La Dépression en 60 questions

Comment s’en sortir

Jean-Luc Ducher

• Éditeur: Odile Jacob
• Année: 2011
• Imprimer l'ISBN: 9782738126306
• ISBN de l'eBook: 9782738195081
• Sujet: Développement personnel
• Sujet: Santé mentale et bien-être

Comment savoir si je suis vraiment déprimé(e) ? Mon stress est-il le début de la dépression ? Suis-je trop fragile ? Est-il normal de souffrir autant ? Peut-on vraiment s'en sortir ? Comment éviter de déprimer à nouveau ?Des réponses existent à ces questions, et les connaître va vous aider à mieux faire face à la maladie dépressive, ou à mieux aider un proche qui en souffre. Au travers des dialogues d'un médecin et de ses patients, fidèlement retranscrits, vous découvrirez dans cet ouvrage à la fois des informations indispensables, mais aussi la manière dont les thérapeutes guident et accompagnent les personnes déprimées sur le chemin de la guérison. Oui, la dépression se traite. Oui, on peut en guérir. Oui, on peut revivre ensuite... 60 questions sur la dépression, au plus près de vos préoccupations. Jean-Luc Ducher est médecin psychiatre à Clermont-Ferrand. Clinicien, psychothérapeute, enseignant, chercheur, il est l'auteur de nombreuses publications scientifiques, en particulier dans le champ de la dépression et de l'anxiété.

Chapitre 1

La dépression,
 qu’est-ce que c’est ?

La dépression est une maladie fréquente qui peut être grave, c’est pour cette raison qu’il faut la traiter sérieusement. Ce livre sous forme de dialogue entre un thérapeute et son patient cherche à donner des réponses sur la façon d’en faire le diagnostic et de la soigner.

1. La dépression est-elle une maladie comme les autres ?

Cela est vrai et faux à la fois. La dépression se diagnostique comme n’importe quelle autre maladie. Il faut vérifier la présence de plusieurs symptômes, évoluant depuis un certain temps, pour pouvoir porter ce diagnostic. Être triste à un moment donné de sa vie n’est pas forcément pathologique et ne signifie pas obligatoirement que l’on soit en dépression. On peut être triste sans être dépressif. On parle de dépression lorsque ce sentiment de tristesse dure dans le temps et s’associe à d’autres symptômes, comme nous le verrons un peu plus loin.

Ainsi un épisode dépressif majeur possède-t-il un début qui le différencie nettement de l’état antérieur. De la même façon, on parlera de guérison lorsque le patient aura récupéré son moral habituel et retrouvé un dynamisme efficace pendant une durée suffisante afin de pouvoir s’assurer de la stabilité de cette amélioration. Cela signifie que la guérison d’un tel état est donc possible, contrairement à des propos souvent entendus. Il est important de diagnostiquer un état dépressif le plus rapidement possible et de le soigner correctement afin d’améliorer les chances de guérison et le pronostic.

Un traitement mal conduit ou mal suivi risque de favoriser des rechutes ou de nouvelles récidives, voire un passage à la chronicité. De même, il faut savoir qu’il existe plusieurs formes cliniques de dépression, c’est-à-dire plusieurs types de dépression, et aussi ce qu’on appelle des diagnostics différentiels, autrement dit des maladies qui peuvent évoquer une dépression, mais n’en sont pas. Tout cela sera expliqué dans les chapitres de ce livre.

Par tous ces aspects, un épisode dépressif peut donc se comparer à n’importe quelle autre maladie et se traiter comme tel.

Cependant, la dépression se distingue d’une maladie somatique par le fait qu’elle touche aussi notre esprit et, par là même, notre fonctionnement psychique. L’altération qui en résulte peut paraître légère ou marquée, en fonction de la sévérité de l’épisode dépressif.

Tout va nous devenir pénible. Notre ressenti par rapport aux événements de la vie va être exacerbé. La moindre parole peut nous faire souffrir, nous blesser. On a du mal à se concentrer. Réfléchir devient un acte qui réclame beaucoup d’efforts. Un travail habituellement fait sans difficulté particulière, presque automatiquement, nécessite une attention soutenue. Tout cela entraîne un sentiment de fatigue pesant et finit par nous coûter. Cela devient un véritable cercle vicieux. Combattre cette fatigue consomme une part de notre énergie psychique et nous épuise encore plus.

C’est pour cela que demander à un patient dépressif de faire des efforts supplémentaires se révèle une erreur. Il n’arrête pas d’en produire et dépense déjà une quantité importante d’énergie pour maintenir un niveau de dynamisme minimal.

De plus, la souffrance associée à la maladie dépressive, appelée « douleur morale », dépasse le plus souvent celle de toutes les autres expériences douloureuses antérieures. L’indifférence pour tout ce qui faisait notre plaisir de vivre auparavant, ressentie de plus en plus intensément au fur et à mesure de l’aggravation de l’épisode dépressif, ne fait que renforcer cette souffrance, cette douleur à vivre tout simplement.

