
eBook - ePub
Imaginaires nucléaires
Représentations de l’arme nucléaire dans l’art et la culture
- French
- ePUB (adapté aux mobiles)
- Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub
Imaginaires nucléaires
Représentations de l’arme nucléaire dans l’art et la culture
À propos de ce livre
Ce livre s'intéresse aux représentations de l'arme nucléaire dans l'art et la culture, et à la manière dont elles façonnent nos perceptions et notre imaginaire collectif. Réunissant 35 auteurs aux profils et aux modes d'expression très divers (chercheurs, diplomates, artistes, critiques, conservateurs, etc.), tels le dessinateur Plantu ou le réalisateur Antonin Baudry (Le Chant du loup), il dresse un vaste panorama invitant à penser la représentation de l'arme nucléaire?: lire les œuvres littéraires, les romans, la bande dessinée qui la mettent en scène?; regarder la bombe sur le grand et le petit écran, au cinéma et dans les séries télévisées?; écouter la musique qui en parle?; ou jouer aux jeux vidéo qui la représentent. Ses chapitres s'intéressent aussi à ceux qui montrent la bombe, par la photographie ou l'exposition?; qui bâtissent les villes en fonction de cette menace et les bunkers pour s'en protéger?; qui la promeuvent dans des stratégies nationales?; et la contestent par l'humour, l'art et la culture. Cet ensemble inédit et les 170 illustrations qui l'accompagnent font de cet ouvrage de référence un objet unique en son genre. Jean-Baptiste Jeangène Vilmer, philosophe, juriste et politiste, est directeur de l'Institut de recherche stratégique de l'École militaire (IRSEM). Membre du Comité d'éthique de la défense, auteur d'une vingtaine d'ouvrages, il était précédemment en poste au ministère des Affaires étrangères et dans des universités (King's College London, McGill University). Il enseigne à la Paris School of International Affairs (PSIA) de Sciences Po. Céline Jurgensen, diplomate, a occupé divers postes au ministère des Affaires étrangères, au ministère des Armées et au Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), où elle a été directrice de la stratégie à la direction des applications militaires. Elle enseigne au Centre interdisciplinaire d'études sur le nucléaire et la stratégie (CIENS) de l'ENS Ulm.
Foire aux questions
Oui, vous pouvez résilier à tout moment à partir de l'onglet Abonnement dans les paramètres de votre compte sur le site Web de Perlego. Votre abonnement restera actif jusqu'à la fin de votre période de facturation actuelle. Découvrez comment résilier votre abonnement.
Pour le moment, tous nos livres en format ePub adaptés aux mobiles peuvent être téléchargés via l'application. La plupart de nos PDF sont également disponibles en téléchargement et les autres seront téléchargeables très prochainement. Découvrez-en plus ici.
Perlego propose deux forfaits: Essentiel et Intégral
- Essentiel est idéal pour les apprenants et professionnels qui aiment explorer un large éventail de sujets. Accédez à la Bibliothèque Essentielle avec plus de 800 000 titres fiables et best-sellers en business, développement personnel et sciences humaines. Comprend un temps de lecture illimité et une voix standard pour la fonction Écouter.
- Intégral: Parfait pour les apprenants avancés et les chercheurs qui ont besoin d’un accès complet et sans restriction. Débloquez plus de 1,4 million de livres dans des centaines de sujets, y compris des titres académiques et spécialisés. Le forfait Intégral inclut également des fonctionnalités avancées comme la fonctionnalité Écouter Premium et Research Assistant.
Nous sommes un service d'abonnement à des ouvrages universitaires en ligne, où vous pouvez accéder à toute une bibliothèque pour un prix inférieur à celui d'un seul livre par mois. Avec plus d'un million de livres sur plus de 1 000 sujets, nous avons ce qu'il vous faut ! Découvrez-en plus ici.
Recherchez le symbole Écouter sur votre prochain livre pour voir si vous pouvez l'écouter. L'outil Écouter lit le texte à haute voix pour vous, en surlignant le passage qui est en cours de lecture. Vous pouvez le mettre sur pause, l'accélérer ou le ralentir. Découvrez-en plus ici.
