La Fabrique du regard
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La Fabrique du regard

  1. 272 pages
  2. French
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  4. Disponible sur iOS et Android
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La Fabrique du regard

À propos de ce livre

Comment pouvons-nous croire les images quand, d'Ă©vidence, elles ne sont pas les choses ? Et pourtant que seraient la biologie, la gĂ©ographie, l'astronomie, la mĂ©decine, sans images ? Qu'est-ce alors que voir ? Et que savoir ? Des gravures de VĂ©sale aux clichĂ©s duXIXe siĂšcle, des photographies calculĂ©es de trous noirs aux images issues de la sonde spatiale Pathfinder et aux Ă©chographies dĂ©sormais courantes, voici l'histoire de l'imagerie dans les sciences. OĂč l'on dĂ©couvre comment la technique a modifiĂ© notre vue sur le monde : nos images ne se contentent pas d'affiner notre regard ; elles le fabriquent littĂ©ralement, nous donnant accĂšs Ă  un rĂ©el inaccessible Ă  l'Ɠil humain. Chercheur au CNRS, Monique Sicard a notamment publiĂ© L'AnnĂ©e 1895, l'image Ă©cartelĂ©e entre voir et savoir et Chercheurs ou Artistes ? Entre art et science, ils rĂȘvent le monde.

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Informations

Éditeur
Odile Jacob
Année
1998
Imprimer l'ISBN
9782738106544
ISBN de l'eBook
9782738161215
Sujet
Art