On voit donc que si la maladie dépressive ressemble à n’importe quelle autre maladie, elle s’en différencie aussi en perturbant notre propre fonctionnement psychique. Il faut donc la traiter en tenant compte de ces deux dimensions et la prise en charge psychothérapeutique ne s’oppose en rien à la prescription médicamenteuse. Bien au contraire, ces deux modes d’action thérapeutique peuvent être totalement complémentaires, même si parfois l’un ou l’autre va être plus privilégié en fonction de la sévérité et des caractéristiques de l’épisode à traiter.

2. Est-ce grave de faire une dépression ?

Tout épisode dépressif n’est pas obligatoirement d’intensité extrême. Il n’existe pas une mais des dépressions. On décrit des formes légères, moyennes ou sévères. Le traitement proposé dans chaque cas pourra être différent. Mais il est certain qu’un épisode dépressif n’est jamais anodin.

Quelle que soit la forme présentée, on retrouve toujours une réelle souffrance. D’une manière générale, on peut dire que la douleur ressentie est d’autant plus forte que la dépression est intense. Comme toutes les douleurs, cette douleur morale va perturber la vie de celui qui en souffre.

Mais les symptômes qui l’accompagnent vont aussi renforcer l’altération de la qualité de vie. Imaginons une dépression où prédomine non pas la douleur morale mais l’asthénie. Considérons donc un patient épuisé qui n’arrive plus à rien faire. Au bout d’un certain temps, les conséquences sur sa vie professionnelle, voire simplement sociale, risquent de devenir préoccupantes. Il pourra perdre son travail, ses amis. Son entourage risque de se lasser de son repli permanent sur lui-même, de sa recherche d’isolement. Parfois, ses proches interpréteront son comportement comme de l’égocentrisme et l’abandonneront. Cette dépression qui paraissait peu intense au début aura des conséquences dramatiques qui vont la renforcer progressivement.

On voit donc que les choses ne sont pas toujours aussi simples qu’elles peuvent le paraître et qu’un épisode bénin au départ peut se compliquer au cours du temps. Il faut donc savoir repérer les symptômes de la dépression et poser rapidement le bon diagnostic pour mettre en place un traitement adapté et efficace, ce qui ne veut pas toujours dire médicamenteux. À défaut de cela, une dépression même légère peut finir par s’aggraver et présenter des complications qu’il aurait été peut-être aisé d’éviter en agissant plus rapidement.

3. Mais la dépression, c’est quoi au fait ?

C’est vrai, cela paraît évident. Tout le monde parle de dépression, donc tout le monde doit savoir ce qu’est une dépression ! Mais est-ce bien sûr ?

Certains ont peur de faire une dépression. En fait, ils traversent seulement une « mauvaise passe ». Face à des difficultés graves, à des problèmes de la vie, familiaux, professionnels, financiers, médicaux ou autres, ils ressentent des moments d’abattement, de découragement, d’épuisement. Ces signes peuvent évoquer un épisode dépressif. Mais la capacité de réaction et d’adaptation de ces personnes reste vive. Ils vont puiser dans ces ressources et faire face. Ils arriveront à réagir, à dépasser ces périodes de doute sur leur capacité à s’en sortir.

D’autres au contraire, véritablement dépressifs, refusent ce diagnostic. Pourtant, au fond d’eux-mêmes, ils s’en doutent fortement. Eux aussi se sentent épuisés, découragés. Mais surtout, ils ne trouvent plus la force de se battre contre l’adversité, d’affronter leurs difficultés. Leurs capacités de réaction se trouvent dépassées.

On voit donc que le diagnostic de dépression est basé sur un ensemble de symptômes. Il ne dépend pas d’un seul. Le dépressif a perdu confiance en lui. Il ne voit plus de solutions positives. Tout lui paraît sans espoir. Il ne peut plus anticiper l’avenir avec confiance. Il ne se sent plus capable d’affronter l’adversité.

Tout le monde peut ressentir certains jours des baisses de moral, mais, le lendemain, ça remonte. Le dépressif n’a plus ce lendemain heureux.

Redonner espoir, redonner goût à la vie, redonner confiance en soi, voilà le travail du thérapeute. Et si cela était possible ? Comment le savoir sans essayer ? Mais il faut d’abord reconnaître sa dépression et demander de l’aide. Ensuite tout sera sans doute possible…

Chapitre 2

Les symptômes
de la dépression

Pour diagnostiquer une dépression, il faut savoir en reconnaître les symptômes. Ceux-ci sont simples à repérer, mais ils peuvent aussi appartenir à des états psychologiques normaux, à d’autres pathologies psychiatriques, voire à des troubles somatiques. La difficulté est donc de savoir dans quel cadre on se trouve.

