Showbiz, people et corruption
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Showbiz, people et corruption

  1. 432 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Showbiz, people et corruption

À propos de ce livre

De longue date, le milieu criminel a compris l'intérêt d'approcher et, si possible, de compromettre les puissants du jour. Grand laboratoire de la modernité, les États-Unis ont longtemps été à la pointe de cette contagion par le gangstérisme des élites du cinéma, de la télévision, de la musique ou du sport. Désormais, le reste du monde et la France peinent à échapper à ce phénomène. Dans une société du spectacle où artistes et vedettes jouent un rôle de phares et parfois de modèles, pas étonnant que le crime organisé ait cherché à s'en servir pour se valoriser, pour favoriser ses intérêts, pour rendre ses activités plus respectables. Voici, des années 1940 à nos jours, à travers une foule d'histoires et d'affaires, les stratégies et les méthodes qu'il a déployées. De la pénétration de Hollywood par la Mafia au monde de la nuit et de la mode en France, de l'affaire Markovic au scandale Khalifa, du porno au jeu vidéo, de la chanson au cinéma, voici comment monde du crime et monde du spectacle s'allient et s'utilisent dans un jeu dont nous pourrions bien être les victimes. Jean-François Gayraud est docteur en droit, diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris et de l'Institut de criminologie de Paris. Commissaire divisionnaire de la police nationale, il a notamment publié Le Monde des mafias. Géopolitique du crime organisé.

