
- 304 pages
- French
- ePUB (adapté aux mobiles)
- Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub
À propos de ce livre
« En tant que psychiatre, je vois tous les jours des personnes empêtrées dans des maladresses relationnelles qui conduisent à l'échec. Pourquoi certains ont-ils tant de mal à s'engager dans une relation amoureuse ? Pourquoi d'autres n'arrivent-ils pas à se faire des amis ? Pourquoi tant de difficultés, voire de conflits, au travail ? Et surtout, comment en sortir ? Comment vivre durablement et en harmonie avec les autres, en couple, en famille ou au travail ? Nous avons toutes sortes d'idées fausses sur les relations humaines. Par exemple que plus on donne, plus on reçoit — alors que c'est exactement le contraire. Ou bien que le dialogue suffit à résoudre tous les conflits. Ou encore qu'il faut tout dire… Bien d'autres croyances erronées nous rendent incapables de séduire et nous conduisent à une solitude mal vécue. En racontant des histoires vraies, je voudrais mettre au jour les fondements élémentaires de la relation humaine afin d'en définir, pour chacun, le bon usage au quotidien. » G. A. Médecin psychiatre et psychothérapeute, Gérard Apfeldorfer est membre de l'Association française de thérapie comportementale et cognitive, et chroniqueur à Psychologie magazine. Il est l'auteur, chez Odile Jacob, de Maigrir c'est dans la tête et Maigrir c'est fou !
Foire aux questions
Oui, vous pouvez résilier à tout moment à partir de l'onglet Abonnement dans les paramètres de votre compte sur le site Web de Perlego. Votre abonnement restera actif jusqu'à la fin de votre période de facturation actuelle. Découvrez comment résilier votre abonnement.
Non, les livres ne peuvent pas être téléchargés sous forme de fichiers externes, tels que des PDF, pour être utilisés en dehors de Perlego. Cependant, vous pouvez télécharger des livres dans l'application Perlego pour les lire hors ligne sur votre téléphone portable ou votre tablette. Découvrez-en plus ici.
Perlego propose deux abonnements : Essentiel et Complet
- Essentiel est idéal pour les étudiants et les professionnels qui aiment explorer un large éventail de sujets. Accédez à la bibliothèque Essentiel comprenant plus de 800 000 titres de référence et best-sellers dans les domaines du commerce, du développement personnel et des sciences humaines. Il comprend un temps de lecture illimité et la voix standard de la fonction Écouter.
- Complet est parfait pour les étudiants avancés et les chercheurs qui ont besoin d'un accès complet et illimité. Accédez à plus de 1,4 million de livres sur des centaines de sujets, y compris des titres académiques et spécialisés. L'abonnement Complet comprend également des fonctionnalités avancées telles que la fonction Écouter Premium et l'Assistant de recherche.
Nous sommes un service d'abonnement à des ouvrages universitaires en ligne, où vous pouvez accéder à toute une bibliothèque pour un prix inférieur à celui d'un seul livre par mois. Avec plus d'un million de livres sur plus de 1 000 sujets, nous avons ce qu'il vous faut ! Découvrez-en plus ici.
Recherchez le symbole Écouter sur votre prochain livre pour voir si vous pouvez l'écouter. L'outil Écouter lit le texte à haute voix pour vous, en surlignant le passage qui est en cours de lecture. Vous pouvez le mettre sur pause, l'accélérer ou le ralentir. Découvrez-en plus ici.
Oui ! Vous pouvez utiliser l'application Perlego sur les appareils iOS ou Android pour lire à tout moment, n'importe où, même hors ligne. Parfait pour les trajets quotidiens ou lorsque vous êtes en déplacement.
Veuillez noter que nous ne pouvons pas prendre en charge les appareils fonctionnant sur iOS 13 et Android 7 ou versions antérieures. En savoir plus sur l'utilisation de l'application.
Veuillez noter que nous ne pouvons pas prendre en charge les appareils fonctionnant sur iOS 13 et Android 7 ou versions antérieures. En savoir plus sur l'utilisation de l'application.
Oui, vous pouvez accéder à Les Relations durables par Gérard Apfeldorfer en format PDF et/ou ePUB ainsi qu'à d'autres livres populaires dans Psychologie et Relations interpersonnelles en psychologie. Nous disposons de plus d'un million d'ouvrages à découvrir dans notre catalogue.
