Qu'est-ce que la société ?
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Qu'est-ce que la société ?

(Volume 3)

  1. 896 pages
  2. French
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  4. Disponible sur iOS et Android
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Qu'est-ce que la société ?

(Volume 3)

À propos de ce livre

Les plus grands spécialistes français sont réunis dans ce volume. Ils éclairent les grandes questions que posent l'environnement et la ville, l'histoire, l'économie, la famille, le travail, la communication, la violence, l'État. Contributions de Gilbert Abraham-Frois, Edmond Alphandéry, François Ascher, Martine Barthélemy, Alain Bauer, Zygmunt Bauman, Jean Bazin, Hans Belting, Bruno Berthon, Pascal Boniface, Bernard Brunhes, Robert Castel, Olivier Cayla, Françoise Champion, Louis Chauvel, Jean-Marie Chevalier, Daniel Cohen, Élie Cohen, Béatrice Collignon, Alain Corbin, Geoffrey Crossick, Michel Didier, Yann Duchesne, Philippe Engelhard, Geneviève Fraisse, Michel Friedlander, François Gaudu, Xavier Gaullier, Jean-Louis Gombeaud, Christian Grataloup, Laurent Grégoire, Michel Grésillon, Yves Guermond, Françoise Héritier, Pierre Jacob, Denis Kessler, Richard Kleinschmager, Serge-Christophe Kolm, Catherine Labrusse-Riou, Abdallah Laroui, Claude Lefort, Jacques Le Goff, Jean-Pierre Le Goff, Philippe Lemoine, Thierry Leterre, Jean-Hervé Lorenzi, Michel Maffesoli, Philippe Martin, Yves Michaud, Jérôme Monnet, Olivier Mongin, Gérard Noiriel, Frédéric Ocqueteau, Jean-Pierre Orfeuil, Pascal Ory, Habib Ouane, Françoise Parot, Jean-Claude Passeron, Michelle Perrot, Étienne Picard, Denise Pumain, Alain Renaut, Michel Rocard, Robert Rochefort, Marcel Roncayolo, Didier Roux, Alain Schnapp, François de Singly, Jean-François Six, Brigitte Stern, Christian Stoffaës, Serge Tisseron, Alain Touraine, Jean-Didier Urbain, Yvan Vérot, Jean-Claude Ziv.

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Informations

Éditeur
Odile Jacob
Année
2006
Imprimer l'ISBN
9782738109101

III

LA VILLE GLOBALE



La mégapolisation : le défi de la ville-monde1


par Jérôme Monnet

De la Mégalopolis aux mégapoles

« Mégalopolis » a été choisi en 1961 par le géographe Jean Gottmann pour désigner l’ensemble urbain formé à partir de plusieurs pôles sur la côte nord-est des États-Unis2. Il a puisé ce toponyme dans la Grèce antique : en 370 avant J.-C., plusieurs cités du Péloponnèse fondèrent sous ce nom une ville pour en faire la capitale d’une nouvelle alliance. Gottmann a voulu désigner ainsi une entité urbaine rompant avec le schéma classique de l’urbanisation, du fait de son gigantisme (24 millions d’habitants dès 1950, 600 km de Washington à Boston) et de sa « structure nébuleuse » polarisée par un chapelet de six grandes métropoles. Chez les spécialistes, ce terme ne désigne plus seulement cet ensemble unique, mais aussi un type d’urbanisation repéré également sur la côte sud-est du Japon et en Europe occidentale.
En français, les formes « mégalopole » et « mégapole » coexistent sans que la Commission générale de terminologie et de néologie ait tranché en traduisant l’anglais « megalopolis3 ». Néanmoins, « mégapole » présente un double avantage : d’une part, le terme est plus simple (cela aide à construire le néologisme « mégapolisation ») ; d’autre part, la distinction permet de dire que chacune des trois « Mégalopolis » est polarisée par deux ou trois « mégapoles » (Londres-Paris-Ruhr en Europe ; Tokyo et Osaka au Japon ; Boston-New York-Philadelphie aux États-Unis).
Toutes les interprétations convergent pour considérer que les mégapoles constituent les « poids lourds » dans la hiérarchie des villes. Certaines analyses préfèrent mesurer l’importance économique, d’autres s’attachent au volume démographique.

