Comprendre le changement climatique
eBook - ePub

Comprendre le changement climatique

  1. 304 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub

Comprendre le changement climatique

À propos de ce livre

Le changement climatique est en marche, il s'accĂ©lĂšre. Il est, sans Ă©quivoque, stimulĂ© par les activitĂ©s humaines. Il est urgent de mieux apprĂ©hender sa nature, son ampleur et ses impacts potentiels. Cette conviction est partagĂ©e par tous les auteurs, experts français et amĂ©ricains de notoriĂ©tĂ© mondiale, de ce livre. Acteurs de la science du climat, ils sont aussi citoyens de deux pays dont les choix prĂ©sents, face Ă  cette situation, sont notoirement diffĂ©rents. Aider le public Ă  mieux comprendre les enjeux du changement climatique, faire la part des certitudes et des incertitudes sur lesquelles certains se fondent pour retarder l'action nĂ©cessaire, tel est l'objet de ce livre. Il est un appel Ă  agir, vite et ensemble. La sociĂ©tĂ© globale est confrontĂ©e au dĂ©fi d'une rĂ©ponse collective et efficace Ă  l'altĂ©ration du climat. Dans le passĂ©, certaines civilisations n'ont pas survĂ©cu Ă  la perturbation de leur environnement. Saurons-nous faire mieux ?Jean-Louis Fellous a notamment publiĂ© Avis de tempĂȘte. Expert du Centre national d'Ă©tudes spatiales auprĂšs de l'Agence spatiale europĂ©enne, il est le secrĂ©taire exĂ©cutif du ComitĂ© mondial des satellites d'observation de la Terre (Ceos) et coprĂ©side la Commission mondiale d'ocĂ©anographie et de mĂ©tĂ©orologie marine. Catherine Gautier est professeur au dĂ©partement de gĂ©ographie de l'UniversitĂ© de Californie Ă  Santa Barbara depuis 1990, et a dirigĂ© l'Institute for Computational Earth System de 1996 Ă  2002. Contributions de Jean-Claude AndrĂ©, Roberta Balstad, Olivier Boucher, Guy Brasseur, Moustafa T. Chahine, Marie-Lise Chanin, Philippe Ciais, Robert W. Corell, Jean-Claude Duplessy, Jean-Charles Hourcade, Jean Jouzel, Yoram J. Kaufman, Katia Laval, HervĂ© Le Treut, Jean-François Minster, Berrien Moore III, Pierre Morel, S. Ichtiaque Rasool, FrĂ©dĂ©rique RĂ©my, Raymond C. Smith, Richard C. J. Somerville, Eric F. Wood, Helen Wood et Carl Wunsch.

Foire aux questions

Oui, vous pouvez résilier à tout moment à partir de l'onglet Abonnement dans les paramÚtres de votre compte sur le site Web de Perlego. Votre abonnement restera actif jusqu'à la fin de votre période de facturation actuelle. Découvrez comment résilier votre abonnement.
Pour le moment, tous nos livres en format ePub adaptĂ©s aux mobiles peuvent ĂȘtre tĂ©lĂ©chargĂ©s via l'application. La plupart de nos PDF sont Ă©galement disponibles en tĂ©lĂ©chargement et les autres seront tĂ©lĂ©chargeables trĂšs prochainement. DĂ©couvrez-en plus ici.
Perlego propose deux forfaits: Essentiel et Intégral
  • Essentiel est idĂ©al pour les apprenants et professionnels qui aiment explorer un large Ă©ventail de sujets. AccĂ©dez Ă  la BibliothĂšque Essentielle avec plus de 800 000 titres fiables et best-sellers en business, dĂ©veloppement personnel et sciences humaines. Comprend un temps de lecture illimitĂ© et une voix standard pour la fonction Écouter.
  • IntĂ©gral: Parfait pour les apprenants avancĂ©s et les chercheurs qui ont besoin d’un accĂšs complet et sans restriction. DĂ©bloquez plus de 1,4 million de livres dans des centaines de sujets, y compris des titres acadĂ©miques et spĂ©cialisĂ©s. Le forfait IntĂ©gral inclut Ă©galement des fonctionnalitĂ©s avancĂ©es comme la fonctionnalitĂ© Écouter Premium et Research Assistant.
Les deux forfaits sont disponibles avec des cycles de facturation mensuelle, de 4 mois ou annuelle.
Nous sommes un service d'abonnement Ă  des ouvrages universitaires en ligne, oĂč vous pouvez accĂ©der Ă  toute une bibliothĂšque pour un prix infĂ©rieur Ă  celui d'un seul livre par mois. Avec plus d'un million de livres sur plus de 1 000 sujets, nous avons ce qu'il vous faut ! DĂ©couvrez-en plus ici.
Recherchez le symbole Écouter sur votre prochain livre pour voir si vous pouvez l'Ă©couter. L'outil Écouter lit le texte Ă  haute voix pour vous, en surlignant le passage qui est en cours de lecture. Vous pouvez le mettre sur pause, l'accĂ©lĂ©rer ou le ralentir. DĂ©couvrez-en plus ici.
Oui ! Vous pouvez utiliser l’application Perlego sur appareils iOS et Android pour lire Ă  tout moment, n’importe oĂč — mĂȘme hors ligne. Parfait pour les trajets ou quand vous ĂȘtes en dĂ©placement.
Veuillez noter que nous ne pouvons pas prendre en charge les appareils fonctionnant sous iOS 13 ou Android 7 ou versions antĂ©rieures. En savoir plus sur l’utilisation de l’application.
Oui, vous pouvez accéder à Comprendre le changement climatique par Jean-Louis Fellous,Catherine Gautier en format PDF et/ou ePUB ainsi qu'à d'autres livres populaires dans Sciences biologiques et Science environnementale. Nous disposons de plus d'un million d'ouvrages à découvrir dans notre catalogue.

