
- 192 pages
- French
- ePUB (adapté aux mobiles)
- Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub
Les Armes nucléaires ont-elles un avenir ?
À propos de ce livre
Les armes nucléaires occupent dans l'imaginaire collectif comme dans la réalité historique une place paradoxale : d'un côté, on redoute l'horreur de l'apocalypse ; de l'autre, la dissuasion apparaît comme une donnée immuable et somme toute assez confortable. Seulement voilà : dans ce domaine aussi, le monde est devenu multipolaire. La carte géopolitique se recompose. Révisions doctrinales, initiatives contre la prolifération des armes atomiques, mesures de désarmement nucléaire sont désormais à l'ordre du jour. Les meilleurs experts étrangers et français examinent pour la première fois les conséquences de ces évolutions. Ils analysent en particulier les risques d'éclatement et les conséquences potentielles d'un conflit nucléaire dans les régions où les armes atomiques sont désormais devenues une composante clé du paysage stratégique : Moyen-Orient, Extrême-Orient, Asie du Sud. Ils examinent également les choix auxquels la France, avec ses alliés, sera confrontée. Sir Lawrence Freedman est membre de la commission Chilcott qui examine les conditions de l'entrée en guerre du Royaume-Uni en Irak ; Ariel E.?Levite a été l'un des dirigeants du Commissariat israélien à l'énergie atomique ; Sir Hilary Synnott a été ambassadeur du Royaume-Uni au Pakistan ; George Perkovich et James M.?Acton sont les auteurs d'Abolishing Nuclear Weapons ; François Godement dirige l'Asia Centre ; Camille Grand est directeur de la Fondation pour la recherche stratégique ; Louis Gautier est l'auteur de Mitterrand et son armée ; Bruno Tertrais est maître de recherche à la Fondation pour la recherche stratégique ; François Heisbourg est président de l'International Institute for Strategic Studies et conseiller spécial de la Fondation pour la recherche stratégique. Il est notamment l'auteur des Conséquences stratégiques de la crise.
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Informations
Troisième partie
Choix politiques
Le paradoxe nucléaire occidental
Bruno Tertrais
Depuis les années 1950, il a été assez rare que les trois puissances nucléaires dites occidentales (les États-Unis, le Royaume-Uni et la France) aient une vision commune du rôle de leurs arsenaux69. Nous sommes actuellement dans une telle phase. Toutefois, ce consensus « à trois » masque, à l’échelle planétaire, un certain isolement, préoccupant.
L’état des lieux
Les États-Unis
Pour la troisième fois depuis la fin de la guerre froide, les États-Unis ont procédé en 2009-2010 à une révision complète de leur politique nucléaire. Si le résultat a déçu les attentes des partisans de l’abolition complète des armes nucléaires, il a plutôt rassuré les alliés de l’Amérique. La Nuclear Posture Review (NPR) a repris la majorité des orientations bipartisanes proposées par la Commission sur la posture stratégique des États-Unis (2008), tout en s’orientant légèrement sur la gauche. Du coup, l’exercice d’équilibrisme – ou de triangulation politique – plutôt réussi auquel s’est livrée l’administration Obama relève parfois presque de la schizophrénie stratégique.
Le rapport publié à l’issue de la NPR affirme que le but premier de la politique nucléaire américaine est la prévention de la prolifération et du terrorisme nucléaires – ce dernier étant « la menace la plus immédiate et la plus extrême ». L’administration se targue ainsi d’avoir « mis un terme au mode de pensée de la guerre froide ». Mais la NPR frappe avant tout par ses aspects conservateurs. La triade classique (composantes océanique, sol-sol, aéroportée) est maintenue, même si le rôle des moyens conventionnels de haute précision et des défenses antimissiles continue d’être mis en valeur.
Le rôle de la dissuasion élargie comme facteur de non-prolifération est souligné à plusieurs reprises. L’idée selon laquelle l’arsenal américain doit demeurer en position de supériorité – pour rassurer les alliés – transparaît clairement. L’approche générale des équilibres stratégiques signale le retour à une philosophie qui prévalait au temps de l’administration Clinton. La taille des forces stratégiques russes est explicitement présentée comme devant être un critère dimensionnant essentiel des forces américaines (alors que l’administration Bush disait s’éloigner de cette approche70). Et l’objectif de la stabilité stratégique avec Pékin est clairement affirmé (alors que l’administration précédente hésitait à adopter un tel principe).
D’après les chiffres annoncés en mai 2010 (après la conclusion de la NPR), les États-Unis disposaient en septembre 2009 de 5 113 armes opérationnelles, dont sans doute – les chiffres ne sont pas publics – quelque 2 500 armes déployées.
