
- 304 pages
- French
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eBook - ePub
Comprendre le changement climatique
Ă propos de ce livre
Le changement climatique est en marche, il s'accĂ©lĂšre. Il est, sans Ă©quivoque, stimulĂ© par les activitĂ©s humaines. Il est urgent de mieux apprĂ©hender sa nature, son ampleur et ses impacts potentiels. Cette conviction est partagĂ©e par tous les auteurs, experts français et amĂ©ricains de notoriĂ©tĂ© mondiale, de ce livre. Acteurs de la science du climat, ils sont aussi citoyens de deux pays dont les choix prĂ©sents, face Ă cette situation, sont notoirement diffĂ©rents. Aider le public Ă mieux comprendre les enjeux du changement climatique, faire la part des certitudes et des incertitudes sur lesquelles certains se fondent pour retarder l'action nĂ©cessaire, tel est l'objet de ce livre. Il est un appel Ă agir, vite et ensemble. La sociĂ©tĂ© globale est confrontĂ©e au dĂ©fi d'une rĂ©ponse collective et efficace Ă l'altĂ©ration du climat. Dans le passĂ©, certaines civilisations n'ont pas survĂ©cu Ă la perturbation de leur environnement. Saurons-nous faire mieux ?Jean-Louis Fellous a notamment publiĂ© Avis de tempĂȘte. Expert du Centre national d'Ă©tudes spatiales auprĂšs de l'Agence spatiale europĂ©enne, il est le secrĂ©taire exĂ©cutif du ComitĂ© mondial des satellites d'observation de la Terre (Ceos) et coprĂ©side la Commission mondiale d'ocĂ©anographie et de mĂ©tĂ©orologie marine. Catherine Gautier est professeur au dĂ©partement de gĂ©ographie de l'UniversitĂ© de Californie Ă Santa Barbara depuis 1990, et a dirigĂ© l'Institute for Computational Earth System de 1996 Ă 2002. Contributions de Jean-Claude AndrĂ©, Roberta Balstad, Olivier Boucher, Guy Brasseur, Moustafa T. Chahine, Marie-Lise Chanin, Philippe Ciais, Robert W. Corell, Jean-Claude Duplessy, Jean-Charles Hourcade, Jean Jouzel, Yoram J. Kaufman, Katia Laval, HervĂ© Le Treut, Jean-François Minster, Berrien Moore III, Pierre Morel, S. Ichtiaque Rasool, FrĂ©dĂ©rique RĂ©my, Raymond C. Smith, Richard C. J. Somerville, Eric F. Wood, Helen Wood et Carl Wunsch.
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Informations
Chapitre 1
Le groupe intergouvernemental dâexperts
sur lâevolution du climat :
le consensus a lâechelle planetaire
sur lâevolution du climat :
le consensus a lâechelle planetaire
par Jean Jouzel et Richard C. J. Somerville
« Câest ainsi que la tempĂ©rature est augmentĂ©e par lâinterposition de lâatmosphĂšre, parce que la chaleur trouve moins dâobstacle pour pĂ©nĂ©trer lâair Ă©tant Ă lâĂ©tat de lumiĂšre, quâelle nâen trouve pour repasser dans lâair lorsquâelle est convertie en chaleur obscure. »
Joseph FOURIER,
MĂ©moire sur les tempĂ©ratures du globe terrestre et des espaces planĂ©taires, MĂ©moires de lâAcadĂ©mie des sciences, t. 7, p. 569-604, 1824 (imprimĂ© en 1827).
« After all, whatâs the use of having developed a science well enough to make predictions, if in the end all weâre willing to do is stand around and wait for them to come true ? »
F. Sherwood ROLAND,
lauréat du prix Nobel de chimie 1995.
