
- 272 pages
- French
- ePUB (adapté aux mobiles)
- Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub
La Fabrique du regard
Ă propos de ce livre
Comment pouvons-nous croire les images quand, d'Ă©vidence, elles ne sont pas les choses ? Et pourtant que seraient la biologie, la gĂ©ographie, l'astronomie, la mĂ©decine, sans images ? Qu'est-ce alors que voir ? Et que savoir ? Des gravures de VĂ©sale aux clichĂ©s duXIXe siĂšcle, des photographies calculĂ©es de trous noirs aux images issues de la sonde spatiale Pathfinder et aux Ă©chographies dĂ©sormais courantes, voici l'histoire de l'imagerie dans les sciences. OĂč l'on dĂ©couvre comment la technique a modifiĂ© notre vue sur le monde : nos images ne se contentent pas d'affiner notre regard ; elles le fabriquent littĂ©ralement, nous donnant accĂšs Ă un rĂ©el inaccessible Ă l'Ćil humain. Chercheur au CNRS, Monique Sicard a notamment publiĂ© L'AnnĂ©e 1895, l'image Ă©cartelĂ©e entre voir et savoir et Chercheurs ou Artistes ? Entre art et science, ils rĂȘvent le monde.
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Informations
DEUXIĂME PARTIE
La photographie
CHAPITRE VIII
Légitimations
François Arago, 1839
Les fondements dâune confiance
Lâaccueil chaleureux reçu par la photographie au sein du monde scientifique Ă partir de lâannĂ©e 1839 ne manque pas dâĂ©tonner : rien nâest moins scientifique quâune image. Globale, sans clĂ© dâentrĂ©e, non discursive, apte Ă changer de sens sous lâeffet des variations de contextes, une image nâest douĂ©e de nulle rigueur. Elle nâoffre nulle sĂ»retĂ© dâinterprĂ©tation, reste indescriptible, inĂ©puisable par les mots. Surtout â et malgrĂ© tous les discours objectivants â elle ne fonctionne que dans une rĂ©ception sensible.
Le Point de vue dâaprĂšs nature pris dâune fenĂȘtre de la maison du Gras Ă Saint-Loup de Varennes, considĂ©rĂ© comme la « premiĂšre photographie connue », aurait Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© en 1826 ou 1827 par NicĂ©phore NiĂ©pce. Ce nâest pourtant pas cette date qui est retenue par la postĂ©ritĂ© comme date fondatrice de la photographie, mais celle de son annonce officielle par François Arago : lâannĂ©e 1839. La diffusion, le « faire savoir » importent plus que la dĂ©couverte ; le « Comment ça marche ? » plus que lâacte fondateur lui-mĂȘme. Pour François Brunet1, fĂȘter lâannĂ©e 1839 revient Ă consacrer un « imposteur » (Daguerre), Ă donner « une vue tronquĂ©e, erronĂ©e de lâinvention ».
Certes, la photographie nâest pas nĂ©e, ponctuellement, un certain jour de 1839. Il y eut aussi, cette annĂ©e-lĂ , lecture par W. H. Fox Talbot dâun mĂ©moire sur lâart du dessin photogĂ©nique ou procĂ©dĂ© par lequel les objets naturels peuvent se tracer eux-mĂȘmes, sans lâaide du crayon de lâartiste. Il y eut aussi lâentrevue dâHippolyte Bayard avec François Arago ; et lâannĂ©e suivante, en 1840, la mise au point du calotype par W. H. Fox Talbot. Il ne convient pas tant de sâĂ©tonner ici quâun instant sacrĂ© consacre lâapparition soudaine dâune technique, que dâinterroger lâimportance exceptionnelle qui reste accordĂ©e Ă cette annĂ©e 1839.
