Se reconstruire après un accident de la vie

Christine Mirabel-Sarron

• Éditeur: Odile Jacob
• Année: 2020
• Imprimer l'ISBN: 9782738153333
• ISBN de l'eBook: 9782738153340
• Sujet: Psychology
• Sujet: Cognitive Psychology & Cognition

« Je m'adresse à tous ceux qui, victimes ou témoins d'un accident de la vie, désirent retrouver le bonheur, la liberté de s'épanouir et prendre leur vie en main. Nous sommes tous concernés. Je sais de quoi je parle. Ces accidents ont décidé de la trajectoire de ma vie. Ils lui ont peut-être donné aussi tout son sens. Que faire de ces heures, de ces mois, de ces années à endurer le mal de vivre ? Comment tirer de cette expérience un enseignement précieux pour mieux affronter l'avenir ? J'ai réussi à faire de mon malheur une source de vie et d'inspiration. Cela n'a pas toujours été facile, mais je n'ai jamais perdu l'espoir d'y arriver. C'est cette recette que je voudrais vous transmettre. » Dr C. Mirabel-Sarron Quel que soit le choc que vous avez vécu, les conseils du docteur Mirabel-Sarron vous aideront à prendre soin de vous, à retrouver un bien-être émotionnel et à repartir à la conquête du monde. Un guide pour aller de l'avant. Christine Mirabel-Sarron est psychiatre, psychothérapeute, praticien hospitalier au groupe hospitalier universitaire Paris Psychiatrie et neurosciences. Engagée dans de nombreuses activités citoyennes, elle a mis en place en région parisienne des ateliers venant en aide aux femmes handicapées. Elle est auteur de : La Dépression, comment en sortir et Bien gérer son temps. 

CHAPITRE 1

Comprendre ce qui vous arrive

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Vous venez d’être accidenté. Ou bien l’un de vos proches connaît pareille épreuve. Vous avez besoin de comprendre ce qui lui arrive et aussi ce que vous, vous vivez. Cet événement est inattendu, soudain, il peut occasionner des dommages corporels, matériels, psychiques. Sûr qu’il nous concerne tous, quelle que soit leur forme.

Qu’est-ce qu’un accident de la vie ? Quelques chiffres

La classification internationale des maladies, publiée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), nous en livre une première définition. Elle est précise mais hélas bien trop restrictive, car elle se limite aux traumatismes externes physiques et physiologiques subis par le corps : « Ce sont des traumatismes causés par une exposition aiguë à des agents physiques tels que l’énergie mécanique, la chaleur, l’électricité, les agents chimiques, les radiations ionisantes, etc. qui interagissent avec le corps dans des quantités ou des taux excédant le seuil de tolérance humaine. Il peut donc s’agir d’une lésion corporelle provenant d’une exposition excessive par rapport au seuil de tolérance physiologique (incendies, chutes, chocs…). Ou une privation d’un ou de plusieurs éléments vitaux (par exemple : air, eau, chaleur) comme dans la noyade, la strangulation ou le gel. Le temps passé entre l’exposition à l’agent traumatique et l’apparition des dommages est généralement court. »

Cette définition recouvre la notion d’accidents de la vie courante. Ils se classent selon le lieu où s’est déroulé le traumatisme. Il est d’usage de distinguer :

• les accidents domestiques, qui se produisent à la maison ou dans les abords immédiats (jardin, cour, garage et autres dépendances) ;
• les accidents survenant à l’extérieur dans un magasin, sur un trottoir, à proximité du domicile, etc. ;
• les accidents scolaires, qui incluent les accidents survenus lors du trajet, durant les heures d’éducation physique et dans les locaux scolaires ;
• les accidents de sport ;
• les accidents de vacances et de loisirs.

Chez l’adulte, ils représentent la troisième cause de mortalité, après le cancer et les pathologies cardio-vasculaires, avec 20 000 décès : 13 000 accidents mortels causés par chutes, incendies, intoxications au monoxyde de carbone, brûlures, bricolage, ingestion de substances et plus de 7 000 liés aux activités de sport et loisirs.

