Maîtriser son trac

Laurent Chneiweiss, Éric Tanneau

• Éditeur: Odile Jacob
• Année: 2003
• Imprimer l'ISBN: 9782738112699
• ISBN de l'eBook: 9782738181206
• Sujet: Développement personnel
• Sujet: Amélioration personnelle

Le trac vous paralyse au travail, en réunion, lors de tests ou d'examens ? Parler devant les autres vous fait paniquer ? Aborder une personne qui vous attire vous paraît impossible ? Vous rêvez de progresser dans votre carrière, de prendre la parole face à un public, ou même de devenir comédien, sportif, musicien… ? Mais vous redoutez de ne pas pouvoir donner le meilleur de vous-même ? Comment réagir ? Comment ne plus être handicapé ? Comment vous jeter à l'eau ? Ce livre, pratique et concret, vous propose une méthode efficace pour maîtriser votre trac. Osez être vous-même ! Laurent Chneiweiss et Éric Tanneau sont médecins psychiatres, spécialistes des troubles de l'anxiété et des thérapies cognitives et comportementales. Aux éditions Odile Jacob, Laurent Chneiweiss est l'auteur, avec Éric Albert, de L'Anxiété (nouvelle édition 2003) .

Chapitre 1

Quel traqueur
(quelle traqueuse)
êtes-vous ?

Êtes-vous traqueur ?

Commencez par répondre à ce court questionnaire, vous saurez si votre anxiété correspond à une anxiété de performance, autrement dit au trac.

Toutes les situations que nous avons listées ci-dessous correspondent à des facteurs de stress rencontrés dans la vie de tous les jours. Tout le monde ressent de l’anxiété en les affrontant. C’est de l’intensité de votre anxiété et de la fréquence des évitements que vous pourrez déduire votre réponse et mettre une croix dans l’une des colonnes « oui » ou « non ».

La plupart du temps, vous éprouvez :

	OUI	NON
1. Une crainte importante à l’idée de demander une augmentation.
2. Une peur à l’idée de participer ou de prendre la parole dans un petit groupe.
3. Une crainte de jouer une pièce devant une audience.
4. Une crainte de faire un discours en public.
5. Une appréhension à l’idée de travailler ou d’écrire sous le regard d’autrui.
6. Une forte réticence à entrer dans une pièce alors que tout le monde est déjà assis.
7. Une forte inhibition à intervenir dans une réunion.
8. Une anxiété majeure lorsque vous passez un examen.
9. Vous perdez vos moyens si vous devez séduire.
10. Une baisse de vos performances en compétition ou en concours par rapport aux résultats dont vous êtes capable.
TOTAL

Si vous avez répondu OUI à 3 réponses ou moins, votre anxiété de performance est certainement limitée, vous présentez une anxiété assez focalisée sur des situations bien précises. Reportez-vous rapidement dans ce livre aux chapitres abordant de façon spécifique ces situations.

Si vous avez répondu OUI à 4 réponses ou plus, ce livre vous concerne pleinement et nous vous invitons à le lire pas à pas : la vie va bientôt prendre un sens nouveau au fur et à mesure de votre lecture !

Le quotidien du traqueur

Il existe autant de formes de trac que de situations rencontrées dans la vie quotidienne. Les grands domaines de notre existence se centrent autour de la vie professionnelle, de la vie familiale et de la vie sociale. Dans chacune de ces sphères, les situations de trac sont d’une grande variété. Le tableau ci-dessous en donne un aperçu ; à vous de le compléter.

Le trac au quotidien

Vie professionnelle	— Dire bonjour à ses collègues de travail. — Poser une question au cours d’une réunion. — Demander un aménagement de son poste de travail. — Demander à partir plus tôt du bureau. — Porter une tenue vestimentaire originale. — Présenter un projet. — Demander une augmentation de salaire. — Lire un texte en public. — Rejoindre des collègues de travail au restaurant d’entreprise et partager le repas. — Contester une décision arbitraire. — Exécuter une œuvre en public.
Vie scolaire	— Résister à la pression de ses parents. — Leur communiquer de mauvais résultats scolaires. — Aller au tableau. — Passer un examen.
Vie familiale	— Téléphoner pour réserver (un restaurant, une chambre d’hôtel, une place de concert, etc.). — Demander à son conjoint de se réserver un moment pour parler de la vie du couple. — Faire une surprise pour un anniversaire. — Prendre la parole au cours d’une réunion familiale. — Aller voir les enseignants de ses enfants pour critiquer leurs méthodes pédagogiques.
Vie sociale	— Passer son permis de conduire. — Demander à changer de table dans un restaurant. — Demander à changer de garnitures le plat qui vous est servi. — Demander un verre d’eau (gratuit) dans un bistrot. — Se présenter à des commerçants. — Entrer en communication avec votre voisin dans une file d’attente. — Demander à passer devant tout le monde dans une queue en cas de force majeure. — Au cinéma, dans un train, dans le métro : demander à une personne de se décaler d’un siège pour être à côté de votre conjoint (de votre ami). — Se garer devant un regard septique du passant. Aller demander à un(e) contractuel (le) de retirer le PV qu’il ou elle vient d’apposer sur votre pare-brise. — Raconter une blague à des amis. — Aborder une fille (un garçon). — Résister à la pression d’un vendeur insistant. — Entrer dans une pièce alors que tout le monde est déjà assis. — Demander un service (pas forcément à un ami). — Lire un texte au mariage d’un ami.

Votre trac est-il « grave » ?

Le trac est une sensation si commune que notre première impression est de la considérer comme « normale » au même titre qu’une manifestation de notre corps, comme une douleur dont nous connaîtrions l’origine.