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Informations

Éditeur
Odile Jacob
Année
2009
Imprimer l'ISBN
9782738122322
ISBN de l'eBook
9782738195364
Deuxième partie
Les attractions dangereuses :
show-business, sport professionnel
et crime organisé
« Aphorisme : le spectacle se reproduit par scissiparité. »
Jean-Patrick MANCHETTE,
Journal 1966-1974219.
Préambule
Vedettes et gangsters :
fascination, inspiration
et connivences
Gangsters et célébrités des mondes artistique et sportif s’attirent mutuellement de manière permanente. Cette attirance est systématique, au point de prendre l’aspect d’une véritable loi sociologique. Pourquoi ?
La première raison est psychologique : la fascination mutuelle. On ne compte plus les gangsters qui auraient voulu être des vedettes de cinéma et, a contrario, les vedettes de cinéma qui auraient voulu être des gangsters. Ainsi, l’histoire tant du cinéma que du crime organisé sont-elles traversées d’un côté par des voyous faisant leur show afin d’accéder à une éphémère et dangereuse célébrité (Al Capone, John Gotti, Jacques Mesrine, etc.) et, de l’autre, par des artistes jouant les durs afin de réaliser leurs fantasmes juvéniles ou leurs penchants criminels inassouvis. En américain argotique, la catégorie des (artistes) « aspirants gangsters » est d’ailleurs désignée par une expression spécifique, celle de : « wannabe », contraction de « want to be » (a gangster).
Cette fréquentation mutuelle et croisée est une source constante de frissons et de vanité. Que de sensations fortes pour un acteur à fréquenter des individus vivant dans le monde réel, quelle émotion véritable à approcher ce que l’on ne vit jamais mais que l’on se contente de (se) représenter ! Quant aux gangsters, en côtoyant les célébrités, ils expriment par là leur pouvoir nouveau et leur réussite sociale. Les sportifs n’échappent pas à cette chimère. Les « sports d’hommes », virils, fascinent les voyous : la boxe, le football américain, etc.
Un exemple récent parmi des milliers. En 1999, le comédien britannique Hughes Grant produit et joue dans le film Mickey les yeux bleus (de Kelly Makin), présenté comme « une comédie romantique sur la Mafia » (!). Interrogé sur le film, le comédien livre des réflexions très révélatrices :
« D’où vient cette fascination pour la Mafia ?
— Je ne sais pas. Je viens de la bourgeoisie anglaise et je crois que j’ai toujours été fasciné par ce monde très dangereux et très macho. Ces types sont aussi très sexy.
[…]
— Vous êtes devenu ami avec des mafieux ?
— Ils sont si gentils, si charmants que vous en oubliez la violence dont ils sont capables. D’ailleurs, quand vous dînez avec eux, ils vous disent qu’ils ne sont pas dans la Mafia. Mais dès que vous avez pris seize verres de whisky avec eux, là, ils avouent en faire partie. Ils boivent comme des trous ! Moi aussi… d’ailleurs, ils m’appelaient Mickey raide220. »
Tout cela est charmant…
Un exemple plus ancien démontre combien il s’agit là d’une situation archétypique. Steve Stevens en offre un témoignage saisissant dans son livre de souvenirs : King of The Sunset Strip221. À la fin des années 1950, alors jeune acteur un peu naïf et en quête de rôles, Steve Stevens rencontre par hasard le caïd de Hollywood, Mickey Cohen, qui dirige, en tant qu’associé de la Mafia, une bonne partie des rackets de Los Angeles. Steve Stevens raconte la dépendance qui se noue ensuite entre les deux hommes : le comédien débutant subit une véritable fascination pour un vrai gangster, tandis que Mickey Cohen ajoute Steve Stevens à sa collection de relations chez les gens célèbres, ou en passe de l’être. Steve Stevens avoue s’être transformé en véritable mascotte du gangster, au point de ne plus pouvoir s’en détacher :
« Quelque chose [d’autre] m’ancrait à Mickey. Mon intraitable ego, ma répugnance immature à examiner et à admettre la situation – un mélange irrationnel de dépendance imméritée, d’admiration imméritée, et de peur méritée – formaient une sorte de chaîne me liant à lui. […]
Je me sacrifiais, au nom d’une conception erronée de la loyauté, à un sociopathe qui me conservait auprès de lui pour son seul amusement222… »
Les voyous sont fiers de fréquenter les vedettes et inversement. Dans le film de Martin Scorsese, GoodFellas (Les Affranchis, 1990), l’acteur Ray Liota interprète le personnage de l’ex- « associé » de Cosa Nostra, Henry Hill, qui déclare :
« Tous les gens du cinéma veulent fréquenter les bandits. Les bandits sont comme des bijoux de valeur avec lesquels vous paradez dans une soirée. »
Benjamin « Bugsy » Siegel, l’ami des vedettes et surtout l’homme de Cosa Nostra à Hollywood et Las Vegas, aurait voulu être un acteur. Ce que décrit son ami le comédien George Raft (né Rollo), lui-même ex-gangster du temps de la Prohibition à New York223 :
« Benny prit un intérêt tout personnel au tournage des films. Il acheta des caméras, des projecteurs et d’autres équipements et venait souvent dans les studios observer les processus techniques. Un jour, il me demanda de le photographier et je fis quelques prises de lui avec son appareil dans mon dressing-room, et plus tard il montra le film à la maison. Je savais que, comme beaucoup de gens, il était frustré de ne pouvoir être un acteur et désirait secrètement une carrière cinématographique224. »
La fascination des gangsters et des vedettes ne contient pas qu’une dimension abstraite. Elle est aussi très sexuelle et charnelle. Les voyous aiment à croire que le cinéma attire les plus belles femmes : la « chasse aux blondes » fut ainsi une des grandes motivations des mafieux de Chicago et de New York pour investir Hollywood ; et, dans le même temps, certaines d’entre elles étaient émoustillées à l’idée de frôler – et plus – de vrais durs et non de pâles imitations cinématographiques. Mystères de la séduction qui recherche d’un côté les paillettes et de l’autre le danger. C’est pourquoi, on ne compte plus les couples actrice/gangster : « Longy » Zwillman et Jean Harlow, Charles « Lucky » Luciano et Thelma Todd225, etc.
Les gangsters savent aussi que leur postérité passe par la voie du cinéma, si possible de façon flatteuse. C’est ainsi que, dans les années 1960, Charles « Lucky » Luciano décide, depuis son exil napolitain, et alors qu’il sent sa fin proche, de se lancer dans la réalisation d’un film racontant sa vie. Il écrit un scénario, réfléchit à des interprètes – regrettant pour son rôle que Humphrey Bogart soit mort ! – et signe un contrat avec le producteur de Hollywood Barnett Glassman226.
