Le Moyen Âge de Gaston Paris
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Le Moyen Âge de Gaston Paris

  1. 352 pages
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Le Moyen Âge de Gaston Paris

À propos de ce livre

Le Moyen Âge est loin de nous. Ne l'est-il pas plus encore, perçu à travers le regard d'un savant du XIXe siècle ? C'est tout le contraire. Gaston Paris (1849-1903), comme les romantiques, sent dans la poésie du Moyen Âge la « source fraîche » qui a renouvelé et revigoré la culture de l'Europe en reflétant la sensibilité de ses peuples. Mais, selon l'esprit du second XIXe siècle, il cherche aussi à faire de la philologie une science, en s'inspirant des méthodes pratiquées dans les universités allemandes, et il est convaincu que seule l'étude du passé en rend la connaissance féconde. Il est de son vivant considéré dans l'Europe entière comme le guide et la conscience des études de langue et de littérature du Moyen Âge, qui font alors des progrès décisifs. Homme d'esprit, d'éloquence et de cœur, dreyfusard engagé, il est si peu oublié que, dans de nombreux pays, des chercheurs se penchent sur son œuvre. À l'occasion du centenaire de sa mort, ils se sont réunis au Collège de France, où il fut professeur et dont il fut l'administrateur, pour mesurer ce qu'il a apporté à son époque et ce qu'il représente encore aujourd'hui. Michel Zink est membre de l'Institut et professeur au Collège de France. Spécialiste de littérature médiévale, il est l'auteur de nombreux ouvrages qui font référence, dont récemment Poésie et conversion au Moyen Âge.

