État et Religions
eBook - ePub

État et Religions

  1. 160 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub

État et Religions

À propos de ce livre

Était-il normal de mettre les drapeaux en berne pour la mort du pape Jean-Paul II ? La laïcité est-elle une invention française ? Qui est propriétaire des édifices religieux ? Quelles sont les ressources de l'Église catholique ? Les autorités religieuses peuvent-elles intervenir dans le débat politique ? Enseigner le fait religieux, est-ce enseigner la religion ? Que faire lorsqu'un proche est embrigadé dans une secte ? Combien y a-t-il de mosquées en France ? Les rites et les valeurs de l'islam sont-ils compatibles avec la République ? Faut-il réviser la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l'État ?Débattre en étant informé ; débattre avec des arguments : 139 réponses aux questions que vous vous posez sur les grands enjeux de notre société. Xavier Ternisien est journaliste au Monde et a notamment publié La France des mosquées et Les Frères musulmans.

Foire aux questions

Oui, vous pouvez résilier à tout moment à partir de l'onglet Abonnement dans les paramètres de votre compte sur le site Web de Perlego. Votre abonnement restera actif jusqu'à la fin de votre période de facturation actuelle. Découvrez comment résilier votre abonnement.
Pour le moment, tous nos livres en format ePub adaptés aux mobiles peuvent être téléchargés via l'application. La plupart de nos PDF sont également disponibles en téléchargement et les autres seront téléchargeables très prochainement. Découvrez-en plus ici.
Perlego propose deux forfaits: Essentiel et Intégral
  • Essentiel est idéal pour les apprenants et professionnels qui aiment explorer un large éventail de sujets. Accédez à la Bibliothèque Essentielle avec plus de 800 000 titres fiables et best-sellers en business, développement personnel et sciences humaines. Comprend un temps de lecture illimité et une voix standard pour la fonction Écouter.
  • Intégral: Parfait pour les apprenants avancés et les chercheurs qui ont besoin d’un accès complet et sans restriction. Débloquez plus de 1,4 million de livres dans des centaines de sujets, y compris des titres académiques et spécialisés. Le forfait Intégral inclut également des fonctionnalités avancées comme la fonctionnalité Écouter Premium et Research Assistant.
Les deux forfaits sont disponibles avec des cycles de facturation mensuelle, de 4 mois ou annuelle.
Nous sommes un service d'abonnement à des ouvrages universitaires en ligne, où vous pouvez accéder à toute une bibliothèque pour un prix inférieur à celui d'un seul livre par mois. Avec plus d'un million de livres sur plus de 1 000 sujets, nous avons ce qu'il vous faut ! Découvrez-en plus ici.
Recherchez le symbole Écouter sur votre prochain livre pour voir si vous pouvez l'écouter. L'outil Écouter lit le texte à haute voix pour vous, en surlignant le passage qui est en cours de lecture. Vous pouvez le mettre sur pause, l'accélérer ou le ralentir. Découvrez-en plus ici.
Oui ! Vous pouvez utiliser l’application Perlego sur appareils iOS et Android pour lire à tout moment, n’importe où — même hors ligne. Parfait pour les trajets ou quand vous êtes en déplacement.
Veuillez noter que nous ne pouvons pas prendre en charge les appareils fonctionnant sous iOS 13 ou Android 7 ou versions antérieures. En savoir plus sur l’utilisation de l’application.
Oui, vous pouvez accéder à État et Religions par Xavier Ternisien en format PDF et/ou ePUB ainsi qu'à d'autres livres populaires dans Social Sciences et Sociology of Religion. Nous disposons de plus d'un million d'ouvrages à découvrir dans notre catalogue.