Parfois, les gangsters aiment sincèrement le cinéma, un art dans lequel ils trouvent souvent une source d’identification. Ce fut le cas par exemple pour John Dillinger (années 1930, États-Unis) et Jacques Mesrine (années 1970, Canada et France) qui furent tous deux, de leur temps, surnommés « L’ennemi public n° 1 ». John Dillinger est abattu par le FBI en 1934 à Chicago alors qu’il sort d’un cinéma où il a vu le film noir : Manhattan Melodrama avec Clark Gable et William Powell (W. S. Van Dyke, 1934). Jacques Mesrine, quant à lui, fait de multiples références au cinéma dans son autobiographie L’Instinct de mort227 et raconte sa passion pour le grand écran :
« Toute ma jeunesse avait été conditionnée par les gangsters que j’avais vus. Je suis certain qu’à cette époque, si on m’avait demandé : “Que veux-tu faire, plus tard, mon petit ?”, j’aurais répondu : “Truand”, comme d’autres auraient dit pompier, avocat ou médecin. »
Cette fascination mutuelle a ainsi pour conséquence des échanges concrets, sous forme d’inspiration mutuelle.
La deuxième raison est en effet intellectuelle : une inspiration/imitation croisée. Dans le processus complexe de « l’art qui imite la vie qui imite l’art qui imite la vie, etc. », gangsters et artistes jouent un jeu de miroirs sans fin. Ils s’inspirent, s’imitent et se copient réciproquement à l’infini. Et, à l’examen, contrairement à une idée reçue, c’est en général plus la vie qui imite l’art que le contraire. Le cinéma crée en effet plus de modèles et de stéréotypes criminels qu’il n’en copie dans la vie réelle. Par ailleurs, la pègre américaine est souvent le reflet obscur des excès de Hollywood, et inversement. C’est largement Hollywood qui a appris aux gangsters à s’habiller et à se tenir en société. D’abord ceux qui vivaient au contact même des studios pour les parasiter, puis ceux ensuite qui regardaient les films. L’acteur George Raft a pour meilleurs amis les plus grands bandits de son époque et il avoue qu’il aurait voulu être un vrai gangster professionnel, ce qu’il fut d’ailleurs à l’origine :
« Quand je suis devenu une star de cinéma, on me posa des questions sur les durs à cuire que je fréquentais, je répondais : “Je pense que ce sont les types les plus merveilleux au monde.” »
Et il explique à son biographe :
« Ces camarades – [Bugsy] Siegel, Costello, Adonis, Luciano et Madden – étaient des dieux pour moi. Ils avaient tous des Cadillac de 16 cylindrés, et, comme quelqu’un l’a dit, quand il y a de l’argent quelque part vous devez mettre la main dessus. Là où ils allaient, il y avait des chefs de la police et des politiciens s’inclinant devant eux. Je pensais, ces camarades ne peuvent donc pas réellement mal faire. Pourquoi ne pourrais-je pas être comme eux ? Je voulais suivre leur modèle228. »
D’ailleurs il les connaissait tous depuis sa jeunesse « agitée » à New York :
« J’ai rencontré Meyer Lansky, mais je n’ai jamais été associé avec lui. De mon temps, je les connaissais tous. Al Capone, Joe Adonis, Frank Costello, Vito Genovese, Dutch Schultz, Machine Gun Jack McGurn, Lucky Luciano, Vinnie Coll. Je vais vous dire la vérité. Je les admirais229. »
Cette fascination de George Raft pour les gangsters le pousse inévitablement à les imiter. Pour son rôle dans le film de Howard Hawks, Scarface (1932), George Raft s’inspire du maniérisme du mafieux new-yorkais Joe Adonis : son jeu de mains, sa façon de parler, son port de menton. Joe Adonis est si flatté par ce qui a tout d’une imitation que, en 1951, quand il doit affronter les auditions télévisées de la commission Kefauver, il demande à George Raft de le conseiller : un coach de télévision ! Ces amitiés mafieuses entraînent George Raft un peu loin puisqu’il franchit plus tard la barrière qui sépare la fiction du réel. La fascination et l’inspiration se transforment en complicité : en 1967, le gouvernement britannique l’expulse au motif qu’il sert d’homme de paille pour la Mafia dans le casino londonien, le Colony Club. Cependant, a contrario, dès que Scarface sort sur les écrans, les voyous se mettent à singer George Raft. Son ami Benjamin « Bugsy » Siegel décide de s’habiller comme lui dans le film. Et George Raft en est fier : « Siegel essayait de m’imiter et de copier mon style230. »
Surtout, nombre de gangsters, afin de se donner une contenance, reprennent un geste que George Raft fait constamment dans le film : lancer une pièce en l’air, d’un air décontracté. L’idée venait semble-t-il du réalisateur Howard Hawks231. George Raft était très conscient de ce jeu de miroirs entre voyous et acteurs. Ainsi, interrogé un jour sur la raison pour laquelle les vrais gangsters ressemblaient tant à ceux du cinéma, George Raft répliqua simplement : c’est parce que les acteurs leur ont appris à parler !
Parfois, dans l’imitation, le réel et la fiction ne font plus qu’un. Joseph « Crazy Joe » Gallo, redoutable tueur de la Famille Colombo de Cosa Nostra, avait l’habitude de passer des heures à regarder de vieux films de gangsters interprétés par James Cagney et Edward G. Robinson, et ce afin de copier leur manière d’être (parler, attitudes). Le soir de son assassinat dans un restaurant de Little Italy (Manhattan, New York), Joseph « Crazy Joe » Gallo passait la soirée en compagnie d’un comédien qui devait interpréter son rôle dans un film. L’artiste le questionnait sur sa manière de parler et de marcher, ignorant visiblement que le mafieux avait calqué sa manière d’être sur les vedettes du cinéma en noir et blanc !
Le grand écrivain et scénariste à Hollywood Raymond Chandler avait bien noté cette identification des gangsters avec les vedettes du cinéma, dans son premier roman, paru en 1939, Le Grand Sommeil :
« C’était la voix désinvolte et travaillée du grand méchant de cinéma. Le cinéma les a tous rendus comme ça232. »
Quand Le Parrain de Francis Ford Coppola sort en salles ...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Titre
  3. Copyright
  4. Dédicace
  5. Introduction
  6. Première partie - Comment le milieu criminel approche puis corrompt certaines élites
  7. Deuxième partie - Les attractions dangereuses : show-business, sport professionnel et crime organisé
  8. Troisième partie - Nouvelles frontières, nouveaux territoires de la corruption spectaculaire
  9. Conclusion
  10. Annexes
  11. Notes
  12. Bibliographie
  13. Index
  14. Du même auteur