Les résultats principaux du quatriÚme rapport du Giec (2007)
Le Groupe intergouvernemental dâexperts sur lâĂ©volution du climat (Giec) a publiĂ© quatre rapports, en 19901, 19952, 20013,4et 20075. Ces rapports, qui font la synthĂšse des informations les plus pertinentes sur le problĂšme du changement climatique, font largement autoritĂ©. DestinĂ©s, en premier lieu, aux dĂ©cideurs, ils intĂ©ressent en fait une communautĂ© beaucoup plus large : ils sont, par exemple, largement utilisĂ©s comme textes de rĂ©fĂ©rence dans le domaine de lâĂ©ducation. Dans lâencart ci-aprĂšs, nous rĂ©sumons les principaux rĂ©sultats actuellement disponibles sur les aspects scientifiques de lâĂ©volution du climat, tels quâils sont prĂ©sentĂ©s dans le rapport 2007 du Giec (AR4 pour Assessment Report number 4).
La rĂ©union qui a conduit Ă lâapprobation du rapport du groupe scientifique du Giec sâest, Ă lâinvitation de la France, tenue Ă Paris au dĂ©but de lâannĂ©e 2007. Elle a marquĂ© la premiĂšre Ă©tape dâun processus qui conduira Ă la publication du 4e rapport (AR4), et a Ă©tĂ© suivie de rĂ©unions dâapprobation du mĂȘme type Ă Bruxelles (groupe II), puis Ă Bangkok (groupe III). Enfin, en novembre 2007, sera examinĂ©, Ă Valence, le rapport de synthĂšse portant sur lâensemble des aspects du changement climatique.
La prĂ©sentation du document approuvĂ© Ă Paris, lors dâune confĂ©rence de presse qui sâest tenue le 2 fĂ©vrier, a eu un trĂšs grand Ă©cho aussi bien en France quâĂ lâĂ©tranger. ApprouvĂ© par consensus, ligne Ă ligne, par les reprĂ©sentants des cent treize gouvernements ayant participĂ© Ă cet Ă©vĂ©nement, le texte final ne diffĂšre que dans sa forme de celui prĂ©parĂ© par la communautĂ© du Giec, et mis sur la table au dĂ©but de la confĂ©rence. Aucune des conclusions auxquelles les scientifiques ont abouti aprĂšs plus de deux ans de travail nâa Ă©tĂ© remise en cause, et les conclusions des rapports prĂ©cĂ©dents en sortent, en rĂšgle gĂ©nĂ©rale, renforcĂ©es.
Ce nouveau rapport confirme lâaugmentation depuis 1750 des concentrations en gaz carbonique â dont il est notĂ© quâelles dĂ©passent de loin celles qui ont Ă©tĂ© observĂ©es au cours des 650 000 derniĂšres annĂ©es â, en mĂ©thane et en protoxyde dâazote. Cette augmentation est principalement due Ă lâutilisation des combustibles fossiles et au changement dâutilisation des terres, dans le cas du gaz carbonique, et Ă lâagriculture pour les deux autres gaz Ă effet de serre. Le forçage radiatif combinĂ© de ces trois gaz Ă effet de serre est de 2,3 Wmâ2, et les forçages, directs et indirects, liĂ©s aux aĂ©rosols rĂ©sultant des activitĂ©s humaines sont dĂ©sormais mieux compris. Câest avec une trĂšs grande confiance que le rapport estime que lâeffet moyen global des activitĂ©s humaines a Ă©tĂ© un rĂ©chauffement, avec une estimation du forçage radiatif Ă©gale Ă 1,6 Wmâ2. Le forçage liĂ© aux variations de lâactivitĂ© solaire depuis 1750 a Ă©tĂ© revu Ă la baisse ; il est maintenant estimĂ© Ă 0,12 Wmâ2.