Informations

Éditeur
Odile Jacob
Année
2007
Imprimer l'ISBN
9782738118455
Chapitre 1
Le groupe intergouvernemental d’experts
sur l’evolution du climat :
le consensus a l’echelle planetaire
par Jean Jouzel et Richard C. J. Somerville
« C’est ainsi que la tempĂ©rature est augmentĂ©e par l’interposition de l’atmosphĂšre, parce que la chaleur trouve moins d’obstacle pour pĂ©nĂ©trer l’air Ă©tant Ă  l’état de lumiĂšre, qu’elle n’en trouve pour repasser dans l’air lorsqu’elle est convertie en chaleur obscure. »
Joseph FOURIER,
MĂ©moire sur les tempĂ©ratures du globe terrestre et des espaces planĂ©taires, MĂ©moires de l’AcadĂ©mie des sciences, t. 7, p. 569-604, 1824 (imprimĂ© en 1827).
« After all, what’s the use of having developed a science well enough to make predictions, if in the end all we’re willing to do is stand around and wait for them to come true ? »
F. Sherwood ROLAND,
lauréat du prix Nobel de chimie 1995.
Les résultats principaux du quatriÚme rapport du Giec (2007)
Le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (Giec) a publiĂ© quatre rapports, en 19901, 19952, 20013,4et 20075. Ces rapports, qui font la synthĂšse des informations les plus pertinentes sur le problĂšme du changement climatique, font largement autoritĂ©. DestinĂ©s, en premier lieu, aux dĂ©cideurs, ils intĂ©ressent en fait une communautĂ© beaucoup plus large : ils sont, par exemple, largement utilisĂ©s comme textes de rĂ©fĂ©rence dans le domaine de l’éducation. Dans l’encart ci-aprĂšs, nous rĂ©sumons les principaux rĂ©sultats actuellement disponibles sur les aspects scientifiques de l’évolution du climat, tels qu’ils sont prĂ©sentĂ©s dans le rapport 2007 du Giec (AR4 pour Assessment Report number 4).
La rĂ©union qui a conduit Ă  l’approbation du rapport du groupe scientifique du Giec s’est, Ă  l’invitation de la France, tenue Ă  Paris au dĂ©but de l’annĂ©e 2007. Elle a marquĂ© la premiĂšre Ă©tape d’un processus qui conduira Ă  la publication du 4e rapport (AR4), et a Ă©tĂ© suivie de rĂ©unions d’approbation du mĂȘme type Ă  Bruxelles (groupe II), puis Ă  Bangkok (groupe III). Enfin, en novembre 2007, sera examinĂ©, Ă  Valence, le rapport de synthĂšse portant sur l’ensemble des aspects du changement climatique.
La prĂ©sentation du document approuvĂ© Ă  Paris, lors d’une confĂ©rence de presse qui s’est tenue le 2 fĂ©vrier, a eu un trĂšs grand Ă©cho aussi bien en France qu’à l’étranger. ApprouvĂ© par consensus, ligne Ă  ligne, par les reprĂ©sentants des cent treize gouvernements ayant participĂ© Ă  cet Ă©vĂ©nement, le texte final ne diffĂšre que dans sa forme de celui prĂ©parĂ© par la communautĂ© du Giec, et mis sur la table au dĂ©but de la confĂ©rence. Aucune des conclusions auxquelles les scientifiques ont abouti aprĂšs plus de deux ans de travail n’a Ă©tĂ© remise en cause, et les conclusions des rapports prĂ©cĂ©dents en sortent, en rĂšgle gĂ©nĂ©rale, renforcĂ©es.
