Manifeste pour une fin de siècle obscure
eBook - ePub

Manifeste pour une fin de siècle obscure

  1. 208 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub

Manifeste pour une fin de siècle obscure

À propos de ce livre

Romancier célèbre (La Baie des Anges), historien de renom (Le Grand Jaurès), Max Gallo est avant tout un homme engagé dans les combats de son temps. Ancien ministre, député au Parlement européen, il adresse ce Manifeste à tous ceux qui restent convaincus que la pensée est nécessaire à l'action, et pour lesquels le socialisme ne se confond pas avec le totalitarisme. Brossant à grands traits le destin de ce siècle, il démontre avec force que si Marx est mort, ses idées vivent encore !

Foire aux questions

Oui, vous pouvez résilier à tout moment à partir de l'onglet Abonnement dans les paramètres de votre compte sur le site Web de Perlego. Votre abonnement restera actif jusqu'à la fin de votre période de facturation actuelle. Découvrez comment résilier votre abonnement.
Pour le moment, tous nos livres en format ePub adaptés aux mobiles peuvent être téléchargés via l'application. La plupart de nos PDF sont également disponibles en téléchargement et les autres seront téléchargeables très prochainement. Découvrez-en plus ici.
Perlego propose deux forfaits: Essentiel et Intégral
  • Essentiel est idéal pour les apprenants et professionnels qui aiment explorer un large éventail de sujets. Accédez à la Bibliothèque Essentielle avec plus de 800 000 titres fiables et best-sellers en business, développement personnel et sciences humaines. Comprend un temps de lecture illimité et une voix standard pour la fonction Écouter.
  • Intégral: Parfait pour les apprenants avancés et les chercheurs qui ont besoin d’un accès complet et sans restriction. Débloquez plus de 1,4 million de livres dans des centaines de sujets, y compris des titres académiques et spécialisés. Le forfait Intégral inclut également des fonctionnalités avancées comme la fonctionnalité Écouter Premium et Research Assistant.
Les deux forfaits sont disponibles avec des cycles de facturation mensuelle, de 4 mois ou annuelle.
Nous sommes un service d'abonnement à des ouvrages universitaires en ligne, où vous pouvez accéder à toute une bibliothèque pour un prix inférieur à celui d'un seul livre par mois. Avec plus d'un million de livres sur plus de 1 000 sujets, nous avons ce qu'il vous faut ! Découvrez-en plus ici.
Recherchez le symbole Écouter sur votre prochain livre pour voir si vous pouvez l'écouter. L'outil Écouter lit le texte à haute voix pour vous, en surlignant le passage qui est en cours de lecture. Vous pouvez le mettre sur pause, l'accélérer ou le ralentir. Découvrez-en plus ici.
Oui ! Vous pouvez utiliser l’application Perlego sur appareils iOS et Android pour lire à tout moment, n’importe où — même hors ligne. Parfait pour les trajets ou quand vous êtes en déplacement.
Veuillez noter que nous ne pouvons pas prendre en charge les appareils fonctionnant sous iOS 13 ou Android 7 ou versions antérieures. En savoir plus sur l’utilisation de l’application.
Oui, vous pouvez accéder à Manifeste pour une fin de siècle obscure par Max Gallo en format PDF et/ou ePUB ainsi qu'à d'autres livres populaires dans Politique et relations internationales et Politique. Nous disposons de plus d'un million d'ouvrages à découvrir dans notre catalogue.