Le rĂ©chauffement du systĂšme climatique est dĂ©sormais sans Ă©quivoque, car il est observĂ© non seulement dans lâatmosphĂšre, mais aussi dans lâocĂ©an, dans la fonte gĂ©nĂ©ralisĂ©e de la neige et des glaces, et dans lâĂ©lĂ©vation du niveau de la mer. Ainsi onze des douze derniĂšres annĂ©es ont, en moyenne globale, Ă©tĂ© plus chaudes que toutes celles qui les ont prĂ©cĂ©dĂ©es depuis 1860. Des changements ont Ă©tĂ© Ă©galement observĂ©s aux Ă©chelles rĂ©gionales ; ils concernent des paramĂštres tels que lâĂ©tendue des neiges et des glaces dans les rĂ©gions de lâArctique, les quantitĂ©s de prĂ©cipitations, la salinitĂ© de lâocĂ©an, les structures des vents et des aspects de situations mĂ©tĂ©orologiques extrĂȘmes, comme les sĂ©cheresses, les fortes prĂ©cipitations et les vagues de chaleur. Enfin, les informations palĂ©oclimatiques confirment que le rĂ©chauffement des cinquante derniĂšres annĂ©es est atypique sur les derniers 1 300 ans au moins.
La relation entre ce rĂ©chauffement et lâaugmentation de lâeffet de serre liĂ© aux activitĂ©s humaines est trĂšs clairement Ă©tablie : « Lâessentiel du rĂ©chauffement des cinquante derniĂšres annĂ©es est trĂšs vraisemblablement dĂ» Ă lâaccroissement de lâeffet de serre. » De vraisemblablement en 2001 (soit deux chances sur trois dans le langage du Giec), nous sommes ainsi passĂ©s Ă trĂšs vraisemblablement (neuf chances sur dix). De plus, on peut maintenant discerner des influences humaines dans dâautres aspects du climat, comme le rĂ©chauffement de lâocĂ©an, de diffĂ©rents continents et lâĂ©volution des tempĂ©ratures extrĂȘmes et des vents.
Il est notĂ© que les projections faites dans les deux premiers rapports se vĂ©rifient, ce qui donne confiance dans les modĂšles climatiques utilisĂ©s. Lâanalyse de ces modĂšles en regard des observations permet dâailleurs, pour la premiĂšre fois, de donner une fourchette vraisemblable pour la sensibilitĂ© climatique. DĂ©finie comme le rĂ©chauffement global de surface Ă la suite dâun doublement de la concentration en gaz carbonique, cette sensibilitĂ© est vraisemblablement comprise entre 2 et 4,5 °C, avec une valeur probable de 3 °C.
Les projections Ă horizon 2100 confirment largement celles prĂ©sentĂ©es dans le rapport prĂ©cĂ©dent. On sâattend Ă ce que le couplage entre le climat et le cycle du carbone en prĂ©sence du rĂ©chauffement ajoute encore du gaz carbonique dans lâatmosphĂšre, mais lâampleur de cette rĂ©action est incertaine. Pour un ensemble de six scĂ©narios dâĂ©mission, et en tenant compte de ce couplage et des incertitudes associĂ©es, les meilleures estimations du rĂ©chauffement global sont comprises entre 1,8 et 4 °C avec une fourchette comprise entre 1,1 et 6,4 °C (Ă comparer avec la fourchette 1,4-5,8 °C du 3e rapport). Pour les deux prochaines dĂ©cennies, le rĂ©chauffement simulĂ© est dâenviron 0,2 °C par dĂ©cennie, et ce, indĂ©pendamment du scĂ©nario dâĂ©mission, car Ă cause de lâinertie du systĂšme climatique, ce rĂ©chauffement est largement le rĂ©sultat de lâaugmentation de lâeffet de serre enregistrĂ©e au cours de la seconde partie du XXe siĂšcle. Une autre consĂ©quence de cette inertie est que, mĂȘme si les concentrations de tous les gaz Ă effet de serre et des aĂ©rosols avaient Ă©tĂ© maintenues constantes au niveau de 2000, se produirait un rĂ©chauffement dâenviron 0,1 °C par dĂ©cennie.