NiĂ©pce est mort depuis six ans. Depuis sa mort, Daguerre, en charge du contrat signĂ© avec lui en 1829, poursuit deux voies techniques simultanĂ©es : la sienne propre et celle ouverte par NiĂ©pce. En juin 1837, Isidore, fils de NicĂ©phore NiĂ©pce, vient Ă Paris afin de signer avec Daguerre un « traitĂ© dĂ©finitif ». Daguerre est alors un notable bien engagĂ© dans ce que lâon appellerait aujourdâhui les « industries culturelles » avec la gestion de ses deux dioramas, lâun en France, lâautre en Angleterre. Ce dernier traitĂ© fait mention dâun nouveau procĂ©dĂ© mis au point par Daguerre seul : le daguerrĂ©otype. En 1838, Daguerre tente en vain de fonder une sociĂ©tĂ© par actions afin de protĂ©ger ses procĂ©dĂ©s. Il propose ensuite de les cĂ©der au gouvernement Louis-Philippe en Ă©change dâune rente et obtient que François Arago annonce la dĂ©couverte, sans en dĂ©voiler les procĂ©dĂ©s, lors de la sĂ©ance du 7 janvier 1839 Ă lâAcadĂ©mie des sciences. Le 8 mars 1839, le diorama parisien dont il est propriĂ©taire est dĂ©truit par un incendie. Il est dĂ©cidĂ© quâune rente serait accordĂ©e simultanĂ©ment au fil de NiĂ©pce et Ă Daguerre, celui-ci bĂ©nĂ©ficiant dâun supplĂ©ment pour « les secrets du diorama ».
En 1827, Arago bĂ©nĂ©ficiait dĂ©jĂ dâune grande notoriĂ©tĂ© scientifique, mais il nâĂ©tait pas encore dĂ©putĂ©. En 1839, il est en mesure dâoffrir Ă la nation lâune des trois grandes dĂ©couvertes du siĂšcle, avec la vapeur et lâĂ©lectricitĂ©. Et puis NiĂ©pce est un inventeur, pas mĂȘme un « savant ». Daguerre, lui, est dĂ©jĂ un chef dâentreprise. Il incarne une autre sociĂ©tĂ©. Arago justifie son soutien Ă Daguerre par le coĂ»t Ă©levĂ© du daguerrĂ©otype : la photographie sur papier nâeĂ»t pas, selon lui, nĂ©cessitĂ© lâintervention de lâAssemblĂ©e. Or, il se trouve que le daguerrĂ©otype convient bien Ă la science. PrĂ©cis, exact, prĂ©cieux, ne nĂ©cessitant pas la subjectivitĂ© dâun observateur, il intĂ©resse une Ă©lite scientifique adepte de nouveautĂ©s. Innovation en rupture avec ce qui lâa prĂ©cĂ©dĂ©, a-historique, mieux que les performances photographiques de NiĂ©pce nĂ©cessitant de longs temps de pose, il apparaĂźt comme un nouvel outil rĂ©solument tournĂ© vers lâavenir, la promesse dâun monde nouveau.
En cette annĂ©e 1839, le dĂ©putĂ© dĂ©mocrate et homme de science François Arago officialise donc la dĂ©couverte de la photographie. En en rendant publics les procĂ©dĂ©s techniques, il offre Ă tous â « au monde entier » â lâinvention. En Ă©change, le ministĂšre de lâIntĂ©rieur sâengage Ă verser une rente Ă vie Ă Daguerre et aux descendants de NiĂ©pce. En rĂ©alitĂ©, il ne sâagit pas seulement de rĂ©compenser des inventeurs, mais bien dâĂ©viter de laisser Ă©chapper par lâĂtat une dĂ©couverte dont il pressent les puissants dĂ©veloppements scientifiques et industriels.
En outre, Arago sait bien que la science a besoin dâune adhĂ©sion sociale et que « le public ne doit rien Ă qui ne lui a rendu aucun service2 ».
Les trois interventions effectuĂ©es par François Arago Ă lâAcadĂ©mie des sciences et Ă la Chambre des dĂ©putĂ©s au cours des mois de janvier, juillet et aoĂ»t 1839, sont dĂ©cisives. En dĂ©voilant les secrets de fabrication, elles font basculer lâinvention du privĂ© au public. En mettant en branle une vĂ©ritable circulation des images, elles jettent les bases de leur administration. La photographie sâinstalle dans une quadruple lĂ©gitimitĂ© Ă©conomique, sociale, scientifique et politique. Alors se mettent en place les fondements dâune confiance dans les images aux profondes consĂ©quences symboliques, pratiques, Ă©conomiques.