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Informations

Éditeur
Odile Jacob
Année
2004
Imprimer l'ISBN
9782738114426
Troisième partie
Romania
et romanistes européens
Gaston Paris et l’unité de la « Romania »
par Karlheinz Stierle
Les mots, aussi bien que les Républiques, ont leurs histoires à part, je veux dire leurs origines, progrès et changemens, selon la diversité des Temps, et Saisons.
E. Pasquier,
Les Recherches de la France, livre huictième, chap. VII1.
Gaston Paris est au carrefour d’une nouvelle prise de conscience historique et philologique de la littérature longtemps refoulée du Moyen Âge français et d’un sens nouveau de la cohérence des cultures, langues et littératures romanes en Europe. Qu’il me soit permis de tracer d’abord en quelques lignes les étapes de la formation d’un nouveau savoir du Moyen Âge et du monde roman. Nous nous pencherons ensuite sur le grand article programmatique « Romani, Romania, lingua romana, Romancium », par lequel Gaston Paris ouvre le premier numéro de la revue Romania, fondée par Paul Meyer et lui en 1872, un an après la fin de la première guerre franco-allemande. C’est l’année même où Gaston Paris fut nommé au Collège de France à la chaire de langue et littérature françaises du Moyen Âge, qui avait été créée en 1853 pour son père Paulin Paris, et où lui succédera en 1903 Joseph Bédier. Aujourd’hui c’est la chaire de Michel Zink, à qui nous devons ce colloque en l’honneur de son illustre prédécesseur.
Ce n’est pas seulement parce que le jeune Gaston Paris a passé deux années d’études en Allemagne, ni à cause de ma propre nationalité allemande que je voudrais prendre comme point de départ la véritable révolution épistémologique qui a eu lieu en Allemagne à la fin du XVIIIe siècle et dont les protagonistes furent deux jeunes frères : Frédéric et Auguste Guillaume Schlegel. Frédéric Schlegel, dans un travail qui attend encore d’être estimé à sa juste valeur, son essai « De l’étude de la poésie grecque » (Über das Studium der griechischen Poesie 2), au lieu de revenir à un sujet cher aux Allemands de l’époque, ébauche avec une ferveur juvénile une théorie de la modernité comme théorie du monde postantique. Tandis que l’humanisme de la Renaissance suivant François Pétrarque avait postulé une césure profonde entre le monde antique, un temps intermédiaire et vide que Pétrarque déjà nomme medium aevum, et le temps d’un nouveau printemps qui apporterait une renaissance du monde antique, Schlegel avec Friedrich Schiller, s’inspirant de Kant et de Rousseau, oppose un monde antique encore sous la domination de la nature à un monde moderne placé sous le signe de la liberté humaine conditionnée par la nouvelle religion chrétienne. Para-doxalement, ce nouveau monde, le nôtre, reste marqué par une empreinte romaine, celle de la langue. Pour Schlegel, la poésie moderne ou « intéressante » sera une poésie « romantique ». On a cru pouvoir opposer ce nouveau concept qui a fait fortune dans toute l’Europe au concept de classicisme, et on a voulu en déduire le caractère plutôt nordique de ce mouvement3. Mais pour Schlegel, c’est tout le contraire. Sa conception de la poésie romantique comme expression authentique du monde moderne le ramène au Moyen Âge, et en particulier à ce genre qui pour lui semble être l’essence même de ce qu’on pourrait appeler la romanité, c’est-à-dire le roman, forme créée et nommée en France au XIIe siècle par Chrétien de Troyes4. Pour Schlegel, cette poésie née dans la nuit du Moyen Âge et que la France avait refoulée pour élaborer une nouvelle conception du classicisme devient une poésie authentique à découvrir, non pas dans une attitude sentimentale et rétrograde, mais dans un esprit tout à fait progressif, et même agressif. La plus grande réussite peut-être des deux Schlegel n’est pas d’avoir montré de nouvelles voies à la littérature, mais d’avoir, avec leur théorie du romantique, fourni un cadre pour la circulation de savoirs figés depuis longtemps. Il est évident que les Schlegel ne correspondaient eux-mêmes à ce cadre que pour une modeste partie. Mais qui, avant Frédéric Schlegel, a compris la modernité de Boccacce, de Dante, de Pétrarque, la relation entre la poésie des troubadours et celle de Pétrarque, ou bien la grande ligne qui mène du roman de chevalerie français à sa transposition ironique chez Arioste et au premier anti-roman, le Don Quichotte de Cervantes ? Qui, avant Auguste Guillaume Schlegel, a vu et compris la correspondance profonde entre Calderón et Shakespeare sur un arrière-fond de traditions post-antiques du drame ? Il fallait peut-être la perspective d’un Allemand pour percevoir la cohérence profonde du monde roman, mais aussi la cohérence profonde entre Moyen Âge et Renaissance. Les Schlegel mettent ainsi en question le mythe des ténèbres du Moyen Âge sans avoir d’ailleurs la force de s’imposer définitivement, puisque après le romantisme un nouvel humanisme insistera de nouveau sur cette rupture. Par sa théorie du romantique, Frédéric Schlegel créait, pour ainsi dire, un vide, la conscience d’une ignorance, qui pouvait de nouveau mettre en circulation les livres oubliés du Moyen Âge et ouvrir de nouvelles perspectives pour la littérature moderne. Les Schlegel, avec cette perspective de la légitimité du Moyen Âge, s’opposent résolument au système littéraire du classicisme qui reste encore en vigueur dans la France de ce moment, malgré une opposition de plus en plus énergique. C’est de cette manière, me semble-t-il, que Frédéric et Auguste Guillaume Schlegel pouvaient avoir une influence importante en France. On a supposé que l’attaque violente d’Auguste Guillaume Schlegel contre la Phèdre de Racine dans sa « Comparaison entre la Phèdre de Racine et celle d’Euripide » (écrite en 1807 et en français)5 fut motivée essentiellement par un esprit antifrançais. Mais il me semble que ce verdict doit être nuancé. Auguste Guillaume Schlegel, en ébranlant le système littéraire classique, veut sauver de l’oubli la grande littérature du Moyen Âge français qui avait déjà été refoulée en France au XVIe siècle du fait d’une réception trop rigoureuse de l’humanisme italien.
