Le Courage de réformer
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Le Courage de réformer

  1. 432 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Le Courage de réformer

À propos de ce livre

Le courage de réformer, c'est d'apporter des réponses concrètes aux questions que légitimement les citoyens se posent. Que faire pour dynamiser l'emploi, pour libérer les initiatives dans les entreprises, pour ajuster la fiscalité ? Que faire pour rendre les institutions plus représentatives et moderniser le fonctionnement des administrations ? Que faire pour rénover le service de santé, rétablir l'égalité des chances dans l'éducation et renforcer la compétitivité de notre enseignement supérieur ? Que faire pour les retraites ? Que faire pour l'intégration et la sécurité ? Que faire pour nous doter d'une justice plus équitable et plus efficace ? Que faire pour que la France joue un rôle moteur dans l'Europe et pour revigorer l'idée même de citoyenneté ? Pour relever tous ces défis, pour être un acteur influent de la mondialisation, notre pays doit s'engager résolument dans la voie de la réforme. Cela exige de ses dirigeants vision et courage. Président du conseil de surveillance du Groupe AXA, numéro un mondial de l'assurance, Claude Bébéar a créé, en 2001, l'Institut Montaigne, espace de réflexion indépendant, qui travaille sur chacun des thèmes abordés dans ce livre. Avec : André Babeau, Nacima Baron Yellès, Jacques Bichot, Malek Boutih, Guy Carcassonne, Patrick de Fréminet, Marie-Anne Frison Roche, Michel Godet, Armand Laferrère, Daniel Laurent, Jacques Lesourne, André Lévy-Lang, Alain Mérieux, Thierry de Montbrial, Michel Pébereau, Claude Le Pen, Étienne Perrot, Jean Rannou, Alain-Gérard Slama, Ezra Suleiman, Claude Vimont.

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Informations

Éditeur
Odile Jacob
Année
2002
Imprimer l'ISBN
9782738111548

I

L’INTÉGRATION ET LA COHÉSION SOCIALE



La France, un nouveau monde ?