Les missiles sol-sol n’emporteront plus qu’une seule arme chacun ; le nombre de sous-marins lanceurs d’engins (SNLE) de la classe Ohio pourrait être réduit à 12 ; et le nombre de bombardiers sera réduit. Sans surprise, le document évite d’employer à propos des armes les termes « nouvelles » et « modernisation ». Sur le plan doctrinal, aucune précision n’est apportée dans un sens ou dans un autre quant à d’éventuelles options « préemptives », voire « préventives ». Si on avait pu s’attendre, dans un texte se voulant « réduire le rôle de l’arme nucléaire », à une référence explicite à la notion de légitime défense, rien de tel n’apparaît. Toutefois, la NPR parle comme de « circonstances extrêmes », référence implicite à l’avis consultatif de la Cour internationale de justice de 1996. La NPR se refuse à établir une liste officielle des quelque trente pays d’Europe et d’Asie considérés comme étant couverts par une garantie nucléaire américaine. L’expression « armes de destruction massive » a disparu, de même que celle d’État « voyou » (on parle désormais d’État « rebelle »).
La politique déclaratoire est modifiée. La NPR affirme que le « rôle fondamental » des armes nucléaires est de dissuader d’une attaque nucléaire ; proclame qu’ils n’envisageraient l’emploi d’armes nucléaires que dans des « circonstances extrêmes pour défendre les intérêts vitaux » des États-Unis et de leurs alliés ; suggère qu’ils pourraient, en cas d’attaque nucléaire, ne pas riposter par des moyens nucléaires ; et procède à une modification des réserves apportées aux garanties négatives de sécurité octroyées aux pays non nucléaires. Washington s’interdit désormais de menacer d’une riposte nucléaire un pays non nucléaire respectant ses obligations dans ce domaine qui menacerait les États-Unis ou leurs alliés au moyen d’armes conventionnelles, chimiques, ou autres71. En outre, les États-Unis s’efforceront de créer les conditions qui leur permettraient d’affirmer que la « seule vocation » (sole purpose) des armes nucléaires est de dissuader une attaque nucléaire. On retrouve là, mutatis mutandis, une conception du droit qui prévaut dans certains États où les peines encourues par un criminel peuvent être différentes selon qu’il possède ou non chez lui une arme à feu, que celle-ci ait été utilisée ou non. Dans les faits, cela ne contraint guère la marge de manœuvre du président américain.
Les projets pour ce qui concerne le maintien à niveau de l’arsenal et la revitalisation de l’infrastructure nucléaire étaient connus avant la conclusion de la NPR, et aucune surprise n’est intervenue à cet égard – à l’exception peut-être de l’insistance sur le fait que les États-Unis ne s’estimeront en mesure de réduire le stock de réserve qu’à la condition que les programmes de modernisation soient financés par le Congrès.
La NPR confirme l’approche plutôt prudente du président américain sur les grandes questions internationales. Dans les faits, elle a donné un coup d’arrêt à la mobilisation en faveur d’un « monde libre d’armes nucléaires ». Et les difficultés rencontrées par l’administration Obama tant à l’extérieur (les résistances de la Russie) qu’à l’intérieur (la vigilance des Républicains) ne lui permettront pas d’aller beaucoup plus loin dans le désarmement.
Le Royaume-Uni
Alors que Londres apparaissait, sous les gouvernements travaillistes des années 1997-2010, comme le champion du désarmement nucléaire, un sérieux coup de barre à droite a été donné dans ce domaine par l’équipe parvenue au pouvoir au printemps 2010.
Le Royaume-Uni dispose d’une unique composante : quatre sous-marins lanceurs d’engins (SNLE) de la classe Vanguard armés de missiles Trident 2-D5 « loués » aux États-Unis. Le panachage de la dotation des Vanguard (nombre et énergie des armes) permet à Londres de disposer d’options diversifiées, y compris pour ce que l’on appelait traditionnellement – l’expression n’est plus utilisée – la menace d’emploi « substratégique » de l’arme nucléaire. La décision de principe consistant à renouveler la force de dissuasion britannique, qui avait été prise en décembre 2006, a été confirmée. En outre, l’engagement de Londres dans la construction d’une machine de radiographie commune avec la France (voir infra) en dit long sur l’état d’esprit des dirigeants actuels quant à la pérennité de la dissuasion britannique, puisque le contrat court sur cinquante ans.
