Un nouveau monde économique
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Un nouveau monde économique

Mesurer le bien-être et la soutenabilité au XXIe siècle

  1. 256 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Un nouveau monde économique

Mesurer le bien-être et la soutenabilité au XXIe siècle

À propos de ce livre

Le divorce entre les citoyens et leurs gouvernements est consommé. Ce livre arrive à point nommé. Il montre qu'on ne pourra pas se contenter de perfectionner le PIB et les indicateurs conventionnels si l'on veut donner du sens au monde économique du XXIe siècle. Prenant en compte les préoccupations des Français (accroissement du revenu, réduction des inégalités, emploi), des instruments de mesure existent déjà, offrant une perspective radicalement différente de « la croissance » (du PIB). D'autres indicateurs, plus récents, appréhendent des dimensions tout aussi essentielles du bien-être telles que la santé, l'éducation et la confiance ou encore la compatibilité du développement humain avec les défis écologiques. Véritables marqueurs de civilisation, ils peuvent réenchanter le débat public. Ce livre explique comment ces indicateurs de bien-être et de soutenabilité peuvent servir de boussoles pour de nouvelles politiques et de nouvelles pratiques, et ce à tous les échelons, de la construction européenne à nos territoires. Mesurer, c'est gouverner ! Éloi Laurent est économiste senior à l'OFCE. Il enseigne les indicateurs de bien-être et de soutenabilité à Sciences Po et à l'Université Stanford. Jacques Le Cacheux est professeur d'économie à l'université de Pau et conseiller scientifique à l'OFCE. Il a été l'un des rapporteurs de la commission Stiglitz. 

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Informations

Éditeur
Odile Jacob
Année
2015
Imprimer l'ISBN
9782738132901

PARTIE 1

LE BIEN-ÊTRE



CHAPITRE 1

Gagner sa vie (le revenu)


Il est particulièrement intéressant de se lancer à l’abordage de la vaste et pour tout dire océanique question du bien-être humain en partant des instruments de mesure les plus simples du bien-être économique des individus, à commencer par leur revenu. On perçoit alors immédiatement à quel point le PIB, indicateur de référence des conditions matérielles d’existence dans le débat public, peut donner une image faussée de la réalité économique. À l’inverse, la connaissance et l’usage des indicateurs de revenu, du plus élémentaire au plus sophistiqué, peuvent considérablement éclairer le monde économique contemporain, renseigner sur sa complexité et orienter les décideurs vers des politiques publiques judicieuses.
Distinguer PIB et revenu, ce n’est pas seulement remarquer, comme on l’a fait dans l’introduction, que le « produit » « intérieur » « brut » n’est par construction ni « non marchand1 », ni « national », ni « net ». C’est, plus fondamentalement encore, établir une distinction entre la production de richesses et leur répartition effective entre les membres de la société.
Mesurer le revenu, c’est évaluer le « revenu des ménages », c’est-à-dire le revenu qui leur parvient effectivement au terme du processus de création de richesse économique (la production). Le grand partage social de la richesse commence entre salaires et profits (c’est-à-dire entre entreprises et individus), la part revenant respectivement aux uns et aux autres étant une première indication de la répartition du bien-être économique. Ainsi, on mesure que la part des salaires dans la valeur ajoutée créée par l’économie française est passée d’environ 75 % au début des années 1980 à environ 65 % à la fin des années 2000. Une fois cette première distinction opérée, on peut affiner encore le diagnostic en mesurant dans l’ensemble des profits réalisés la part qui revient à la finance, représentée par la distribution de dividendes des entreprises à leurs actionnaires. On constate alors que cette part, qui était en France de l’ordre de 30 % au début des années 1980, atteint près de 80 % au début des années 2010.
À l’aide de deux indicateurs simples de partage du revenu, on peut ainsi mettre en lumière deux évolutions majeures de l’économie française au cours des trois dernières décennies que masque la seule considération du PIB et de sa croissance sur la période : le recul marqué de la part qui revient aux salariés dans la valeur ajoutée et la financiarisation aiguë de l’économie.
Le revenu est donc bien ce qui parvient effectivement aux ménages au terme d’un processus de création et de partage qui n’est pas sans rappeler le sort du fabuleux marlin raconté dans Le Vieil Homme et la mer : le poisson qui sera effectivement consommé par les ménages aura été amputé, au fil du voyage de retour, de la part des entreprises gonflée par la pression croissante de la finance.