Informations

Éditeur
Odile Jacob
Année
2007
Imprimer l'ISBN
9782738118578
Chapitre 6
L’islam
dans la République
95. Qui sont les musulmans de France ?
Les estimations les plus variées sont avancées sur le nombre de musulmans en France. La fourchette va de 3 à 6 millions, parfois même 8 millions. La vérité est que nous ne connaissons pas leur nombre. En effet, la loi interdit en France tout recensement sur une base ethnique ou religieuse. La démographe Michèle Tribalat s’en tient résolument à une fourchette basse. Son estimation du nombre de « personnes susceptibles d’être musulmanes par filiation » se situe autour de 3,7 millions de personnes « possiblement musulmanes ». Dont 1,7 million d’immigrés, autant d’enfants et un peu moins de 300 000 petits-enfants d’immigrés. Évaluation que reprend à peu de chose près (4,1 millions) le rapport au Premier ministre L’Islam dans la République publié par le Haut Conseil à l’intégration en 2001.
Paradoxalement, l’implantation de l’islam dans le paysage religieux français est liée au coup d’arrêt donné à l’immigration venue des pays du Maghreb à partir de 1974. Jusqu’à cette date, les travailleurs faisaient la « noria », c’est-à-dire l’aller-retour entre leur pays d’origine et la France. En même temps qu’il a limité l’immigration, le gouvernement a favorisé le regroupement familial. Beaucoup de travailleurs immigrés ont craint de retourner dans leur pays et de ne plus pouvoir rentrer en France ensuite. Ils ont fait venir leur famille, ils ont eu des enfants en France, dont la plupart sont nés français. C’est cette sédentarisation qui a provoqué l’émergence d’un islam français.
96. Sont-ils tous originaires des pays arabes ?
Ils sont très majoritairement issus de l’Afrique du Nord. Cette identité maghrébine est peut-être plus forte que l’identité arabe. En effet, beaucoup de populations d’Afrique du Nord, kabyles et berbères, ne se considèrent pas comme arabes. En outre, au plan culturel, il y a de grandes différences entre le Maghreb et les pays du Proche-Orient. Même s’ils ont en commun d’avoir l’arabe pour langue officielle.
Selon une estimation fournie par un rapport du Haut Conseil à l’intégration, en 2000, les musulmans de France se répartiraient comme suit : 2,9 millions d’origine maghrébine (dont 1,55 million d’origine algérienne, 1 million d’origine marocaine et 350 000 d’origine tunisienne) ; 100 000 Arabes du Proche-Orient ; 315 000 Turcs ; 250 000 Africains noirs ; 40 000 convertis ; 350 000 demandeurs d’asile ou clandestins ; 100 000 musulmans originaires d’Asie ; et 100 000 personnes n’entrant dans aucune de ces catégories. Il ne s’agit que d’estimations, mais qui donnent une idée de la répartition des populations musulmanes.
97. Peut-on parler d’une communauté musulmane ?
Cette expression de « communauté musulmane » est une facilité de langage utilisée pour désigner la composante de la population française qui se rattache à une foi, à une culture ou à des origines musulmanes. Elle est à utiliser avec beaucoup de précaution. Elle semble présupposer que les quelque 4 millions de musulmans vivant en France partageraient tous une même foi et des mêmes pratiques religieuses, ce qui est loin d’être le cas. En outre, elle postule une solidarité de fait entre ses membres. Or les musulmans de France sont profondément divisés. Entre pays d’origine : Algériens, Marocains, Tunisiens, etc. Entre des approches très différentes de la religion : certains seront très pratiquants, d’autres croyants non pratiquants, d’autres athées. Il n’y a pas beaucoup de différence avec ce qui se passe chez les Français de culture catholique. Personne n’éprouve le besoin de parler de « communauté catholique »…
En termes de pratique religieuse, selon un sondage Ifop de 2001, 70 % des musulmans interrogés affirment respecter le jeûne du ramadan. En revanche, quand il s’agit de la fréquentation de la mosquée le vendredi, seulement 20 % disent aller « généralement à la mosquée ». On n’est pas très éloigné des 10 à 15 % de catholiques qui fréquentent la messe du dimanche.
Quant à parler d’une communauté organisée, on est encore très loin du compte. Il n’existe pas chez les musulmans l’équivalent du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), qui est une fédération d’associations représentatives, laïques et religieuses. Le Conseil français du culte musulman (CFCM), créé en 2003, après plusieurs années de gestation, n’a pour vocation que de représenter le culte musulman. Il ne représente pas la communauté organisée.
98. Y a-t-il une autorité suprême de l’islam de France ?
