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La Tentation du repli
Mondialisation, démondialisation (XVe-XXIe siècles)
- 256 pages
- French
- ePUB (adapté aux mobiles)
- Disponible sur iOS et Android
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À propos de ce livre
Toute expansion porte en elle la tentation du repli. Toute mondialisation accouche de son mouvement contraire, la démondialisation. Philippe Moreau Defarges nous propose avec ce livre une histoire du monde, de sa conquête par les hommes, des flux et reflux de leurs avancées. Trois mondialisations-démondialisations se sont succédé depuis les grandes découvertes à la Renaissance. La dernière, qui a débuté à la fin du XXe siècle, opère actuellement un retournement spectaculaire dont la politique de Donald Trump est sans doute le symptôme le plus évident. Après avoir dressé un panorama de ces trois mondialisations et des réactions de rejet qu'elles ont suscitées – fermeture des empires, idéologies défensives… –, Philippe Moreau Defarges s'interroge : la démondialisation est-elle porteuse d'un avenir pour l'humanité ? Faut-il renoncer au magnifique moteur qu'est l'idée de progrès ? Écrit d'une plume nerveuse, parcourant les « fleuves boueux de l'histoire », ce livre explore une thématique fondamentale de notre humanité et de son devenir. Ancien diplomate, chercheur à l'Institut français des relations internationales (IFRI), Philippe Moreau Defarges a enseigné à Sciences Po (Paris) et codirigé le rapport RAMSES (IFRI). Il est l'auteur d'ouvrages d'histoire des relations internationales et de géopolitique qui ont été de grands succès de librairie.
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Informations
CHAPITRE 1
Lorsqu’un mot paraît…
Qu’un mot paraisse, et le monde se trouve totalement changé. Ce mot peut très vite être englouti dans le fleuve agité des modes, il peut aussi s’installer et s’imposer comme incontournable. Ce mot trouve alors de multiples pères, il est et doit rester peu ou mal défini, brandi tant par des politiques que par des intellectuels. Tel un aimant, le terme attire toutes sortes d’interprétations et de manipulations. Ce mot ouvre des possibles se révélant bientôt être des impasses ou accouchant d’expériences destructrices. Le mot est là, il ne filera pas à l’anglaise mais s’enkystera tant qu’il n’aura pas rongé la substance intime des sociétés qui l’hébergent, celles-ci se persuadant qu’elles disposent avec ce mot de la potion magique qui les protégera contre l’angoisse du futur. Ainsi, par exemple, aujourd’hui, le terme de démondialisation (en anglais, deglobalization).
De la mondialisation à la démondialisation
Le terme mondialisation commence à rôder dès la Première Guerre mondiale, notamment sous l’impulsion d’un de ces touche-à-tout pleins de rêves futuristes, le Belge Paul Otlet (1868-1944). C’est dans les dernières décennies du XXe siècle que se diffusent les notions de « globalization » et de « mondialisation ». Les flux financiers d’abord mais aussi d’innombrables circulations (délocalisations d’entreprises, transports aériens et autres, migrations de tous types…) se multiplient. Notre planète est pénétrée et liée par les flux et les réseaux d’une densité et d’une diversité sans précédent.
L’altermondialisme prend forme dans les années 1980, sur les cendres de la révolution prolétarienne marxiste-léniniste. Les années de plomb (décennie 1970) s’achèvent sur la défaite des gauchismes et radicalismes européens (Fraction Armée rouge ou bande à Baader en Allemagne fédérale, Brigades rouges en Italie) contre le capitalisme occidental. L’ouvriérisme, l’usine comme foyer de la lutte des classes rejoignent le magasin des mythes démodés. L’antagonisme Est-Ouest prend fin, avec, en 1985, la venue au pouvoir de Mikhaïl Gorbatchev en Union soviétique. Le Sud se libère des nationalismes fermés sur eux-mêmes et de l’obsession d’autosuffisance économique, il entre pleinement sur la scène mondiale avec ses appétits de développement ou même d’enrichissement.
