L' Intelligence animale
eBook - ePub

L' Intelligence animale

Cervelle d'oiseaux et mémoire d'éléphants

  1. 224 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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L' Intelligence animale

Cervelle d'oiseaux et mémoire d'éléphants

À propos de ce livre

Les Ă©lĂ©phants bĂ©nĂ©ficient d'une impressionnante mĂ©moire spatiale,olfactive, visuelle et vocale, on le sait, mais sait-on que certains oiseaux peuvent cacher leur nourriture dans plus de mille emplacements diffĂ©rents ? Dans ce livre riche d'une quinzaine d'annĂ©es d'expĂ©rience de terrain, Emmanuelle Pouydebat montre que l'intelligence est une fonction adaptative partagĂ©e par tous les animaux. Elle permet de rĂ©pondre le mieux possible aux contraintes du milieu et du contexte, que l'on ait des plumes, des mains, une trompe, dix pieds, des Ă©cailles, de la fourrure, des tentacules, un squelette ou pas
 « Un livre qui dĂ©crit l'ensemble du phĂ©nomĂšne Ă©trange et merveilleux qu'est la vie
 Une Ă©lĂ©gante et rigoureuse maniĂšre de mettre l'humain Ă  sa place. » Yves Coppens Emmanuelle Pouydebat est chercheuse au CNRS et au MusĂ©um national d'histoire naturelle. Biologiste interdisciplinaire, ses travaux au laboratoire « MĂ©canismes adaptatifs et Ă©volution » portent sur l'Ă©volution des comportements, notamment sur les capacitĂ©s de manipulation et d'utilisation d'outils. 

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Informations

Éditeur
Odile Jacob
Année
2017
Imprimer l'ISBN
9782738135155

CHAPITRE 1

L’intelligence,
une spécificité humaine ?


Petits rappels entre amis

Lorsqu’on veut comprendre les origines de l’homme, les spĂ©cificitĂ©s humaines, les Ă©ventuelles spĂ©cificitĂ©s de son intelligence, nous nous heurtons d’emblĂ©e Ă  un problĂšme majeur qui fait encore largement dĂ©bat : dĂ©finir un humain.

Homme, femme ou humain ?

Cela ne vous aura pas échappé. Depuis le début de cet ouvrage, lorsque je parle de notre famille, je parle des « humains », terme qui correspond à notre genre en biologie (le genre humain).
En bref, un humain est un animal. Plus prĂ©cisĂ©ment, c’est un primate. Sur le plan Ă©cologique, l’humain est un superprĂ©dateur diurne et omnivore, qui vit dans des sociĂ©tĂ©s complexes. Et non, l’humain ne descend pas du singe
 puisque la majoritĂ© de la communautĂ© internationale des primatologues et palĂ©oanthropologues considĂšre que c’en est un ! En effet, nous partageons des caractĂšres communs avec les autres singes. Les humains sont ainsi trĂšs largement classĂ©s au sein de la famille des hominidĂ©s rassemblant les humains actuels comme Ă©teints, les chimpanzĂ©s, les bonobos, les gorilles et les orangs-outans4. L’humain est donc un grand singe ou, tout du moins, il fait partie de la mĂȘme famille. Ce qui ne l’empĂȘche Ă©videmment pas d’avoir de nombreuses diffĂ©rences avec les autres membres de sa famille. Les humains actuels se distinguent des autres animaux par une locomotion bipĂšde permanente. De plus, ils possĂšdent des oreilles, une face, une mandibule et des bourrelets sus-orbitaires rĂ©duits. On peut Ă©galement remarquer que la pilositĂ© est faible (en gĂ©nĂ©ral !) Ă  l’exception de la tĂȘte, des dessous-de-bras, du pubis et de la barbe chez les mĂąles. NĂ©anmoins, notre parentĂ© avec les chimpanzĂ©s ne fait aucun doute. Certains chercheurs5 proposent mĂȘme, entre autres sur la base de la proximitĂ© gĂ©nĂ©tique, de rĂ©unir les humains (Homo sapiens) et les chimpanzĂ©s (Pan troglodytes) au sein du mĂȘme genre : Homo. Les chimpanzĂ©s pourraient ainsi ĂȘtre scientifiquement nommĂ©s Homo troglodytes, Ă  moins qu’il ne soit plus cocasse de les nommer Pan sapiens comme dĂ©jĂ  suggĂ©rĂ©6 ! En attendant, les humains sont classĂ©s dans le genre Homo et aujourd’hui tous les humains sont des Homo sapiens. Par le passĂ©, de nombreuses espĂšces humaines se sont succĂ©dĂ© et ont parfois coexistĂ©, comme Homo sapiens et Homo neandertalensis qui ont Ă©tĂ© contemporains (on parle mĂȘme d’hybridation) entre – 250 000 et – 28 000 ans. Lucy, plus ancienne (3,3 millions d’annĂ©es), ne semble pas se tenir debout en permanence et grimpe encore dans les arbres. C’est pour cette raison qu’elle n’est pas classĂ©e dans la lignĂ©e humaine directe, mais dans le genre australopithĂšque (Australopithecus afarensis). En revanche, les premiĂšres espĂšces classĂ©es dans le genre Homo (Homo rudolfensis, Homo habilis), apparues il y a environ 2,4 millions d’annĂ©es en Afrique, ont des caractĂšres jugĂ©s humains comme une capacitĂ© cĂ©rĂ©brale Ă©levĂ©e (supĂ©rieur Ă  550 cm3), des mains adaptĂ©es Ă  la fabrication d’outils en pierre ou la bipĂ©die permanente.

