Qu'est-ce que la globalisation ?
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Qu'est-ce que la globalisation ?

(Volume 12)

  1. 320 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Qu'est-ce que la globalisation ?

(Volume 12)

À propos de ce livre

Qu'est-ce que la globalisation ? Quels rÎles y jouent les échanges financiers, les communications ? Quel est le nouveau visage des migrations ? Des transferts financiers ? Des réseaux criminels ? Quelles en sont les conséquences, non seulement dans le secteur économique, mais aussi dans le domaine politique, juridique ? Spécialistes français et étrangers ont abordé ces questions lors d'une nouvelle série de conférences et nous offrent leur vision de la société-monde. Contributions de Zygmunt Bauman, DaniÚle Blondel, Sylvie Brunel, Gérard-François Dumont, Dominique Guillo, Pierre Hassner, Jacques Lévy, Gérard Mégie, Yann Moulier-Boutang, Anne-Marie Moulin, HélÚne Rey, Isabelle Sommier, André Tosel, Philippe Weckel.

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Informations

Éditeur
Odile Jacob
Année
2005
Imprimer l'ISBN
9782738113627

Mondialisation :
entreprises et main-d’Ɠuvre à l’heure du capitalisme cognitif*1


par Yann Moulier-Boutang

Une approche globale de la mondialisation ?

La mondialisation, qui se dit globalization en anglais, est un phĂ©nomĂšne complexe sur lequel il existe une plĂ©thore d’informations, de recherches savantes pointues, redondantes. Cette surinformation gĂ©nĂšre un problĂšme classique dans la sociĂ©tĂ© de l’information, qui est aussi le mien ce soir : comment retenir l’attention. Deux voies sont gĂ©nĂ©ralement suivies : soit on se concentre sur un point trĂšs limitĂ© que l’on cherche Ă  creuser, en avançant des chiffres, des donnĂ©es empiriques ; soit on opte pour une attaque globale de la question de la globalisation Ă©conomique. La premiĂšre mĂ©thode perd en extension et audibilitĂ© ce qu’elle gagne en comprĂ©hension. C’est le risque du discours technicien. La seconde risque souvent de perdre en profondeur et rigueur ce qu’elle gagne en sĂ©duction immĂ©diate. L’attention qu’elle suscite est Ă©phĂ©mĂšre.
La nĂ©cessitĂ© fondamentale de dĂ©cloisonner les disciplines, de susciter un espace de discussion public m’impose d’encourir le risque d’une approche globale. Au risque d’une stylisation outranciĂšre, d’un syncrĂ©tisme qui agrĂšge les apports plus qu’il ne dissĂšque les pensĂ©es.
Mais au fond, pourquoi sommes-nous ensemble ? Pour essayer de comprendre le monde, le monde pensĂ© comme ce qui arrive, ce qui nous tombe dessus en bien comme en mal. Rien de plus civique que ce souci de savoir. Le retour continuel sur la mondialisation nous est imposĂ©, certes, mais si nous y revenons sans cesse, c’est probablement qu’il reste encore matiĂšre Ă  dĂ©couverte.
Pour approcher la mondialisation dans son ensemble, aussi vous proposerai-je de rĂ©flĂ©chir Ă  un objet (les entreprises), d’un point de vue (celui de la main-d’Ɠuvre, ou plus gĂ©nĂ©ralement, nous verrons pourquoi, de la population) dans un processus que j’appelle la nouvelle « grande transformation » (terme qu’utilisa Karl Polanyi dans son livre1, pour baptiser le systĂšme du capitalisme libĂ©ral de 1814 Ă  1914) et que l’on peut caractĂ©riser comme le passage Ă  un troisiĂšme capitalisme, ou « capitalisme cognitif ». Autant de termes qu’il me faudra remplir de contenu en peu de temps.