Depuis l’annonce faite – décision prise par le gouvernement sortant – à l’occasion de la conférence d’examen du TNP en mai 2010, on sait que l’arsenal britannique comprend au total un maximum de 225 armes, et ainsi que la taille de cet arsenal n’est pas très éloignée de celle de l’arsenal français72. Il est prévu de réduire cet arsenal à 180, pour environ 120 armes opérationnelles (au lieu de « moins de 160 »), dont 40 embarquées par SNLE73. La question du nombre des futurs SNLE a été ouverte par la décision de 2006 : la possibilité de n’en construire que trois doit être étudiée. La réponse à cette question dépendra étroitement du choix de maintenir ou non la permanence à la mer.
Dominé par les conservateurs, le gouvernement de coalition de M. Cameron a mis la pédale douce sur le discours pro-abolitionniste affirmé par ses prédécesseurs. Mais Londres reste toujours proche des États-Unis (« hug them close », comme l’on dit outre-Manche depuis la crise de Suez…). La doctrine britannique a ainsi été ajustée en 2010 de la même manière que cela avait été fait aux États-Unis quelques mois auparavant. Les pays non nucléaires respectant leurs obligations en matière de non-prolifération n’auront donc plus à craindre la foudre nucléaire du Royaume-Uni.
Il reste que l’avenir de la dissuasion britannique n’est pas totalement assuré. Dans un contexte budgétaire qu’il est prudent de considérer désormais comme structurellement contraint, il n’est pas certain que Downing Street sera en mesure de mobiliser suffisamment de parlementaires pour voter les crédits nécessaires. Il existe en effet, outre-Manche, des différences significatives avec le contexte français. Le Parlement y joue un vrai rôle dans les affaires de défense ; or l’allergie antinucléaire est toujours bien présente dans la culture politique des partis travailliste et libéral-démocrate. Et contrairement à ce qui se passe en France, les dépenses de modernisation nucléaire y sont beaucoup moins étalées dans le temps ; la « bosse » budgétaire prévisible étant plus prononcée, la pilule sera d’autant plus difficile à avaler.
La France
Sur le nucléaire, Nicolas Sarkozy a repris intégralement à son compte l’héritage de ses prédécesseurs ; il s’agit d’un domaine dans lequel aucune rupture n’a été faite. Les éléments essentiels de la doctrine française ont été confirmés, de même que les grands programmes de modernisation : composante océanique, composante aérienne, simulation74. (Il faut dire que la mandature actuelle est une période de répit, aucune décision majeure n’étant à prendre avant la fin de la décennie.) La réintégration de la France dans les structures militaires de l’OTAN n’a pas modifié sa position : le statut de sa force nucléaire reste inchangé, et Paris n’a pas souhaité participer aux instances alliées qui traitent des questions nucléaires. Enfin, la France a confirmé l’orientation prise sous la présidence de Jacques Chirac concernant les défenses antimissiles : celles-ci peuvent être un « complément » à la dissuasion nucléaire.
Quant au débat public sur la dissuasion, il n’a pas connu de développements notables ces dernières années. L’article publié par quatre anciens responsables politiques et militaires, appelant à embrasser l’« option zéro » comme objectif pour lutter contre la prolifération n’a pas eu l’écho probablement espéré par ses auteurs, et deux d’entre eux (MM. Juppé et Richard) ont ensuite semblé limiter la portée de leur engagement75. À l’inverse, un rapport parlementaire publié par M. Chevènement est venu conforter la méfiance gouvernementale dans ce domaine76.
Il y a quelques éléments nouveaux dans la politique nucléaire française. En 2008, la France a révélé le nombre des armes dont elle dispose (moins de 300), ce qu’elle n’avait pas fait depuis 199477. L’événement était d’autant plus remarquable qu’elle devenait ainsi le seul État doté de capacités nucléaires à le faire. En effet, ni les États-Unis, ni la Russie – ni aucun autre pays – n’avaient jamais révélé l’ampleur de son stock total d’armes. La décision française a eu un certain effet d’entraînement en 2010, puisque les États-Unis ont à leur tour décidé d’être plus transparents (en révélant seulement le nombre d’armes opérationnelles dont ils disposent), suivis par le Royaume-Uni. La deuxième décision notable a été celle, toujours en 2008, de réduire d’un tiers la composante aéroportée, par la suppression d’un escadron et des missiles et armes associés. Il ne s’agissait pas tant d’une cotisation au désarmement nucléaire que d’une décision qui s’inscrivait dans la logique de « suffisance » que revendique Paris : elle était en effet rendue possible par les meilleures performances du missile air-sol moyenne portée amélioré (ASMP-A), qui allait entrer en service78. Enfin – et cela a été peu remarqué – la France n’évoque plus la possibilité, aux termes de sa doctrine, d’un « ultime avertissement », mais seulement celle d’un « avertissement nucléaire ». Si les autorités françaises n’ont pas souhaité préciser publiquement le sens et la portée de cet ajustement rhétorique, force est de constater qu’il peut être interprété comme signifiant que l’avertissement pourrait désormais, théoriquement, être répété. Ce point n’est pas mineur, car il était au cœur des débats stratégiques de la guerre froide – et l’ultime avertissement avait été la seule véritable innovation nucléaire française. Sur le plan de la stratégie nucléaire, Paris semble donc se rapprocher de ses alliés. Dans les faits, toutefois, il est douteux que cela ait une très grande portée : on imagine mal en effet, dans les scénarios contemporains, que Washington et Londres soient prêts à une escalade nucléaire prolongée comme cela était envisagé au temps de la guerre froide.