Informations

1

L’épopée meurtrière du capitalisme


Des origines à la Première Guerre mondiale

L’Histoire de toute société jusqu’à nos jours, c’est l’histoire des hommes en lutte.
L’homme primitif comme le serf du Moyen Âge, le banquier de la Renaissance ou le paysan propriétaire du XIXe siècle, le prolétaire comme le salarié du XXe siècle, tous participent, plus ou moins lucidement, à des luttes qui ne cessent jamais, et qui peuvent prendre les formes les plus diverses, respecter des règles que les hommes ont fixées entre eux ou au contraire se déployer avec une sauvagerie sans limites.
La lutte, l’affrontement, la contradiction sont ainsi la trame de l’histoire.
Les hommes ont dû lutter contre une nature qu’il leur fallait comprendre et maîtriser afin d’assurer leur survie.
Ils ont inventé l’agriculture et l’élevage, utilisé la force naturelle des éléments.
Et leur confrontation avec les autres formes de vie, dans l’écosystème dont ils font partie, se poursuit indéfiniment. Un virus est dompté, un autre surgit, plus périlleux encore.
L’homme se croit « maître et possesseur de la nature » et un tremblement de terre, un réchauffement de l’atmosphère mettent en péril les établissements, millénaires parfois, qu’il a construits.
Mais la lutte contre la nature est aussi une lutte de l’homme contre lui-même puisqu’il fait partie de cette nature, qu’il dépend d’elle pour sa survie et qu’une apparente victoire totale sur la nature peut sceller la mort de l’homme.
Il n’y a donc jamais pour l’homme de triomphe absolu.
Et cette contradiction est au cœur de toutes ses luttes.
Car l’homme, dès ses origines, n’a pas affronté que la nature.
Pour s’assurer des ressources et donc un territoire – de cueillette, de culture ou de chasse –, en fixer puis en défendre les frontières, il s’est opposé à d’autres hommes.
Ainsi se stabilisent, se renforcent ou s’émiettent – parfois jusqu’à disparaître – des familles, des clans, des tribus, des cités, des nations, des empires.
Dans cette lutte, des pouvoirs se créent puis s’affirment et des hiérarchies s’établissent à l’intérieur du groupe, des différenciations s’opèrent.
Un groupe vainqueur en opprime un autre, peut le réduire à merci, mais parmi les victorieux apparaissent aussi des oppresseurs et des opprimés qui entrent à leur tour en lutte pour le pouvoir, exigent une autre répartition des ressources, un renversement des hiérarchies. Et la dynamique de cette lutte des classes influe à son tour sur la lutte des hommes contre la nature, ou celle des groupes entre eux.
Les conflits s’enchevêtrent et s’encastrent.
Tout ce qui concerne l’homme est complexe, contradictoire, mouvant dès l’origine. Rien n’est jamais bipolaire, même si, à des moments donnés, telle ou telle lutte – contre la nature, contre les hommes d’un groupe différent, ou bien le combat des classes – l’emporte sur les autres, donnant sa coloration à toute une période historique.
Mais, même dans ce conflit majeur, tous les autres affrontements se poursuivent et ils peuvent prendre le dessus à tout instant, reléguant au second plan ce qui apparaissait principal.
Ces luttes sont d’autant plus complexes, multidimensionnelles que l’homme poursuit depuis l’origine, par un combat tenace qui prend toutes les formes, son individualisation, c’est-à-dire l’affirmation de l’autonomie de sa personne, de l’indépendance de ses décisions et donc de sa pensée.
Il lutte, avec plus ou moins de force et de réussite suivant les civilisations, les circonstances, les déterminations de chaque être, pour manifester sa singularité, le caractère unique de son destin, et l’existence, dans sa courte vie, d’un projet individuel.
Cela le conduit à se séparer des autres, qu’ils appartiennent à sa famille, à son clan, à sa tribu, à sa classe, à sa cité, à sa nation.
C’est dans cette confrontation de l’un avec le groupe – dans l’abnégation du sacrifice, la sainteté, la trahison ou la domination du Chef, si l’on choisit des situations limites – que l’homme constitue sa personne et prend conscience d’elle. Sa vie est brève, mais elle est sa vie.
Il peut fusionner avec un groupe, en accepter toutes les valeurs. Il sait cependant, fût-ce dans un bref éclair de lucidité, qu’il souffre et meurt seul.
Cette identité personnelle, cette liberté individuelle, ce désir et cette volonté d’être soi, pour soi (que l’on ait conscience ou non de ce désir) empêchent donc de limiter les luttes que mène l’homme à une seule dimension.
L’acteur de ces luttes est animé par une volonté irréductible à celle du groupe dont il fait partie.
L’histoire est ainsi faite d’une prolifération des hommes, de la constitution entre eux de groupes de plus en plus nombreux, de solidarités de plus en plus fortes, mais les divisions, les fragmentations, les oppositions demeurent et s’avivent.
Et alors qu’un processus d’unification semble se réaliser, la volonté d’individualisation des groupes les uns par rapport aux autres, de l’individu face au collectif, est l’une des lignes de pente majeure de l’histoire.
On en repère la trace dès que l’homme apparaît.
Elle s’affirme éclatante dans la Cité grecque, elle s’exprime dans les œuvres des auteurs latins qui, au cœur de l’Empire, maintiennent vivace cette volonté d’intelligence et de lucidité, analysant les comportements individuels de ceux qui composent les cercles du pouvoir.