Ce nouveau rapport confirme l’augmentation depuis 1750 des concentrations en gaz carbonique – dont il est notĂ© qu’elles dĂ©passent de loin celles qui ont Ă©tĂ© observĂ©es au cours des 650 000 derniĂšres annĂ©es –, en mĂ©thane et en protoxyde d’azote. Cette augmentation est principalement due Ă  l’utilisation des combustibles fossiles et au changement d’utilisation des terres, dans le cas du gaz carbonique, et Ă  l’agriculture pour les deux autres gaz Ă  effet de serre. Le forçage radiatif combinĂ© de ces trois gaz Ă  effet de serre est de 2,3 Wm–2, et les forçages, directs et indirects, liĂ©s aux aĂ©rosols rĂ©sultant des activitĂ©s humaines sont dĂ©sormais mieux compris. C’est avec une trĂšs grande confiance que le rapport estime que l’effet moyen global des activitĂ©s humaines a Ă©tĂ© un rĂ©chauffement, avec une estimation du forçage radiatif Ă©gale Ă  1,6 Wm–2. Le forçage liĂ© aux variations de l’activitĂ© solaire depuis 1750 a Ă©tĂ© revu Ă  la baisse ; il est maintenant estimĂ© Ă  0,12 Wm–2.
Le rĂ©chauffement du systĂšme climatique est dĂ©sormais sans Ă©quivoque, car il est observĂ© non seulement dans l’atmosphĂšre, mais aussi dans l’ocĂ©an, dans la fonte gĂ©nĂ©ralisĂ©e de la neige et des glaces, et dans l’élĂ©vation du niveau de la mer. Ainsi onze des douze derniĂšres annĂ©es ont, en moyenne globale, Ă©tĂ© plus chaudes que toutes celles qui les ont prĂ©cĂ©dĂ©es depuis 1860. Des changements ont Ă©tĂ© Ă©galement observĂ©s aux Ă©chelles rĂ©gionales ; ils concernent des paramĂštres tels que l’étendue des neiges et des glaces dans les rĂ©gions de l’Arctique, les quantitĂ©s de prĂ©cipitations, la salinitĂ© de l’ocĂ©an, les structures des vents et des aspects de situations mĂ©tĂ©orologiques extrĂȘmes, comme les sĂ©cheresses, les fortes prĂ©cipitations et les vagues de chaleur. Enfin, les informations palĂ©oclimatiques confirment que le rĂ©chauffement des cinquante derniĂšres annĂ©es est atypique sur les derniers 1 300 ans au moins.
La relation entre ce rĂ©chauffement et l’augmentation de l’effet de serre liĂ© aux activitĂ©s humaines est trĂšs clairement Ă©tablie : « L’essentiel du rĂ©chauffement des cinquante derniĂšres annĂ©es est trĂšs vraisemblablement dĂ» Ă  l’accroissement de l’effet de serre. » De vraisemblablement en 2001 (soit deux chances sur trois dans le langage du Giec), nous sommes ainsi passĂ©s Ă  trĂšs vraisemblablement (neuf chances sur dix). De plus, on peut maintenant discerner des influences humaines dans d’autres aspects du climat, comme le rĂ©chauffement de l’ocĂ©an, de diffĂ©rents continents et l’évolution des tempĂ©ratures extrĂȘmes et des vents.
Il est notĂ© que les projections faites dans les deux premiers rapports se vĂ©rifient, ce qui donne confiance dans les modĂšles climatiques utilisĂ©s. L’analyse de ces modĂšles en regard des observations permet d’ailleurs, pour la premiĂšre fois, de donner une fourchette vraisemblable pour la sensibilitĂ© climatique. DĂ©finie comme le rĂ©chauffement global de surface Ă  la suite d’un doublement de la concentration en gaz carbonique, cette sensibilitĂ© est vraisemblablement comprise entre 2 et 4,5 °C, avec une valeur probable de 3 °C.
Les projections Ă  horizon 2100 confirment largement celles prĂ©sentĂ©es dans le rapport prĂ©cĂ©dent. On s’attend Ă  ce que le couplage entre le climat et le cycle du carbone en prĂ©sence du rĂ©chauffement ajoute encore du gaz carbonique dans l’atmosphĂšre, mais l’ampleur de cette rĂ©action est incertaine. Pour un ensemble de six scĂ©narios d’émission, et en tenant compte de ce couplage et des incertitudes associĂ©es, les meilleures estimations du rĂ©chauffement global sont comprises entre 1,8 et 4 °C avec une fourchette comprise entre 1,1 et 6,4 °C (Ă  comparer avec la fourchette 1,4-5,8 °C du 3e rapport). Pour les deux prochaines dĂ©cennies, le rĂ©chauffement simulĂ© est d’environ 0,2 °C par dĂ©cennie, et ce, indĂ©pendamment du scĂ©nario d’émission, car Ă  cause de l’inertie du systĂšme climatique, ce rĂ©chauffement est largement le rĂ©sultat de l’augmentation de l’effet de serre enregistrĂ©e au cours de la seconde partie du XXe siĂšcle. Une autre consĂ©quence de cette inertie est que, mĂȘme si les concentrations de tous les gaz Ă  effet de serre et des aĂ©rosols avaient Ă©tĂ© maintenues constantes au niveau de 2000, se produirait un rĂ©chauffement d’environ 0,1 °C par dĂ©cennie.