La France se targuait, à l’époque, d’une singularité doctrinale, qui relevait autant de la posture politique que de la réalité stratégique. (Les différences entre les conceptions française et américaine des armes nucléaires ont toujours été quelque peu exagérées.) Cette singularité existe toujours – du moins dans le discours – puisque Paris se refuse à affirmer solennellement, comme l’ont fait Washington et Londres, que les États non nucléaires respectant leurs obligations n’ont pas à craindre de riposte nucléaire en cas d’agression. Mais elle paraît désormais moins prononcée qu’elle ne l’a été par le passé.
Convergences et coopérations
Convergences
Au cours des dix dernières années, les politiques nucléaires des trois pays ont semblé, un moment, diverger. Les penchants britanniques vers le désarmement (à partir de la fin 2006, pour « équilibrer » la décision de principe de renouvellement de la force de dissuasion), et la volonté américaine de promouvoir l’abolition de l’arme nucléaire (depuis l’élection de M. Obama fin 2008), avaient fait apparaître la France comme beaucoup plus conservatrice que ses alliés. Cette période paraît révolue. La conclusion de la NPR et les difficultés politiques de M. Obama aux États-Unis d’une part, le changement de gouvernement au Royaume-Uni d’autre part, ont conduit à un certain réalignement des visions nationales du nucléaire.
Sur le plan doctrinal, il n’existe plus beaucoup de divergences entre les trois pays. Paris, Londres et Washington affirment que les forces nucléaires ont pour but de prémunir toute attaque étatique contre leurs « intérêts vitaux ». S’ils affirment que la dissuasion ne pourrait être exercée que dans des « circonstances extrêmes de légitime défense », tous trois refusent le « non-emploi en premier ». Ils maintiennent la possibilité d’exercer une frappe limitée si nécessaire. Mais la notion d’emploi « non stratégique » de l’arme nucléaire n’existe plus en France et au Royaume-Uni, et tend à tomber en désuétude aux États-Unis.
La coïncidence doctrinale n’est pas totale, comme on l’a vu plus haut. Sans compter que Paris a consenti des gestes de désarmement qui n’ont pas d’équivalent ailleurs (démantèlement des sites d’essais et de production de matières fissiles à des fins explosives). Et la France est plus réservée que ses deux alliés sur la place que pourrait prendre la défense antimissile dans les stratégies de dissuasion et de défense. Cependant, la convergence des trois politiques nucléaires est tout de même plus importante qu’elle ne l’était au temps de la guerre froide.
Coopérations
Cette convergence est de nature à faciliter les coopérations entre les trois puissances nucléaires, dont les besoins se recoupent souvent tant sur le plan technique que calendaire.
Le Royaume-Uni continue bien entendu d’entretenir une coopération étroite avec les États-Unis – qui n’est d’ailleurs pas à sens unique – et l’accord-cadre dans ce domaine est renouvelé tous les dix ans (la prochaine échéance étant en 2014). Les sous-marins et les armes sont britanniques, mais ils ont bénéficié pour leur conception d’une assistance américaine, ou ont été adaptés de schémas américains. (Quant aux missiles, comme on l’a vu, ils sont « loués » aux États-Unis et proviennent d’un pool commun79.) Le degré de dépendance de Londres vis-à-vis de Washington semble cependant, à certains égards, s’être accru. Depuis 2008, une firme américaine participe directement à la gestion des opérations de l’établissement d’Aldermaston (l’équivalent de la division des applications militaires du Commissariat à l’énergie atomique). Et les premières études visant au renouvellement des SNLE britanniques ont révélé que le savoir-faire de Londres dans ce domaine s’était considérablement atrophié, en partie en raison du mode de construction des Vanguard (fab...
Table des matières
- Couverture
- Titre
- Copyright
- La France, la bombe et le nouveau paysage nucléaire
- Les risques de guerre nucléaire
- Le désarmement nucléaire est-il possible ?
- Choix politiques
- Notes
- Biographies
- Ouvrages de la fondation pour la recherche stratégique publiés chez Odile Jacob