L’altermondialisme inclut les courants de pensée, ainsi que les ébauches ou constructions institutionnelles, préconisant « une autre mondialisation » non plus mue par la compétition capitaliste mais par l’urgence d’organiser une administration globale de la Terre et de ses ressources face au double défi démographique (depuis 1950, triplement de la population humaine et vieillissement massif) et écologique (exploitation industrielle de la planète).
L’an 2000 approchant, des propositions pour un monde équitable, bâti non par les détenteurs du pouvoir officiel mais par les sociétés elles-mêmes, s’installent dans les débats publics. En 1998, est créée en France, dans l’orbite du Monde diplomatique, l’Association pour la taxation des transactions financières et pour l’action citoyenne (ATTAC). ATTAC incarne l’autre mondialisation, non pas celle venant des multinationales et des États, mais celle émanant des acteurs sociaux : concentration sur des enjeux concrets et précis (évasion et fraude fiscales) ; internationalisation décentralisée (formation « spontanée » dans plusieurs États de comités locaux d’ATTAC) ; souci de ne pas séparer l’économique, le social et le politique et de refonder la citoyenneté moins sur des droits dits formels (libertés de l’individu) que sur des impératifs dits matériels (répartition des charges publiques, prise en compte des coûts écologiques) ; recrutement dans les cercles enracinés dans la vie associative (syndicalistes, enseignants, juristes…). ATTAC, comme tout mouvement refusant une institutionnalisation rigide et verticale, ne manque pas se déchirer souvent autour de controverses byzantines. ATTAC n’est qu’une illustration parmi tant d’autres de la quête tâtonnante d’une mondialisation dotée d’une gouvernance globale, promouvant des formes de solidarité et de justice planétaires.
Du 25 au 30 janvier 2001 se tient à Porto Alegre (Brésil) le premier Forum social mondial (FSM). Cette rencontre se veut une réponse au Forum économique mondial (World Economic Forum, WEF). Ce dernier réunit depuis 1971, en janvier, à Davos, sous la direction du professeur suisse Klaus M. Schwab, les maîtres du monde, plus précisément les plus hauts responsables économiques, financiers et aussi politiques. Le WEF institue ou prétend instituer une gouvernance informelle du système économique mondial ; rien n’est imposé, tout est discuté et négocié, chacun tirant ses conclusions. Le FSM, lui, a pour ambition de rassembler les laissés de côté, les oubliés des interdépendances planétaires. Ainsi s’ébauche une scène politique mondiale, échappant aux États ou les contournant.
L’antimondialisation s’inscrit dans le sillage de l’altermondialisme. À la différence de ce dernier, qui se pérennise par un travail d’institutionnalisation et s’efforce d’élaborer une vision cohérente d’une autre mondialisation, l’antimondialisation recouvre toutes les réactions de rejet de la mondialisation. L’antimondialisation se cristallise à la fin des années 1990, notamment lors des sommets internationaux (en particulier lors de la réunion de l’Organisation mondiale du commerce à Seattle, Canada, les 29-30 novembre 1999). Il s’agit de montrer aux promoteurs arrogants de la mondialisation dite néolibérale que leurs vérités ne sont pas acceptées. L’antimondialisation, comme bien des oppositions, fait se rejoindre les extrêmes, extrême droite toujours déchaînée contre une modernité maléfique, extrême gauche ne renonçant pas à réinventer son rêve de société parfaite.
Dans les années 2000, l’antimondialisation se trouve dans le moment créateur ou dans la phase infantile, où les clivages demeurent fluctuants et le pouvoir reste à prendre. Les oppositions traditionnelles persistent : idéalistes contre réalistes, dogmatiques contre pragmatiques, bâtisseurs de coalitions contre organisateurs de forteresses tirant leur force du rejet de toute concession. Dans les couloirs se faufilent déjà ceux qui l’emporteront probablement et s’entre-tueront, individus avides de pouvoir pour lesquels seules importent la volonté et la capacité de montrer aux autres qui décide et se fait obéir. Les phénomènes d’antimondialisation, par leur effervescence, leurs multiples divisions et recompositions, évoquent les socialismes utopiques de la première moitié du XIXe siècle ou les balbutiements des mouvements écologistes dans les années 1970.