Informations
Chapitre 2
Séduction et empathie
Vanessa a vingt-deux ans, une jolie frimousse, des yeux qui pétillent, un corps comme une liane, et plein de problèmes. Sans compter ses états d’âme. Tout d’abord, elle ne parvient pas à trouver l’amour. Les garçons qui lui plaisent ne s’intéressent pas à elle et ceux qui s’intéressent à elle ne lui plaisent pas. D’ailleurs, cela fait maintenant un bon moment qu’elle n’intéresse plus personne. Mais où sont passés les garçons ?
Lorsque je lui demande ce qu’elle fait pour se rendre intéressante aux yeux des hommes, elle me regarde, interloquée : Mais rien, bien sûr. Je veux qu’on m’aime pour moi-même. Si on veut que l’amour soit sincère et durable, mieux vaut être naturelle dès le départ. Que se passerait-il lorsque, après avoir usé d’artifices pour séduire, ma vraie nature finirait par apparaître ? On m’abandonnerait, et on aurait bien raison. Car comment aimer une truqueuse, une hypocrite, qui cherche à donner une image fausse d’elle-même ? La vérité finit toujours par faire surface, alors mieux vaut ne pas tricher, parce que ensuite ça fait encore plus mal.
Bon, lui dis-je, mais tout de même, comment doit-on s’y prendre pour faire naître cet amour tant désiré ? Vanessa réfléchit un petit moment puis m’explique son point de vue : Il n’y a pas trente-six moyens. Il faut s’intéresser à celui qui nous intéresse, chercher à mieux le connaître. Il s’agit de ne pas se laisser prendre aux apparences, à ce qu’il donne à voir. Non, il faut chercher à comprendre sa véritable nature. Et bien sûr, il s’agit de tout partager, de tout se dire, de ne pas avoir de secret l’un pour l’autre. Voyant tout l’intérêt qu’on lui porte, l’homme choisi comprendra l’amour qu’on ressent pour lui, et il nous aimera en retour.
J’insiste : Alors, est-ce que ça marche ? Vanessa doit reconnaître que non. Bien des hommes qu’elle juge intéressants restent mystérieusement indifférents. Et son appétit de l’autre, sa curiosité, ses élans de tendresse, au lieu d’être reconnus pour ce qu’ils sont, des témoignages d’amour, semblent apeurer les hommes avec lesquels elle commence une relation, au point que ceux-ci finissent par couper les ponts. Décidément, les hommes sont faibles, lâches, vils, ne s’intéressant qu’à la gaudriole et ne voulant pas du véritable amour. Baiser, voilà tout ce qui les intéresse. Et après, basta… Si elle ne veut pas passer le restant de sa vie seule, peut-être après tout devrait-elle chercher à se reconvertir en lesbienne…
Mais outre le fait qu’il n’y a aucune raison de penser que cela arrange en quoi que ce soit les affaires amoureuses de Vanessa, il n’y a pas non plus lieu de croire que la situation soit si désespérée. Non, simplement le discours sur l’amour et la séduction de Vanessa est sous-tendu par une tripotée d’idées irrationnelles, et ce sont en grande partie celles-là qui l’empêchent de nouer des relations satisfaisantes avec un partenaire.
Si Vanessa parvient à voir la séduction et l’amour sous un angle légèrement différent, peut-être les choses pourraient-elles s’arranger.
Je suis empathique : je comprends les sentiments et les points de vue des autres
Mais avant de nous y risquer, peut-être serait-il utile de développer certains concepts de base.
Il est des mots, comme séduction ou comme amour, qu’on emploie sans bien savoir ce qu’ils recouvrent. Il en est d’autres, pourtant essentiels si on veut comprendre les relations humaines, comme empathie, qu’on passe sous silence.
Commençons par ce dernier, qui est sans doute celui qui prête le moins à discussion. La capacité d’empathie est ce qui permet de percevoir le point de vue de l’autre. On peut distinguer plusieurs niveaux de perception : la sympathie consiste à ressentir des émotions en phase avec celles d’une autre personne. En quelque sorte, un mouvement de sympathie correspond à un mélange partiel avec l’autre, un flou dans les limites entre deux individualités.
Les émotions, en effet, sont contagieuses. Même si je ne sais pas pourquoi mes interlocuteurs rient à gorge déployée, ces rires sont communicatifs et me contaminent. Bientôt, moi aussi, j’éclate de rire. Enfin, pas toujours, car je résiste parfois : les rires en boîte de ces séries télévisées qui se veulent drolatiques cherchent à entraîner un rire de sympathie, mais ne font qu’entraîner mon antipathie…
De même, la sympathie que j’éprouve face à des gens tristes me pousse souvent à ne pas trop rechercher leur compagnie. Mieux vaut ne pas se laisser gâcher bêtement ses journées… Ou encore, pourquoi me laisser envahir par la colère de quelqu’un d’autre alors que je ne sais même pas quel est son objet ? On voit que la sympathie a ses limites : j’éprouve un peu de ce que les autres éprouvent, mais sans comprendre de quoi il en retourne.
