
- 336 pages
- French
- ePUB (adapté aux mobiles)
- Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub
Ă propos de ce livre
Je chante, je meurs. Je meurs en chantant. Je chante Ă en mourir. VoilĂ tout l'opĂ©ra. Il est nĂ© il y a quatre siĂšcles, Ă cet instant de l'Orfeo de Monteverdi (1607) oĂč se prononce cette phrase : Ă morta ! Son histoire est celle d'un deuil impossible. Faire revenir la Prima Donna, retrouver la voix perdue, franchir le LĂ©thĂ© sĂ©parant le langage de la musique. Chaque opĂ©ra illustre ce mythe et ce chagrin. Tout comme le jeu d'OrphĂ©e arrache la morte aimĂ©e Ă la captivitĂ© des Enfers, l'opĂ©ra, en Ă©levant son chant des mots et des morts, transporte ses personnages au-delĂ de leur destin. Fatale maladie, il s'adresse au plus obscur, au plus tendre, au plus sinistre de nous-mĂȘmes. Il Ă©veille l'enfant mĂ©chant, excite le despote terrorisĂ©, Ă©meut le dĂ©laissĂ© anĂ©anti. Il chante la douleur de dĂ©sirer. Michel Schneider a Ă©crit sur la musique : Glenn Gould, piano solo, La TombĂ©e du jour, Schumann, Musiques de nuit et sur la psychanalyse : Blessures de mĂ©moire, Voleurs de mots. Il a Ă©tĂ© de 1988 Ă 1991 directeur de la musique au ministĂšre de la Culture et a publiĂ© La ComĂ©die de la culture.
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Informations
JOUIR
XII
Sombrer inconsciente, jouissance extrĂȘme :
Tristan et Isolde de Richard Wagner
Pour commencer, deux citations en forme de jeu. Qui a Ă©crit : « Toute inclination amoureuse, pour Ă©thĂ©rĂ©es que soient ses allures, prend racine uniquement dans lâinstinct sexuel » ? Qui affirma que lâ« on devrait envisager la possibilitĂ© que quelque chose dans la nature mĂȘme de la pulsion sexuelle ne soit pas favorable Ă la rĂ©alisation de la pleine satisfaction » ? On aurait tendance Ă attribuer Ă Freud et Ă son « pansexualisme » la premiĂšre phrase et au pessimisme tragique de Schopenhauer la seconde. Or, câest lâinverse1. Laissons aux philosophes le soin de dĂ©mĂȘler les influences, et considĂ©rons plutĂŽt Ă quel point Wagner, qui se trouve en quelque sorte Ă©quidistant, sut faire, dans Tristan und Isolde une sorte de synthĂšse de ces deux conceptions.
Ă la fin, le rideau tombe sur le mot « jouissance » (höchste Lust). Un livret qui sâachĂšve sur le dĂ©sir comme dĂ©sir de sombrer, de se noyer, inconsciente, dit Isolde, un chant de mort quâĂ©claire le devenir-chose (dans la jouissance, le sujet disparaĂźt), ne sauraient laisser sourd le psychanalyste. PrĂšs de cinquante ans avant les Trois Essais sur la thĂ©orie sexuelle, le musicien devance le thĂ©oricien. Wagner prĂ©dit Freud. Que disent-ils ? La jouissance nâest pas le plaisir. Elle est sous-tendue par une identification Ă lâautre et implique une transgression de la loi. Elle veut la rĂ©pĂ©tition et cĂŽtoie la pulsion de mort.
Tristan und Isolde est lâopĂ©ra de la jouissance, comme Parsifal est celui du dĂ©sir. Ce rien que Schopenhauer plaçait au terme du vouloir se dĂ©gage au long des trois actes, au-delĂ de ce que le dĂ©sir ne possĂšde jamais (lâobjet), de ce que le plaisir nâatteint pas (la cause), de ce Ă quoi le sujet se soumet et qui le fait disparaĂźtre (la chose). De cette expĂ©rience qui nâa en fait pas de nom, de forme ni de lieu, le philtre est le symbole. Il rend visible un contenant, un contenu et un acte. Le contenant dĂ©signe lâĂąme qui dĂ©sire. Le contenu reprĂ©sente lâamour. Lâacte de boire est la jouissance sexuelle.