Ils sont si nombreux qu’ils mobilisent 11 millions de recours aux soins, dont 5 millions aux urgences hospitalières, soit près de 15 000 par jour. Heureusement, la plupart de ces accidents liés à la vie courante ne sont pas graves. Ils ne nécessitent qu’un minimum de soins. Les plaies constituent les principales lésions, suivies par les contusions. Plus de la moitié des accidentés retourneront à leur domicile après traitement.

En revanche, alertons-nous ! Ces accidents liés à la vie quotidienne représentent la première cause de mortalité chez l’enfant : un décès sur cinq avant 4 ans ; un décès sur huit entre 5 et 14 ans. Devant l’importance et la gravité de ces accidents est créée, en 1997, la Cellule nationale d’observation des accidents de la vie courante (COAC), pour mieux comprendre et prévenir.

Les accidents de la vie quotidienne incluent d’autres traumatismes, tout aussi journaliers. Débutons par les accidents de la route.

Ils ont fortement diminué, même s’ils s’avèrent aussi mortels que les accidents liés à la vie courante en 1972, avec 18 000 décès par an. Les différentes mesures de prévention ont permis d’aboutir à une baisse sensible de la mortalité : quasiment 3 500 décès et 550 000 blessés chaque année. Ce qui est toujours, bien sûr, encore beaucoup trop.

En France, il y a huit personnes blessées pour une personne tuée. Certains blessés gardent des séquelles majeures : fractures, contusions d’organes, hémorragies, destruction massive d’organes, fractures simples, contusions, plaies… Une partie de ces accidents de la route sont des accidents du travail.

En 2018, 500 Français sont morts dans des accidents de la route dans le cadre de leur activité professionnelle, dont les trois quarts sur le trajet entre leur domicile et leur travail et un quart lors d’un trajet professionnel. La fatigue serait la cause majeure de ces accidents. Là encore, en raison de ces chiffres impressionnants, un fichier national des accidents corporels de la circulation et un Observatoire interministériel de la sécurité routière ont été mis en place.

À ces accidents de la vie privée, les commissions d’indemnisation des accidents liés à la vie ont dû ajouter, à cause de leur fréquence, les coups et blessures ainsi que les viols. S’y adjoignent les événements naturels (séismes, avalanches, inondations, glissements de terrain, tempêtes) et les événements technologiques (effondrement d’un stade, d’une tribune, d’un bâtiment, d’un pont). Autant de circonstances qui rendent leur nombre plus considérable encore !

Les psychologues et les juristes ajoutent volontiers les accidents de la vie affective et relationnelle – comme le décès d’un proche –, les accidents de santé avec une invalidité transitoire ou non, toutes situations de manque qui génèrent un stress. Sont concernés encore des phénomènes sociaux comme une perte d’emploi, un licenciement, une expropriation, un déménagement, une mutation professionnelle précipitée, un confinement imposé pour se protéger d’un virus tel que le Covid-19, etc. Autant de traumatismes aigus pour l’individu et pour son entourage. Certains garderont des souffrances persistantes sous forme de syndrome de stress post-traumatique.

À cette liste bien fournie, les années à venir ajouteront probablement d’autres accidents encore.

Dans cet ouvrage, nous prendrons en compte cette liste très large. Tous ces accidents font partie de notre vie quotidienne, quand bien même leur risque est à faible visibilité médiatique, sauf pour les plus spectaculaires d’entre eux. L’élargissement progressif de cette classification doit être imputé à la modification permanente des modes de vie dans nos sociétés. En effet, ces catégories évoluent en fonction de l’apparition de nouveaux comportements, et donc de nouveaux risques de traumatismes. Chaque société donnera une définition des différents dangers acceptables. Les accidents de sport et de loisirs touchent davantage les adolescents et les jeunes adultes. Ils vont sans doute se généraliser à l’ensemble de la population du fait du développement d’une culture des loisirs et de bien-être pour tous, de l’accessibilité grandissante à toutes catégories de sports. Dès lors n’est-il pas temps de s’y familiariser afin de mettre en place des stratégies préventives ajustées, chacun à notre niveau ?