Effets dâannonce
Le 7 janvier 18393, François Arago entretient « avec beaucoup de dĂ©tails » lâAcadĂ©mie des sciences au sujet dâune dĂ©couverte faite par M. Daguerre mais ne dĂ©voile pas les procĂ©dĂ©s de fabrication de la photographie. LâidĂ©e passe quâil sâagit lĂ dâune des plus prodigieuses inventions de notre siĂšcle, que la France se doit de « doter le monde entier dâune dĂ©couverte qui peut tant contribuer aux progrĂšs des arts et des sciences ». Pour Arago, il semble indispensable que le gouvernement dĂ©dommage directement M. Daguerre dont il fait lâĂ©loge. Il annonce quâil adressera Ă ce sujet une demande au ministĂšre ou aux Chambres mais souhaite sâassurer auparavant que la mĂ©thode est peu coĂ»teuse, utilisable par tous.
Le 3 juillet 18394, il effectue Ă lâAssemblĂ©e nationale une importante intervention sur les travaux de la commission chargĂ©e de lâexamen du projet de loi tendant Ă accorder une pension Ă Daguerre et aux enfants de NiĂ©pce, « pour la cession faite par eux du procĂ©dĂ© servant Ă fixer les images de la chambre obscure ». Ă cette Ă©poque, les jeux sont faits et quasiment gagnĂ©s : lâAssemblĂ©e a dĂ©jĂ manifestĂ© son intĂ©rĂȘt pour les projets photographiques.
La communication transforme en ressource nationale un procĂ©dĂ© technique. Arago se fait simultanĂ©ment le chantre dâune nouvelle technologie et celui du progrĂšs social. Ă cette fin, il use dâun langage didactique, clair. Il crĂ©e un effet dâannonce : une fois la loi votĂ©e, les procĂ©dĂ©s photographiques seront dĂ©voilĂ©s lors dâune sĂ©ance exceptionnelle Ă lâAcadĂ©mie des sciences. La photographie est une exactitude. Elle met en Ćuvre une physique, une chimie, des expĂ©riences. En outre, par lâusage dâune perspective centrale, elle « obĂ©it aux rĂšgles gĂ©omĂ©triques » issues de la Renaissance.
Le 19 aoĂ»t 18395, François Arago prend de nouveau la parole. Cette fois, devant lâAcadĂ©mie des sciences et lâAcadĂ©mie des beaux-arts rĂ©unies, il dĂ©voile les procĂ©dĂ©s techniques de la photographie. Câest cependant aux acadĂ©miciens des sciences quâArago sâadresse en premier lieu. Soutenu par la conviction que la connaissance scientifique porte en germe des transformations sociales, il accorde Ă la photographie naissante un statut scientifique. De dĂ©couverte inclassable, celle-ci devient outil de connaissance.
Arago, cependant, nâoublie pas le monde artistique, jusque-lĂ dĂ©positaire de lâhistoire des images : il a pris soin de confier au peintre Paul Delaroche la rĂ©daction dâune note prĂ©alable destinĂ©e Ă aider la commission prĂ©paratoire au projet de loi. Pour le peintre, « la correction des lignes, la prĂ©cision des formes est aussi complĂšte que possible dans les dessins de M. Daguerre, et lâon y reconnaĂźt en mĂȘme temps un modelĂ© large, Ă©nergique, et un ensemble aussi riche de ton que dâeffet. Le peintre trouvera dans ce procĂ©dĂ© un moyen prompt de faire des collections dâĂ©tudes quâil ne pourrait obtenir autrement quâavec beaucoup de peine [âŠ] ». Paul Delaroche coupe court aux dĂ©tracteurs : « En rĂ©sumĂ©, lâadmirable dĂ©couverte de M. Daguerre est un immense service rendu aux arts. » Pour les artistes, dĂ©sormais, la photographie sâimpose comme « objet de recherche et dâĂ©tude ».
à la suite de cette seconde intervention de François Arago, le procédé photographique connaßt une diffusion fulgurante.
Lâeffet des deux discours du 3 juillet et du 19 aoĂ»t est considĂ©rable. Le jeu des allers et retours de lâAcadĂ©mie Ă la Chambre, puis de la Chambre Ă lâAcadĂ©mie est habile. Arago use dâune lĂ©gitimitĂ© scientifique lorsquâil sâexprime Ă la Chambre des dĂ©putĂ©s ; il bĂ©nĂ©ficie dâune lĂ©gitimitĂ© politique lorsquâil revient sâexprimer Ă lâAcadĂ©mie des sciences. Les conditions dâune adhĂ©sion sans faille Ă une invention qui, avant mĂȘme son annonce officielle, subit dĂ©jĂ le feu des critiques6, est Ă ce prix.