LâĂąme qui dĂ©sire
Le dĂ©sir est infini. Cette idĂ©e, qui nâa rien de spĂ©cialement romantique, sâinscrit dans lâhistoire de la philosophie et fait de Tristan cet « opus metaphysicum de tout art2 » que Nietzsche aimait si fort, quâaprĂšs avoir jugĂ© « hilarant » le livret3, il avouait : « Aujourdâhui encore, je cherche vainement dans tous les arts une Ćuvre qui Ă©gale Tristan par sa fascination dangereuse, par son Ă©pouvantable et douce infinitĂ©4. » InfinitĂ©. Le mot est partout sur les lĂšvres des amants : « Toujours, sans fin » (« Ewig einig/ohne End »), « Ăternellement un »⊠La mort, la fin de la vie nâest quâun moyen pour atteindre le sans-fin du dĂ©sir.
Comme la blessure de Tristan, comme celle dâAmfortas, le philtre est dĂ©sespĂ©rĂ©ment inĂ©puisable : il se vide Ă mesure quâil sâemplit. Il est une coupe fĂȘlĂ©e. On trouve Ă plusieurs reprises chez Platon lâimage du tonneau (ou de la jarre) percĂ©, pour reprĂ©senter lâĂąme qui dĂ©sire. Dans le Gorgias5, câest pour montrer Ă CalliclĂšs lâhorreur du dĂ©sir inassouvi et le contentement dâune vie rĂ©glĂ©e et satisfaite de ce que chaque jour lui apporte, que Socrate utilise lâimage de la jarre trouĂ©e pour dĂ©signer cette partie de lâĂąme dĂ©rĂ©glĂ©e et incapable de rien garder Ă cause de sa nature insatiable. CalliclĂšs avait en effet prĂ©sentĂ© une conception violente, presque mortelle, du dĂ©sir : « Pour bien vivre, il faut laisser prendre Ă ses passions tout lâaccroissement possible, au lieu de les rĂ©primer, et, quand elles ont atteint toute leur force, ĂȘtre capable de leur donner satisfaction par son courage et son intelligence et de remplir tous ses dĂ©sirs Ă mesure quâils Ă©closent6. » Position que Socrate rĂ©sume avec force : « Si lâon veut ĂȘtre tel quâon doit ĂȘtre, il faut laisser grandir ses dĂ©sirs autant que possible et leur mĂ©nager par tous les moyens la satisfaction quâils demandent. » La vertu nâest pas la contention du dĂ©sir, mais son dĂ©chaĂźnement. Lacan ne dira pas autre chose : la seule Ă©thique est de ne pas cĂ©der sur son dĂ©sir. Mais quâon tente de le modĂ©rer ou quâon lui laisse carriĂšre, le dĂ©sir revient toujours. Tristan et Isolde veulent se dĂ©faire de leur propre dĂ©sir, par lâamour, la jouissance, la mort. Lâaccord fondamental de Tristan contient un motif dit « du dĂ©sir », qui se trouve presque fendu en deux lignes de sens inverse, comme pour marquer la souffrance, la division, lâinsatisfaction.
La substance dâamour
La vieille image du philtre comme contenu dâamour remonte Ă ThĂ©ocrite, Ă Tibulle, au Cycle breton. Cet amour est sang. Le philtre de Tristan, comme le Graal de Parsifal contiennent ce qui ne peut ĂȘtre contenu : un mal qui sĂ©crĂšte son propre remĂšde, un remĂšde qui cause le mal. Mais lĂ sâarrĂȘte la comparaison. Presque tous leurs traits opposent le philtre et le Graal.