Oui ! Vous pouvez utiliser l’application Perlego sur appareils iOS et Android pour lire à tout moment, n’importe où — même hors ligne. Parfait pour les trajets ou quand vous êtes en déplacement.
Veuillez noter que nous ne pouvons pas prendre en charge les appareils fonctionnant sous iOS 13 ou Android 7 ou versions antérieures. En savoir plus sur l’utilisation de l’application.
Veuillez noter que nous ne pouvons pas prendre en charge les appareils fonctionnant sous iOS 13 ou Android 7 ou versions antérieures. En savoir plus sur l’utilisation de l’application.
Oui, vous pouvez accéder à Imaginaires nucléaires par Jean-Baptiste Jeangène Vilmer,Céline Jurgensen en format PDF et/ou ePUB ainsi qu'à d'autres livres populaires dans Art et Art General. Nous disposons de plus d'un million d'ouvrages à découvrir dans notre catalogue.
Informations
PROMOUVOIR
8
L’IMAGINAIRE NUCLÉAIRE CHEZ LES SOVIÉTIQUES1
Jacques Le Bourgeois
L’arme atomique qui va marquer de manière définitive et durable notre monde contemporain fait irruption dans notre imaginaire avec les deux bombes lancées par les Nord-Américains sur Hiroshima puis Nagasaki en août 1945. Pour les Soviétiques, ce fut la même chose, avec une différence fondamentale, c’est que la nouvelle n’eut pas le même impact en raison des circonstances, des nécessités du moment et de l’ignorance dans laquelle le pouvoir en place tenait sa population. En revanche, le sujet sera durablement repris par la propagande pour qualifier les ennemis du régime communiste d’agresseurs (on se gardera bien de s’épancher sur la première bombe soviétique en 1949), de fauteurs de guerre durant toute la période de la guerre froide de 1947 jusqu’à l’arrivée au pouvoir de Gorbatchev, avec l’avènement de la perestroïka, mais surtout jusqu’à un accident bien précis, celui de Tchernobyl, le 26 avril 1986, date à laquelle tout changea. L’imaginaire nucléaire jusque-là chargé d’une menace catastrophique du fait de l’autre se muait en une réalité interne aux accents terrifiants et d’autant plus dangereux que la responsabilité en incombait au pouvoir central et que le danger touchait la population dans sa chair.1
Pour résumer mon propos, je dirais que le sujet nucléaire fut durant toute la période de la guerre froide une partie intégrante de la propagande pacifiste initiée et constamment appuyée par l’URSS pour disqualifier l’ennemi et mettre en valeur l’idéologie communiste, porte-parole de la paix. Ce n’est qu’avec la perestroïka, que le nucléaire dans son ensemble prend toute sa valeur apocalytique, révélée par la catastrophe de Tchernobyl. Ce n’est pas Tchernobyl qui contraignit les autorités soviétiques à mettre un terme définitif à la course aux armements, mais c’est bien Tchernobyl qui contribua à accélérer le processus de la glasnost et révéler à l’ensemble de la population l’ampleur du risque et à faire prendre conscience de la nature profonde du nucléaire. Toutefois, il n’y eut pas en URSS la même paranoïa que celle nous avons connue aux États-Unis durant les années 1950. Il n’y eut pas non plus la même inquiétude observée en Occident lors de la crise de Cuba. Celle des euromisiles allait passer comme une affaire ordinaire, tout en apportant du poids au mouvement des dissidents pourtant encore considérés par beaucoup comme des traîtres à la patrie. Car vraisemblablement l’imaginaire était tout autre. En revanche, avec la glasnost, Tchernobyl va agir comme un révélateur et susciter au sein des populations un imaginaire nouveau, catastrophiste, peu différent de celui que nous connaissions en Occident. Toutefois, pour le comprendre, il nous faut l’analyser dans une dimension inhabituelle pour nous. Le sacrifice humain fait partie de la destinée. La notion de progrès est irrémédiablement liée à l’idée du sacrifice nécessaire. Les intérêts de l’individu s’effacent devant ceux de la communauté. C’est pourquoi l’image généralement répandue du nucléaire civil ou militaire, en dépit des nombreux accidents que l’on peut maintenant comptabiliser, n’a pas eu le même impact que celui que nous connaissons. Il est vrai que la censure, l’occultation de la vérité ou sa falsification ont participé à l’atténuation des effets réels dans les mentalités, même si la douleur de la perte n’est jamais tue. Mais cette justification est loin d’être suffisante pour expliquer cette résilience. Il faut en rechercher les origines dans le tréfonds culturel russe. Toujours est-il que le pouvoir parvient à juguler les quelques critiques qui s’éléveront. Car du nucléaire, il en fait même sa force en en faisant un symbole de sa puissance, non seulement la sienne, mais surtout, et c’est bien là son but, celle de l’URSS, puis de la Russie, une Russie moderne, puissante et reconnue du monde entier.