L’anecdote de Sarah Bernhardt est éloquente. À l’issue d’une représentation, les comédiens réunis entre eux discutaient des émotions ressenties avant et pendant la représentation. Sarah Bernhardt commença par relater son expérience : « Moi, j’ai toujours eu le trac, les années n’y changent rien. » Une jeune collègue déclara alors « Moi, pas du tout, je suis sur la scène dans mon élément naturel. Je ne ressens jamais de trac. » Sarah Bernhardt lui aurait alors répliqué : « Ne vous inquiétez pas : ça viendra, avec le talent… ».

Où est la frontière entre le normal et le pathologique ? Où commence le caractère maladif de l’anxiété de performance ?

Pour une bonne partie des affections enseignées en faculté de médecine, la frontière entre le normal et le pathologique peut se déduire de la loi du plus grand nombre : est normal ce que la plupart des individus présentent et anormal les franges marginales de la courbe des résultats. Il en est ainsi du nombre des globules blancs ou du taux de triglycérides. Si l’on cherche à appliquer ce concept au monde des comportements, le risque devient grand d’assimiler normalité et norme, et d’aboutir rapidement à une espèce de conformisme. Et si nous observons la plupart des grandes enquêtes épidémiologiques, le trac serait normal puisque la très grande majorité d’entre nous le ressent avant une séquence publique. En population générale, une personne sur trois estime souffrir d’un trac excessif et gênant1.

La pression tolérable varie pour chacun d’entre nous. La présence de manifestations de stress n’est donc pas un bon critère de pathologie, du moins pas à lui seul.

L’individu en bonne santé affronte ce que bon lui semble. Inversement, ne pas pouvoir avoir la vie que l’on est en droit d’attendre pose la question du recours au médecin.

Pour Hélène, une jeune femme de 28 ans, les présentations orales sont devenues un véritable calvaire. Sortie brillamment d’une école de commerce parisienne, Hélène s’est rapidement vue confier un poste de directeur commercial dans une entreprise de services informatiques. Pour convaincre ses clients d’adhérer au concept, il fallait bien entendu réunir les équipes et présenter l’entreprise et le projet devant une dizaine de personnes. « J’étais très timide à partir de mon adolescence. Déjà au lycée, je m’arrangeais pour que mes professeurs m’interrogent le moins souvent possible en classe. J’ai fait un peu de théâtre durant mes années d’école de commerce pour vaincre mon trac. Ça m’a bien aidé à passer les oraux, mais dès le début de ma vie professionnelle, j’ai senti que je n’y arriverai pas. J’ai donc mis en avant les gens de mon équipe pour faire ces foutues présentations. Certains d’entre eux se débrouillaient très bien. » Si bien d’ailleurs que plusieurs d’entre eux obtiennent rapidement des promotions internes alors qu’Hélène reste sagement à son poste. Récemment, un cabinet de recrutement lui a proposé un poste avec moins de responsabilités dans une entreprise concurrente et Hélène pourrait bien l’accepter pour une raison simple : elle pourrait enfin dormir tranquille ! « Tous mes camarades de promotion occupent désormais de bons postes de responsabilité. Moi, je crois que je vais avoir une carrière de looser. »

Il arrive que le handicap imposé par l’anxiété de performance transforme de manière radicale l’existence de l’individu.

Natacha a été très tôt repérée au conservatoire pour ses talents de pianiste. Non sans mal, elle a participé à plusieurs concours. Ses professeurs s’arrachent les cheveux devant la baisse de la qualité musicale dès que Natacha joue en public. À l’âge de 19 ans, après une énième performance médiocre, Natacha a décidé de se consacrer à l’enseignement. Quelques années plus tard, elle maudit ce trac qui l’a fait passer à côté de la vie d’interprète professionnelle dont elle rêvait.

L’anxiété de performance peut également être à l’origine d’un handicap important chez les adolescents et les adultes jeunes. Plusieurs enquêtes menées chez les étudiants en musique montrent que près d’un cinquième d’entre eux est pénalisé par le trac (impossibilité plus ou moins complète de jouer en public pouvant aller jusqu’à l’abandon de la carrière)2.

La présence de symptômes et donc d’une certaine souffrance associée à un handicap confinant à l’invalidité : voici déjà deux critères importants qui nous permettent de séparer le normal du pathologique. Les histoires de Natacha et d’Hélène nous montrent qu’il faut y ajouter un troisième critère : celui de la durée. Si la paralysie imposée par l’anxiété n’avait été qu’épisodique, chacune d’entre elles aurait pu poursuivre une carrière. Mais au fil des années, l’inhibition et l’évitement des situations génératrices d’anxiété sont devenus systématiques.

Les critères qui caractérisent le trac
ou anxiété de performance

• Souffrance

• Durée

• Handicap

• Anticipation anxieuse

Dans les différentes classifications des maladies psychiatriques internationales, l’anxiété de performance n’apparaît pas directement. Elle s’intègre le plus souvent dans la catégorie « phobie sociale ». Ce trouble regroupe l’ensemble des perturbations émotionnelles ressenties par un individu lorsqu’il se retrouve en présence d’autrui. Nous détaillerons un peu plus loin cette affection.

Évaluez votre trac

Que votre anxiété ...

Table des matières

• Couverture
• Titre
• « Guides pour s’aider soi-même »
• Copyright
• Introduction
• Chapitre 1 - Quel traqueur (quelle traqueuse) êtes-vous ?
• Chapitre 2 - Comment maîtriser votre trac
• Chapitre 3 - Quelques clés pour réussir votre programme
• Chapitre 4 - Le trac au cas par cas
• Chapitre 5 - Histoires de patients
• Chapitre 6 - Les autres stratégies : réponses à vos questions les plus fréquentes
• Chapitre 7 - L’aide des professionnels
• Conclusion
• Adresses utiles
• À lire pour en savoir plus
• Notes