Le Conseil français du culte musulman (CFCM) est l’organe représentatif du culte musulman auprès des pouvoirs publics. Cependant, il n’est pas une instance théologique. Il a seulement pour fonction d’organiser l’exercice du culte en concertation avec les ministères, préfectures, collectivités locales, etc. C’est ainsi qu’il a compétence pour la nomination des aumôniers pour les hôpitaux, les prisons, l’armée… l’abattage rituel, la viande halal, l’organisation du pèlerinage à La Mecque, la création de carrés musulmans dans les cimetières, etc. Cette limite vient du fait que le CFCM rassemble des fédérations musulmanes et des mosquées qui ont chacune leurs propres références religieuses. La Mosquée de Paris fera appel à des imams formés en Algérie, la Fédération nationale des musulmans de France (FNMF), proche du Maroc, se référera au ministère marocain des habous et des affaires islamiques, le Comité de coordination des musulmans turcs de France se référera aux autorités d’Ankara, etc. Bref, chacune des composantes du CFCM a ses propres références religieuses et n’est pas prête à y renoncer au profit de celles des autres ou d’une référence commune.
99. Y a-t-il un clergé structuré ?
On a l’habitude de dire qu’il n’existe pas de clergé en islam, contrairement à ce qui se passe chez les chrétiens. Cette remarque est valable si l’on prend la notion de clergé au sens où l’entendent les catholiques et les orthodoxes. Pour ceux-ci, le clergé est formé des prêtres, c’est-à-dire un groupe d’hommes consacrés à vie dans une fonction, tout entiers dévoués à leur Église et placés sous l’autorité des évêques. Si l’on considère maintenant les protestants et les juifs, on constate que pasteurs ou rabbins ne peuvent être considérés comme formant à proprement parler un « clergé ». Ils ne sont pas consacrés, comme les prêtres, et leur fonction peut ne s’exercer que durant un temps limité. Cependant, ils ont reçu une formation spécifique (théologique, etc.) qui les rend aptes à servir de guides spirituels pour les communautés dont ils sont chargés.
En ce sens, on peut parler d’un clergé en islam. Les fonctions sont attribuées sur la base des compétences et des formations reçues. Il y a deux types de fonctions à assumer. D’une part, celle d’imam (de l’arabe amam, qui signifie « devant » : l’imam est celui qui se tient devant les fidèles pendant la prière). Il est le guide qui dirige la prière. Il doit connaître les textes, être capable de lire le Coran en arabe et de prêcher le vendredi. L’autre fonction est celle d’ouléma (ou docteur de la loi). Celui-ci est un spécialiste du fiqh, c’est-à-dire du droit et de la jurisprudence musulmans. Il doit avoir une solide formation théologique. On le consulte sur tous les cas touchant aux questions personnelles, telles que les questions de morale privée, etc. Ces deux fonctions peuvent être réunies : un imam peut avoir suffisamment de compétences pour être un ouléma. En définitive, ce qui fait le clergé en islam, ce n’est pas une hiérarchie et un système pyramidal comme dans le catholicisme, ce sont les compétences acquises par une solide formation, par exemple dans une prestigieuse université islamique comme Al-Azhar au Caire. Il faut noter que, contrairement au catholicisme dans lequel le prêtre est maître chez lui, l’imam n’est pas le « patron » de la mosquée. Il est souvent salarié par l’association qui gère le lieu de culte. Le vrai patron est le président de l’association, qui est un laïque. On trouve la même chose dans le judaïsme : les rabbins sont employés par les associations. Ils sont les référents théologiques. Ils ne sont pas les chefs des communautés (ou paroisses).
100. Quelles difficultés les musulmans rencontrent-ils pour pratiquer leur religion ?
En théorie aucune. La liberté de religion s’applique pour eux comme pour tout autre culte. Chacun est libre de créer une association cultuelle, ou d’ouvrir une mosquée. Les difficultés surgissent ensuite dans le concret et dépendent fortement de l’environnement.
La première difficulté est d’ordre financier. Implanté en France depuis une vingtaine d’années seulement, le culte musulman ne bénéficie pas d’un patrimoine financier ou immobilier important. Les revenus des fidèles sont souvent limités. Or construire des mosquées, former des imams, animer des communautés, tout cela coûte cher. C’est le principal obstacle à la pratique du culte musulman. De là vient la nécessité d’aller chercher des fonds à l’étranger, auprès de généreux donateurs dans les pays du Golfe persique et de la péninsule arabique. À terme cependant, l’émergence d’une classe moyenne musulmane devrait permettre de parvenir à un autofinancement.