Pourquoi partir des entreprises et de la mondialisation ? N’en sommes-nous pas abreuvĂ©s, saturĂ©s ? Bourse, finance, gestion, marchĂ©, lois d’airain de l’économie, ces mots de la liturgie de l’homme postmoderne et de l’esprit de sĂ©rieux du Zeitgeist, ne finissent-ils pas par lasser, voire par exaspĂ©rer ? Ne sommes-nous pas ainsi sur le terrain par excellence oĂč dominent l’orthodoxie, le monde des « puissants et des riches », bref, Ă  Davos, plutĂŽt qu’à Porto Alegre ? Nombreux sont ceux qui renoncent instinctivement Ă  une confrontation sur ce terrain, comme si les jeux Ă©taient faits d’avance, comme si la messe Ă©tait dite.
Je veux essayer de montrer qu’il se pourrait bien que ce soit l’inverse, qu’au cƓur mĂȘme des entreprises, malgrĂ© leur logique organisationnelle qui demeure la rĂ©alisation de profits qu’il faut distinguer de maximisation de la rentabilitĂ© du capital investi, malgrĂ© la puissance, semble-t-il de plus en plus souveraine, des marchĂ©s financiers, il existe des marges de manƓuvre, que le corps social y livre une multiplicitĂ© de batailles et de dĂ©bats, last but not least, que l’entreprise est multiple, qu’elle connaĂźt une mutation Ă  ce point profonde que son identitĂ©, ses limites, son territoire sont brouillĂ©s. Autrement dit, je souhaite donner l’envie d’aller regarder de plus prĂšs toute une littĂ©rature gestionnaire, souvent dĂ©daignĂ©e par les Ă©conomistes purs et durs, pour y lire le « nouvel esprit du capitalisme », comme Ève Chiapello et Luc Boltanski l’ont fait2.
S’en tenir Ă  cela serait toutefois insuffisant. ApprĂ©hender l’entreprise dans la mondialisation du seul point de vue des transformations des techniques, des organisations, des produits, des systĂšmes d’informations depuis les directions juridiques, commerciales et financiĂšres en rĂ©duisant les hommes et les organisations collectives qui se forment en leur sein, Ă  un appendice de plus en plus subalterne dans l’utopie d’une usine sans main-d’Ɠuvre (tout simplement parce que cette derniĂšre aura Ă©tĂ© dĂ©localisĂ©e quelque part en Chine) ou celle, plus courante, d’un discours attentif seulement au personnel des cadres, c’est s’amputer non seulement d’une dimension Ă©thique insoutenable Ă  long terme (les phĂ©nomĂšnes de corruption, de dĂ©gradation des formes de loyautĂ© et de fiertĂ© ont bien quelque chose Ă  voir avec le cynisme des brokers), mais c’est aussi se priver d’une clĂ© d’entrĂ©e royale dans la comprĂ©hension de la nature de la mondialisation et par consĂ©quent s’îter toute possibilitĂ© d’agir sans subir ou rationaliser de façon secondaire la loi d’airain ou l’anankĂ© impĂ©nĂ©trable des marchĂ©s. Comment voir la mondialisation et les entreprises du point de vue des hommes et des femmes, de l’ensemble des acteurs y compris ceux qui sont dĂ©daigneusement considĂ©rĂ©s comme « subalternes » ou comme des « variables d’ajustement » sacrifiĂ©es aux appĂ©tits des actionnaires ?
TroisiĂšme souci enfin, dans ce parcours que je propose : accorder au rĂ©el qu’il possĂšde une cohĂ©rence forte et en mĂȘme temps une discontinuitĂ©, une nouveautĂ© qui disqualifient largement nos routines thĂ©oriques (utiles quand les tendances se prolongent, mais incapables de nous permettre de prĂ©voir s’il se produit des ruptures) ; chercher Ă  dĂ©velopper des hypothĂšses fortes et risquĂ©es Ă  la hauteur du dĂ©fi intellectuel.

