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L' Intelligence artificielle et les chimpanzés du futur
Pour une anthropologie des intelligences
- 320 pages
- French
- ePUB (adapté aux mobiles)
- Disponible sur iOS et Android
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L' Intelligence artificielle et les chimpanzés du futur
Pour une anthropologie des intelligences
À propos de ce livre
L'humanité est-elle prête à vivre avec d'autres intelligences ? Dans ce livre, Pascal Picq analyse la coévolution de l'espèce humaine et de ses proches – les australopithèques d'hier comme les chimpanzés d'aujourd'hui – avec les innovations techniques et culturelles actuelles. Retraçant les fondements des intelligences animales, humaines et artificielles dans une approche évolutionniste, il nous explique comment elles ont émergé, en quoi elles diffèrent fondamentalement et pourquoi certaines d'entre elles sont plus performantes que d'autres. Une nouvelle phase de l'évolution se dessine en ce moment, dont il est urgent de prendre la mesure : il nous faut apprendre, et vite, à vivre en bonne intelligence avec toutes ces intelligences. En attendant les promesses du transhumanisme, une décennie de tous les possibles s'ouvre à nous. Les technologies ne suffiront pas si l'humanité ne s'inscrit pas dans une véritable vision évolutionniste qui associe les intelligences humaines, animales et artificielles. Pascal Picq Pascal Picq est paléoanthropologue, maître de conférences au Collège de France. Il est l'auteur d'Au commencement était l'homme, de Lucy et l'obscurantisme, de De Darwin à Lévi-Strauss et, plus récemment, de Qui va prendre le pouvoir ?, qui sont de très grands succès.
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Informations
CHAPITRE 1
Les intelligences de la vie
Descartes, les animaux et la cognition
Est-ce que l’intelligence que l’on donne aux machines ou que l’on espère les voir développer peut ressembler à celle des humains ou à celle des animaux ? La question est loin d’être triviale puisqu’elle concerne tout simplement nos rapports fondamentaux avec ce qui nous entoure, c’est-à-dire avec toutes les entités, naturelles ou artificielles, avec lesquelles nous établissons des liens, rationnels et émotionnels.
Nous l’avons dit en introduction, si on aborde les questions d’intelligence artificielle comme on continue d’aborder la question des intelligences animales dans notre culture dualiste occidentale, on se prépare à de sérieuses déconvenues ! Car, et sans surprise, ce sont les pays dont les cultures reconnaissent les intelligences animales, notamment celles des grands singes si proches de nous, qui se trouvent les plus en avance, non pas sur le plan technologique, mais dans l’usage et l’application des intelligences artificielles et des robots humanoïdes, à commencer par les États-Unis, le Japon, la Corée du Sud, bientôt rattrapés par la Chine. Il est plaisant, pour un anthropologue, de constater que la révolution numérique, au lieu d’édulcorer les différences anthropologiques, les amplifie. Des croyances vieilles de plusieurs milliers d’années manifestent toute leur profondeur ancestrale dans les nouveaux espaces numériques.
D’où vient le problème chez nous alors ? Clairement du postulat selon lequel l’intelligence humaine est l’étalon de toute forme d’intelligence, voire comme la seule intelligence existant sur cette Terre, ce qui conduit à reléguer les animaux au rang de machines dotées d’instincts mécaniques. Même le génial Alan Turing, quand il évoque la possibilité d’une machine intelligente dans son article séminal de 1950, l’imagine capable de reproduire l’intelligence humaine et d’entendre des problèmes que les humains résolvent grâce à leurs capacités mentales (supérieures). Cependant, Turing ne conçoit pas une machine intelligente identique à un cerveau d’humain adulte, mais à celui d’un enfant, donc capable d’apprendre. La nuance est de taille puisqu’elle implique que des machines pourraient développer leur propre intelligence au fil de leurs expériences et de leurs apprentissages. Mais une telle machine serait-elle alors homologue ou analogue au cerveau humain ?
Dans le champ des théories de l’évolution, et plus précisément de la systématique, science de la classification des espèces, un caractère est dit « homologue » quand il est issu d’une même espèce ancestrale, alors qu’il est dit « analogue » s’il a été acquis indépendamment (par parallélisme ou convergence adaptative). Au risque de paraître péremptoire, soyons parfaitement clairs ici : les intelligences artificielles ne seront jamais homologues aux intelligences animales et humaines ; elles ne fonctionneront jamais de la même façon, même si un jour elles devaient acquérir des états de conscience et connaître des émotions – ce que l’on appelle l’« intelligence artificielle forte ». Même ainsi, elles resteraient dotées de formes d’intelligences analogues, c’est-à-dire capables de reproduire des tâches intellectuelles humaines, mais selon leurs propres procédés.
Pourquoi sommes-nous apparemment si mal à l’aise avec ces formes émergentes d’intelligences, pourquoi faisons-nous preuve d’aussi peu de discernement ? À vouloir défendre l’exception essentialiste de l’homme, vu tantôt à l’image de son Créateur, tantôt au pinacle de l’évolution, les thuriféraires obstinés du dualisme sont obligés de récuser toutes les autres formes d’intelligences, qu’elles soient animales ou artificielles. Et quand ils sont confrontés à leur manifestation ou à leur réalité, ils prennent peur. D’où cette question récurrente, aussi inquiète qu’irrationnelle : est-ce que l’intelligence artificielle va supplanter les humains, voire les remplacer ou les éliminer ? Répétons-le, les intelligences artificielles, celles d’aujourd’hui et celles à venir, ne seront jamais homologues aux intelligences humaines. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’elles ne procèdent pas de la même évolution. Ce qui ne veut pas dire qu’elles ne pourront pas résoudre des problèmes spécifiquement humains ou inventés par des intelligences humaines. D’ailleurs, elles le font déjà, plus vite et différemment.
