La France en prospectives
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La France en prospectives

  1. 400 pages
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La France en prospectives

À propos de ce livre

Que sera notre pays dans vingt ans ? Face à la peur de l'avenir, face au malaise et au désarroi de nos concitoyens, il convient aujourd'hui de changer notre regard sur les événements. Non plus s'interroger sur l'individualisme de notre société, mais répondre à la montée de la solitude. Non plus théoriser les problÚmes de l'immigration, mais donner les clés de l'évolution démographique. Non plus craindre l'invasion de l'immatériel, mais chercher quels seront les nouveaux liens sociaux. Non plus sanctifier ou fustiger la pression de l'extérieur, mais l'affronter pleinement pour conjurer les risques d'un éclatement intérieur. Fournir, en somme, des pistes pour l'action et la réflexion ; esquisser pour la France de demain, entre risques et espoirs, de nouvelles perspectives. Avec la participation de Marc Augé, Jean-Pierre Dautun, Jean-Louis Dayan, Michel Glaude, Marc Guillaume, Denis Kessler, Zaki Laïdi, Jean Leca, Henri Mendras, France Quéré, Paul Rivier, Robert Rochefort, Alain Touraine.

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Informations

Éditeur
Odile Jacob
Année
1996
Imprimer l'ISBN
9782738104267

PREMIÈRE PARTIE

Les transformations du « vivre ensemble »



La population française d’ici Ă  2015 : Ă  la recherche de nouveaux Ă©quilibres


JEAN-LOUIS DAYAN
En matiĂšre dĂ©mographique, la prospective peut sembler de prime abord un exercice moins ardu que l’anticipation des changements Ă  venir de l’économie ou des pratiques sociales ; les structures y changent en effet plus lentement, et l’on peut ainsi dĂšs aujourd’hui dĂ©crire sans grand risque d’erreur la composition par Ăąge de la population française Ă  l’horizon 2015.
Pour autant, cette relative inertie ne doit pas faire illusion : un peu de recul montre que nombre de tendances qui semblent bien Ă©tablies si l’on s’en tient aux vingt ou trente derniĂšres annĂ©es rĂ©sultent en fait, dans une perspective plus longue, d’importantes et brusques inflexions. Pour ne prendre que cet exemple, la fĂ©conditĂ© connaĂźt en France un recul marquĂ© entre 1965 et 1980, qu’il est tentant de prolonger ; replacĂ©e dans l’évolution des cent derniĂšres annĂ©es, cette baisse peut apparaĂźtre au contraire comme un retour Ă  la norme, aprĂšs la poussĂ©e exceptionnelle du baby-boom. Encore n’existe-t-il pas de norme immuable : s’il faut aujourd’hui 2,1 enfants par femme pour assurer le renouvellement des gĂ©nĂ©rations, il en fallait prĂšs de trois voici cent ans