Par suite de ces accidents, environ une personne sur deux sera confrontée, dans sa vie, à une situation de handicap de manière transitoire ou définitive. 80 % de ces handicaps sont invisibles. Les autres ne réalisent pas, n’identifient pas vos limites. Votre autonomie est devenue partielle. Vous êtes un usager vulnérable. Ce handicap fonctionnel nous concerne tous un jour. Il est douloureux. Et, comme tel, il mérite toute notre attention.

Faisons connaissance avec quelques témoins

Ces témoignages relatent quelques histoires de la vie parmi tant d’autres, si fréquentes qu’elles passeraient inaperçues dans notre quotidien – jusqu’au jour où nous nous retrouvons concernés – et dont les parcours serviront de fil conducteur à ce livre.

J’ai souhaité présenter chaque témoignage selon la classification très ouverte des accidents de la vie, soit les accidents liés à la vie courante (qu’on appelle AVC) – que ce soient des chutes, des brûlures, des chocs, etc. Présentons-les en fonction des lieux d’apparition. Les accidents domestiques se produisent à la maison ou dans ses abords immédiats, c’est-à-dire dans le jardin, la cour, le garage et autres dépendances.

Les chutes

L’année passée, Géraldine, sexagénaire très active, a fait une chute dans son escalier en se dépêchant d’aller ouvrir la porte à des amis. Sa fracture du bassin l’a immobilisée pendant des mois. S’est ensuivie une longue et lente rééducation et fauteuil roulant, déambulateur, cannes ont peu à peu grignoté son autonomie.

Voilà deux ans, Adeline a glissé dans sa salle de bains. Sa tête a heurté le bord du lavabo. Son arcade sourcilière s’est ouverte. Plus de peur que de mal. Après les points de suture de rigueur, un énorme coquard bleu, jaune, violet, noir a entouré son œil. Tout le monde la regardait, consterné.

Léa et Thierry sont en train de changer leur fille avant de partir. Très tonique et agitée, elle leur échappe et elle tombe sur la tête. Vite aux urgences !

Jules et Dominique, deux préadolescents, ont fait une grande bataille dans leur chambre, ils ont bien ri. Mais Dominique a glissé. Et le rebord du lit a eu raison de son bras. Il a gagné six semaines de plâtre !

Les brûlures physiques ou chimiques

Pour Florence, la brûlure est un souvenir d’enfance qui restera gravé sur la peau de son ventre. Elle avait 6 ans quand elle a renversé sur elle-même une casserole d’eau chaude dans la cuisine de ses parents.

Hélène est affairée au ménage quand elle surprend son petit garçon âgé de 2 ans en train de soulever le flacon de lessive, sa bouche en contact avec l’ouverture. Panique totale !

La suffocation

Catherine fête ses 60 ans en famille. Tout le monde rit et boit. Soudain un morceau de viande se coince dans son arrière-gorge. Elle ne peut plus respirer. Les services d’urgence la sauveront de peu. Une phobie alimentaire sévère se met en place depuis lors.

Les accidents survenant à l’extérieur dans un magasin, sur un trottoir,
à proximité du domicile, etc.

Voilà plus d’un an, François s’est brûlé les deux mains alors qu’il avait invité ses amis pour un barbecue dans son jardin.

Sylvain a chuté de son échelle alors qu’il remettait des tuiles sur son toit. Plusieurs d’entre elles s’étaient en...

Table des matières

• Couverture
• Titre
• « Guide pour s’aider soi-même »
• Copyright
• Introduction
• Comment utiliser ce livre ?
• Chapitre 1 - Comprendre ce qui vous arrive
• Chapitre 2 - Dans l'urgence, avoir peur, c'est normal
• Chapitre 3 - Je ne suis plus comme avant !
• Chapitre 4 - Comprendre les réactions de votre entourage
• Chapitre 5 - Se reconstruire après un accident
• Chapitre 6 - S'offrir du bien-être,
• Chapitre 7 - Prendre soin de soi
• Chapitre 8 - Se redonner une image positive de soi-même
• Chapitre 9 - Comment réagir à ses ressentis, à sa colère, à sa tristesse, à ses angoisses ?
• Conclusion et perspectives
• Annexes
• Sommaire
• Du même auteur chez Odile Jacob
• Collection