4. Est-ce vraiment une dépression ?

– Vous pensez vraiment que je fais une dépression ?

– Ça semble beaucoup vous contrarier ?

– Oui !…

– Pourriez-vous m’expliquer pourquoi ?

– Voyez-vous…

– Oui…

– Ça m’a toujours fait peur. J’espérais ne jamais faire une dépression. Quand j’écoutais les autres en parler autour de moi, je me disais que ça ne pouvait pas m’arriver, que ça n’arrivait qu’aux faibles, à ceux qui n’avaient pas assez de volonté. Dans ma famille, personne n’a jamais fait de dépression. J’espérais que vous m’auriez dit que ce n’en était pas une.

– Je comprends, mais vous aviez des doutes cependant ?

– Je voyais bien que je n’étais plus comme avant. Les choses se sont faites progressivement. D’abord une certaine tristesse, je crois, ou la fatigue, je ne sais plus très bien. Puis j’ai eu de plus en plus de difficultés à faire mon travail. Mon cerveau ne fonctionnait plus comme je le voulais, j’avais du mal à me concentrer. Par la suite, même le plaisir de vivre a commencé de diminuer et j’ai eu tendance à devenir irritable.

– Et actuellement ?

– Je n’ai plus d’envies, même plus celle de voir mes amis. Je dois vous dire, même si j’en ai une terrible honte, que ces derniers temps j’ai de moins en moins de plaisir avec mes proches. Pourtant, jusqu’à présent, ils représentaient tout pour moi… Vous voyez, je ne peux même pas m’empêcher de pleurer devant vous.

– Vous n’avez pas à avoir honte. Tout ce que vous me décrivez appartient aux symptômes de la dépression et toute personne dépressive peut ressentir cela à un moment ou à un autre.

– Mais c’est atroce de devenir comme cela. Vous vous rendez compte, ne plus aimer ses proches ?

– Ressentir de tels sentiments est très douloureux et augmente encore votre tristesse. Pourtant les choses ne sont peut-être pas tout à fait comme elles vous paraissent. Il faut d’abord vous dire que ce n’est pas un manque d’amour de votre part. Simplement, votre capacité à vous intéresser à tout ce qui vous entoure, aux autres, à vous-même, se trouve diminuée. Tout vous demande plus d’efforts, même ce que vous faisiez spontanément avant.

– C’est vrai, aujourd’hui, je n’ai plus d’énergie. Je me sens de plus en plus dans un état d’épuisement total. Ce que je faisais avant rapidement me demande deux fois plus de temps. Je dois faire des efforts sans arrêt.

– Vous voyez. Vous dormez bien ?

– Non. Au début, j’avais tendance à dormir plus que d’habitude ; je me réfugiais dans le sommeil… je souffrais moins comme ça, je pensais moins. Mais, maintenant, je n’arrive plus à m’endormir et, quand je dors, je me réveille plusieurs fois dans la nuit.

– Vous ruminez beaucoup ?

– La journée, la nuit. Ça devient terrible ! Au début, ce n’était que de temps en temps. À présent, de plus en plus souvent.

– Et quelles sont ces pensées ?

– Le plus souvent des pensées noires, parfois très noires.

– Vous pouvez préciser ?

– Oh ! vous savez… que je m’en sortirai jamais, que je suis responsable de tout ce qui m’arrive… que je n’ai pas assez de volonté, de courage… que ma famille va m’en vouloir… que tout le monde va me quitter… que mes proches ne vont plus m’aimer parce que je ne suis pas assez bien pour eux…

– Effectivement, avec toutes ces idées en tête, vous ne pouvez pas avoir le moral.

– Non.

– Vous vouliez ajouter autre chose ?

– Vous savez, le pire reste cette incapacité à montrer mon affection à ceux que j’aime. Des fois, j’ai envie de le faire, mais je n’y arrive pas… Certaines fois, je n’ai même plus envie de les écouter… comme s’ils ne m’intéressaient plus. Vous comprenez que je me sente coupable. Ce n’est pas normal de ne plus ressentir d’intérêt pour ceux qu’on aime !

– Vous avez raison de revenir sur ce problème. Tout à l’heure, nous avons commencé d’en parler, puis nous avons enchaîné sur votre fatigue et vos troubles du sommei...

Table des matières

• Couverture
• Titre
• Copyright
• Introduction
• À qui s’adresse ce livre ?
• Chapitre 1 - La dépression, qu’est-ce que c’est ?
• Chapitre 2 - Les symptômes de la dépression
• Chapitre 3 - Les formes particulières de la dépression
• Chapitre 4 - Et demain…
• Chapitre 5 - Ça ressemble à une dépression, ça fait le lit de la dépression, mais ce n’est pas une dépression
• Chapitre 6 - Les traitements de la dépression
• Chapitre 7 - S’attaquer aux racines de ma dépression
• En conclusion
• Index