On possĂšde maintenant une confiance bien meilleure dans les caractĂ©ristiques dâĂ©chelle rĂ©gionale, et dans les modifications qui affecteront les vents, les prĂ©cipitations, et certains aspects des extrĂȘmes et de lâĂ©volution des neiges et des glaces. Ainsi, il est vraisemblable que les cyclones tropicaux deviennent plus intenses. Il est trĂšs vraisemblable que les prĂ©cipitations augmentent aux latitudes Ă©levĂ©es, et vraisemblable quâelles diminuent dans la plupart des rĂ©gions Ă©mergĂ©es. Il est trĂšs vraisemblable que la circulation thermohaline de lâAtlantique Nord ralentisse au cours du XXIe siĂšcle, un rĂ©chauffement restant nĂ©anmoins projetĂ© dans ces rĂ©gions.
Dâici 2100, lâĂ©lĂ©vation du niveau de la mer pourrait ĂȘtre comprise entre 18 et 59 centimĂštres, valeurs qui ne tiennent cependant pas compte de lâaugmentation possible de la vitesse dâĂ©coulement des calottes de glace. Enfin, il est confirmĂ© que le rĂ©chauffement et lâĂ©lĂ©vation du niveau de la mer dus Ă lâhomme continueraient pendant des siĂšcles, mĂȘme si les concentrations des gaz Ă effet de serre Ă©taient stabilisĂ©es.
Que savons-nous de lâĂ©volution de notre climat ?
Le systĂšme climatique est complexe et son Ă©tude commence par lâobservation. Les nombreuses donnĂ©es obtenues, puis leur analyse, ont permis aux chercheurs de faire des progrĂšs spectaculaires. Nous avons dĂ©sormais une vision plus claire et mieux documentĂ©e des changements qui sont survenus, au cours des derniĂšres dĂ©cennies en particulier. Par exemple, nous savons que le climat sâest rĂ©chauffĂ© dâenviron 0,6 °C au cours du XXe siĂšcle. Il sâagit lĂ dâune valeur calculĂ©e Ă partir des moyennes annuelles obtenues en combinant les tempĂ©ratures mesurĂ©es Ă la surface des continents et des ocĂ©ans. Lâobtention de cette moyenne pour lâensemble de la planĂšte exige une analyse mĂ©ticuleuse dâun ensemble de donnĂ©es trĂšs diverses. On utilise Ă la fois des donnĂ©es obtenues dans les stations mĂ©tĂ©orologiques et Ă partir de bateaux, de satellites ou dâautres sources. Ces Ă©valuations sont rĂ©alisĂ©es indĂ©pendamment par diffĂ©rents groupes de recherche et il en rĂ©sulte une valeur bien dĂ©finie de la tempĂ©rature moyenne de la planĂšte. Câest un paramĂštre fondamental dont lâĂ©volution au cours du temps est Ă©galement bien connue.
Ainsi, on constate que les annĂ©es 1990 correspondent Ă la dĂ©cennie la plus chaude de la pĂ©riode â de 1861 Ă nos jours â sur laquelle les donnĂ©es instrumentales sont suffisantes pour Ă©valuer cette tempĂ©rature globale, tandis que 1998, caractĂ©risĂ©e par un Ă©vĂ©nement, El Niño, constitue lâannĂ©e record au moins jusquâen 2000. Ce record a pratiquement Ă©tĂ© Ă©galĂ© par lâannĂ©e 2005.