Des concentrations de plusieurs millions de personnes

Le nombre d’habitants agglomérés (dans un espace défini par la densité de bâtiments) est un indicateur couramment utilisé pour comparer les réalités urbaines de la planète par l’intermédiaire du concept d’agglomération. Il existe une correspondance entre l’agglomération résidentielle (où l’on recense les habitants) et l’entité fonctionnelle (l’espace de déplacement quotidien, d’emploi, de clientèle, de service, etc.). En revanche, les temporalités différenciées des processus socio-spatiaux font que l’agglomération coïncide rarement avec les territoires de compétence des entités politico-administratives. Par exemple, l’agglomération parisienne n’est pas réductible aujourd’hui à la commune de Paris, qui représentait à peu près l’espace urbanisé à la fin du XVIIIe siècle ; la région Île-de-France, créée au XXe siècle, représente mieux l’ensemble urbain contemporain.
(Graphique J. Monnet ; données : INEGI, estimations.)
Figure 1 – Évolution de l’agglomération de Mexico, 1940-2000.
(Graphique J. Monnet ; données : INEGI, estimations.)
Le nombre d’habitants d’une agglomération n’est qu’une entrée privilégiée pour saisir les transformations urbaines, qui font éclater les cadres habituels, administratifs ou morphologiques, de l’analyse. Ainsi, dans les villes du monde entier, les centres perdent des habitants au profit des périphéries, parce que les coûts fonciers et les nuisances environnementales favorisent les activités au détriment de la résidence. Cela conduit fréquemment à une stagnation ou à une diminution démographique de l’entité politique centrale d’une agglomération, dont la population globale continue d’augmenter par ailleurs. À Mexico, l’entité politique centrale (appelée District Fédéral ou Ville de Mexico) n’abrite plus aujourd’hui que 45 % de la population de l’agglomération résidentielle et fonctionnelle, alors qu’elle en abritait presque la totalité il y a quarante ans (Fig. 1).
(Graphique J. Monnet ; données : Moriconi-Ebrard 1993, 2000.)
Figure 2 – Les 25 mégapoles de plus de 8 millions d’habitants.
En gris foncé, leur population en 1900.
(Graphique J. Monnet ; données : Moriconi-Ebrard 1993, 2000.)
L’usage actuel est d’utiliser le terme « mégapole » pour les agglomérations dépassant le seuil des 8 millions d’habitants, que l’ONU qualifie en anglais de Megacities et qui seraient au nombre de 25 sur la planète en l’an 2000 (Fig. 2). Mais ce n’est pas à cause de leur différence de taille que les problèmes de Bangkok et Pékin, qui frôlent aujourd’hui les 8 millions d’habitants, se distinguent de ceux de Téhéran, avec ses 8,2 millions de citadins ! Ce seuil sert à différencier artificiellement un sous-ensemble dans un ensemble caractérisé par son continuum (Fig. 3). En outre, les données et les sources ne sont pas souvent parfaitement fiables et comparables et les changements sont permanents. La base de données GEOPOLIS4 a été choisie ici parce qu’elle harmonise des informations statistiques de 1900 à 2000 sur toute la planète.
(Graphique J. Monnet ; données : Moriconi-Ebrard 2000.)
Figure 3 – Les 90 agglomérations de plus de 3 millions d’habitants en 2000.
(Graphique J. Monnet ; données : Moriconi-Ebrard 2000.)

Des centres de production et de décision

Les analyses du rôle économique des villes tentent de comprendre les processus de concentration des richesses, des compétences et des lieux de décision. Par exemple, la « ville globale » analysée par Saskia Sassen5 est une ville virtuelle, qui englobe la planète entière et pilote l’économie mondiale depuis un petit nombre de sites (New York, Londres et Tokyo) où sont concentrés les décideurs et les experts. Dans cette perspective, de nombreuses mégapoles semblent ne participer que secondairement ou marginalement à l’économie formelle mondiale. Certaines études les présentent comme des parasites dont la croissance démographique serait contraire à toute logique économique6.
À l’inverse, l’économiste Rémy Prud’homme a voulu démontrer que « le gros est souvent beau7 » et que le gigantisme n’est pas forcément contre-productif. Son analyse de 1926 « mégavilles » (les superpuissances économiques urbaines) montre qu’elles produisent toutes ensemble quatre fois plus que le Royaume-Uni ou quinze fois plus que l’Inde, en valeur. Leur productivité peut être approchée en comparant leur production par habitant à celle de leur pays : elle est systématiquement plus élevée (d’un tiers en moyenne), quel que soit le niveau de développement du pays (Fig. 4). Cette surproduction peut suffire à expliquer que des entrepreneurs trouvent un intérêt à créer des entreprises dans ces marchés d’emploi, d’approvisionnement et de consommation plus vastes, où la productivité est meilleure. Il reste logique que davantage de travailleurs cherchent à s’y intégrer, ce qui explique l’immigration (en particulier de populations jeunes qui accélèrent la croissance démographique), qu’elle soit interne ou externe au pays.
(Graphique J. Monnet ; données PIB/habitant en dollars US : Prud’homme 1996.)
Figure 4 – Valeur de la production par habitant en 1990.
(Graphique J. Monnet ; données PIB/habitant en dollars US : Prud’homme 1996.)
Quand on compare les taux de croissance démographique et les ratios de surproduction des grandes agglomérations (Fig. 5), on observe que les mégapoles des trois grandes Mégalopolis, situées dans des zones riches et âgées, présentent les mêmes particularités : stagnation ou faible croissance démographique, couplée à des ratios de surproduction faibles ou modérés par rapport au pays. On peut en déduire que dans les conditions actuelles, ces mégapoles ne connaîtront pas une grande expansion. À l’inverse, il semble probable que les mégapoles de l’ouest des États-Unis, d’Amérique latine et d’Asie (hors Japon) vont continuer à se développer. À Hong Kong, Singapour, Séoul et Los Angeles, alors que la croissance démographique est comprise entre 1,5 et 2 % par an, les ratios de production sont égaux à ceux du pays : ce qui est normal pour les deux premières, recensées ici comme des villes-États, voire pour la troisième (Séoul abrite plus de 40 % de la population nationale), semble plus étonnant pour Los Angeles. Les autres mégapoles ont également une croissance démographique forte (supérieure à 1 % par an), mais présentent surtout un ratio de surproduction élevé (généralement double du ratio national) qui souligne leur supériorité productive sur leur pays et soutiendra probablement leur attractivité migratoire et économique pendant au moins une génération.
(Graphique J. Monnet ; données : Prud’homme 1996, TEF 1999, Moriconi-Ebrard 2000.)
Figure 5 – Surproduction économique et croissance démographique.
(Graphique J. Monnet ; données : Prud’homme 1996, TEF 1999, Moriconi-Ebrard 2000.)
Il n’y a donc pas lieu de considérer les mégapoles comme des développements démographiques monstrueux sans rapport avec les logiques économiques ou géographiques. C’est bien parce que ce sont des pôles majeurs d’organisation de l’espace terrestre et des sociétés humaines que les sept « mégavilles » les plus productives de la planète (par ordre décroissant : Tokyo, New York, Los Angeles, Osaka, Paris, Londres, Chicago) se trouvent parmi les vingt-deux mégapoles les plus peuplées. Neuf autres de ces dernières ont une production par habitant supérieure de 50 % (et plus) à celle de leur pays (par ratio décroissant : Shanghai, Bangkok, Calcutta, Jakarta, Mexico, Le Caire, Manille, São Paulo, Paris). Pourtant, l’image publique dominante des mégapoles est plutôt critique aujourd’hui.

