
- 400 pages
- French
- ePUB (adapté aux mobiles)
- Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub
La France en prospectives
Ă propos de ce livre
Que sera notre pays dans vingt ans ? Face à la peur de l'avenir, face au malaise et au désarroi de nos concitoyens, il convient aujourd'hui de changer notre regard sur les événements. Non plus s'interroger sur l'individualisme de notre société, mais répondre à la montée de la solitude. Non plus théoriser les problÚmes de l'immigration, mais donner les clés de l'évolution démographique. Non plus craindre l'invasion de l'immatériel, mais chercher quels seront les nouveaux liens sociaux. Non plus sanctifier ou fustiger la pression de l'extérieur, mais l'affronter pleinement pour conjurer les risques d'un éclatement intérieur. Fournir, en somme, des pistes pour l'action et la réflexion ; esquisser pour la France de demain, entre risques et espoirs, de nouvelles perspectives. Avec la participation de Marc Augé, Jean-Pierre Dautun, Jean-Louis Dayan, Michel Glaude, Marc Guillaume, Denis Kessler, Zaki Laïdi, Jean Leca, Henri Mendras, France Quéré, Paul Rivier, Robert Rochefort, Alain Touraine.
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Informations
PREMIĂRE PARTIE
Les transformations du « vivre ensemble »
La population française dâici Ă 2015 : Ă la recherche de nouveaux Ă©quilibres
JEAN-LOUIS DAYAN
En matiĂšre dĂ©mographique, la prospective peut sembler de prime abord un exercice moins ardu que lâanticipation des changements Ă venir de lâĂ©conomie ou des pratiques sociales ; les structures y changent en effet plus lentement, et lâon peut ainsi dĂšs aujourdâhui dĂ©crire sans grand risque dâerreur la composition par Ăąge de la population française Ă lâhorizon 2015.
Pour autant, cette relative inertie ne doit pas faire illusion : un peu de recul montre que nombre de tendances qui semblent bien Ă©tablies si lâon sâen tient aux vingt ou trente derniĂšres annĂ©es rĂ©sultent en fait, dans une perspective plus longue, dâimportantes et brusques inflexions. Pour ne prendre que cet exemple, la fĂ©conditĂ© connaĂźt en France un recul marquĂ© entre 1965 et 1980, quâil est tentant de prolonger ; replacĂ©e dans lâĂ©volution des cent derniĂšres annĂ©es, cette baisse peut apparaĂźtre au contraire comme un retour Ă la norme, aprĂšs la poussĂ©e exceptionnelle du baby-boom. Encore nâexiste-t-il pas de norme immuable : sâil faut aujourdâhui 2,1 enfants par femme pour assurer le renouvellement des gĂ©nĂ©rations, il en fallait prĂšs de trois voici cent ansâŠ
Câest pourquoi les projections dont il va ĂȘtre question doivent ĂȘtre accueillies avec les prĂ©cautions dâusage : elles ne prĂ©tendent pas Ă autre chose quâĂ dĂ©crire oĂč mĂšne la prolongation mĂ©canique des tendances en cours, ou bien, Ă titre de variante, leur possible inflexion. Reste, pour passer de la projection Ă la prospective, Ă discuter la pertinence des hypothĂšses retenues, Ă sâinterroger sur leur cohĂ©rence dâensemble, Ă identifier les inflexions vraisemblables ou souhaitables.
Il nâest guĂšre possible, pour ce faire, de sâen tenir au seul champ de la dĂ©mographie, tant elle entretient des liens multiples et Ă©troits avec le changement social et Ă©conomique ; sans Ă©largir Ă lâexcĂšs la rĂ©flexion, il faut sâintĂ©resser Ă ces interactions, en mettant notamment lâaccent sur deux domaines qui revĂȘtent ici une importance particuliĂšre :
- lâactivitĂ© professionnelle dâune part. Les projections appliquent le plus souvent Ă la population totale, considĂ©rĂ©e comme une donnĂ©e exogĂšne, des taux dâactivitĂ© qui permettent dâĂ©valuer le nombre dâactifs Ă venir, en distinguant selon le sexe et lâĂąge. La tendance dĂ©mographique est ainsi traitĂ©e comme un simple dĂ©cor, sur le fond duquel offre et demande de travail Ă©voluent librement. Or construire une vision prospective suppose de passer de la simple juxtaposition Ă lâanalyse des interactions qui relient les mouvements de la population aux comportements dâactivitĂ© professionnelle ;
- la croissance dâautre part. Lâhistoire Ă©conomique accorde une grande importance aux relations rĂ©ciproques qui sâĂ©tablissent entre croissance de la richesse et croissance de la population : sans remonter plus haut, beaucoup dâhistoriens font ainsi de la rĂ©volution dĂ©mographique des XVIIIe et XIXe siĂšcles lâun des principaux dĂ©clencheurs de la rĂ©volution industrielle. Souvent pourtant, les deux dynamiques sont aujourdâhui envisagĂ©es sĂ©parĂ©ment, tout au moins pour ce qui concerne les pays les plus dĂ©veloppĂ©s, comme si ces liens anciens sâĂ©taient dissous. Il sâagit autant que possible de les rĂ©tablir.