La deuxième difficulté vient des moyens humains. Il est difficile aujourd’hui de trouver des cadres compétents pour encadrer les musulmans, tels que imams et aumôniers. Les populations venues d’Afrique du Nord étaient issues pour la plupart des zones pauvres et défavorisées. Elles avaient un faible bagage culturel. Leurs enfants, qui ont grandi en France, connaissent souvent mal l’arabe. C’est pourquoi les mosquées ont du mal à trouver des imams français. Soit ceux-ci sont mal formés, soit ils sont découragés par les faibles rémunérations offertes par les associations locales. D’où le recours fréquent à des imams venus d’Algérie ou du Maroc, payés par le gouvernement de ces pays.
La troisième difficulté vient des discriminations auxquelles sont encore souvent soumis les musulmans. Discriminations liées à une peur diffuse à l’égard de tout ce qui touche à l’islam depuis des temps immémoriaux. Peur accrue depuis plusieurs décennies, du fait d’une part des débats sur l’immigration et plus récemment des problèmes géopolitiques et de sécurité internationale qui donnent une image négative de l’islam. Exactions terroristes, foules en colère, intifada, sans parler des résurgences des souvenirs de la guerre d’Algérie, qui ont profondément traumatisé les générations qui ont vécu ces événements, participent de cette peur qui parfois a, dans un passé relativement récent, été entretenue par une certaine presse ou des responsables politiques. Personne n’a oublié les reportages photographiques publiés dans certains magazines il y a une quinzaine d’années montrant des centaines de fidèles priant dans les rues de certains quartiers de Paris et de Marseille. Sentiments auxquels s’ajoute la peur plus classique de celui qui est différent et qui entraîne à des degrés divers le rejet de l’autre.
Ces discriminations s’exercent principalement au plan local. Le cas typique est celui d’une municipalité qui va tout faire pour empêcher une association musulmane d’ouvrir un lieu de culte. Imaginons que celle-ci ait réuni suffisamment d’argent pour acquérir un terrain ou un pavillon bien situé. Les riverains, non musulmans, commencent à se plaindre. Ils font circuler une pétition. La municipalité a à sa disposition de nombreux moyens pour empêcher la réalisation du projet. Il lui suffit de faire jouer son droit de préemption en achetant le terrain ou le local. Ou d’invoquer de manière tatillonne les règlements d’urbanisme ou les contraintes de sécurité.
101. Combien y a-t-il de mosquées en France ?
Selon plusieurs estimations, la France compterait plus de 1 500 mosquées et salles de prière musulmanes. Cependant, ce chiffre doit être nuancé, dans la mesure où plus des deux tiers de ces lieux accueillent moins de 150 fidèles. Il s’agit souvent d’une simple pièce, un ancien garage à vélos au rez-de-chaussée d’un immeuble, un sous-sol ou une ancienne cafétéria dans un foyer de travailleurs. Seulement une vingtaine de mosquées peuvent recevoir plus de 1 000 personnes. Enfin, il n’existe qu’une quinzaine de mosquées « architecturales », c’est-à-dire conçues et construites spécialement pour cet usage. Parmi celles-ci, la Grande Mosquée de Paris, celle d’Évry Courcouronnes (Essonne), de Mantes-la-Jolie (Yvelines), de Lyon. Les autres mosquées sont installées dans d’anciens entrepôts, des friches industrielles ou des pavillons aménagés.
102. Et combien d’imams ?
Il y aurait un peu plus d’un millier d’imams exerçant leur prédication en France. Selon une récente enquête du ministère de l’Intérieur, seuls 9 % sont de nationalité française. 40 % sont marocains, 24 % algériens, 15 % turcs, 6 % tunisiens et 6 % africains ou originaires du Moyen-Orient. Certains imams ont été formés dans les pays d’origine, d’autres sont des ouvriers retraités, qui se sont formés en France, sur le tas et au contact de mouvements de réislamisation comme le Tabligh.
Pour sa part, la Mosquée de Paris rétribue quatre-vingts imams venus d’Algérie. Certaines mosquées et salles de prière peuvent verser un salaire à leur officiant. Enfin, selon le ministère de l’Intérieur, une proportion non négligeable d’imams vivrait du RMI.
103. La religion semble occuper une place prépondérante dans la vie quotidienne des musulmans en France, qu’en est-il ?