Mais, en même temps que l’homme manifeste ainsi sa « liberté » dans le groupe, les foules d’« hommes-outils », les esclaves, sont maintenus dans la servitude de choses animées, qu’on peut à loisir utiliser, rejeter, détruire. Et c’est sur cette réalité inégalitaire que se construisent la Cité, l’Empire et l’univers politique.
Ainsi, alors que l’homme s’arrache à la « nature » pour organiser la société et que l’individualisation de sa démarche est révolutionnaire, d’autres hommes, innombrables, sont asservis, niés comme personnes.
Ce développement de l’homme s’accomplit donc dans des conditions inhumaines et cependant c’est de cette manière que se déploie, pas à pas, la conscience humaine.
Les religions monothéistes témoignent de cette « individualisation » de l’homme, qui est à l’origine du rapport personnel qu’il établit avec Dieu, cette puissance solitaire et créatrice, projection et incarnation du désir d’autonomie et de souveraineté humaines.
Et la revendication d’identité pour tous les hommes – qu’ils soient juridiquement libres ou esclaves – que contient le christianisme dessine un visage mythique aux aspirations d’égalité entre les hommes, à leur recherche d’une dimension individuelle de chaque vie.
Mais c’est le capitalisme qui donne au processus d’individualisation une accélération décisive.
Il décape toutes les illusions en substituant le rapport marchand aux autres types de relations. Il pénètre tous les domaines et tous les espaces.
Chaque individu devient d’abord le propriétaire de sa force de travail qu’il doit vendre pour acheter ce qui est nécessaire à sa survie.
La société subit ainsi une transformation révolutionnaire qui, dans un mouvement de longue durée, avec des phases de grands bouleversements et des périodes de stabilisation, voit apparaître une classe bourgeoise, acteur et produit du capitalisme, possédant les moyens de production, contrôlant les échanges, soucieuse de prendre le pouvoir politique et provoquant, par ses besoins en force de travail et les nouvelles valeurs qu’elle véhicule, la désagrégation des couches sociales antérieures (la paysannerie, l’aristocratie) et des modes de vie qui leur étaient attachés (la civilisation agraire).
La bourgeoisie libère, elle se libère mais elle opprime, elle aliène et elle s’aliène.
Emportée par la logique capitaliste, par l’énergie que suscite l’explosion des passions individuelles, elle constitue de nouvelles formes politiques et sociales – les nations – en passant des compromis avec les détenteurs du pouvoir (les souverains, les noblesses) ou en brisant l’ordre ancien par la révolution.
Mais surtout, cet essor du capitalisme – et de l’individu – provoque de nouvelles luttes.
Lutte des classes entre ceux qui possèdent les moyens de production et ceux qui vendent leur force de travail. Lutte pour le pouvoir entre bourgeoisie et aristocratie. Lutte entre les bourgeoisies nationales pour le contrôle de nouveaux territoires – marchés et ressources.
Le capitalisme apparaît vite comme une formation économique et sociale dynamique, puissante et multiforme. Chaque homme devient en effet un acteur « libre » du développement du système, parce qu’il y est « enchaîné » par des rapports de production qui en font un rouage agissant par lui-même en tant que personne et en fait « agi » par l’échange travail contre argent, argent contre marchandises.
Le capitalisme génère ainsi des transformations scientifiques et techniques qui modifient radicalement les conditions et les moyens de la production.
La manufacture, l’usine apparaissent avec leur production en masse et leurs « armées » de travailleurs – le prolétariat.
Ainsi, contradictoirement, alors même qu’il généralise la notion d’individu – et sa réalité économique et politique : le suffrage universel consacrant cet individu – le capitalisme uniformise et vide la personne du suc de l’identité.
L’artisan, créateur d’une œuvre, disparaît. Le paysan maître sur sa propriété, entouré d’une communauté familiale et villageoise, rejoint les métropoles et devient l’anonyme ouvrier d’une usine.
Pire : la liberté individuelle des uns se construit sur l’asservissement ou le massacre des autres.
Dans les pays qui voient naître le capitalisme (les pays d’Europe occidentale, Italie, Allemagne, Pays-Bas, Angleterre, France), la bourgeoisie écrase ceux qu’elle exploite, même si ces « opprimés » ont désormais la « liberté » de vendre leur force de travail et sont « libres » de quitter leur résidence, leur emploi, libres de s’enrichir, mais aussi de mourir de faim.
Misère ouvrière, physiologique, morale ; dégradation des conditions de vie dans les premières décennies de l’époque industrielle ; travail des enfants ; maladies professionnelles, accidents du travail ; hommes traités comme des objets que l’on met au rebut après usage ; femmes réduites à la prostitution ; alcoolisme : qui dira les dizaines de millions de vies humiliées, saccagées, détruites, ...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Titre
  3. Du même auteur
  4. Copyright
  5. Envoi
  6. Introduction - Le XXie siècle ou la croisée des chemins
  7. 1 - L’épopée meurtrière du capitalisme - Des origines à la Première Guerre mondiale
  8. 2 - Les impasses criminelles de la première moitié du XXe siècle - (1918-1945)
  9. 3 - Un âge nouveau, des solutions anciennes - (1945-1967)
  10. 4 - La fin des illusions : le système mondial mis à nu - Les années 70-80
  11. 5 - La bifurcation historique décisive - La dernière décennie du siècle
  12. 6 - Les tâches à accomplir
  13. Table