On possĂšde maintenant une confiance bien meilleure dans les caractĂ©ristiques d’échelle rĂ©gionale, et dans les modifications qui affecteront les vents, les prĂ©cipitations, et certains aspects des extrĂȘmes et de l’évolution des neiges et des glaces. Ainsi, il est vraisemblable que les cyclones tropicaux deviennent plus intenses. Il est trĂšs vraisemblable que les prĂ©cipitations augmentent aux latitudes Ă©levĂ©es, et vraisemblable qu’elles diminuent dans la plupart des rĂ©gions Ă©mergĂ©es. Il est trĂšs vraisemblable que la circulation thermohaline de l’Atlantique Nord ralentisse au cours du XXIe siĂšcle, un rĂ©chauffement restant nĂ©anmoins projetĂ© dans ces rĂ©gions.
D’ici 2100, l’élĂ©vation du niveau de la mer pourrait ĂȘtre comprise entre 18 et 59 centimĂštres, valeurs qui ne tiennent cependant pas compte de l’augmentation possible de la vitesse d’écoulement des calottes de glace. Enfin, il est confirmĂ© que le rĂ©chauffement et l’élĂ©vation du niveau de la mer dus Ă  l’homme continueraient pendant des siĂšcles, mĂȘme si les concentrations des gaz Ă  effet de serre Ă©taient stabilisĂ©es.
Que savons-nous de l’évolution de notre climat ?
Le systĂšme climatique est complexe et son Ă©tude commence par l’observation. Les nombreuses donnĂ©es obtenues, puis leur analyse, ont permis aux chercheurs de faire des progrĂšs spectaculaires. Nous avons dĂ©sormais une vision plus claire et mieux documentĂ©e des changements qui sont survenus, au cours des derniĂšres dĂ©cennies en particulier. Par exemple, nous savons que le climat s’est rĂ©chauffĂ© d’environ 0,6 °C au cours du XXe siĂšcle. Il s’agit lĂ  d’une valeur calculĂ©e Ă  partir des moyennes annuelles obtenues en combinant les tempĂ©ratures mesurĂ©es Ă  la surface des continents et des ocĂ©ans. L’obtention de cette moyenne pour l’ensemble de la planĂšte exige une analyse mĂ©ticuleuse d’un ensemble de donnĂ©es trĂšs diverses. On utilise Ă  la fois des donnĂ©es obtenues dans les stations mĂ©tĂ©orologiques et Ă  partir de bateaux, de satellites ou d’autres sources. Ces Ă©valuations sont rĂ©alisĂ©es indĂ©pendamment par diffĂ©rents groupes de recherche et il en rĂ©sulte une valeur bien dĂ©finie de la tempĂ©rature moyenne de la planĂšte. C’est un paramĂštre fondamental dont l’évolution au cours du temps est Ă©galement bien connue.
Ainsi, on constate que les annĂ©es 1990 correspondent Ă  la dĂ©cennie la plus chaude de la pĂ©riode – de 1861 Ă  nos jours – sur laquelle les donnĂ©es instrumentales sont suffisantes pour Ă©valuer cette tempĂ©rature globale, tandis que 1998, caractĂ©risĂ©e par un Ă©vĂ©nement, El Niño, constitue l’annĂ©e record au moins jusqu’en 2000. Ce record a pratiquement Ă©tĂ© Ă©galĂ© par l’annĂ©e 2005.