Par MALEK BOUTIH

L’existence d’une minorité issue de l’immigration pose à la France un problème qui représente une chance, sa chance. Les problèmes actuels qui résultent de l’immigration sont analysés à travers le paradoxe des jeunes immigrés qui sont à la fois français culturellement et très souvent socialement exclus. Un mur de méfiance et de préjugés empêche trop fréquemment leur reconnaissance de fait, sentie et concrète, pratique et matérielle, comme membres de la nation et citoyens de la République. Leur identité profonde est française, mais ils vivent en même temps l’exclusion sociale. L’auteur réfute le communautarisme et préconise le modèle républicain au quotidien. Citoyens à part entière, les jeunes issus de l’immigration ont les mêmes droits et les mêmes devoirs. Une telle exigence suppose que quelques vrais hommes d’État et une multitude d’élus locaux qui ne cumulent pas plusieurs mandats, restent concentrés sur cette tâche fondamentale et se passionnent pour elle. C’est à travers des politiques courageux qu’on se représente une nation à laquelle on a envie de s’intégrer.
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HENRI HUDE — La France compte une importante minorité d’origine étrangère, notamment maghrébine. Au sein de cette minorité, une partie a acquis la citoyenneté française ; une autre possède un statut de résidents ; une autre enfin est composée de clandestins sans statut légal. Malek Boutih, vous avez des idées sur toutes les questions liées à l’existence de cette minorité. Plus que des idées, vous avez une expérience et une pensée : une vue d’ensemble bien charpentée, riche en intuitions novatrices et originales. Vous êtes président de SOS Racisme. Quel est le but de votre action ?
MALEK BOUTIH — Je ne suis pas d’abord au service d’une minorité ou membre d’une minorité, si chère me soit-elle. Je suis un citoyen français qui cherche le bien de son pays. L’existence de sa minorité pose à la France un problème, qui est aussi pour elle une chance — sa chance. La France réussira si elle résout intelligemment ce problème, saisissant ainsi sa chance historique. Le bien de la minorité est inséparable de celui de la nation dans sa totalité et réciproquement.
H.H. — L’opinion française est préoccupée par l’immigration clandestine. À vos yeux, est-ce le problème le plus important ?
M.B. — Non. D’abord, si on le voulait, on pourrait frapper les filières de trafiquants. Mais surtout, le flux d’immigrants est probablement autour de 300 000 par an, tandis que la masse d’immigrés et de Français d’origine immigrée se monte à au moins six millions1, soit vingt fois plus. Or les conditions sociales et culturelles d’existence de cette masse sont de plus en plus préoccupantes et continueraient à poser un problème politique majeur, quand bien même les flux tomberaient à zéro. Cette masse est concentrée dans huit cents « cités » où une existence moralement et matériellement décente devient de moins en moins possible. Ce problème des cités est le problème essentiel. Par rapport à lui, le problème du flux est relativement mince.
H.H. — Peut-on sortir du débat : frontières ouvertes ou frontières fermées ?
M.B. — Je crois que oui, mais d’abord, il faudrait simplifier énormément les formalités administratives. Il serait souhaitable qu’il n’y ait plus qu’un seul titre de séjour, analogue à la green card américaine. Ensuite, il faudrait tenir compte du fait que beaucoup de gens ont un travail saisonnier et donc se donner les moyens de gérer des allers et retours permanents2. Ainsi, beaucoup de gens qui restent oisifs en France durant des mois par crainte de ne pas pouvoir revenir une fois sortis pourraient rentrer dans leur pays et s’y rendre utiles, en attendant la saison active. Enfin, il faudrait adopter franchement une politique de nombre et de quotas, établir un plan de besoins : si on s’y refuse, on considère les immigrés comme des réfugiés ou des assistés ; au contraire, si on procédait par analyse des besoins, tous nos concitoyens sauraient qu’un immigré en France y remplit forcément une fonction sociale incontestable. Cela changerait le regard collectif sur l’immigré en général. En un mot, il faut faire nos choix et les afficher clairement.
H.H. — Vous êtes audacieux. Vous n’ignorez pas les tabous et les inhibitions qui pèsent sur toute réflexion en ces domaines…
M.B. — Maintenant que la colonisation est de l’histoire ancienne, il serait intelligent d’encourager l’émigration française à l’étranger. Je songe notamment aux paysans, ou aux cadres de plus de quarante-cinq ans, en difficulté en France, et qui pourraient dans les pays neufs trouver à faire une splendide seconde carrière. Cette réciprocité contribuerait à dédramatiser l’immigration en direction de la France et contribuerait à installer l’idée d’un codéveloppement fructueux. Le plus important est de cesser d’avoir peur les uns des autres. Il faudrait aussi cesser de ressasser des lieux communs éculés. J’ai entendu un membre du patronat déclarer que « la France exporte à bac + 6 et importe à bac – 6 ». Ce n’est pas vrai. Par exemple, des dirigeants d’une grande entreprise française m’ont confirmé le fait suivant : leurs recruteurs parcourent le monde à la recherche de candidats de qualité pouvant venir compléter les ingénieurs français. Mais les lois sur l’emploi et l’immigration occasionnent pour de telles entreprises des situations si ingérables que ces entreprises auraient résolu de procéder en transparence et de