Un constat, de la rĂ©habilitation de l’entreprise Ă  une crise de confiance

Commençons par dresser un constat global, une sorte d’état des lieux, On assiste depuis une trentaine d’annĂ©es Ă  un brouillage des limites de la firme et de son identitĂ© comme de celle du chef d’entreprise, Ă  une hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©isation croissante des modes de gestion des ressources humaines qui se sont largement adaptĂ©es aux transformations des flux et de la composition de la main-d’Ɠuvre. Enfin la sociĂ©tĂ© salariale issue des rĂ©gulations, fordienne du salaire et des relations professionnelles, keynĂ©sienne des politiques Ă©conomiques et bĂ©veridgienne de l’État et de la question sociale, se trouve complĂštement Ă©rodĂ©e3 dans ses fonctionnements sans que par ailleurs se dessine une alternative claire Ă  la salarisation de 85 % de la population active Ă  l’échelle nationale et dĂ©sormais planĂ©taire, ce qui laisse quelques beaux jours aux ouvriers d’usine ou aux agents de production.

BARIOLAGE ET ETHNICISATION DES ENTREPRISES : DE LA SEGMENTATION DU MARCHÉ DU TRAVAIL, À L’ETHNIC BUSINESS ET À L’INTERCULTUREL

La mondialisation actuelle a Ă©tĂ© largement prĂ©parĂ©e par la transnationalisation des firmes (phĂ©nomĂšne largement Ă©tudiĂ© et dĂ©fini par certains comme « l’internationalisation du capital » et dĂ©jĂ  corrĂ©latif des modifications du systĂšme monĂ©taire international avec les eurodollars et les investissements de multinationales amĂ©ricaines en Europe). On a moins prĂȘtĂ© attention, en revanche, Ă  l’impact des migrations internationales sur les caractĂ©ristiques de la mondialisation. Or la segmentation du marchĂ© du travail, largement favorisĂ©e par des rĂ©gimes discriminatoires d’accĂšs lĂ©galement stratifiĂ©s sur le marchĂ© du travail par le statut de l’étranger, phĂ©nomĂšne largement initiĂ© en Europe occidentale dĂšs le dĂ©but du XXe siĂšcle, a « gendrifiĂ© », ethnicisĂ©, « coloriĂ© », « castifiĂ© », qu’on me pardonne ces nĂ©ologismes, ce que l’on appelait autrefois « la » classe ouvriĂšre. Une division du travail « rigide Ă  la baisse », complĂ©ment indispensable du compromis keynĂ©sien, a garanti aux ouvriers « nationaux » une mobilitĂ© ascendante pour leurs enfants. Aujourd’hui, Ă  la surface du globe, les entreprises industrielles n’employant qu’une main-d’Ɠuvre homogĂšne (en termes de sexe, de couleur, de nationalitĂ©, de religion) constituent bel et bien l’exception. Le monde du travail s’est transnationalisĂ© avec le drainage des cerveaux dans les communautĂ©s scientifiques et les « Ă©lites », puis dans l’usine fordienne avant mĂȘme que ne surgisse, du fait des dĂ©localisations et des fusions, la question du management interculturel
 du management ! Ces trois composantes de la mondialisation de la main-d’Ɠuvre se trouvent aujourd’hui Ă  des degrĂ©s divers dans les entreprises. Les combinaisons qui se mettent en place sont extrĂȘmement diversifiĂ©es4, mais elles confrontent toutes les entreprises Ă  un problĂšme auquel elles n’étaient pas ou plus habituĂ©es depuis la gĂ©nĂ©ralisation de l’État national : l’existence de rĂ©fĂ©rent culturel assez homogĂšne ainsi que l’a dĂ©crit Ernest Gellner5 (1983). La question du « foulard » Ă  l’école, sur les lieux de travail montre que « l’interculturel » strie l’espace productif comme l’espace public. Le retour de flamme du nationalisme, sous la forme du souverainisme, et plus rĂ©cemment les thĂ©matiques de « guerres de civilisation » Ă  la Huntington6, avant de devenir des « questions de sociĂ©tĂ© », ont Ă©tĂ© largement expĂ©rimentĂ©es par la population Ă©trangĂšre ou d’origine Ă©trangĂšre ou par les diverses minoritĂ©s en butte au racisme ou Ă  la xĂ©nophobie.

L’ENTREPRISE DE SA RÉHABILITATION À ENRON, RÉACTUALITÉ DE HIRSCHMAN

En 1970, au plus fort de la contestation des luttes sociales qui allaient entraĂźner une remise en cause radicale du fordisme (division taylorienne du travail, travail Ă  la chaĂźn...

Table des matiĂšres

  1. Couverture
  2. Titre
  3. Copyright
  4. Introduction
  5. Les enjeux scientifiques des changements environnementaux - par Gérard Mégie
  6. Quel espace pour la société-Monde ? - par Jacques Lévy
  7. Philosophies de la mondialisation - par André Tosel
  8. Guerre et paix à l’ñge de la mondialisation - par Pierre Hassner
  9. Les nouvelles logiques migratoires - par Gérard-François Dumont
  10. Les enjeux présents et futurs de la répartition mondiale des ressources cognitives - par DaniÚle Blondel
  11. Mondialisation : entreprises et main-d’Ɠuvre à l’heure du capitalisme cognitif - par Yann Moulier-Boutang
  12. La théorie des mÚmes : une explication néodarwinienne de la propagation des idées - par Dominique Guillo
  13. L’éradication des maladies, remĂšde à la globalisation ? - par Anne-Marie Moulin
  14. Vivre (et parfois mourir) ensemble dans un monde plein - par Zygmunt Bauman
  15. Groupes mafieux et globalisation du crime - par Isabelle Sommier
  16. La mondialisation financiÚre - par HélÚne Rey
  17. Les ONG et la mondialisation - par Sylvie Brunel
  18. La mondialisation du droit - par Philippe Weckel
  19. Présentation des auteurs
  20. DĂ©jĂ  parus dans la mĂȘme collection
  21. Table