Avant 1861 environ, les donnĂ©es instrumentales sont insuffisantes pour dĂ©terminer une valeur moyenne de la tempĂ©rature Ă  l’échelle du globe, et les autres paramĂštres climatiques sont encore moins bien connus. Pour documenter l’évolution du climat, nous faisons appel Ă  des mĂ©thodes indirectes – nous parlons alors de proxy – telles que l’analyse de la croissance des cernes d’arbres. Ces mĂ©thodes nous permettent de reconstituer l’histoire passĂ©e de notre climat, mais nous devons garder Ă  l’esprit que de telles donnĂ©es ont leurs propres incertitudes et doivent ĂȘtre interprĂ©tĂ©es avec le plus grand soin. En outre, elles ne sont accessibles que dans certaines rĂ©gions. NĂ©anmoins, nous pouvons en dĂ©duire que, dans l’hĂ©misphĂšre Nord, le XXe siĂšcle a vraisemblablement Ă©tĂ© plus chaud que n’importe quel autre siĂšcle du dernier millĂ©naire. Nous en savons beaucoup moins sur l’hĂ©misphĂšre Sud, dont une plus grande partie est couverte par des surfaces ocĂ©aniques moins propices Ă  la reconstitution du climat.
Dans la seconde moitiĂ© du XXe siĂšcle, la couverture gĂ©ographique des stations est devenue suffisante pour dĂ©terminer que les tempĂ©ratures minimales journaliĂšres – normalement enregistrĂ©es la nuit – augmentaient deux fois plus vite que les valeurs maximales, avec pour consĂ©quence une diminution du contraste entre le jour et la nuit au cours des derniĂšres dĂ©cennies. Sur la mĂȘme pĂ©riode, la tempĂ©rature moyenne de surface a augmentĂ© deux fois moins vite au-dessus des ocĂ©ans que des continents. Ces deux observations correspondent Ă  ce qui est attendu dans le cas d’un rĂ©chauffement liĂ© Ă  l’augmentation de l’effet de serre.
Beaucoup d’autres observations, pertinentes vis-Ă -vis du changement climatique, sont disponibles. Il en est ainsi de l’extension gĂ©ographique des glaces et de l’enneigement, qui ont diminuĂ© au cours des derniĂšres dĂ©cennies. Sur cette pĂ©riode, la quantitĂ© de chaleur stockĂ©e dans l’ocĂ©an s’est accrue significativement et le niveau de la mer s’est Ă©levĂ©, au cours du XXe siĂšcle, d’environ 10 Ă  20 centimĂštres en moyenne.
D’autres caractĂ©ristiques du climat sont moins bien ou moins prĂ©cisĂ©ment documentĂ©es. Ainsi, les prĂ©cipitations ont augmentĂ© dans certaines rĂ©gions continentales de l’hĂ©misphĂšre Nord, mais la couverture gĂ©ographique limitĂ©e des observations au-dessus des ocĂ©ans et dans l’hĂ©misphĂšre Sud rend difficile d’évaluer la façon dont en moyenne y ont Ă©voluĂ© les prĂ©cipitations. Autre exemple, le phĂ©nomĂšne complexe connu sous le nom d’ENSO (El Niño Southern Oscillation) s’est modifiĂ© depuis le milieu des annĂ©es 1970 : au cours des derniĂšres dĂ©cennies, ce phĂ©nomĂšne a Ă©tĂ© plus frĂ©quent qu’auparavant et il a eu tendance Ă  durer plus longtemps et Ă  ĂȘtre plus intense.
Les causes à l’origine du changement climatique
En parallĂšle aux observations qui mettent en exergue la rĂ©alitĂ© du changement climatique, d’autres travaux ont permis de mieux identifier les causes qui en sont Ă  l’origine. Les chercheurs parlent de « forçages » lorsqu’ils Ă©voquent les processus « externes » susceptibles d’entraĂźner un changement climatique. Certains sont d’origine naturelle, tels le volcanisme et les variations de l’activitĂ© solaire, d’autres – dits anthropiques – sont liĂ©s aux activitĂ©s humaines. Tel est le cas lorsque nos activitĂ©s augmentent la concentration de gaz Ă  effet de serre dans l’atmosphĂšre. En outre, le climat peut se modifier sans que les forçages le soient, simplement parce que le systĂšme climatique est, de lui-mĂȘme, le siĂšge d’une variabilitĂ© (dite « interne »).