C’est pourquoi les projections dont il va ĂȘtre question doivent ĂȘtre accueillies avec les prĂ©cautions d’usage : elles ne prĂ©tendent pas Ă  autre chose qu’à dĂ©crire oĂč mĂšne la prolongation mĂ©canique des tendances en cours, ou bien, Ă  titre de variante, leur possible inflexion. Reste, pour passer de la projection Ă  la prospective, Ă  discuter la pertinence des hypothĂšses retenues, Ă  s’interroger sur leur cohĂ©rence d’ensemble, Ă  identifier les inflexions vraisemblables ou souhaitables.
Il n’est guĂšre possible, pour ce faire, de s’en tenir au seul champ de la dĂ©mographie, tant elle entretient des liens multiples et Ă©troits avec le changement social et Ă©conomique ; sans Ă©largir Ă  l’excĂšs la rĂ©flexion, il faut s’intĂ©resser Ă  ces interactions, en mettant notamment l’accent sur deux domaines qui revĂȘtent ici une importance particuliĂšre :
  • l’activitĂ© professionnelle d’une part. Les projections appliquent le plus souvent Ă  la population totale, considĂ©rĂ©e comme une donnĂ©e exogĂšne, des taux d’activitĂ© qui permettent d’évaluer le nombre d’actifs Ă  venir, en distinguant selon le sexe et l’ñge. La tendance dĂ©mographique est ainsi traitĂ©e comme un simple dĂ©cor, sur le fond duquel offre et demande de travail Ă©voluent librement. Or construire une vision prospective suppose de passer de la simple juxtaposition Ă  l’analyse des interactions qui relient les mouvements de la population aux comportements d’activitĂ© professionnelle ;
  • la croissance d’autre part. L’histoire Ă©conomique accorde une grande importance aux relations rĂ©ciproques qui s’établissent entre croissance de la richesse et croissance de la population : sans remonter plus haut, beaucoup d’historiens font ainsi de la rĂ©volution dĂ©mographique des XVIIIe et XIXe siĂšcles l’un des principaux dĂ©clencheurs de la rĂ©volution industrielle. Souvent pourtant, les deux dynamiques sont aujourd’hui envisagĂ©es sĂ©parĂ©ment, tout au moins pour ce qui concerne les pays les plus dĂ©veloppĂ©s, comme si ces liens anciens s’étaient dissous. Il s’agit autant que possible de les rĂ©tablir.
Enfin, il faut tenter de faire la part des aspirations et des contraintes : dans quelle mesure les Ă©volutions rĂ©centes de la dĂ©mographie ou de l’activitĂ© ont-elles Ă©tĂ© collectivement subies, ou au contraire choisies ? Et quel espace l’avenir proche, avec ses contraintes annoncĂ©es, laisse-t-il aux choix collectifs ? Interrogations difficiles, mais qui montrent oĂč les projections se trompent lorsqu’elles prolongent les tendances passĂ©es, ou encore de quelles variantes il faut les enrichir.
S’il fallait un indice de la marge de manƓuvre laissĂ©e par les contraintes, on le trouverait aisĂ©ment dans les nombreuses diffĂ©rences qui sĂ©parent les Ă©volutions nationales : ainsi, la fĂ©conditĂ© a fortement baissĂ© partout dans les pays de vieille industrialisation, mais plus dans l’Europe du Sud qu’en France, et elle semble se redresser aujourd’hui dans les pays scandinaves. De mĂȘme, le cycle de vie active s’est partout rĂ©trĂ©ci depuis vingt-cinq ans, mais peu de pays ont connu un mouvement aussi marquĂ© que la France ou les Pays-Bas. Aux grandes tendances partagĂ©es par tous, chaque pays ajoute ses spĂ©cificitĂ©s, oĂč s’expriment son histoire, ses reprĂ©sentations et ses choix propres.
Il faut donc commencer par dĂ©crire sommairement l’avenir que dessinent les projections disponibles, et qui s’annonce plutĂŽt gris, car il prĂ©sente Ă  bien des Ă©gards les traits d’un repli. Il s’agira ensuite de discuter leurs hypothĂšses pour en repĂ©rer les incertitudes, qui dĂ©signent autant d’espaces offerts aux choix collectifs.