Face à l’agenda libre-échangiste et multilatéraliste de Davos, ni l’altermondialisme ni l’antimondialisation n’offrent un programme précis et cohérent. Ils revendiquent un monde plus égal, plus juste, plus soucieux des damnés de la Terre. Mais les questions centrales, celles qui décident de tout et pulvérisent les plus harmonieux consensus, restent à poser et à débattre : qu’est-ce que la richesse ? Comment la créer ou l’obtenir ? De quelle manière la partager ?
L’opposition à la mondialisation subit une amplification et une accélération avec l’effondrement du marché immobilier américain (crise des subprimes, 2007-2008), dans un climat de lutte des classes entre de minces couches supérieures très riches et des classes moyennes s’appauvrissant (montée des inégalités ressentie comme irréversible – en 2015, 1 % de la population concentrait la moitié de la richesse mondiale – et installant cette question au centre des débats politiques). Comme lors de tout commencement, la contestation s’exprime de manière éclatée, par des poussées anarchiques, s’épanouissant pour disparaître ou s’organiser avec des succès inégaux, plus ou moins durables mais incontestables et irréversibles : Mouvement 5 étoiles en Italie (octobre 2009), mouvement des Indignés ou Mouvement 15-M en Espagne (mai 2011), Occupy Wall Street à New York (septembre 2011), Nuit debout à Paris (mars 2016)… Deux dynamiques unissent ces phénomènes : dénonciation frontale des élites pour incompétence, rapacité et trahison de leur devoir de responsabilité ; souci d’ancrer ces réactions au-delà de l’Occident, en particulier en les liant alors à la révolte des printemps arabes contre des présidents inamovibles. Dans ces mouvements volatils, tout se mêle, tout circule encore, des aspirations libertaires aux revendications d’utopie sociale. Les populismes prospèrent sur ce terreau riche et plein de contradictions, n’en retenant que ce qui leur convient (l’instauration d’un ordre enfin parfait) et n’ayant aucun scrupule à détourner ces poussées d’idéalisme vers leur unique priorité : la venue au pouvoir d’un homme providentiel, d’un sauveur qui fera advenir et incarnera cet ordre parfait.
L’idée de démondialisation est, semble-t-il, formulée pour la première fois en 2002 par le penseur philippin Walden Bello (né en1945) dans Deglobalization : Ideas for a New World Economy. Le terme accroche tout de suite, renvoyant à l’une de démarches les plus constantes de l’homme : défaire ce qui a été fait, comme, dans ces films projetés à l’envers, où ce qui était en miettes retrouve son unité originelle. Le vase brisé se reconstituerait dans son intégrité première. Impossible ! On ne revient jamais en arrière, sauf au cinéma ! Peut-être… Pourquoi ce qui est impossible aujourd’hui ne deviendrait-il pas possible demain ? Walden Bello esquive l’interrogation ou la déplace. Il ne s’agit pas de démondialiser, de revenir en arrière mais, par des actions sociales et politiques, de réorienter la mondialisation tant en mettant fin au démantèlement de to...
Table des matières
- Couverture
- Titre
- Copyright
- CHAPITRE 1 - Lorsqu’un mot paraît…
- CHAPITRE 2 - Première déferlante : la réunification biologique
- CHAPITRE 3 - Deuxième déferlante : la première mondialisation/ démondialisation
- CHAPITRE 4 - Troisième déferlante : la Terre connectée ou/et ligotée
- CHAPITRE 5 - La démondialisation n’aura pas lieu
- Chronologie
- Bibliographie
- Index
- Table