Un forçage particuliĂšrement bien documentĂ© est celui qui rĂ©sulte du changement de la concentration du gaz carbonique (CO2) dans l’atmosphĂšre. Depuis deux cent cinquante ans, celle-ci s’est accrue de plus de 30 %, cette information nous Ă©tant fournie Ă  partir de mesures directes et trĂšs prĂ©cises depuis 1950 et d’analyses de l’air piĂ©gĂ© dans les carottes de glace de l’Antarctique, auparavant. Les mesures peuvent ainsi ĂȘtre Ă©tendues, de façon fiable, loin dans le passĂ©. Les rĂ©sultats disponibles au moment du troisiĂšme rapport du Giec (le TAR pour Third Assessment Report) permettaient de dire avec confiance que depuis 420 000 ans les concentrations n’ont jamais Ă©tĂ© aussi Ă©levĂ©es que celles atteintes actuellement. En fait, depuis 20 millions d’annĂ©es, la Terre n’a probablement jamais connu des concentrations en gaz carbonique supĂ©rieures Ă  celles que nous connaissons aujourd’hui.
De façon trĂšs concrĂšte, la prise de conscience de la possibilitĂ© d’un changement climatique liĂ© aux activitĂ©s humaines doit beaucoup Ă  ces mesures de gaz carbonique, et en particulier Ă  l’enregistrement obtenu par Charles David Keeling (1928-2005). Dans les annĂ©es 1950, c’est Keeling qui, le premier, a imaginĂ© et construit un systĂšme permettant de rĂ©aliser des mesures prĂ©cises de CO2, puis de mettre en Ă©vidence l’augmentation de sa concentration atmosphĂ©rique. L’analyse isotopique a ensuite dĂ©montrĂ© que les activitĂ©s humaines en sont Ă  l’origine, car le gaz carbonique produit par les combustibles fossiles a une signature isotopique tout Ă  fait reconnaissable.
Pourquoi sommes-nous si affirmatifs sur le rĂŽle des activitĂ©s humaines dans cette augmentation du CO2 dans l’atmosphĂšre ? BriĂšvement, ce sont les progrĂšs en chimie fondamentale qui ont permis aux chercheurs d’arriver Ă  cette conclusion. L’analyse de la composition isotopique de l’air constitue un exemple fascinant de la façon dont progresse la recherche, et permet aux chercheurs de franchir des Ă©tapes a priori difficiles, comme c’était le cas lorsqu’il s’est agi d’attribuer l’augmentation du gaz carbonique aux activitĂ©s humaines. La plupart des Ă©lĂ©ments chimiques sont prĂ©sents sous la forme de diffĂ©rents isotopes, qui sont en fait des atomes du mĂȘme Ă©lĂ©ment mais avec d...

Table des matiĂšres

  1. Couverture
  2. Titre
  3. Copyright
  4. Dédicace
  5. Préface
  6. Introduction
  7. Chapitre 1 - Le groupe intergouvernemental d’experts sur l’evolution du climat : le consensus a l’echelle planetaire
  8. Chapitre 2 - Effet de serre, bilan radiatif et nuages
  9. Chapitre 3 - Aerosols atmospheriques et changement climatique
  10. Chapitre 4 - Cycle global de l’eau et climat
  11. Chapitre 5 - Influence du changement climatique sur le cycle hydrologique continental
  12. Chapitre 6 - L’ocean et le climat
  13. Chapitre 7 - Glace et climat
  14. Chapitre 8 - Le cycle global du carbone
  15. Chapitre 9 - Les defis du changement climatique : implications et perspectives pour l’Arctique
  16. Chapitre 10 - De certains impacts du changement climatique sur l’Europe et l’Atlantique
  17. Chapitre 11 - Interaction entre la chimie atmospherique et le climat
  18. Chapitre 12 - Le systeme d’observation du climat
  19. Chapitre 13 - Climat et societe : la dimension humaine
  20. Conclusions
  21. Glossaire
  22. Références
  23. Remerciements
  24. Index