L’empathie d’émotion39, qui correspond à un niveau d’abstraction supérieur, me rend capable de me mettre à la place de l’autre, de comprendre l’émotion qu’il éprouve, sans pourtant la ressentir moi-même, ni forcément la partager. Je peux ainsi comprendre ce que l’autre ressent sans pour autant perdre mon propre point de vue.
C’est parce que je sais ce qu’est la souffrance que je comprends celle de l’autre. J’ai déjà eu du plaisir et je comprends que l’autre peut en avoir lui aussi. Cela me conduit à me comporter avec autrui comme j’aimerais qu’il se comporte avec moi, à ne pas lui faire ce que je ne voudrais pas qu’il me fasse, à prendre soin de lui comme je prends soin de moi-même.
Mais cette empathie émotionnelle n’est pas tout : mes capacités d’empathie d’abstraction me permettent de vivre dans un monde partagé40, dans lequel je comprends les points de vue de l’autre, les multiples facettes sous lesquelles il se représente le monde. Grâce à mes capacités de symbolisation et au langage, les visions du monde de chacun me deviennent accessibles.
Le mot important est comprendre : lorsque je manifeste de l’empathie envers quelqu’un, je comprends ce qu’il ressent, je me figure son point de vue. Cette capacité à envisager les choses du point de vue de l’autre, à me représenter ses sentiments et le monde tels qu’il se les représente lui-même, est essentielle à toute communication humaine. À vrai dire, c’est même ce qui en fonde l’humanité.
Ah oui, j’oublie encore un léger détail : tout ce que j’ai dit dans le chapitre précédent sur le système du don et de l’obligation de rendre ne se conçoit que dans le cadre de relations empathiques.
Pour comprendre qu’un don fasse plaisir, il faut tout d’abord que j’en aie déjà reçu moi-même. C’est à partir de là que je peux imaginer le plaisir que mon cadeau, ma gentillesse, mes sourires feront à l’autre. Et c’est aussi parce que je suis capable de me mettre à la place de l’autre, parce que je me figure sa persona, que je comprends que ce que je fais pour lui l’oblige à faire quelque chose en retour, pour moi ou pour d’autres. Car énoncée en tenant compte du concept d’empathie, la persona de quelqu’un devient le modèle à partir duquel j’imagine cette personne, ses sentiments et ses points de vue.
Comme nous sommes des animaux sociaux, partager avec les autres ses sentiments et émotions, mais aussi ses points de vue, ses croyances, ses concepts, prendre en considération la circulation des échanges, faire en sorte que ces échanges soient équitables occupent une grande partie de notre temps. Nous avons soif de comprendre les autres et de nous sentir compris par eux. Nous avons besoin de savoir où nous en sommes avec eux.
Évidemment, c’est plus facile avec certains qu’avec d’autres : avec certaines personnes, je me sens immédiatement sur la même longueur d’onde. Dans l’ensemble, elles ressentent et pensent des choses analogues à mes sentiments et mes idées. Je peux donc me laisser aller sans grand danger à la sympathie, puis à l’empathie. Si je suis un brin pantouflard, je privilégierai les relations avec de telles personnes, qui me confortent dans mes propres points de vue ; mais si j’aime la nouveauté, je les trouverai bientôt un peu trop prévisibles et conventionnelles.
Il en est d’autres qui me font partager une vision du monde décalée par rapport à la mienne. Cela tient à une culture, un milieu, une éducation ou simplement à une tournure d’esprit différentes. Si j’ai le goût de l’aventure, j’apprécierai le renouvellement des idées auxquelles elles me conduisent, les perspectives nouvelles qu’elles m’offrent.
Aliénés, extraterrestres et hyperempathiques
Il arrive qu’on ait parfois affaire à des individus qui mettent en échec ses capacités empathiques, avec lesquels il s’avère impossible de partager quoi que ce soit. Leur vision du monde, leur logique, les sentiments qui les animent semblent incompréhensibles, et sans doute la réciproque est-elle vraie. Cette incapacité de déchiffrage fait habituellement considérer ces personnes comme des ennemis. En fait, peut-être est-ce le cas, mais comment le savoir puisqu’on est incapable de décrypter leurs émotions, leurs sentiments, leurs intentions, dans la mesure où ils en ont, ce qu’on est bien en peine d’affirmer ? Ces étranges étrangers représentent des « aliens », des extraterrestres ou des fous, des personnes sans point commun avec soi.