DEUXIÈME PARTIE

La photographie



CHAPITRE VIII

Légitimations


François Arago, 1839

Les fondements d’une confiance

L’accueil chaleureux reçu par la photographie au sein du monde scientifique Ă  partir de l’annĂ©e 1839 ne manque pas d’étonner : rien n’est moins scientifique qu’une image. Globale, sans clĂ© d’entrĂ©e, non discursive, apte Ă  changer de sens sous l’effet des variations de contextes, une image n’est douĂ©e de nulle rigueur. Elle n’offre nulle sĂ»retĂ© d’interprĂ©tation, reste indescriptible, inĂ©puisable par les mots. Surtout — et malgrĂ© tous les discours objectivants — elle ne fonctionne que dans une rĂ©ception sensible.
Le Point de vue d’aprĂšs nature pris d’une fenĂȘtre de la maison du Gras Ă  Saint-Loup de Varennes, considĂ©rĂ© comme la « premiĂšre photographie connue », aurait Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© en 1826 ou 1827 par NicĂ©phore NiĂ©pce. Ce n’est pourtant pas cette date qui est retenue par la postĂ©ritĂ© comme date fondatrice de la photographie, mais celle de son annonce officielle par François Arago : l’annĂ©e 1839. La diffusion, le « faire savoir » importent plus que la dĂ©couverte ; le « Comment ça marche ? » plus que l’acte fondateur lui-mĂȘme. Pour François Brunet1, fĂȘter l’annĂ©e 1839 revient Ă  consacrer un « imposteur » (Daguerre), Ă  donner « une vue tronquĂ©e, erronĂ©e de l’invention ».
Certes, la photographie n’est pas nĂ©e, ponctuellement, un certain jour de 1839. Il y eut aussi, cette annĂ©e-lĂ , lecture par W. H. Fox Talbot d’un mĂ©moire sur l’art du dessin photogĂ©nique ou procĂ©dĂ© par lequel les objets naturels peuvent se tracer eux-mĂȘmes, sans l’aide du crayon de l’artiste. Il y eut aussi l’entrevue d’Hippolyte Bayard avec François Arago ; et l’annĂ©e suivante, en 1840, la mise au point du calotype par W. H. Fox Talbot. Il ne convient pas tant de s’étonner ici qu’un instant sacrĂ© consacre l’apparition soudaine d’une technique, que d’interroger l’importance exceptionnelle qui reste accordĂ©e Ă  cette annĂ©e 1839.
NiĂ©pce est mort depuis six ans. Depuis sa mort, Daguerre, en charge du contrat signĂ© avec lui en 1829, poursuit deux voies techniques simultanĂ©es : la sienne propre et celle ouverte par NiĂ©pce. En juin 1837, Isidore, fils de NicĂ©phore NiĂ©pce, vient Ă  Paris afin de signer avec Daguerre un « traitĂ© dĂ©finitif ». Daguerre est alors un notable bien engagĂ© dans ce que l’on appellerait aujourd’hui les « industries culturelles » avec la gestion de ses deux dioramas, l’un en France, l’autre en Angleterre. Ce dernier traitĂ© fait mention d’un nouveau procĂ©dĂ© mis au point par Daguerre seul : le daguerrĂ©otype. En 1838, Daguerre tente en vain de fonder une sociĂ©tĂ© par actions afin de protĂ©ger ses procĂ©dĂ©s. Il propose ensuite de les cĂ©der au gouvernement Louis-Philippe en Ă©change d’une rente et obtient que François Arago annonce la dĂ©couverte, sans en dĂ©voiler les procĂ©dĂ©s, lors de la sĂ©ance du 7 janvier 1839 Ă  l’AcadĂ©mie des sciences. Le 8 mars 1839, le diorama parisien dont il est propriĂ©taire est dĂ©truit par un incendie. Il est dĂ©cidĂ© qu’une rente serait accordĂ©e simultanĂ©ment au fil de NiĂ©pce et Ă  Daguerre, celui-ci bĂ©nĂ©ficiant d’un supplĂ©ment pour « les secrets du diorama ».
En 1827, Arago bĂ©nĂ©ficiait dĂ©jĂ  d’une grande notoriĂ©tĂ© scientifique, mais il n’était pas encore dĂ©putĂ©. En 1839, il est en mesure d’offrir Ă  la nation l’une des trois grandes dĂ©couvertes du siĂšcle, avec la vapeur et l’électricitĂ©. Et puis NiĂ©pce est un inventeur, pas mĂȘme un « savant ». Daguerre, lui, est dĂ©jĂ  un chef d’entreprise. Il incarne une autre sociĂ©tĂ©. Arago justifie son soutien Ă  Daguerre par le coĂ»t Ă©levĂ© du daguerrĂ©otype : la photographie sur papier n’eĂ»t pas, selon lui, nĂ©cessitĂ© l’intervention de l’AssemblĂ©e. Or, il se trouve que le daguerrĂ©otype convient bien Ă  la science. PrĂ©cis, exact, prĂ©cieux, ne nĂ©cessitant pas la subjectivitĂ© d’un observateur, il intĂ©resse une Ă©lite scientifique adepte de nouveautĂ©s. Innovation en rupture avec ce qui l’a prĂ©cĂ©dĂ©, a-historique, mieux que les performances photographiques de NiĂ©pce nĂ©cessitant de longs temps de pose, il apparaĂźt comme un nouvel outil rĂ©solument tournĂ© vers l’avenir, la promesse d’un monde nouveau.
En cette annĂ©e 1839, le dĂ©putĂ© dĂ©mocrate et homme de science François Arago officialise donc la dĂ©couverte de la photographie. En en rendant publics les procĂ©dĂ©s techniques, il offre Ă  tous — « au monde entier » — l’invention. En Ă©change, le ministĂšre de l’IntĂ©rieur s’engage Ă  verser une rente Ă  vie Ă  Daguerre et aux descendants de NiĂ©pce. En rĂ©alitĂ©, il ne s’agit pas seulement de rĂ©compenser des inventeurs, mais bien d’éviter de laisser Ă©chapper par l’État une dĂ©couverte dont il pressent les puissants dĂ©veloppements scientifiques et industriels.
En outre, Arago sait bien que la science a besoin d’une adhĂ©sion sociale et que « le public ne doit rien Ă  qui ne lui a rendu aucun service2 ».
Les trois interventions effectuĂ©es par François Arago Ă  l’AcadĂ©mie des sciences et Ă  la Chambre des dĂ©putĂ©s au cours des mois de janvier, juillet et aoĂ»t 1839, sont dĂ©cisives. En dĂ©voilant les secrets de fabrication, elles font basculer l’invention du privĂ© au public. En mettant en branle une vĂ©ritable circulation des images, elles jettent les bases de leur administration. La photographie s’installe dans une quadruple lĂ©gitimitĂ© Ă©conomique, sociale, scientifique et politique. Alors se mettent en place les fondements d’une confiance dans les images aux profondes consĂ©quences symboliques, pratiques, Ă©conomiques.