Avant 1861 environ, les donnĂ©es instrumentales sont insuffisantes pour dĂ©terminer une valeur moyenne de la tempĂ©rature Ă lâĂ©chelle du globe, et les autres paramĂštres climatiques sont encore moins bien connus. Pour documenter lâĂ©volution du climat, nous faisons appel Ă des mĂ©thodes indirectes â nous parlons alors de proxy â telles que lâanalyse de la croissance des cernes dâarbres. Ces mĂ©thodes nous permettent de reconstituer lâhistoire passĂ©e de notre climat, mais nous devons garder Ă lâesprit que de telles donnĂ©es ont leurs propres incertitudes et doivent ĂȘtre interprĂ©tĂ©es avec le plus grand soin. En outre, elles ne sont accessibles que dans certaines rĂ©gions. NĂ©anmoins, nous pouvons en dĂ©duire que, dans lâhĂ©misphĂšre Nord, le XXe siĂšcle a vraisemblablement Ă©tĂ© plus chaud que nâimporte quel autre siĂšcle du dernier millĂ©naire. Nous en savons beaucoup moins sur lâhĂ©misphĂšre Sud, dont une plus grande partie est couverte par des surfaces ocĂ©aniques moins propices Ă la reconstitution du climat.
Dans la seconde moitiĂ© du XXe siĂšcle, la couverture gĂ©ographique des stations est devenue suffisante pour dĂ©terminer que les tempĂ©ratures minimales journaliĂšres â normalement enregistrĂ©es la nuit â augmentaient deux fois plus vite que les valeurs maximales, avec pour consĂ©quence une diminution du contraste entre le jour et la nuit au cours des derniĂšres dĂ©cennies. Sur la mĂȘme pĂ©riode, la tempĂ©rature moyenne de surface a augmentĂ© deux fois moins vite au-dessus des ocĂ©ans que des continents. Ces deux observations correspondent Ă ce qui est attendu dans le cas dâun rĂ©chauffement liĂ© Ă lâaugmentation de lâeffet de serre.
Beaucoup dâautres observations, pertinentes vis-Ă -vis du changement climatique, sont disponibles. Il en est ainsi de lâextension gĂ©ographique des glaces et de lâenneigement, qui ont diminuĂ© au cours des derniĂšres dĂ©cennies. Sur cette pĂ©riode, la quantitĂ© de chaleur stockĂ©e dans lâocĂ©an sâest accrue significativement et le niveau de la mer sâest Ă©levĂ©, au cours du XXe siĂšcle, dâenviron 10 Ă 20 centimĂštres en moyenne.
Dâautres caractĂ©ristiques du climat sont moins bien ou moins prĂ©cisĂ©ment documentĂ©es. Ainsi, les prĂ©cipitations ont augmentĂ© dans certaines rĂ©gions continentales de lâhĂ©misphĂšre Nord, mais la couverture gĂ©ographique limitĂ©e des observations au-dessus des ocĂ©ans et dans lâhĂ©misphĂšre Sud rend difficile dâĂ©valuer la façon dont en moyenne y ont Ă©voluĂ© les prĂ©cipitations. Autre exemple, le phĂ©nomĂšne complexe connu sous le nom dâENSO (El Niño Southern Oscillation) sâest modifiĂ© depuis le milieu des annĂ©es 1970 : au cours des derniĂšres dĂ©cennies, ce phĂ©nomĂšne a Ă©tĂ© plus frĂ©quent quâauparavant et il a eu tendance Ă durer plus longtemps et Ă ĂȘtre plus intense.
Les causes Ă lâorigine du changement climatique
En parallĂšle aux observations qui mettent en exergue la rĂ©alitĂ© du changement climatique, dâautres travaux ont permis de mieux identifier les causes qui en sont Ă lâorigine. Les chercheurs parlent de « forçages » lorsquâils Ă©voquent les processus « externes » susceptibles dâentraĂźner un changement climatique. Certains sont dâorigine naturelle, tels le volcanisme et les variations de lâactivitĂ© solaire, dâautres â dits anthropiques â sont liĂ©s aux activitĂ©s humaines. Tel est le cas lorsque nos activitĂ©s augmentent la concentration de gaz Ă effet de serre dans lâatmosphĂšre. En outre, le climat peut se modifier sans que les forçages le soient, simplement parce que le systĂšme climatique est, de lui-mĂȘme, le siĂšge dâune variabilitĂ© (dite « interne »).