L’avenir annoncĂ© : une sociĂ©tĂ© vieillie, morcelĂ©e et dĂ©sƓuvrĂ©e

Les tendances à l’Ɠuvre

La pĂ©riode 1968-1990 a vu la fin du regain dĂ©mographique d’aprĂšs guerre. Mais le ralentissement de la population masque d’importantes redistributions.
‱ La population totale : ralentissement prononcĂ©, vieillissement modĂ©rĂ©. La population française s’accroĂźt de 9 millions entre 1950 et 1970, de 6 millions au cours des vingt annĂ©es suivantes. FĂ©conditĂ© et immigration reculent, mais avec elles la mortalitĂ©.
‱ NatalitĂ© et fĂ©conditĂ© : l’installation d’un nouveau modĂšle familial, qui risque de ne pas assurer le remplacement des gĂ©nĂ©rations. Le taux de fĂ©conditĂ© commence Ă  baisser en 1965, le taux de natalitĂ© en 1974, et ce recul n’a guĂšre Ă©tĂ© rattrapĂ© depuis. Au lieu de 2,6 pour la gĂ©nĂ©ration 1930, les femmes nĂ©es vers 1950 auront eu en moyenne 2,1 enfants chacune, descendance finale qui assure tout juste le remplacement de leur gĂ©nĂ©ration. C’est la taille des familles qui se rĂ©duit : les descendances nombreuses deviennent l’exception, et la famille de deux enfants la norme ; en outre, les naissances surviennent plus tard dans la vie des femmes.
Toute la difficultĂ© est de dĂ©terminer si le recul se poursuit aujourd’hui. C’est le cas pour l’indicateur conjoncturel, qui se situait en France Ă  1,7 enfant par femme en 19951. Mais il peut s’agir tout aussi bien d’une baisse irrĂ©versible que d’un simple report des naissances dans le cours de la vie fĂ©conde, comme pour les femmes de la gĂ©nĂ©ration 1950, et peut-ĂȘtre 1960. Un tel rattrapage paraĂźt toutefois compromis pour la gĂ©nĂ©ration suivante : la descendance finale semble bien ĂȘtre en train de passer sous le seuil de 2,1 enfants.
‱ Population Ă©trangĂšre : coup de frein et redistribution. Le coup de frein donnĂ© en 1974, avec le retournement de l’emploi, a eu des effets trĂšs nets : l’effectif des Ă©trangers rĂ©sidant en France avait augmentĂ© de 1 700 000 personnes entre 1954 et 1975, pĂ©riode d’appel massif Ă  la main-d’Ɠuvre immigrĂ©e. Il ne croĂźt plus que de 160 000 entre 1975 et 1990, pour atteindre 3,6 millions. Et le constat n’est guĂšre diffĂ©rent si, au lieu de la nationalitĂ©, on retient l’origine : la population immigrĂ©e compte en 1990 4,2 millions de personnes, soit 280 000 de plus qu’en 1975.
Pour autant, les flux d’entrĂ©e et de sortie ne sont pas nuls : le solde migratoire aurait Ă©tĂ© d’environ soixante mille par an au cours des annĂ©es quatre-vingt, surtout du fait des regroupements familiaux. Et leur composition change : la population d’origine Ă©trangĂšre comprend aujourd’hui plus de femmes, et les immigrants d’Europe cĂšdent en partie la place Ă  ceux du Maghreb, d’Afrique noire et d’Asie.
Ces donnĂ©es doivent ĂȘtre accueillies avec prudence, une partie des mouvements Ă©chappant Ă  l’appareil statistique (entrĂ©es clandestines mais aussi « sorties » vers la nationalitĂ© française) ; il n’y a pas lieu pour autant de remettre radicalement en cause l’ordre de grandeur indiquĂ©.
‱ MortalitĂ© : la transition sanitaire bĂ©nĂ©ficie dĂ©sormais aux plus ĂągĂ©s. La mortalitĂ© a baissĂ© fortement, et l’espĂ©rance de vie a gagnĂ© trente ans depuis 1900, pour dĂ©passer soixante-quinze ans. Mais ce n’est plus le recul de la mortalitĂ© infantile ou des maladies infectieuses qui joue aujourd’hui le rĂŽle principal ; au contraire, la mortalitĂ© rĂ©siste, voire progresse entre quinze et trente-cinq ans chez les hommes (accidents de la route, suicide et, plus rĂ©cemment, sida). C’est le progrĂšs de la longĂ©vitĂ© des plus ĂągĂ©s qui a pris le relais : la population française est ainsi entrĂ©e dans une nouvelle phase de la transition sanitaire, qui se traduit dĂ©sormais par l’allongement de la vieillesse et la consolidation du quatriĂšme Ăąge, y compris chez les hommes.
‱ Migrations internes : une mobilitĂ© soutenue, orientĂ©e du Nord vers le Sud. Les Français ne sont pas aussi peu mobiles qu’on le dit souvent : entre 1982 et 1990, prĂšs de un habitant sur dix a changĂ© de rĂ©sidence. Ces mouvements s’effectuent pour l’essentiel du Nord et de l’Est vers le Sud, annulant mĂȘme l’excĂ©dent naturel relativement Ă©levĂ© du Nord-Pas-de-Calais ou le rĂ©duisant de moitiĂ© en Île-de-France.
Trois courants dominent :
  • le mouvement des jeunes adultes attirĂ©s par les aires d’emploi dynamiques (du Nord et de l’Ouest vers le Sud, le Sud-Ouest et le Bassin parisien)
  • les retours au pays passĂ© la trentaine, et une premiĂšre insertion professionnelle dans les grands pĂŽles d’activitĂ© tertiaire ;
  • le choix d’une nouvelle rĂ©sidence pour la retraite, qui loin d’ĂȘtre toujours un retour s’opĂšre souvent au profit d’une rĂ©gion d’élection, Ă  l’Ouest ou au Sud.
‱ De plus en plus de personnes seules et de familles monoparentales. Il y avait prĂšs de vingt-deux millions de mĂ©nages en France en 1990 (deux de plus qu’en 1980), croissance entretenue par celle de la population, et qui s’accompagne de transformations remarquables :
  • les mĂ©nages se forment plus tard. L’ñge au mariage et au premier enfant recule, comme celui du premier emploi, tĂ©moignant de « l’allongement de la jeunesse2 » qui est Ă  l’Ɠuvre en France comme dans la plupart des pays comparables ;
  • le nombre des personnes seules (six millions en 1990) a doublĂ© en vingt ans, sous l’effet du vieillissement gĂ©nĂ©ral et de la surmortalitĂ© des hommes ;
  • avec la progression des naissances hors mariage et du divorce, plus d’un ...

Table des matiĂšres

  1. Couverture
  2. Titre
  3. Copyright
  4. La société française entre individualisme et mondialisation
  5. PremiÚre partie - Les transformations du « vivre ensemble »
  6. DeuxiÚme partie - La mutation des façons de penser et de communiquer
  7. TroisiĂšme partie - La nĂ©cessaire recomposition de l’« agir collectif »
  8. Les participants
  9. Table