Le revenu et le PIB,
deux visions du développement économique

Mais y a-t-il vraiment une différence entre la mesure du développement économique à partir du PIB, des profits des entreprises, de la progression des marchés financiers et du revenu des ménages ? Ne peut-on dire que ces grandeurs, sans être parfaitement identiques, évoluent dans le même sens ? La réponse est négative, et elle l’est d’autant plus dans la période actuelle. Un détour par les derniers chiffres de l’économie américaine permet de s’en convaincre.
Graphique 1. La « reprise américaine » : évolution en % depuis 2009
La « reprise américaine » : évolution en % depuis 2009
Source : Gouvernement américain/The New York Times.
Qu’apprend-on lorsque l’on utilise le revenu des ménages plutôt que la croissance du PIB comme indicateur de bien-être matériel des Américains dans la période récente ? On apprend d’abord que la « reprise économique » dont parle à loisir le président Barack Obama depuis 2010, en se fondant sur les chiffres de la production, des profits et des marchés boursiers, n’existe pas pour la très grande majorité des ménages américains. La « reprise » américaine s’est certes traduite par une croissance de la production, une envolée des profits des entreprises et une explosion des indices boursiers mais elle équivaut à une régression sociale pour la majorité des ménages (voir graphique 1).
Ce graphique explique très bien l’incompréhension qui s’est installée entre les citoyens américains et leurs dirigeants au cours des cinq dernières années et le malaise démocratique qui en est résulté : les uns parlent PIB, et vantent la croissance revenue, les autres parlent revenu, et se lamentent de la croissance perdue, dans un dialogue de sourds.
On notera que l’indicateur utilisé ici est le revenu médian, celui qui divise la population entre les 50 % qui gagnent davantage et les 50 % qui gagnent moins. C’est une mesure bien plus pertinente pour mesurer le revenu des ménages que la division du PIB par le nombre d’habitants (aussi appelée PIB par tête), qui n’est qu’une mesure moyenne de la production revenant en théorie à chaque habitant (une plaisanterie bien connue veut que lorsque le milliardaire Bill Gates entre dans un bar, tout le monde y devienne millionnaire « en moyenne »…). Qui plus est, cet indicateur économique ouvre la réflexion sur un autre horizon : l’inégalité de revenu entre les ménages.
Les données disponibles sur les États-Unis sont tout à fait claires à ce sujet : la régression du revenu des ménages résulte autant de la part de la richesse revenant aux entreprises et captée par la finance que de celle qui est accaparée par les plus hauts revenus. L’économiste français de l’Université de Berkeley Emmanuel Saez a montré que, depuis la reprise de la croissance du PIB en 2010, 90 % des gains de revenu ont été captés par le 1 % supérieur de la distribution des revenus. Autrement dit, la « reprise » économique est un mirage pour 99 % des citoyens américains, qui n’ont vu leur revenu augmenter que de 0,8 % entre 2009 et 2012 tandis que les revenus du 1 % les plus riches augmentaient d’environ 35 % dans le même temps (soit 45 fois plus). Il s’agit là, pour les États-Unis, de la reprise économique la plus inégalitaire depuis que les statistiques économiques modernes existent (c’est-à-dire depuis environ un siècle).
La croissance du PIB américain ne nous dit rien de ces phénomènes d’inégalité pourtant absolument essentiels pour comprendre non seulement la situation économique mais aussi la dynamique politique contemporaine des États-Unis. Ainsi, la cote de « popularité économique » du président Obama, celle qui mesure l’adhésion des citoyens à la politique économique suivie par le président et qui fait une part décisive de sa popularité globale, a suivi l’évolution du revenu des ménages et pas celle du PIB. Les données de l’Institut Gallup permettent en effet de voir qu’alors que le PIB américain se redresse dès l’année 2010, la cote de popularité de Barack Ob...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Titre
  3. Copyright
  4. Introduction - La mesure des possibles
  5. Partie 1 - Le bien-être
  6. Partie 2 - La soutenabilité
  7. Partie 3 - Évaluer pour évoluer
  8. Conclusion - L’entre-deux mondes
  9. Table