Contraception : contrainte ou liberté ?
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Contraception : contrainte ou liberté ?

  1. 312 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Contraception : contrainte ou liberté ?

À propos de ce livre

Le libre accès aux méthodes contraceptives semble entré dans les mœurs. A-t-on saisi toutes les implications de cette liberté ? La contraception se résume-t-elle à un problème technique ? Que sait-on de son influence sur le fonctionnement du couple et les relations entre les hommes et les femmes ? À quels excès peut-elle conduire ? Les méthodes sont-elles fiables ? Réunis au Collège de France, les plus grands spécialistes font pour la première fois le point sur toutes les dimensions de la contraception, aussi bien sociales que psychologiques, scientifiques, juridiques ou éthiques. Avec les contributions de : Étienne-Émile Baulieu, Boutros Boutros-Ghali, Ingar Brueggemann, Sylvie I. Cohen, Geneviève Delaisi de Parseval, Egon Diczfalusy, Geneviève Fraisse, Kenji Hayashi, Françoise Héritier, Xavier Lacroix, Noëlle Lenoir, Henri Leridon, Marceau Long, Anne McLaren, Alfred Spira.

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Informations

Cinquième partie
De nouveaux défis pour le couple
et pour la société
Un nouveau défi pour les couples :
choisir le bon moment
Geneviève Delaisi De Parseval
Le slogan du Mouvement français pour le planning familial des années 1965-1966 : « Un enfant si je veux quand je veux » a marqué l’imaginaire de nos contemporains. Il donne de fait, de manière emblématique, la définition du « bon moment » pour avoir un enfant dans ces années 1960-1970. Ce slogan voulait dire au fond : « Pas d’enfant si je n’en veux pas, ou si je n’en veux pas maintenant », ou encore « pas d’enfant si je n’en veux pas avec ce procréateur-là » ; bref, « pas d’enfant par hasard ». C’était le refus d’un enfant potentiel ; refus qui gardait cependant intact le rêve de l’enfant possible, le rêve d’un enfant différé qui arriverait, lui, au « bon moment ».
Contrôlant leur contraception, les femmes ont ainsi eu l’illusion de diriger complètement leurs conceptions. La loi de 1975 sur l’interruption volontaire de grossesse a, sans doute, renforcé la tendance en accordant à la femme enceinte un pouvoir spécifique, lié à son sexe et à son état de grossesse, de décider du devenir de l’embryon qu’elle portait.
Ainsi, il semble que ces représentations de l’enfant « bien désiré » car arrivant au bon moment, ou « refusé » car arrivant au mauvais moment, ont été peu ou prou intégrées par le corps social au cours des décennies 1965-1985. Au point que, dans l’inconscient collectif – dans le conscient sans doute aussi –, tout se passe désormais comme si un enfant devait être obligatoirement désiré pour être bien parti dans la vie ; et à l’inverse, comme si, non désiré, ou mal désiré, ou tombant à un mauvais moment, il valait mieux différer une grossesse en cours, c’est-à-dire avorter de ce projet parental.
Les réflexions qui vont suivre sont celles d’une psychanalyste qui a été à l’écoute du désir d’enfant, en France, au cours du contexte évolutif rapide de la médecine et de la loi de ces trois dernières décennies. Et qui a accompagné nombre de couples dans les aléas et vicissitudes de leur vie reproductive.
Si l’on veut résumer l’état des lieux des fantasmes de l’ère « pré-FIV » (antérieure aux années 1980), dans les cas de procréations naturelles, in vivo, il semble que les représentations du « bon moment » chez les parents possibles ou potentiels étaient déterminées :
– par le « bon âge » : il convenait que les parents ne soient ni trop jeunes ni trop vieux (mais, pour les femmes, la société ne fixait aucune limite officielle) ;
– par le bon moment dans la vie : les futurs parents disaient tous qu’avant de décider de procréer, il valait mieux trouver d’abord le(la) bon(ne) compagnon(gne), avoir un travail, un logement, etc. ;
– par un bon état de santé : une maladie grave de l’un des parents était classiquement un critère négatif pour décider de procréer.
Remarquons que, dans cet état qui appartient presque à la préhistoire de nos représentations (vingt ans seulement, mais les choses vont vite !), on assistait, comme l’ont remarqué nombre d’observateurs, à un absolu du pouvoir de la mère qui pouvait seule décider de mettre fin à sa grossesse ; une femme mariée pouvant prendre une contraception et interrompre sa grossesse sans en référer à qui que ce soit, et même accoucher « sous X », privant ainsi le père de l’enfant de la possibilité de faire établir sa paternité… Bizarrerie heureusement seulement franco-française1 !
Mais voyons le tableau fantasmatique et sociologique qui est davantage celui des plus jeunes générations ; tableau qui se situe dans le contexte des années 1980-1990, qui est aussi, et ce n’est pas un hasard, celui de l’ère que j’appelle « l’ère post-FIV ». Il me semble en effet que l’arrivée de la fécondation in vitro et des techniques associées (la congélation d’embryons en particulier), en mettant en œuvre un processus de fécondation embryonnaire hors du corps de la femme, a totalement modifié les perspectives sur la décision du « bon moment » pour avoir un enfant, même chez les couples non concernés par la FIV en première intention.