Philtre | Graal |
Vase fĂȘlĂ© | Coupe pleine |
Cause de lâamour | Chose de dĂ©sir |
Amour hétérosexuel | Désir homosexuel |
Substance mauvaise | Substance bonne |
Mauvais qui devient bon | Bon qui devient mauvais |
Mort qui apporte la vie | Vie qui apporte la mort |
Pas de Rédemption | Arrivée du Rédempteur |
Tragique | Religieux |
Absence du pÚre | Présence du pÚre |
Que contient le philtre ? Sotte question, rĂ©pondait le chanteur Jess Thomas, qui souvent incarna Tristan et Parsifal. La composition chimique de la boisson quâil verse nâa aucune espĂšce dâimportance : il sert seulement Ă dĂ©verrouiller lâinconscient pour que le dĂ©sir puisse se manifester. Mais quel dĂ©sir ? De mort, comme le croient Tristan et Isolde ? Ou dâamour, comme ils le savent en leur inconscient ? LĂ encore, peu importe. Sâouvrir Ă lâamour, câest sâouvrir Ă la mort. Rencontrer un autre et lui dire : « Avant toi, je ne vivais pas, tu mâas donnĂ© la vie. » Câest en ces termes que Cosima von Bulow parle de sa rencontre avec Wagner7 et que celui-ci Ă©voque sa liaison avec Mathilde Wesendonck8. Aimer quelquâun, câest en fait lui dire : « Sans ton amour, je mourrai. » Câest lui donner la place de la mĂšre, selon ses deux versants, celle qui donne la vie, mais a aussi le pouvoir de la retirer par son manque de soins et dâamour. Câest dâailleurs la mĂšre dâIsolde qui lui a confiĂ© les philtres jumeaux de la mort et de lâamour : « Pour les douleurs et les blessures, elle mâa donnĂ© le baume ; pour les poisons pernicieux le contrepoison. Pour la douleur la plus profonde, pour la souffrance la plus intense â elle mâa donnĂ© le philtre de mort9. » Le flanc percĂ© de Tristan coule donc, comme la blessure dâAmfortas, jusquâĂ la mort. Et ce qui coule, câest lâamour, câest-Ă -dire lâautre en soi, baume apaisant autant que poison dĂ©vastateur. GuĂ©rir est Ă la fois espĂ©rĂ© et redoutĂ©. Tristan meurt non rĂ©conciliĂ©, au moment mĂȘme oĂč le Roi Marke arrive, le pardon aux lĂšvres, oĂč Isolde le rejoint, lâamour au cĆur.
Dans le livret de Tristan, Wagner utilise nombre dâinversions de mots ou de syllabes. Tristan nâest autre que le Tantris qui a pris Ă Isolde son promis. Isolde meurt en faisant une sorte de jeu de mots : « Languir et en mourir, mais non mourir de languir10. » Tristan nâest pas en reste : « La maĂźtresse du silence mâenjoint de me taire : si je saisis ce quâelle tut, je tais ce quâelle ne saisit11. » Pourquoi ces formules ? Coquetteries archaĂŻsantes dâune langue que Wagner invente en mĂȘme temps que ses livrets ? Pas seulement. Ces mots en miroir forment une sorte de mĂ©taphore du dĂ©sir comme dĂ©sir de lâautre : je dĂ©sire ĂȘtre ce que tu dĂ©sires que je sois. Mais aussi, plus secrĂštement, un aveu de la composante narcissique de tout amour, lâautre Ă©tant le miroir qui me rend Ă moi-mĂȘme par lâillusion que rien dĂ©sormais ne me manque.
Tristan nâaime pas Isolde, ni Isolde Tristan. Il sâaime en elle, elle sâaime en lui ; et chacun aime lâamour plus quâil nâaime lâautre. Tout lâeffort des amants se rĂ©sume Ă parvenir Ă supprimer la conjonction de coordination « et »12, puis Ă supprimer encore les noms qui les diffĂ©rencient : « Ăternellement unis, sans fin, sans rĂ©veil, sans angoisse, nâayant plus de nom, Ă©treints dans lâamour13. »
LâextrĂȘme de la jouissance
Le philtre est le point autour duquel le tragique se noue et les destins basculent. Son sens nâest pas, comme dans la lĂ©gende celtique mĂ©diĂ©vale, celui dâun objet de magie, dâun poison secret, dâune substance mystĂ©rieuse. Câest le symbole dâune rĂ©alitĂ© psychique : philtre de mort et philtre dâamour ne sâopposent pas et si lâon peut prendre lâun pour lâautre câest tout simplement parce que câest le mĂȘme. Boire lâamour aux lĂšvres de lâautre, câest boire la mort. Il y a en fait une sorte de croisement entre les reprĂ©sentations que le philtre suggĂšre. La reprĂ©sentation consciente : vouloir mourir avec lâautre, sert de masque Ă la reprĂ©sentation inconsciente interdite et refoulĂ©e : vouloir jouir de lâautre. Et lâinverse nâest pas moins vrai. Mais en fait, les deux reprĂ©sentations, refoulante et refoulĂ©e, sont inverses : les amants veulent se faire du bien, se donner du plaisir lâun Ă lâautre et lâun par lâautre, sans trop savoir quâainsi, ils abandonnent Ă lâautre une part de leur ĂȘtre et mĂȘme de leur ĂȘtre vivant, ou, Ă tout le moins, quâils confĂšrent Ă lâautre la possibilitĂ© de les laisser dans lâabandon ou de les faire mourir.