QUELQUES RAPPELS HISTORIQUES
SUR LE NUCLÉAIRE SOVIÉTIQUE
L’intérêt des Soviétiques pour la physique nucléaire a commencé bien avant les années 1930. Une dizaine d’années avant la révolution d’Octobre, le minéralogiste Vernadski avait alerté les autorités tsaristes sur les gisements d’uranium et la possibilité d’utiliser le radium à des fins scientifiques et civiles, récupéré dans les eaux de forage des champs de pétrole d’Oukhta, en Sibérie occidentale.
Par la suite, à la fin des années 1930, les scientifiques soviétiques se passionnèrent pour les perspectives données par la fission nucléaire et la puissante énergie que l’on pouvait en espérer. Yakov Frenkel avait fait un premier travail théorique sur la fission en Union soviétique dès la fin des années 1930. Quant à Gueorgui Fliorov et Lev Rusinov, en 1938, au sein de l’Institut de Kurtchatov à Leningrad, ils vont tenter une première fission expérimentale sans y parvenir, mais apporteront des données théoriques très intéressantes, peu avant l’équipe de Frédéric Joliot-Curie en France. La guerre mettra un frein aux recherches jusqu’au début de l’année 1942. Mais les relations entre scientifiques de pays différents perduraient et en avril de cette même année, le physicien soviétique Gueorgui Fliorov va adresser une lettre à Staline l’alertant sur l’intérêt du problème nucléaire en raison du silence international fait sur le sujet. Il nous faudra distinguer deux secteurs, celui du nucléaire militaire et le civil.
Pour ce qui concerne le nucléaire militaire, c’est en septembre 1942 que Staline décide de lancer un programme spécifique. Il le confie à Igor Kourtchatov. Celui-ci crée en 1943 le laboratoire nº 2 de l’académie des sciences de l’URSS. Mais c’est seulement après les explosions des bombes sur Hiroshima et Nagasaki que, le 9 avril 1946, est créé le bureau d’étude nº 11 chargé de développer la bombe atomique soviétique. Entre-temps, en 1944, la responsabilité des recherches sur le sujet était passée du ministère des Affaires étrangères avec Molotov, au Commissariat populaire des affaires intérieures, le NKVD avec Beria, pour des raisons évidentes de secret d’État. Tout était sous le contrôle des services secrets : les lieux (d’extraction du minerai, de traitement, d’études et de fabrication près des camps de prisonniers du Goulag qui en assuraient une main-d’œuvre esclavisée), les personnels scientifiques sélectionnés, isolés et contrôlés, et l’information nécessaire. Car si la recherche soviétique était très avancée dans ce domaine, une partie des études faites sur le sujet sera alimentée par les informations transmises par les espions du NKVD et du GRU en mission à l’étranger, en particulier en Allemagne, en Grande-Bretagne et aux États-Unis, voire par des sympathisants. Ils vont s’efforcer, avec une certaine réussite, de pénétrer le programme Manhattan2 américain. À la fin de la guerre avec l’Allemagne, un nombre assez important de scientifiques allemands sera déporté en URSS où l’on va exploiter leur savoir-faire, leurs connaissances et certains de leurs matériels3.