Il est certain que le romantisme littéraire en France, celui de Stendhal et de Victor Hugo en particulier, doit beaucoup aux inspirations du romantisme allemand et surtout aux initiatives de Frédéric Schlegel, médiatisées par son frère Auguste Guillaume, beaucoup plus connu que lui en France. Pour Stendhal comme pour Hugo, les formes non classiques du roman et d’un drame qui a rompu avec la rigueur formelle du drame classique ouvrent un nouveau champ littéraire où s’affirme le souvenir du Moyen Âge. Dans Notre-Dame de Paris Hugo polémise à son tour contre un classicisme devenu stérile et timide, et fait du Moyen Âge resté vivant, la grande cathédrale parisienne dans un nouvel espace de fascination. C’est alors que la littérature du Moyen Âge se met à transgresser un ghetto de pure érudition pour devenir ou plutôt redevenir la voix vivante d’un passé qui est loin d’être mort.
Une remarque d’ordre méthodologique s’impose ici. L’historien des sciences humaines se trouve devant un double problème. Son objet est la matérialisation du fluide qu’est l’esprit sans lequel il n’y aurait pas d’objet de sa recherche. Mais l’historien lui-même avec ses questions, et avec ses curiosités, se voit déterminé par la même matière volatile.
Pour comprendre la naissance d’une institution du savoir avec ses méthodes, ses condensations et matérialisations, il ne suffit pas d’avoir recours, comme le voulait Michel Foucault, à la positivité des documents et aux archives. Il faut d’abord apprécier ce fluide ou cet esprit — dans le sens de Montesquieu plutôt que dans celui de Hegel — qui est à l’origine des processus de cristallisation institutionnelle. Ainsi la naissance d’une philologie romane en Allemagne présuppose-t-elle de nouveaux cadres pour la mise en circulation d’un savoir auquel Frédéric Schlegel et Auguste Guillaume Schlegel avaient redonné du prestige. Le romantisme précède la philologie romane6. C’est pour ainsi dire le fluide qui va se cristalliser dans une nouvelle discipline, qui dépend elle-même d’une nouvelle conception de l’université dont le grand modèle est la fondation de l’université de Berlin. Pour devenir une institution, la mise en mouvement d’un nouveau savoir sur les interrelations entre littératures et langues romanes devait devenir philologie. Jusqu’alors la philologie avec ses méthodes pour établir un texte critique, avec ses savoirs sur les interrelations entre langue et parole n’avait qu’un seul domaine, celui de la littérature classique grecque et latine. C’est là que les philologies modernes devaient apprendre leur métier. Auguste Guillaume Schlegel le disait — en français d’ailleurs : « Pour faire avancer la philologie du Moyen Âge, il faut y appliquer les principes de la philologie classique7. » Karl Lachmann avait fait ce pas pour fonder la philologie germanique. La philologie romane suit cet exemple. Elle devient une discipline universitaire pour laquelle, dans toute l’Allemagne, des chaires sont créées. Si on compare la nouvelle philologie germanique, inspirée par un nationalisme croissant, à la nouvelle philologie romane, il en ressort clairement que la philologie romane se rapproche bien plus, avec son programme épistémologique, de la conception de cette épistémologie romantique des jeunes Schlegel pour qui l’esprit de l’Europe postantique était essentiellement celui d’une Europe romane. Comprendre le monde des cultures romanes dans l’interaction de ses langues et littératures devient le défi proposé à cette nouvelle science humaine qui cherche l’objectivité scientifique de l’observateur et qui pourtant ne serait pas possible sans une identification avec ce monde. Car il est évident que l’Allemagne qui, au XIXe siècle, prend conscience de son identité nationale prend conscience aussi du fait que, malgré sa langue non romane, sous bien des aspects elle fait partie d’une Europe romane qui s’est constituée à la fois avec Rome et contre Rome, avec la langue latine et contre la langue latine.
Le XIXe siècle a redécouvert le Moyen Âge. La nouvelle philologie romane s’est, dans sa première phase, concentrée presque exclusivement sur cette littérature oubliée qui allait ressurgir comme l’écriture effacée sur le bloc magique (Wunderblock) de Freud. Telle qu’elle s’est constituée en Allemagne, la philologie romane rejoignait une nouvelle recherche qui, en France, entreprenait la redécouverte du Moyen Âge. Mais tandis que le lieu par excellence de la philologie romane en Allemagne était l’université, les lieux privilégiés de la recherche médiévale en France étaient l’Académie des inscriptions et belles lettres, l’Académie française, l’École des chartes, l’École pratique des hautes études, et surtout, avec la fondation de la chaire « langue et littérature françaises du Moyen Âge » en 1853, le Collège de France. Il nous reste du premier titulaire de cette chaire, Paulin Paris, un portrait commémoratif par son fils Gaston Paris qui, en 1872, devint son successeur. Après le décès de son père il ouvrit son cours au Collège de France en décembre 1881 par une leçon sur « Paulin Paris et la littérature française du Moyen Âge » publiée en 1892 dans sa revue Romania8. Gaston Paris y évoque son père au début de sa carrière, jeune auteur d’une « Apologie de l’école romantique » qui « invitait la poésie française moderne à se retremper à deux sources, la poésie étrangère, surtout celle de Byron, et l’art du Moyen Âge » (p. 3). Ce jeune auteur en train de se préparer à une carrière était déjà épris des anciens romans français, appréciés à l’étranger et plus ou moins ignorés en France même : « Mais quant aux Français, loin de tirer parti d’une source aussi riche, ils ont préféré copier les étrangers qui les avaient eux-mêmes copiés » (l. c.). Son projet de rendre au public ces œuvres oubliées put se réaliser quand, en 1828, Paulin Paris devint bibliothécaire du cabinet des manuscrits de la Bibliothèque du roi, trésor d’anciens manuscrits à décou...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Titre
  3. Copyright
  4. Ouverture
  5. Première partie - Portrait intellectuel
  6. Deuxième partie - L’approche de la discipline
  7. Troisième partie - Romania et romanistes européens
  8. Quatrième partie - Synthèse et débats
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