Alors, pourquoi faut-il reprĂ©senter cette rĂ©alitĂ© psychique du tragique de lâamour, de la mĂ©taphysique de la mort par une mĂ©taphysique de lâamour, pour reprendre les mots de Schopenhauer14 ? Parce que lâinconscient existe, et la censure. Wagner, dans les notes du programme de la crĂ©ation parisienne du PrĂ©lude de Tristan disait que le philtre Ă©tait une nĂ©cessitĂ© pour que sâunissent des amants que la politique sĂ©pare. Câest surtout une nĂ©cessitĂ© pour que sâaveuglent les ĂȘtres sur ce qui les mĂšne Ă la perte dâeux-mĂȘmes. Jouir, câest se perdre, et faire jouir, vouloir que lâautre se perde.
La courbe non refermée
Quels sont les liens entre ces trois registres : dĂ©sirer, aimer, jouir ? Le premier acte de Tristan est celui du dĂ©sir, le deuxiĂšme celui de lâamour et le troisiĂšme celui de la jouissance. Tout dâabord, Tristan et Isolde cherchent dans les difficultĂ©s extĂ©rieures (fidĂ©litĂ© Ă Marke, loi morale, sĂ©paration physique, jalousie de MelotâŠ) autant dâĂ©vitements pour ne pas avoir Ă reconnaĂźtre les obstacles Ă lâamour. En fait, tous deux refusent lâamour pour se maintenir sous lâempire du dĂ©sir. Mais Isolde, plus clairvoyante comme souvent les femmes, nomme ce choix de la perte : « Pour moi Ă©lu, pour moi perdu15. » Puis, confrontĂ©s aux obstacles mis Ă la satisfaction de lâintĂ©rieur du dĂ©sir lui-mĂȘme, les deux amants retardent la jouissance pour que lâamour persiste et sâexaspĂšre. Tout le deuxiĂšme acte est placĂ© sous le signe de cette fuite et de cette relance. Quant au troisiĂšme, marquĂ© par lâimpossibilitĂ© de sâunir, il a pour enjeu de jouir afin de cesser de dĂ©sirer. Alors, se dĂ©ploie une jouissance infiltrĂ©e de mort, quâil sâagisse de Tristan seul avec sa blessure, ou dâIsolde, mourant fermĂ©e sur lâĂ©nigme de la jouissance fĂ©minine.
Ces trois registres ont Ă©videmment leur traduction musicale. Le dĂ©sir est une dissonance. Lâamour est une consonance. Et la jouissance ? Elle nâest ni tonale ni atonale. Quand on lâatteint, un accord parfait majeur peut ĂȘtre dissonant, comme lâaccord qui achĂšve lâĆuvre sur une dĂ©chirure et non une rĂ©conciliation. Ou bien un accord dissonant peut donner un sentiment de plĂ©nitude absolue. La dissonance ne se rĂ©sout jamais, la consonance ne dure pas : tel est le tragique que Tristan met en scĂšne et en musique. Le recours systĂ©matique Ă la gamme chromatique fait entendre cette finitude de lâamour et cet infini du dĂ©sir. Le chromatisme est comme le philtre, il unit les contraires en une substance qui ne cesse de couler, selon un temps sans bords. Ni bon ni mauvais, ni dâamour ni de mort, le philtre abolit ces contraires dans la langue comme le chromatisme fond lâopposition musicale du majeur et du mineur. Comme lâinconscient va, puis revient...
Table des matiĂšres
- Couverture
- Titre
- Copyright
- Dédicace
- La forme fatale
- AIMER
- DĂSIRER
- JOUIR
- Notes
- Lexique
- Les grands opéras du répertoire lyrique
- Bibliographie
- Sources et remerciements
- Table
- Du mĂȘme auteur