Le premier essai atomique soviétique a lieu le 29 août 1949. Il avait pour nom de code « Premier éclair » (Первая молния) et fut connu sous le nom de code donné par les Américains « Joe 14 ». La conception de la bombe est très similaire à la première bombe au plutonium américaine Fat Man. La première bombe à hydrogène soviétique, d’une puissance de 400 kilotonnes, explosa le 12 août 1953. L’essai fut surnommé « Joe 4 » par les Américains. Andreï Sakharov en fut le concepteur.
Le 30 octobre 1961, fut testée la fameuse Tsar Bomba (Царь-бомба). Elle était la plus grosse et la plus puissante arme nucléaire qui ait jamais explosé. C’était une bombe à hydrogène d’une puissance d’environ 50 mégatonnes, soit cinquante fois celle d’Hiroshima. Elle explosa dans l’archipel de la Nouvelle-Zemble. L’explosion fut suffisamment puissante pour provoquer des brûlures au troisième degré à 100 km de distance. Des troupes au sol vont en subir les effets. Et son onde de choc va se sentir dans un rayon de 900 km.
Pendant la guerre froide, l’Union soviétique va multiplier et améliorer secrètement sa panoplie d’armes nucléaires. Elle avait créé à cet effet des villes fermées, appelées Atomgrads, dans lesquelles s’organisaient la recherche et le développement des armes nucléaires. Construites et peuplées par des détenus qui y assuraient les tâches quotidiennes, et les savants sélectionnés pour y travailler, gardées par des unités spéciales, et totalement fermées au public, elles étaient toutes sous la responsabilité du NKVD, puis du KGB lorsque l’institution changera d’appellation. L’une d’elles est « l’Installation » dont parle Sakharov dans ses Mémoires5. C’est bien cette atmosphère d’enfermement, de mystère et de menace qu’Andrei Tarkovski décrit dans son film Stalker.
Ainsi l’URSS va très tôt développer une capacité nucléaire du plus haut niveau. Elle atteindra rapidement la parité avec les États-Unis. La crise de Cuba en sera d’ailleurs un révélateur. L’URSS retirera ses matériels de l’île, mais les États-Unis auront compris que le risque était très élevé. Et s’ensuivront dès le debut des années 1970 les premières négociations pour une limitation des armements stratégiques.
Du 29 août 1949, date du premier essai, au 24 octobre 1990, les Soviétiques vont effectuer plus de 715 essais répertoriés, dont au moins un sera réalisé au cours d’un exercice militaire avec troupes au sol.
La crise des missiles de 1979, à la suite de la décision des militaires soviétiques d’installer des SS20, missiles de portée intermédiaire à capacité nucléaire, sur leurs frontières et celles des pays satellites, va susciter en Europe occidentale une nouvelle paranoïa, la peur d’une véritable guerre avec un fort risque nucléaire. La réponse des Occidentaux par l’installation des Pershing changera quelque peu la donne. Mais elle ne fera que confirmer tant dans l’imaginaire occidental que soviétique la puissance des forces armées soviétiques. L’implosion de l’URSS, en 1991, n’en sera que davantage surprenante.
Pour ce qui concerne le nucléaire civil, l’URSS va se doter assez rapidement et dans la suite du premier d’un programme d’équipement particulièrement conséquent et ce dès les années 1950.
C’est effectivement en 1950 qu’a été prise la décision de construire à Obninska la première centrale nucléaire du pays, équipée de ce qu’on appelle le réacteur à tubes de force, à uranium-graphite6. Elle sera mise en...
Table des matières
- Couverture
- Titre
- Copyright
- Sommaire
- Préface
- Introduction
- Première partie - PENSER
- Partie 2 - LIRE
- Partie 3 - REGARDER
- Partie 4 - MONTRER
- Partie 5 - ÉCOUTER
- Partie 6 - BÂTIR
- Partie 7 - JOUER
- Partie 8 - PROMOUVOIR
- Partie 9 - CONTESTER
- Présentation des auteurs
- Bibliographie