gérer directement les situations en lien avec le ministère de l’Intérieur. En tout cas, voilà typiquement le genre de sujet sur lequel la France devrait pouvoir disposer de statistiques fiables, que l’on devrait pouvoir faire établir, selon des méthodes reconnues et contrôlées, par des instituts indépendants. Mais je suis d’accord avec vous : sur tous ces problèmes, les décisions sont rendues irrationnelles par l’impossibilité d’en délibérer librement et objectivement. L’ambiance est rendue pesante par un soupçon permanent de racisme et par le syndrome de culpabilité qu’engendre la colonisation. Le raisonnement ne s’y déroule qu’en liberté surveillée et, dans ces conditions, ne peut aboutir à rien de solide. La France a besoin une bonne fois que certains de ses citoyens, jeunes et d’origine étrangère, lui disent que la guerre d’Algérie n’est plus leur problème et que la colonisation, c’est du passé ; que maintenant, l’avenir, c’est le codéveloppement, la rénovation urbaine, et qu’il faudrait penser une bonne fois à liquider un stock paralysant de vieux complexes. Vous voyez bien que la France a besoin des immigrés issus de ses anciennes colonies : autrement, elle ne se libérera jamais de son passé.
H.H. — Dans ces « cités », on observe un haut niveau de chômage, d’échec scolaire, de violences. Selon vous, quel est le principal des maux dont souffre la minorité immigrée ou d’origine immigrée ?
M.B. — Le taux d’échec scolaire est plus élevé que dans les autres catégories de la société française, mais ne semble pas dépasser 30 % en moyenne. Cela représente tout de même un pourcentage important de réussite scolaire relative, ce qui n’est pas mal, si on tient compte de l’ambiance et de l’absence de milieu porteur. Par ailleurs, le chômage a connu une régression chez les immigrés, sans que cela se traduise par une diminution sensible de la violence.
H.H. — Cette violence, dont vous parlez, est très préoccupante. Nos concitoyens ont droit à la sécurité, et la relation de la minorité à la majorité ne sera pas assainie si la majorité garde le sentiment que les populations immigrées constituent des « classes dangereuses », comme on aurait dit au XIXe siècle.
M.B. — Oui, mais aussi, pourquoi sont-elles dangereuses ? La France a tort, à mon avis, de ne pas publier, contrairement à ce que font d’autres pays tels que les États-Unis, des statistiques de criminalité par catégories sociales, classes d’âge, localisation précise, type d’urbanisation, etc. Elle a encore plus tort de ne pas instaurer de débat public sur la question, comme si les Français étaient à ce point irrationnels qu’ils ne puissent pas considérer calmement la réalité des problèmes.
H.H. — De fait, le sujet est tabou dans les médias, qui ont inventé l’euphémisme de « jeunes », pour désigner les jeunes Français d’origine africaine ou maghrébine.
M.B. — Oui. Résultat : au lieu d’assainir l’ambiance en parlant de faits réels et mesurés, on la rend étouffante en créant des censures et des interdits, dont profitent seuls les extrémistes, qui transgressent les tabous, tandis que courent rumeurs, fantasmes et simplismes.
H.H. — Il serait beaucoup plus adulte et productif de dire : « Voici les faits. Voilà exactement où nous en sommes. Ceci étant posé, comment à la fois faire respecter la loi et assainir le terrain sur lequel poussent les comportements déviants ? »
M.B. — Bien sûr ! Si les jeunes Français issus de l’immigration avaient le sentiment qu’on s’occupe réellement d’eux, qu’on veut leur donner leur place et leur chance, je vous assure qu’ils accepteraient aussi qu’on leur parle un langage clair et net en matière d’obéissance à la loi. Ils seraient même les premiers à se désolidariser des délinquants. Ils retiendraient par la manche et ramèneraient à la raison leurs compagnons tentés de mal se conduire. Ces conduites violentes sont inadmissibles et ne sauraient être tolérées, mais elles sont aussi à interpréter souvent comme un appel au secours, un cri de révolte et de désespoir, un moyen d’exister quand on se sent bloqué dans le néant. Trop de gens ne savent pas ce que c’est que de vivre dans une « cité », d’avoir la vie devant soi et pas d’avenir. Le principal problème, ce sont les « cités ».
H.H. — C’est votre idée principale. Le mal est dans les ghettos.
M.B. — Parfaitement. Durant les quinze dernières années, nous avons assisté à la concentration des immigrés, notamment maghrébins, dans un petit nombre de cités. Grâce à l’action énergique des associations, pouvoirs publics, enseignants, médias, le racisme a reculé, mais, dans le même temps, le ghetto a augmenté. La mixité ethnique a disparu. Les anciennes cités populaires sont devenues des cités ethniques. La proportion d’immigrés y est passée de 30 à plus de 80 %. Les immigrés n’y rencontrent plus de Français plus anciens et menant une vie sans problème, mais presque uniquement des cas sociaux, des gens qui « galèrent », le Lumpenproletariat français. Comment voudriez-vous, dans ces conditions, que ne se développe pas chez ces jeunes un sentiment d’exclusion nourrissant un désir de vengeance et de destruction ?
H.H. — Les esprits cyniques prétendent que le racisme n’aurait pas du tout reculé. Le racisme aurait au ...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Titre
  3. Copyright
  4. Préface
  5. L’intégration et la cohésion sociale
  6. L’activité et la protection sociale
  7. Un état pour le citoyen
  8. Une France dans le monde
  9. Présentation des auteurs
  10. Table