En fait, le système empathique ne fonctionne que lorsqu’il est réciproque : on ne comprend les autres que lorsqu’on s’accorde avec eux. C’est lorsqu’on a affaire à quelqu’un dénué de talent empathique qu’on a ce sentiment d’être face à un alien, quelque chose de radicalement étranger. C’est par exemple le cas lorsqu’on est face à une personne paranoïaque, enfermée dans un monde dont la logique échappe, et qui ne voit dans l’autre qu’un objet susceptible de la mettre en danger ; c’est encore le cas face à une personne perverse, pour qui les autres se réduisent à des objets à manipuler à son avantage et destinés à servir à sa propre jouissance.
Incapables d’influencer la vision du monde d’autrui afin d’être en phase avec lui, les aliens dont nous croisons la route n’ont le plus souvent d’autre ressource que le recours à la violence pour obtenir ce qu’ils désirent. Et cette violence ne les effraie pas, puisque la souffrance d’autrui ne leur est pas perceptible. Ou bien, au mieux, les aliens prévoient les réactions de leurs interlocuteurs sur le mode de l’action et de la réaction. Les motivations profondes, les désirs, les passions, toutes ces subtilités qui sont toujours liées à la fois à notre monde émotionnel et aux explications qu’on s’en donne, tout cela leur échappe. En fait, ils ne font guère d’effort pour s’y intéresser car, à leurs yeux, il n’est d’autre point de vue pertinent que le leur.
De par leur maladresse et leur brutalité, les aliens, qu’ils soient des aliénés ou des extraterrestres, s’avèrent bien peu à leur aise dans le monde relationnel complexe et sophistiqué qui est aujourd’hui le nôtre.
Les personnes hyperempathiques, qui adoptent le point de vue de l’autre au point d’oublier le leur, se situent à l’autre extrémité du spectre.
Tout d’abord, certaines personnes qui ne s’aiment pas, qui ne se respectent pas, qui ont une faible estime pour elles-mêmes, en viennent tout naturellement à penser que ce que pense l’autre est forcément plus juste, plus pertinent, plus intéressant que tout ce qu’elles pourraient penser par elles-mêmes. Mais, à force de se représenter le monde des autres, ces personnes ne se représentent plus leur propre monde. À force de s’identifier aux autres, elles perdent la possibilité d’avoir un point de vue qui leur est propre. De fait, les personnes hyperempathiques ne savent pas ce qu’elles pensent ni ce qu’elles ressentent, puisqu’elles ne s’y intéressent tout simplement pas41.
Dès qu’il n’y a plus d’individu face à elles avec lequel elles peuvent entrer en empathie, ou dès qu’elles se retrouvent seules, elles sont confrontées au vide. Comme les personnes hyperempathiques ont le sentiment que rien ne les habite, que la vie est au-dehors, lorsque rien ni personne ne mobilise plus leur attention, la dépersonnalisation et la dépression guettent. Elles s’en protègent souvent par la mise en place de stratégies défensives, comme certaines conduites addictives ou certains comportements d’autoagression : la consommation de produits toxiques, la nourriture sous forme boulimique, la frénésie sexuelle, le démon du jeu, la fièvre acheteuse, le vol à l’étalage, le sport intensif, la douleur auto-infligée permettent de raviver un moment le sentiment d’exister.
Mais, dans l’ensemble, quand ils sont en bonne compagnie, les hyperempathiques sont joviaux et communicatifs, car c’est ainsi qu’on se fait accepter par les autres.
Leonard Zelig, le héros du film de Woody Allen42, représente un splendide exemple d’hyperempathie. Dans le début du XXe siècle, le petit Leonard, martyrisé par ses parents et tourmenté par les antisémites, a développé un merveilleux talent mimétique qui lui évite le rejet et l’agressivité : il est républicain avec les républicains et démocrate avec les démocrates, gangster avec des gangsters, mais il est aussi capable de devenir trompettiste noir, chinois plus vrai que nature ou de prendre une centaine de kilos en quelques minutes lorsqu’il est mis en présence de personnes obèses.