François Arago ne limite pas ses stratĂ©gies Ă lâannonce dâune dĂ©couverte : il installe les mĂ©canismes dâune gestion et dâune administration de lâimage. La dimension du profit est prise en compte : celui-ci nâest pas seulement dâordre financier mais Ă©galement dâordre politique. La photographie est une ressource quâil convient de faire fructifier et la fin conditionne la mise en ordre. Les prĂ©curseurs ne sont pas oubliĂ©s. Arago souligne leurs mĂ©rites respectifs (Porta lâItalien, Charles le Français, les Anglais Wedgwood et Humphry Davy). En situant cependant comme fondatrice la dĂ©couverte de Daguerre, il coupe court dâemblĂ©e Ă toute revendication Ă©trangĂšre de prioritĂ©, donne Ă la photographie une dimension nationale.
RĂȘves dâOrient
Toute une circulation des images se met en branle. La dimension sensible, tabou de la science officielle de « lâaprĂšs-LumiĂšres », sâinstalle magnifiquement au sein des rationalitĂ©s scientifiques. Les bĂ©nĂ©fices sont rĂ©ciproques. Les milieux scientifiques, qui auraient pu ĂȘtre les premiers Ă dĂ©noncer les images comme obstacles Ă la rĂ©alitĂ© du monde, sâemparent sans complexes de la photographie naissante. Celle-ci apparaĂźtra mĂȘme plus tard comme un hommage rendu Ă la physique : « Parmi les titres si nombreux qui [la] dĂ©signent [âŠ], il en est un qui frappe surtout : câest le tĂ©moignage Ă©clatant quâelle a fourni de la puissance et de la haute portĂ©e des sciences physiques Ă notre Ă©poque. [âŠ] OĂč trouver un plus merveilleux enchaĂźnement de crĂ©ations fĂ©condes7 ? »
Si lâargumentation et la rhĂ©torique de François Arago portent autant leurs fruits câest aussi que lâinvention de la photographie et les mots pour la dire mettent Ă vif et rĂ©activent de puissantes utopies. La promotion des nouvelles techniques de la photographie va de pair avec des rĂȘves dâOrient inassouvis depuis lâexpĂ©dition dâĂgypte menĂ©e par Bonaparte de 1798 Ă 1801. Trop jeune â il avait alors entre douze et seize ans â Arago avait dĂ» se contenter de prendre patience, Ă lâinstar des adolescents du mĂȘme Ăąge. « Chacun songera Ă lâimmense parti quâon aurait tirĂ©, pendant lâexpĂ©dition dâĂgypte, dâun moyen de reproduction si exact et si prompt ; chacun sera frappĂ© de cette rĂ©flexion, que si la photographie avait Ă©tĂ© connue en 1798, nous aurions des images fidĂšles dâun bon nombre de tableaux emblĂ©matiques [âŠ]. »
Sa dĂ©fense vigoureuse de la photographie ne peut se comprendre sans prendre en compte le projet illustrĂ© de La Description dâĂgypte publiĂ© entre 1802 et 1812, au retour de lâexpĂ©dition. Lâouvrage fut menĂ© Ă bien dans lâesprit dâune collecte iconographique de grande envergure, elle-mĂȘme directement hĂ©ritĂ©e de lâEncyclopĂ©die de Diderot et dâAlembert dont lâarticle « Ăgypte » fournit les clĂ©s du projet de Bonaparte : « CâĂ©tait jadis un pays dâadmiration, câen est un aujourdâhui Ă Ă©tudier. »
Lâutopie encyclopĂ©dique, bien prĂ©sente chez Arago et les premiers photographes, sâancre doublement dans le sentiment de lâinachĂšvement de La Description dâĂgypte et dans le rĂȘve de dĂ©couvertes et dâexpĂ©ditions lointaines : « [âŠ] et sur plusieurs des grandes planches de lâouvrage cĂ©lĂšbre, fruit de notre immortelle expĂ©dition, de vastes Ă©tendues dâhiĂ©roglyphes rĂ©els iront remplacer des hiĂ©roglyphes fictifs ou de pure convention ; et les dessins surpa...
Table des matiĂšres
- Couverture
- Titre
- « Le champ médiologique » collection dirigée par Régis Debray
- Du mĂȘme auteur
- Copyright
- Remerciements
- Préambule
- PremiÚre partie - La gravure
- DeuxiÚme partie - La photographie
- TroisiĂšme partie - Lâimagerie
- Lâinvitation mĂ©diologique
- Table