L’humain, ce primate

Les humains sont donc des animaux, et plus particuliĂšrement des primates. Mais quelle est leur place et qu’est-ce qui les identifie ? L’ordre des primates (du latin primas et atis, signifiant « celui qui occupe la premiĂšre place ») fait partie des mammifĂšres placentaires. On les distingue des autres mammifĂšres grĂące Ă  des caractĂšres qui leur sont propres comme le pouce opposable et la prĂ©sence d’ongles (pour la plupart), une face relativement aplatie, des membres supĂ©rieurs (bras + avant-bras + main) plus grands que les membres infĂ©rieurs (cuisse + jambe + pied) ou encore une vision en trois dimensions. Plus de 250 espĂšces actuelles de primates se rĂ©partissent en deux grands groupes : les strepsirrhiniens (lĂ©muriens, loris, galagos) et les haplorrhiniens (ou singes) parmi lesquels on retrouve les grands singes appelĂ©s hominoĂŻdes et abritant les humains. Les singes Ă  proprement parler rassemblent plus d’une centaine d’espĂšces aussi diffĂ©rentes que les ouistitis, les tamarins, les singes-Ă©cureuils, les capucins, les singes-araignĂ©es, les macaques, les babouins, les colobes, les chimpanzĂ©s ou encore les gorilles. Tous ont leurs particularitĂ©s, tant sur le plan morphologique que comportemental. Il y a autant de singes que de comportements diffĂ©rents et ce qui sera valable pour une espĂšce ne le sera pas pour une autre. Une dĂ©couverte chez une espĂšce (par exemple un babouin) ne doit en aucun cas ĂȘtre gĂ©nĂ©ralisĂ©e Ă  l’échelle des singes. Les babouins ne sont pas « le » singe.
Ainsi, les humains sont des primates qui ont un nez comme les tarsiers, les narines dirigĂ©es vers le bas comme les colobes ou les babouins et pas de queue comme les gibbons, les gorilles, les chimpanzĂ©s, les bonobos ou les orangs-outans. Les points communs sont Ă©galement comportementaux (jeux, soins aux petits, apprentissage, accĂšs au pouvoir). Il suffit d’observer les grands singes, les macaques, les babouins, les tamarins ou encore les lĂ©muriens pour s’en rendre compte. Regardez les chimpanzĂ©s jouer entre eux, les mamans orangs-outans protĂ©geant leurs petits ; observez les mĂąles tamarins s’occuper de leur progĂ©niture ou encore les gorilles ou les babouins cherchant Ă  renverser le chef de groupe