À l’hôpital psychiatrique où on finit par l’emmener, il se présente comme un psychiatre très acceptable, et Mia Farrow, alias le docteur Eudora Fletcher, qui se passionne pour son cas, devra faire preuve de beaucoup d’astuce pour parvenir à guérir le fameux « caméléon psychique ». Le médecin et son patient désormais célèbre tombent amoureux l’un de l’autre, mais en raison du bruit fait autour de leur prochain mariage, son passé rattrape Zelig, qui rechute et disparaît. On suivra le docteur Fletcher dans sa recherche de Zelig, qu’elle finira par retrouver en chemise brune aux côtés d’Adolf Hitler…
Il n’y a pas que le docteur Fletcher qui se laisse prendre au piège par les personnes hyperempathiques : comme elles s’efforcent d’être pour leur interlocuteur le complément parfait, elles constituent de véritables pièges à psys. Les caméléons psychiques, qui ne savent pas qui ils sont, deviennent face à leur psy ce patient idéal, l’incarnation même de leurs théories. Remercions les patients hyperempathiques : c’est sans doute en grande partie grâce à eux qu’on bénéficie d’autant de théories psychologiques, défendues par autant de psys persuadés de leur validité !
Je fais des cadeaux à mes ennemis
Nos ennemis, à l’inverse des hyperempathiques, ne font pas de cadeau. Qui plus est, contrairement aux aliens et aux extraterrestres qui évoluent dans des mondes parallèles ne croisant le nôtre qu’occasionnellement, nos ennemis ne nous lâchent pas d’une semelle.
Ce qui fait d’eux nos ennemis, c’est le fait que leur perception du monde, leurs croyances et leurs valeurs, les objectifs qu’ils poursuivent sont incompatibles avec les nôtres43. Certes, on peut comprendre ses ennemis, mais cela ne les transforme pas en amis pour autant.
Il est de bon ton, aujourd’hui, de considérer que, dès lors qu’on parle ensemble, on finit par se comprendre, et que dès qu’on comprend le point de vue de l’autre, on cesse d’être ennemis. En somme, les divergences entre individus, entre communautés, entre pays ne seraient dues qu’à une insuffisance de dialogue et il n’y aurait pas de conflit qu’on ne pourrait résoudre au moyen de la parole, dès lors que chacun y met un peu du sien et fait preuve de bonne volonté. Dans cette acception, le concept même d’ennemi disparaîtrait, se réduisant alors à une simple insuffisance de communication. Cette vision qui bannit toute violence a priori se nourrit aussi de l’idée que tous les points de vue se valent, qu’ils sont tous respectables, qu’il n’en est pas de meilleurs que d’autres. Cet angélisme aboutit souvent à des impasses… et à une exacerbation de la violence.
Jean-Claude et Zoé ont loué un petit appartement du 15e arrondissement de Paris depuis un an. Ils sont un jeune et gentil petit couple, bien propre, discret, qui n’inonde pas le voisinage de décibels et dit bonjour dans l’escalier. Alors, pourquoi leur voisin du dessus les tyrannise-t-il ? Pourquoi transforme-t-il leur vie en enfer ? Il a commencé par faire brailler son téléviseur, puis cogne la nuit sur son plancher, qui est aussi le plafond de Jean-Claude et Zoé. Déplace-t-il des meubles, saute-t-il à la corde, danse-t-il la bourrée auvergnate ? Jean-Claude et Zoé se le demandent, tout en patientant, espérant que ce charivari finira par s’arrêter tout seul un jour.
Cela n’arrête pas, et même, cela empire : un peu à la façon des dix plaies dont, dans la Bible, Jéhovah gratifie les Égyptiens afin qu’ils rendent leur liberté aux Juifs, le couple subit « les mauvaises odeurs » dues à un objet indéfini et malodorant retrouvé à l’entrée d’un conduit de ventilation, les « inondations » causées par un lave-vaisselle en folie, les « ténèbres », occasionnées par une mystérieuse panne d’électricité, et le « vol de la cave » par des malandrins inconnus.
Jean-Claude et Zoé sont jeunes, innocents et timides. Comme leurs malheurs durent, que Jean-Claude est à nouveau dévoré par son psoriasis et que Zoé fait des crises ...
Table des matières
- Couverture
- Titre
- Du même auteur chez Odile Jacob
- Copyright
- Dédicace
- Introduction
- Chapitre premier - Donner et recevoir : les fondements du lien social
- Chapitre 2 - Séduction et empathie
- Chapitre 3 - Pour en finir avec le Grand Amour
- Chapitre 4 - Couples et familles durables
- Conclusion
- Remerciements
- Notes