Ce qui nous amène à une autre question, également développée dans ce chapitre : est-ce que les intelligences artificielles pourraient être analogues aux intelligences animales ? Ici aussi, la question n’a rien de trivial, d’autant que, avec les espèces les plus proches de nous comme les grands singes, nous partageons des formes d’intelligences homologues. Suivant le même raisonnement évolutionniste, la réponse est une fois encore négative. En revanche, les intelligences animales, avec leurs modalités d’apparition, d’évolution et de diversification, ne pourraient-elles pas constituer des sources de bio-inspiration analogique ? Comme nous le verrons, c’est déjà une voie de recherche très prometteuse en robotique. L’évolution des machines guidées par les hommes va-t-elle alors se révéler aussi intelligente que celle des animaux issue de l’évolution naturelle ?
Des crânes et des cerveaux
Ce qui n’est pas encore le règne animal émerge il y a plus de 500 millions d’années. Cette période, appelée Cambrien, voit apparaître toutes les grandes lignées d’animaux sur le plan structurel. Ceux-ci se distinguent par un ensemble de caractères. L’un des principaux est l’hétérotrophie : ils doivent manger d’autres organismes vivants pour survivre et, de ce fait, être mobiles. De ces animaux, on peut dire aussi qu’ils forment des organismes multicellulaires composés de différents tissus et organes et de systèmes circulatoires ; que leur corps passe par une phase de développement et de vieillissement ; qu’ils sont doués de perception (organes des sens), d’un système nerveux et de mobilité (volition) ; que leur bouche saisit les aliments, qu’il y a digestion et excrétion ; enfin, qu’ils se reproduisent par sexualité. Tous les caractères qui précèdent ne sont pas spécifiques aux animaux et quelques groupes en sont même dépourvus ; néanmoins ils permettent d’offrir une description générale, le plus souvent en des termes qui me seraient reprochés par les spécialistes de la systématique, où figurent les principales caractéristiques structurelles, fonctionnelles et cognitives des animaux en vue de pouvoir les comparer à celles des machines et notamment des robots.
Chez les animaux, le cerveau, siège de l’intelligence, fait partie du système nerveux central. Ce dernier apparaît à partir d’une structure anatomique, la chorde, propre aux animaux bilatériens, dits « chordés ». Les bilatériens se distinguent par un corps symétrique séparé par un plan médian (cette symétrie reste très marquée chez les vers par exemple), lequel subit quelques réarrangements selon les lignées pour divers organes, comme un cœur situé du côté gauche, ce qui réduit la taille du poumon gauche ou bien un foie d’un côté et un pancréas de l’autre. Une autre caractéristique est à chercher dans un corps étiré entre un pôle antérieur et un pôle postérieur, plus précisément entre une bouche et un anus. Ils possèdent des gènes particuliers responsables du développement de ce plan organique : ce sont les gènes homéotiques ou homéobox.
Parmi les différentes lignées de bilatériens, les Cranatia, qui apparaissent vers 480 millions d’années, se caractérisent par la formation d’une tête osseuse et plus ou moins cartilagineuse, qui renferme et protège à l’avant le cerveau, les organes olfactifs (odorat), les yeux (vision) et l’oreille interne (équilibre et audition). Cette polarisation antérieure des organes de perception et de préhension – une bouche avec des dents, mais pas toujours des mâchoires, comme chez les lamproies – s’accompagne de moyens de propulsion et de locomotion.
La première remarque qui s’impose ici est que les animaux sont animés : ils bougent et leur survie en dépend pour se nourrir, éviter les prédateurs ou se reproduire. Ce que les philosophes appellent « âme » ou anima et les scientifiques « volition », c’est-à-dire une action déclenchée vers un but, les caractérise. Les ordinateurs, eux, ne sont pas mobiles, sauf les portables que nous trimbalons avec nous. Surtout, ils n’ont pas la volonté de se mouvoir par eux-mêmes et encore moins de se nourrir ou de rencontrer des congénères.
De manière tautologique, les machines douées de mobilité, de décision et d’autonomie, comme les robots, les drones ou les futurs véhicules autonomes, peuvent être comparées à des animaux, si ces derniers sont compris comme des machines répondant à des stimuli, avec des ajustements de type essais/erreurs. Cette comparaison animal/machine tient donc pour des animaux perçus, à tort, comme simples. Les fourmis et les abeilles présentent une plasticité individuelle et collective que n’ont pas encore atteinte les robots et les drones les plus complexes et, comme nous le verrons, ces animaux, dotés d’un cerveau, offrent des modèles inspirant les algorithmes évolutionnaires. C’est autrement plus compliqué en revanche, avec les vertébrés, notamment les plus évolués sauf, une fois de plus, dans l’esprit obtus et conditionné des adeptes de l’animal-machine.
Métabolisme, mouvement,
développement et vie sociale
Passons sur les poissons et les reptiles et venons-en aux deux lignées de vertébrés qui nous sont les plus familières : les oiseaux et les mammifères, qui se sont séparés au début de l’ère secondaire, il y a plus de 200 million...
Table des matières
- Couverture
- Titre
- Copyright
- INTRODUCTION - Vers un monde des intelligences
- CHAPITRE 1 - Les intelligences de la vie
- CHAPITRE 2 - Homo sapiens et la création d'intelligences
- CHAPITRE 3 - L'IA et la robotique confrontées à l'évolution
- CHAPITRE 4 - Darwin dans les machines
- CONCLUSION - L'aube de la troisième coévolution
- Notes bibliographiques
- Remerciements
- Table
- Du même auteur chez Odile Jacob