Les représentations sociales de la mégapole : centre et fin du monde

Depuis la Bible, les discours les plus apocalyptiques coexistent avec les représentations les plus dithyrambiques. Mais la mégapole est surtout devenue à la fin du XXe siècle l’incarnation du monstre urbain qui hante l’imaginaire occidental depuis le XIXe siècle. En 1906, H. G. Wells analysait le « Futur de l’Amérique » en extrapolant à partir de New York « une sorte de gigantesque caricature du monde existant, tout étant enflé dans d’immenses proportions et énorme au-delà de toute mesure8 ». Au cinéma, la ville industrielle européenne décrite en 1927 dans Metropolis de Fritz Lang a été relayée par Los Angeles, qui sert de support à des visions catastrophistes dont on retrouve l’évocation jusque dans les cartes postales. Les citadins, « affamés et drogués par la mégalopole » selon le groupe de rock The Clash9, sont invités à la fuir par le chanteur Louis Chedid (« Méga-Mégalopolis. Cité-dortoir, cité poubelle, nuit et brouillard, lumières artificielles, dans nos intérieurs d’infinie solitude, on rêve d’ailleurs sous d’autres latitudes »). Dans les jeux vidéos, les dessins animés et les mangas, Tokyo est devenue l’archétype d’une ville géante déshumanisée, parfois incarnée par un monstre menaçant qui sommeille dans son sous-sol (cf. la série « Doomed Megalopolis »). Toutes ces « vues d’artistes » contribuent à nourrir et à structurer l’ensemble des représentations sociales de la grande ville.
Il semble que cet imaginaire « négatif » se soit imposé récemment, en même temps que se produisait la mégapolisation, qui correspond à la diffusion sur la planète d’une forme urbaine longtemps caractérisée par une aura d’exception et presque aussi ancienne que l’urbanisation elle-même. Dès 1750 avant J.-C., Babylone est décrite comme le centre du monde et célébrée jusqu’à son déclin comme une entité d’un ordre différent, supérieure au reste du monde et aux autres cités et na...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Titre
  3. Copyright
  4. Introduction
  5. I - Deuxième étape de réflexion et de critique : y a-t-il encore des sciences humaines ?
  6. II - L’homme, ses milieux et ses territoires
  7. III - La ville globale
  8. IV - La connaissance de l’histoire
  9. V - Production et circulation des richesses : dimensions connues et moins connues de l’économie
  10. VI - Visages de l’association : sociétés, identités et groupes
  11. VII - Familles et générations : tribus et âges de la vie
  12. VIII - Demain quel travail ?
  13. IX - Nouveaux visages de l’entreprise : de l’innovation aux risques
  14. X - Nations, violence, communication et sport
  15. XI - Quels rôles pour l’état ?
  16. Les auteurs
  17. Table