On constate d’abord que le pouvoir de décision quant au sort des embryons in vitro est devenu radicalement différent de celui qui statuait sur l’embryon in vivo : il existe désormais de nombreux agents, y compris hors du couple parental, qui coopèrent à la décision. On trouve, parmi ces agents, des équipes médicales bien sûr, mais aussi des juges et des notaires. La décision du bon moment est ainsi devenue l’affaire du couple parental nanti d’un projet d’enfant, enlevant ainsi de ce fait partiellement à la seule mère le pouvoir quasi absolu des décennies précédentes. Quant aux seuils décisionnels, ils sont bien différents de celui des dix semaines prévu par la loi sur l’interruption volontaire de la grossesse2.
De manière banale, on voit que nombre de jeunes femmes nées dans les années 1950-1960 ont souvent pris la pilule pendant dix ou quinze ans, avant de décider de l’arrêter pour avoir un enfant ; avec parfois des surprises très douloureuses quand « ça » ne marche pas. La non-venue d’un enfant, après quinze ans de contraception, est alors ressentie comme un scandale pour ces mères possibles, et vécue, on s’en doute, avec un grand sentiment de culpabilité ; l’absence de l’enfant désiré étant, évidemment, supportée de manière d’autant plus injuste que la bataille pour la contraception a véhiculé le fantasme d’une parfaite maîtrise de la conception.
Or, ces femmes-là (ces mères-là) constituent, on le sait, une partie de la cohorte des patientes qu’on retrouve dans les programmes FIV dans la tranche d’âge 35-42 ans, nanties parfois d’un diagnostic de stérilité qui renvoie souvent au fait que le temps a passé et qu’une femme, qu’un couple, est moins fertile à 38 ans qu’à 28 ans ! À moins que la prise de moyens contraceptifs ait tout simplement masqué l’infertilité physiologique de l’un des membres du couple.
Comme ce dernier cas de figure correspond, pour une part non négligeable, à mon expérience clinique de suivi « psy » de couples ayant recours à l’assistance médicale à la procréation, je me permets de citer ici quelques lignes d’une lettre d’une patiente que j’ai suivie par la suite, Madame T., car elle me semble symptomatique de très nombreuses histoires de l’« ère post-FIV ». Ce cas, vous allez le voir, n’est pas directement lié à la FIV, mais bien plutôt à la pratique de la contraception dans ces années « post-FIV » :
« Pour avoir l’envie d’avoir un enfant, j’ai vraiment attendu d’être avec un homme qui me donne cette envie et que j’avais choisi pour être le père de nos enfants. J’ai également attendu pour être suffisamment au clair avec ma propre histoire. Ayant été moi-même un peu ballottée dans mon enfance parce que arrivée dans la vie de mes parents à un moment où psychologiquement, ils n’étaient pas prêts, j’ai mis du temps pour décortiquer ma propre histoire, et le désir d’enfant n’est venu qu’au moment où moi-même j’étais heureuse dans mon couple. »
Quelques détails indispensables pour comprendre la demande d’aide de cette patiente : Madame T. a maintenant 32 ans, son mari 40. Ils sont ensemble depuis huit ans. Auparavant, Madame T. avait vécu quelques années avec un compagnon dont elle ne voulait pas d’enfant (elle avait décidé sereinement une IVG avec lui : ils se trouvaient trop jeunes tous les deux). Monsieur T., pour sa part, avait vécu quelques années avec une personne qui ne voulait à aucun prix d’enfant, décision qu’il avait respectée, tout en pensant qu’il rencontrerait peut-être un jour une femme qui aurait envie d’avoir des enfants avec lui. Ce qui arriva quelque temps après la rencontre du nouveau couple. Après quelques examens, on a malheureusement découvert une azoospermie sécrétoire chez Monsieur T. A alors suivi pour ce couple un parcours médical lourd (nombreux échecs d’IAD tout d’abord, puis de FIV avec sperme de donneur) qui dure depuis deux ans maintenant, échecs qui se doublent d’une grande souffrance des conjoints, notamment au plan relationnel et sexuel.
Cette histoire – comme celle de bien d’autres couples – montre que les différentes déclinaisons médicales de l’assistance médicale à la procréation (l’AMP) apparaissent, si l’on y regarde de près, comme la mise en scène d’un scénario symétrique et inverse de la situation de contraception : l’AMP permettant, en apparence au moins, de décider d’avoir des enfants, mettant en acte de manière réelle (tant au plan médical qu’au plan juridique) un scénario fondé sur la volonté du couple procréateur. Revers de la médaille, en conséquence, du refus maîtrisé d’enfant qui était celui de la contraception et de l’avortement en début de grossesse.
De nouvelles normes du « bon moment » pour concevoir semblent ainsi avoir été intériorisées par nombre de nos contemporains, et même, je le disais, par ceux qui ne sont pas concernés par l’AMP. On assiste, par exemple, pour prendre ce seul cas, à des demandes de FIV qui permettent de procéder à un diagnostic préimplantatoire en cas de problèmes génétiques ; demandes émanant par conséquent de couples non stériles. Je pense ici à un couple que j’ai suivi à l’hôpital.
Monsieur et Madame R., âgés de 28 ans tous les deux, ont vécu deux interruptions ...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Titre
  3. Copyright
  4. Introduction
  5. Liberté, laisser-faire, incitations, contraintes…
  6. Première partie - Un tournant historique pour les femmes
  7. Deuxième partie - La nouvelle donne démographique et médicale
  8. Troisième partie - Problèmes éthiques et juridiques
  9. Quatrième partie - Éduquer, communiquer
  10. Cinquième partie - De nouveaux défis pour le couple et pour la société
  11. Les auteurs
  12. Dans la collection « Travaux du Collège de France »