Effets d’annonce

Le 7 janvier 18393, François Arago entretient « avec beaucoup de dĂ©tails » l’AcadĂ©mie des sciences au sujet d’une dĂ©couverte faite par M. Daguerre mais ne dĂ©voile pas les procĂ©dĂ©s de fabrication de la photographie. L’idĂ©e passe qu’il s’agit lĂ  d’une des plus prodigieuses inventions de notre siĂšcle, que la France se doit de « doter le monde entier d’une dĂ©couverte qui peut tant contribuer aux progrĂšs des arts et des sciences ». Pour Arago, il semble indispensable que le gouvernement dĂ©dommage directement M. Daguerre dont il fait l’éloge. Il annonce qu’il adressera Ă  ce sujet une demande au ministĂšre ou aux Chambres mais souhaite s’assurer auparavant que la mĂ©thode est peu coĂ»teuse, utilisable par tous.
Le 3 juillet 18394, il effectue Ă  l’AssemblĂ©e nationale une importante intervention sur les travaux de la commission chargĂ©e de l’examen du projet de loi tendant Ă  accorder une pension Ă  Daguerre et aux enfants de NiĂ©pce, « pour la cession faite par eux du procĂ©dĂ© servant Ă  fixer les images de la chambre obscure ». À cette Ă©poque, les jeux sont faits et quasiment gagnĂ©s : l’AssemblĂ©e a dĂ©jĂ  manifestĂ© son intĂ©rĂȘt pour les projets photographiques.
La communication transforme en ressource nationale un procĂ©dĂ© technique. Arago se fait simultanĂ©ment le chantre d’une nouvelle technologie et celui du progrĂšs social. À cette fin, il use d’un langage didactique, clair. Il crĂ©e un effet d’annonce : une fois la loi votĂ©e, les procĂ©dĂ©s photographiques seront dĂ©voilĂ©s lors d’une sĂ©ance exceptionnelle Ă  l’AcadĂ©mie des sciences. La photographie est une exactitude. Elle met en Ɠuvre une physique, une chimie, des expĂ©riences. En outre, par l’usage d’une perspective centrale, elle « obĂ©it aux rĂšgles gĂ©omĂ©triques » issues de la Renaissance.
Le 19 aoĂ»t 18395, François Arago prend de nouveau la parole. Cette fois, devant l’AcadĂ©mie des sciences et l’AcadĂ©mie des beaux-arts rĂ©unies, il dĂ©voile les procĂ©dĂ©s techniques de la photographie. C’est cependant aux acadĂ©miciens des sciences qu’Arago s’adresse en premier lieu. Soutenu par la conviction que la connaissance scientifique porte en germe des transformations sociales, il accorde Ă  la photographie naissante un statut scientifique. De dĂ©couverte inclassable, celle-ci devient outil de connaissance.
Arago, cependant, n’oublie pas le monde artistique, jusque-lĂ  dĂ©positaire de l’histoire des images : il a pris soin de confier au peintre Paul Delaroche la rĂ©daction d’une note prĂ©alable destinĂ©e Ă  aider la commission prĂ©paratoire au projet de loi. Pour le peintre, « la correction des lignes, la prĂ©cision des formes est aussi complĂšte que possible dans les dessins de M. Daguerre, et l’on y reconnaĂźt en mĂȘme temps un modelĂ© large, Ă©nergique, et un ensemble aussi riche de ton que d’effet. Le peintre trouvera dans ce procĂ©dĂ© un moyen prompt de faire des collections d’études qu’il ne pourrait obtenir autrement qu’avec beaucoup de peine [
] ». Paul Delaroche coupe court aux dĂ©tracteurs : « En rĂ©sumĂ©, l’admirable dĂ©couverte de M. Daguerre est un immense service rendu aux arts. » Pour les artistes, dĂ©sormais, la photographie s’impose comme « objet de recherche et d’étude ».
À la suite de cette seconde intervention de François Arago, le procĂ©dĂ© photographique connaĂźt une diffusion fulgurante.
L’effet des deux discours du 3 juillet et du 19 aoĂ»t est considĂ©rable. Le jeu des allers et retours de l’AcadĂ©mie Ă  la Chambre, puis de la Chambre Ă  l’AcadĂ©mie est habile. Arago use d’une lĂ©gitimitĂ© scientifique lorsqu’il s’exprime Ă  la Chambre des dĂ©putĂ©s ; il bĂ©nĂ©ficie d’une lĂ©gitimitĂ© politique lorsqu’il revient s’exprimer Ă  l’AcadĂ©mie des sciences. Les conditions d’une adhĂ©sion sans faille Ă  une invention qui, avant mĂȘme son annonce officielle, subit dĂ©jĂ  le feu des critiques6, est Ă  ce prix.
François Arago ne limite pas ses stratĂ©gies Ă  l’annonce d’une dĂ©couverte : il installe les mĂ©canismes d’une gestion et d’une administration de l’image. La dimension du profit est prise en compte : celui-ci n’est pas seulement d’ordre financier mais Ă©galement d’ordre politique. La photographie est une ressource qu’il convient de faire fructifier et la fin conditionne la mise en ordre. Les prĂ©curseurs ne sont pas oubliĂ©s. Arago souligne leurs mĂ©rites respectifs (Porta l’Italien, Charles le Français, les Anglais Wedgwood et Humphry Davy). En situant cependant comme fondatrice la dĂ©couverte de Daguerre, il coupe court d’emblĂ©e Ă  toute revendication Ă©trangĂšre de prioritĂ©, donne Ă  la photographie une dimension nationale.