Un forçage particuliĂšrement bien documentĂ© est celui qui rĂ©sulte du changement de la concentration du gaz carbonique (CO2) dans lâatmosphĂšre. Depuis deux cent cinquante ans, celle-ci sâest accrue de plus de 30 %, cette information nous Ă©tant fournie Ă partir de mesures directes et trĂšs prĂ©cises depuis 1950 et dâanalyses de lâair piĂ©gĂ© dans les carottes de glace de lâAntarctique, auparavant. Les mesures peuvent ainsi ĂȘtre Ă©tendues, de façon fiable, loin dans le passĂ©. Les rĂ©sultats disponibles au moment du troisiĂšme rapport du Giec (le TAR pour Third Assessment Report) permettaient de dire avec confiance que depuis 420 000 ans les concentrations nâont jamais Ă©tĂ© aussi Ă©levĂ©es que celles atteintes actuellement. En fait, depuis 20 millions dâannĂ©es, la Terre nâa probablement jamais connu des concentrations en gaz carbonique supĂ©rieures Ă celles que nous connaissons aujourdâhui.
De façon trĂšs concrĂšte, la prise de conscience de la possibilitĂ© dâun changement climatique liĂ© aux activitĂ©s humaines doit beaucoup Ă ces mesures de gaz carbonique, et en particulier Ă lâenregistrement obtenu par Charles David Keeling (1928-2005). Dans les annĂ©es 1950, câest Keeling qui, le premier, a imaginĂ© et construit un systĂšme permettant de rĂ©aliser des mesures prĂ©cises de CO2, puis de mettre en Ă©vidence lâaugmentation de sa concentration atmosphĂ©rique. Lâanalyse isotopique a ensuite dĂ©montrĂ© que les activitĂ©s humaines en sont Ă lâorigine, car le gaz carbonique produit par les combustibles fossiles a une signature isotopique tout Ă fait reconnaissable.
Pourquoi sommes-nous si affirmatifs sur le rĂŽle des activitĂ©s humaines dans cette augmentation du CO2 dans lâatmosphĂšre ? BriĂšvement, ce sont les progrĂšs en chimie fondamentale qui ont permis aux chercheurs dâarriver Ă cette conclusion. Lâanalyse de la composition isotopique de lâair constitue un exemple fascinant de la façon dont progresse la recherche, et permet aux chercheurs de franchir des Ă©tapes a priori difficiles, comme câĂ©tait le cas lorsquâil sâest agi dâattribuer lâaugmentation du gaz carbonique aux activitĂ©s humaines. La plupart des Ă©lĂ©ments chimiques sont prĂ©sents sous la forme de diffĂ©rents isotopes, qui sont en fait des atomes du mĂȘme Ă©lĂ©ment mais avec d...
Table des matiĂšres
- Couverture
- Titre
- Copyright
- Dédicace
- Préface
- Introduction
- Chapitre 1 - Le groupe intergouvernemental dâexperts sur lâevolution du climat : le consensus a lâechelle planetaire
- Chapitre 2 - Effet de serre, bilan radiatif et nuages
- Chapitre 3 - Aerosols atmospheriques et changement climatique
- Chapitre 4 - Cycle global de lâeau et climat
- Chapitre 5 - Influence du changement climatique sur le cycle hydrologique continental
- Chapitre 6 - Lâocean et le climat
- Chapitre 7 - Glace et climat
- Chapitre 8 - Le cycle global du carbone
- Chapitre 9 - Les defis du changement climatique : implications et perspectives pour lâArctique
- Chapitre 10 - De certains impacts du changement climatique sur lâEurope et lâAtlantique
- Chapitre 11 - Interaction entre la chimie atmospherique et le climat
- Chapitre 12 - Le systeme dâobservation du climat
- Chapitre 13 - Climat et societe : la dimension humaine
- Conclusions
- Glossaire
- Références
- Remerciements
- Index