Enfin, il faut tenter de faire la part des aspirations et des contraintes : dans quelle mesure les Ă©volutions rĂ©centes de la dĂ©mographie ou de lâactivitĂ© ont-elles Ă©tĂ© collectivement subies, ou au contraire choisies ? Et quel espace lâavenir proche, avec ses contraintes annoncĂ©es, laisse-t-il aux choix collectifs ? Interrogations difficiles, mais qui montrent oĂč les projections se trompent lorsquâelles prolongent les tendances passĂ©es, ou encore de quelles variantes il faut les enrichir.
Sâil fallait un indice de la marge de manĆuvre laissĂ©e par les contraintes, on le trouverait aisĂ©ment dans les nombreuses diffĂ©rences qui sĂ©parent les Ă©volutions nationales : ainsi, la fĂ©conditĂ© a fortement baissĂ© partout dans les pays de vieille industrialisation, mais plus dans lâEurope du Sud quâen France, et elle semble se redresser aujourdâhui dans les pays scandinaves. De mĂȘme, le cycle de vie active sâest partout rĂ©trĂ©ci depuis vingt-cinq ans, mais peu de pays ont connu un mouvement aussi marquĂ© que la France ou les Pays-Bas. Aux grandes tendances partagĂ©es par tous, chaque pays ajoute ses spĂ©cificitĂ©s, oĂč sâexpriment son histoire, ses reprĂ©sentations et ses choix propres.
Il faut donc commencer par dĂ©crire sommairement lâavenir que dessinent les projections disponibles, et qui sâannonce plutĂŽt gris, car il prĂ©sente Ă bien des Ă©gards les traits dâun repli. Il sâagira ensuite de discuter leurs hypothĂšses pour en repĂ©rer les incertitudes, qui dĂ©signent autant dâespaces offerts aux choix collectifs.
Lâavenir annoncĂ© : une sociĂ©tĂ© vieillie, morcelĂ©e et dĂ©sĆuvrĂ©e
Les tendances Ă lâĆuvre
La pĂ©riode 1968-1990 a vu la fin du regain dĂ©mographique dâaprĂšs guerre. Mais le ralentissement de la population masque dâimportantes redistributions.
âą La population totale : ralentissement prononcĂ©, vieillissement modĂ©rĂ©. La population française sâaccroĂźt de 9 millions entre 1950 et 1970, de 6 millions au cours des vingt annĂ©es suivantes. FĂ©conditĂ© et immigration reculent, mais avec elles la mortalitĂ©.
âą NatalitĂ© et fĂ©conditĂ© : lâinstallation dâun nouveau modĂšle familial, qui risque de ne pas assurer le remplacement des gĂ©nĂ©rations. Le taux de fĂ©conditĂ© commence Ă baisser en 1965, le taux de natalitĂ© en 1974, et ce recul nâa guĂšre Ă©tĂ© rattrapĂ© depuis. Au lieu de 2,6 pour la gĂ©nĂ©ration 1930, les femmes nĂ©es vers 1950 auront eu en moyenne 2,1 enfants chacune, descendance finale qui assure tout juste le remplacement de leur gĂ©nĂ©ration. Câest la taille des familles qui se rĂ©duit : les descendances nombreuses deviennent lâexception, et la famille de deux enfants la norme ; en outre, les naissances surviennent plus tard dans la vie des femmes.
Toute la difficultĂ© est de dĂ©terminer si le recul se poursuit aujourdâhui. Câest le cas pour lâindicateur conjoncturel, qui se situait en France Ă 1,7 enfant par femme en 19951. Mais il peut sâagir tout aussi bien dâune baisse irrĂ©versible que dâun simple report des naissances dans le cours de la vie fĂ©conde, comme pour les femmes de la gĂ©nĂ©ration 1950, et peut-ĂȘtre 1960. Un tel rattrapage paraĂźt toutefois compromis pour la gĂ©nĂ©ration suivante : la descendance finale semble bien ĂȘtre en train de passer sous le seuil de 2,1 enfants.