RĂȘves d’Orient

Toute une circulation des images se met en branle. La dimension sensible, tabou de la science officielle de « l’aprĂšs-LumiĂšres », s’installe magnifiquement au sein des rationalitĂ©s scientifiques. Les bĂ©nĂ©fices sont rĂ©ciproques. Les milieux scientifiques, qui auraient pu ĂȘtre les premiers Ă  dĂ©noncer les images comme obstacles Ă  la rĂ©alitĂ© du monde, s’emparent sans complexes de la photographie naissante. Celle-ci apparaĂźtra mĂȘme plus tard comme un hommage rendu Ă  la physique : « Parmi les titres si nombreux qui [la] dĂ©signent [
], il en est un qui frappe surtout : c’est le tĂ©moignage Ă©clatant qu’elle a fourni de la puissance et de la haute portĂ©e des sciences physiques Ă  notre Ă©poque. [
] OĂč trouver un plus merveilleux enchaĂźnement de crĂ©ations fĂ©condes7 ? »
Si l’argumentation et la rhĂ©torique de François Arago portent autant leurs fruits c’est aussi que l’invention de la photographie et les mots pour la dire mettent Ă  vif et rĂ©activent de puissantes utopies. La promotion des nouvelles techniques de la photographie va de pair avec des rĂȘves d’Orient inassouvis depuis l’expĂ©dition d’Égypte menĂ©e par Bonaparte de 1798 Ă  1801. Trop jeune — il avait alors entre douze et seize ans — Arago avait dĂ» se contenter de prendre patience, Ă  l’instar des adolescents du mĂȘme Ăąge. « Chacun songera Ă  l’immense parti qu’on aurait tirĂ©, pendant l’expĂ©dition d’Égypte, d’un moyen de reproduction si exact et si prompt ; chacun sera frappĂ© de cette rĂ©flexion, que si la photographie avait Ă©tĂ© connue en 1798, nous aurions des images fidĂšles d’un bon nombre de tableaux emblĂ©matiques [
]. »
Sa dĂ©fense vigoureuse de la photographie ne peut se comprendre sans prendre en compte le projet illustrĂ© de La Description d’Égypte publiĂ© entre 1802 et 1812, au retour de l’expĂ©dition. L’ouvrage fut menĂ© Ă  bien dans l’esprit d’une collecte iconographique de grande envergure, elle-mĂȘme directement hĂ©ritĂ©e de l’EncyclopĂ©die de Diderot et d’Alembert dont l’article « Égypte » fournit les clĂ©s du projet de Bonaparte : « C’était jadis un pays d’admiration, c’en est un aujourd’hui Ă  Ă©tudier. »
L’utopie encyclopĂ©dique, bien prĂ©sente chez Arago et les premiers photographes, s’ancre doublement dans le sentiment de l’inachĂšvement de La Description d’Égypte et dans le rĂȘve de dĂ©couvertes et d’expĂ©ditions lointaines : « [
] et sur plusieurs des grandes planches de l’ouvrage cĂ©lĂšbre, fruit de notre immortelle expĂ©dition, de vastes Ă©tendues d’hiĂ©roglyphes rĂ©els iront remplacer des hiĂ©roglyphes fictifs ou de pure convention ; et les dessins surpa...

Table des matiĂšres

  1. Couverture
  2. Titre
  3. « Le champ médiologique » collection dirigée par Régis Debray
  4. Du mĂȘme auteur
  5. Copyright
  6. Remerciements
  7. Préambule
  8. PremiÚre partie - La gravure
  9. DeuxiÚme partie - La photographie
  10. Troisiùme partie - L’imagerie
  11. L’invitation mĂ©diologique
  12. Table