dénonçait ainsi le manque de progressisme de ceux qui avaient voté « non », appelant à se méfier de leur « colère contre le monde et contre la démocratie7 ». Le référendum serait donc contre la démocratie ? Le paradoxe interroge. Sans compter qu’on se demande qui est juge de ce qui est progressiste ou non. Les commentaires qui ont suivi le scrutin ont montré qu’Edwy Plenel n’était pas isolé, et que de nombreux dirigeants politiques, éditorialistes et experts semblaient considérer qu’il y avait eu une « bonne Europe » et une « mauvaise France », et que répondre à la question que posait le référendum demandait fondamentalement une compétence dont chacun ne disposait pas8.
La rupture s’est donc poursuivie. L’adoption du traité de Lisbonne en 2008, qui reprenait à l’identique de nombreuses dispositions du traité constitutionnel9, a entériné la défiance. Certains dirigeants politiques ont parlé de « déni de démocratie10 ». On peut raisonnablement objecter que le rejet du projet de traité constitutionnel ne valait pas arrêt de la Construction européenne et qu’il fallait bien régler les questions institutionnelles liées à l’élargissement. La question de 2005 avait donc été mal posée. Il n’en reste pas moins que faire ratifier par le Parlement des dispositions contenues dans un texte refusé par référendum pose un problème démocratique. Une partie des électeurs y ont vu la confirmation que le jeu institutionnel était faussé, alimentant un soupçon latent contre l’ensemble du système politique et médiatique11. En 2008, le président de la République nouvellement élu a pu à juste titre faire valoir que le choix de faire ratifier le nouveau traité par le Parlement figurait en toutes lettres dans son programme. C’était ne pas voir que cette logique d’un blanc-seing donné et pour cinq ans avait déjà vécu.
La frustration électorale couvre d’autres champs que la question européenne, et notamment celui de l’immigration. L’ancien journaliste du Financial Times David Goodhart a analysé ce phénomène dans son best-seller Les Deux Clans12. Dans ce livre, il divise la population anglaise en deux catégories : ceux dont l’identité est définie (ascribed) par l’endroit où ils vivent, le plus souvent en périphérie, les Somewhere ; et ceux dont l’identité est réalisée (achieved) par le choix d’un mode de vie cosmopolite, les Anywhere. Goodhart sait de quoi il parle, puisqu’il était lui-même un Anywhere. Après avoir quitté le Financial Times, il a dirigé pendant quinze ans le magazine Prospect, qui fut une référence de la nouvelle gauche et de la « troisième voie » au Royaume-Uni. Mais c’est une analyse lucide de la question de l’immigration qui l’a conduit à se rendre compte que les Anywhere n’étaient plus représentatifs du pays. Il estime en effet que les Somewhere recouvrent à peu près 50 % des Britanniques, soit le pourcentage de ceux qui souhaitent une réduction importante de l’immigration. Les Anywhere représentent, eux, les quelque 25 % souhaitant qu’elle reste la même ou qu’elle augmente, et les In-between les quelque 25 % souhaitant une réduction modérée13. La même analyse peut être conduite en France, où l’on retrouve exactement les mêmes proportions14.
Le référendum sur le Brexit au Royaume-Uni a constitué une manifestation exceptionnelle de cette confrontation. Les Britanniques ont en effet davantage voté sur l’immigration que sur l’Europe :
S’il existe une raison suprême à la décision de quitter l’UE, c’est la rage d’une grosse tranche de l’opinion publique après vingt ans d’immigration à un volume inédit et la réaction insouciante de la classe politique dominée par ceux de partout (les Anywhere) face à un changement qui n’a jamais été une promesse électorale et n’a été choisi par personne15.
Le débat démocratique sur l’immigration n’a en effet cessé d’être escamoté depuis trente ans, au Royaume-Uni comme en France. C’est le constat que faisait déjà Marcel Gauchet en 1990 : « Reste à comprendre en particulier comment la question de l’immigration a pu devenir le symbole tacite du déni opposé à la libre détermination de la nation par une oligarchie imposant ses choix dans le mépris de la masse16. » Ce constat a suffi à faire étiqueter Marchel Gauchet, pourtant rédacteur en chef du Débat et figure intellectuelle de la gauche progressiste, comme « réactionnaire17 ». Les défenseurs du système actuel objecteront que les partis de droite et de gauche au pouvoir depuis vingt ans ont des positions clairement distinctes sur le sujet, offrant à l’électeur la possibilité de choisir. Il n’en reste pas moins, d’un point de vue purement factuel, que le nombre d’immigrés en France n’a cessé de croître pendant cette période (poursuivant une tendance constante depuis 1921, mis à part la période 1930-1945), et que le solde des flux migratoires n’a baissé que deux fois au cours des quinze dernières années, en 2008 et 201718. Et ce, alors même que la hausse de l’immigration n’a figuré dans le programme d’aucun parti politique depuis trente ans. Quand bien même on porterait un jugement globalement positif sur le phénomène migratoire, comme c’est le cas de Marcel Gauchet, et comme je le pense également pour des raisons qui dépassent le cadre de ce livre, force est de constater le décalage entre cette réalité et le souhait majoritaire des Français de voir celle-ci diminuer. On ne peut pas être démocrate et conduire durablement une politique publique minoritaire.
Cette frustration électorale est légitimement vécue encore plus lourdement par les milieux modestes, qui sont les plus concernés par l’accueil des personnes immigrées. Leur attitude constitue pourtant un facteur déterminant dans la réussite ou l’échec de l’intégration, et le débat démocratique s’enrichir...
Table des matières
- Couverture
- Titre
- Copyright
- Introduction - Le vote est mort, vive le vote !
- Chapitre 1 - La fracture démocratique
- Chapitre 2 - Nous voulons voter plus
- Chapitre 3 - Du vote électronique au vote technologique
- Chapitre 4 - Ces nouvelles communautés qui concurrencent les États
- Chapitre 5 - Faire confiance à l’intelligence commune
- Chapitre 6 - Démocratie participative ou impérative : les fausses pistes
- Chapitre 7 - Pour des conventions citoyennes élues
- Chapitre 8 - Vers un référendum ouvert
- Conclusion
- Lettre ouverte aux candidats à l’élection présidentielle
- Annexe technique : l’intégrité d’un système de vote à distance
- Sommaire
- Notes
- Bibliographie
- Collection