Ces spĂ©cificitĂ©s qui font l’humain et ses origines

La dĂ©finition de l’humain est au cƓur de l’une des plus grandes Ă©nigmes de la science : les origines de l’homme. Contrairement Ă  ce que l’on pourrait penser, beaucoup de questions restent en suspens. Pour simplifier, disons que les palĂ©oanthropologues ont classĂ© des fossiles dans le genre humain lorsque ceux-ci avaient une capacitĂ© cĂ©rĂ©brale Ă©levĂ©e (supĂ©rieur Ă  550 cm3), quand ils prĂ©sentaient des caractĂšres de bipĂ©die permanente ou la capacitĂ© Ă  fabriquer des outils en pierre ou encore lorsqu’ils Ă©taient retrouvĂ©s associĂ©s Ă  des outils en pierre. L’ensemble de ces caractĂšres est liĂ© de prĂšs ou de loin Ă  ce que nous nommerons intelligence dans cet ouvrage.
Tout d’abord, arrĂȘtons-nous sur le cas d’une capacitĂ© cĂ©rĂ©brale Ă©levĂ©e, soit Ă  partir de 550 cm3 si l’on en croit les estimations pour Homo habilis, considĂ©rĂ© comme la premiĂšre espĂšce humaine. L’accroissement des capacitĂ©s cĂ©rĂ©brales au cours de l’évolution du genre Homo est un constat. Il est clair que le cerveau s’est agrandi, en relation avec l’accroissement de la taille corporelle. Plus prĂ©cisĂ©ment, la partie supĂ©rieure et antĂ©rieure du cerveau (au niveau du front) semble s’accroĂźtre en se plissant et formant des circonvolutions. Cette zone, nommĂ©e nĂ©ocortex, est le siĂšge des fonctions mentales supĂ©rieures comme le raisonnement spatial, le langage ou encore la conscience et la mĂ©moire. À titre indicatif, le nĂ©ocortex reprĂ©sente 20 % du poids du cerveau d’une musaraigne contre 80 % de celui de l’humain. Ce nĂ©ocortex semble l’apanage des mammifĂšres et paraĂźt donc absent chez les poissons, les amphibiens ou encore les oiseaux. Pourtant, ces animaux sont tout Ă  fait capables de manifester des comportements intelligents comme nous le verrons plus loin
 En fait, il faut faire trĂšs attention car, entre les espĂšces, parfois mĂȘme trĂšs Ă©loignĂ©es comme les humains et les oiseaux, des morphologies peuvent ĂȘtre totalement diffĂ©rentes, mais construites avec les mĂȘmes types de cellules, structurĂ©es et arrangĂ©es diffĂ©remment7. Ainsi, relier capacitĂ© crĂąnienne et comportement, voire intelligence est extrĂȘmement dĂ©licat. Pour ce faire, il faudrait faire le lien entre cette capacitĂ©, la structure mĂȘme du cerveau (organisation, nombre de synapses
) et les comportements associĂ©s, ce qui est impossible Ă  travers l’étude des fossiles. Nous pouvons donc constater cet accroissement de la capacitĂ© cĂ©rĂ©brale, mais l’associer Ă  l’évolution de capacitĂ©s cognitives particuliĂšres semble dĂ©licat. D’autant plus que des travaux rĂ©cents montrent que le cerveau humain n’est pas si unique et que sa taille n’est pas si pertinente pour lier intelligence Ă  cerveau. En effet, des Ă©tudes menĂ©es sur la composition cellulaire du cerveau des humains, d’autres primates, de rongeurs, d’insectivores et d’oiseaux montrent que la taille du cerveau ne peut plus ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme Ă©tant directement liĂ©e au nombre de neurones dans le cerveau8. Par exemple, les oiseaux ont un trĂšs grand nombre de neurones dans le pallium, une rĂ©gion du cerveau impliquĂ©e dans des fonctions cognitives comme la planification de l’avenir. Ils possĂšdent ainsi, malgrĂ© parfois de tout petits cerveaux, un nombre de neurones dans le cerveau antĂ©rieur similaire, voi...

Table des matiĂšres

  1. Couverture
  2. Titre
  3. Copyright
  4. Dédicace
  5. Préface par Yves Coppens
  6. Introduction
  7. Chapitre 1 - L’intelligence, une spĂ©cificitĂ© humaine ?
  8. Chapitre 2 - C’est qui, le meilleur ?
  9. Chapitre 3 - Sans les pouces, sans les mains, sans squelette ou sans cortex !
  10. Chapitre 4 - Ingénierie et artisanat
  11. Chapitre 5 - Comment ĂȘtre au bon endroit au bon moment ?
  12. Chapitre 6 - Transmettre ou ne pas transmettre ?
  13. Chapitre 7 - Coopération, altruisme ou empathie ?
  14. Chapitre 8 - Une intelligence ou des intelligences ?
  15. Conclusion - De l’aberration de devoir prouver l’intelligence animale
  16. Index
  17. Remerciements
  18. Table