Il est vrai que par rapport aux autres confessions, principalement le christianisme, cela semble être le cas. Rites et coutumes ponctuent la vie, comme c’était encore le cas en Europe pour les chrétiens jusqu’à une date relativement récente. Pourtant, ne l’oublions pas, il y a des musulmans non pratiquants, quant aux autres, la majorité, leur pratique est très variable et éloignée des idées que véhiculent certains médias. Un sondage effectué en août 2006 par l’institut CSA pour l’hebdomadaire chrétien La Vie révèle que si 20 % des musulmans interrogés déclarent lire le Coran au moins une fois par semaine, 26 % disent le lire rarement et 30 % jamais. Si 17 % se rendent à la mosquée au moins une fois par semaine, 8 % une fois par mois, 9 % plusieurs fois par an et 16 % plus rarement, 49 % déclarent ne jamais y aller. On n’est donc pas très loin des chiffres de fréquentation des églises le dimanche chez les catholiques. Des pratiques comme le ramadan sont très suivies (88 %), d’autres moins (43 % déclarent faire les cinq prières quotidiennes). Si 4 % déclarent avoir fait le pèlerinage à La Mecque, qui matériellement et financièrement pose un certain nombre de problèmes, 76 % souhaitent le faire.
Sur les points sensibles, qui font souvent débat, 79 % et 78 % des sondés se déclarent opposés à la polygamie et à la lapidation des femmes adultères « en vigueur dans certains pays musulmans », 94 % estiment qu’il faut considérer tous les individus de la même manière quelles que soient leurs croyances religieuses, 91 % sont favorables à l’égalité entre les hommes et les femmes et 73 % au principe de séparation de l’État et des religions. Soixante-neuf pour cent admettent qu’une fille musulmane épouse un non-musulman, alors que, théoriquement, l’islam l’interdit. Il faut donc relativiser les fantasmes sur l’essor de l’islamisme en France. Certes, on assiste à une montée de la pratique religieuse. Mais, en même temps, la culture française et, en particulier, les valeurs de laïcité et de liberté de conscience influencent très fortement la population musulmane installée en France. Selon une enquête du Pew Research Center, l’un des instituts d’opinion les plus réputés des États-Unis, réalisée au printemps 2006, les musulmans de France sont les mieux intégrés à leur société d’accueil en Europe. Soixante-dix-huit pour cent d’entre eux estiment que leur communauté souhaite adopter les traditions nationales (contre 41 % pour les musulmans résidant en Angleterre et 30 % en Allemagne).
104. La construction de mosquées soulève-t-elle des problèmes particuliers ?
Théoriquement non. D’autant que beaucoup d’associations musulmanes proposent des projets modestes, qui s’harmonisent avec l’architecture locale, au besoin sans minaret. Les communes ont même la possibilité de favoriser la construction de lieux de culte musulmans. Elles peuvent louer aux associations cultuelles un terrain à bâtir destiné à l’implantation d’un lieu de culte, sous la forme d’un bail emphytéotique, c’est-à-dire à très long terme (jusqu’à 99 ans) et pour un loyer symbolique. C’est la solution qu’ont privilégiée en 2005 le maire de Créteil (Val-de-Marne) Laurent Cathala et, en juillet 2006, le maire de Marseille Jean-Claude Gaudin. L’édifice marseillais qui sera la plus grande mosquée de France devrait pouvoir accueillir jusqu’à 5 000 fidèles. La ville abrite une communauté musulmane de 150 000 personnes qui dispose d’une soixantaine de mosquées mais aucune de grande taille. Le financement des édifices devrait reposer sur les contributions des associations musulmanes de France.
Une autre possibilité est ouverte par l’article 11 de la loi de finances du 29 juillet 1961, qui permet aux départements et aux communes de garantir les emprunts contractés par des associations pour la construction d’édifices du culte « dans les agglomérations en voie de développement ». Plusieurs élus font remarquer qu’il suffirait d’un simple aménagement de cette disposition pour l’étendre à toutes les villes. Les communes pourraient alors garantir aux associations cultuelles des prêts à des taux proches de zéro.
Dernière possibilité : les municipalités peuvent louer un local communal à une association cultuelle, à deux conditions : que la location ne s’effectue pas à des conditions ...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Titre
  3. Collection coordonnée par Dagmar Rolf
  4. Copyright
  5. Introduction
  6. République et laïcité
  7. L’organisation des religions en France
  8. Les droits de l’homme croyant
  9. École et religions
  10. Sectes, nouveaux mouvements religieux, nouvelles pratiques
  11. L’islam dans la République
  12. Faut-il réviser la loi de 1905 ?
  13. Dans la collection « Débat public »