âą Population Ă©trangĂšre : coup de frein et redistribution. Le coup de frein donnĂ© en 1974, avec le retournement de lâemploi, a eu des effets trĂšs nets : lâeffectif des Ă©trangers rĂ©sidant en France avait augmentĂ© de 1 700 000 personnes entre 1954 et 1975, pĂ©riode dâappel massif Ă la main-dâĆuvre immigrĂ©e. Il ne croĂźt plus que de 160 000 entre 1975 et 1990, pour atteindre 3,6 millions. Et le constat nâest guĂšre diffĂ©rent si, au lieu de la nationalitĂ©, on retient lâorigine : la population immigrĂ©e compte en 1990 4,2 millions de personnes, soit 280 000 de plus quâen 1975.
Pour autant, les flux dâentrĂ©e et de sortie ne sont pas nuls : le solde migratoire aurait Ă©tĂ© dâenviron soixante mille par an au cours des annĂ©es quatre-vingt, surtout du fait des regroupements familiaux. Et leur composition change : la population dâorigine Ă©trangĂšre comprend aujourdâhui plus de femmes, et les immigrants dâEurope cĂšdent en partie la place Ă ceux du Maghreb, dâAfrique noire et dâAsie.
Ces donnĂ©es doivent ĂȘtre accueillies avec prudence, une partie des mouvements Ă©chappant Ă lâappareil statistique (entrĂ©es clandestines mais aussi « sorties » vers la nationalitĂ© française) ; il nây a pas lieu pour autant de remettre radicalement en cause lâordre de grandeur indiquĂ©.
âą MortalitĂ© : la transition sanitaire bĂ©nĂ©ficie dĂ©sormais aux plus ĂągĂ©s. La mortalitĂ© a baissĂ© fortement, et lâespĂ©rance de vie a gagnĂ© trente ans depuis 1900, pour dĂ©passer soixante-quinze ans. Mais ce nâest plus le recul de la mortalitĂ© infantile ou des maladies infectieuses qui joue aujourdâhui le rĂŽle principal ; au contraire, la mortalitĂ© rĂ©siste, voire progresse entre quinze et trente-cinq ans chez les hommes (accidents de la route, suicide et, plus rĂ©cemment, sida). Câest le progrĂšs de la longĂ©vitĂ© des plus ĂągĂ©s qui a pris le relais : la population française est ainsi entrĂ©e dans une nouvelle phase de la transition sanitaire, qui se traduit dĂ©sormais par lâallongement de la vieillesse et la consolidation du quatriĂšme Ăąge, y compris chez les hommes.
âą Migrations internes : une mobilitĂ© soutenue, orientĂ©e du Nord vers le Sud. Les Français ne sont pas aussi peu mobiles quâon le dit souvent : entre 1982 et 1990, prĂšs de un habitant sur dix a changĂ© de rĂ©sidence. Ces mouvements sâeffectuent pour lâessentiel du Nord et de lâEst vers le Sud, annulant mĂȘme lâexcĂ©dent naturel relativement Ă©levĂ© du Nord-Pas-de-Calais ou le rĂ©duisant de moitiĂ© en Ăle-de-France.
Trois courants dominent :
- le mouvement des jeunes adultes attirĂ©s par les aires dâemploi dynamiques (du Nord et de lâOuest vers le Sud, le Sud-Ouest et le Bassin parisien)
- les retours au pays passĂ© la trentaine, et une premiĂšre insertion professionnelle dans les grands pĂŽles dâactivitĂ© tertiaire ;
- le choix dâune nouvelle rĂ©sidence pour la retraite, qui loin dâĂȘtre toujours un retour sâopĂšre souvent au profit dâune rĂ©gion dâĂ©lection, Ă lâOuest ou au Sud.
âą De plus en plus de personnes seules et de familles monoparentales. Il y avait prĂšs de vingt-deux millions de mĂ©nages en France en 1990 (deux de plus quâen 1980), croissance entretenue par celle de la population, et qui sâaccompagne de transformations remarquables :
- les mĂ©nages se forment plus tard. LâĂąge au mariage et au premier enfant recule, comme celui du premier emploi, tĂ©moignant de « lâallongement de la jeunesse2 » qui est Ă lâĆuvre en France comme dans la plupart des pays comparables ;
- le nombre des personnes seules (six millions en 1990) a doublĂ© en vingt ans, sous lâeffet du vieillissement gĂ©nĂ©ral et de la surmortalitĂ© des hommes ;
- avec la progression des naissances hors mariage et du divorce, plus dâun ...
Table des matiĂšres
- Couverture
- Titre
- Copyright
- La société française entre individualisme et mondialisation
- PremiÚre partie - Les transformations du « vivre ensemble »
- DeuxiÚme partie - La mutation des façons de penser et de communiquer
- TroisiĂšme partie - La nĂ©cessaire recomposition de lâ« agir collectif »
- Les participants
- Table